De pire en pire : les conclusions du rapport climat de l'ONU

Une tentative d'extinction des feux de forêt dus au changement climatique sur l'île d'Evia (Eubée), la deuxième plus grande île de Grèce. (AFP).
Une tentative d'extinction des feux de forêt dus au changement climatique sur l'île d'Evia (Eubée), la deuxième plus grande île de Grèce. (AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

De pire en pire : les conclusions du rapport climat de l'ONU

  • Le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) dresse un tableau sans fin des souffrances endurées par l'humanité frappée par les impacts du réchauffement de la planète
  • Les conséquences dévastatrices du changement climatique sont devenues une réalité maintenant aux quatre coins de la planète

PARIS: Le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi dresse un tableau sans fin des souffrances endurées par l'humanité frappée par les impacts du réchauffement de la planète auxquels elle n'est pas suffisamment préparée.

Voici les principaux éléments de la première évaluation par le Giec des impacts et de l'adaptation au changement climatique depuis sept ans.

Ici et maintenant

Les conséquences dévastatrices du changement climatique, longtemps vu comme un point à l'horizon, sont devenues une réalité maintenant aux quatre coins de la planète, avec 3,3 à 3,6 milliards de personnes d'ores et déjà "très vulnérables", soit près de la moitié de l'humanité.

Le réchauffement d'environ +1,1°C en moyenne depuis l'ère préindustrielle a déjà contribué au déclin des espèces et à l'extinction de certaines, à l'augmentation des maladies transmises par les moustiques, à plus de morts causées par la chaleur et la sécheresse, à une perte de récoltes agricoles et de la pêche. 

La santé des populations, physique et mentale, est également touchée.

"L'augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a conduit à des impacts irréversibles" sur les sociétés humaines et la nature, conclut le Giec.

Mais ce n'est que le début et les impacts sur la nature et l'Homme vont s'accroître: extinction possible de 3 à 14% des espèces terrestres à +1,5°C, des "milliards" de personnes supplémentaires exposés à la dengue, ou de manière générale, une "augmentation sensible des maladies et des morts prématurées".

Les migrations climatiques à l'épreuve d'un monde qui se «claquemure»

PARIS: Le changement climatique va redessiner la carte des zones habitables de la planète, mais les Etats, plutôt d'humeur à "se claquemurer", ne sont "pas prêts" à réfléchir à une redistribution de la population mondiale qu'il faudrait pourtant "planifier", assure à l'AFP l'expert des migrations François Gemenne. 

Evacuation brutale ou transfert anticipé, migration choisie ou forcée... Les déplacements des populations victimes des impacts du réchauffement de la planète, des sécheresses à répétition aux cyclones en passant par l'élévation à long terme du niveau de la mer, sont multiformes et soulèvent d'innombrables questions. Mais une chose est sure, ils vont augmenter, selon le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi.

"Nous sommes à l'aube d'un changement environnemental majeur qui va forcément redistribuer la population à l'échelle de la planète", explique François Gemenne, un des auteurs principaux du rapport.

Mais "très clairement, vu l'état actuel du débat politique, nous ne sommes pas du tout prêts à nous poser ce type de questions", poursuit-il, pointant du doigt la tendance à "se claquemurer chez soi, à fermer les frontières, à dresser des murs et des barbelés".

Dans ce contexte, il s'inquiète de la tentation de certains d'"agiter le spectre d'une nouvelle crise migratoire pour convaincre les gouvernements de réduire les émissions de gaz à effet de serre".

"Même si on le fait avec les meilleures intentions du monde, on risque de renforcer un discours xénophobe".

D'ores et déjà, l'enjeu n'est pas seulement futur: les "migrants climatiques" sont déjà une réalité, même s'ils ne sont pas reconnus comme tels.

"En 2020, 30 millions de personnes environ ont été déplacées par des événements climatiques extrêmes, trois fois plus que celles déplacées par des violences ou des conflits", assure l'expert. Des déplacements principalement internes ou dans un pays voisin, le plus souvent dans les pays du Sud. 

Quant aux migrants dits économiques, beaucoup d'entre eux sont en réalité poussés sur les routes par des facteurs climatiques, insiste François Gemenne, évoquant l'"exode rural massif" de familles africaines dépendant d'une agriculture de subsistance frappée par le dérèglement climatique.

Plus de 200 millions à risque

Et donc combien de personnes quitteront les zones inhabitables, sur quelle durée, dans quelles régions ? 

"Selon les projections de la Banque mondiale, aujourd'hui les plus fiables, dans un scénario optimiste on aurait jusqu'à 216 millions de personnes" vivant dans des zones à risque en 2050 et susceptibles d'être déplacées à l'intérieur de leur pays.

Les prévisions sont encore plus dramatiques et inédites pour des petits Etats insulaires qui pourraient complètement disparaître de la carte, comme Tuvalu ou les Iles Marshall.

Et perdre ainsi leur siège à l'ONU ? Transformer des citoyens en apatrides ? A moins de déplacer un Etat souverain sur un territoire cédé par un autre pays, ou de reconnaître un Etat "virtuel" ?

"Le changement climatique fait vaciller les fondations traditionnelles des relations internationales", souligne François Gemenne.

Avis de submersion

Quel que soit le rythme des émissions de gaz à effet de serre, un milliard de personnes pourraient vivre d'ici à 2050 dans des zones côtières à risque, alors que la hausse du niveau de la mer renforce l'impact des tempêtes et des submersions marines.

La population exposée au risque d'inondations marines va doubler si l'océan s'élève de 75 cm, un chiffre largement compatible avec les projections pour 2100. Aujourd'hui, environ 900 millions de personnes vivent à moins de 10 m au-dessus du niveau la mer.

D'ici à 2100, la valeur des infrastructures et autres actifs installés dans ces zones sujettes à des inondations exceptionnelles ("une tous les 100 ans") sera d'environ 10.000 milliards de dollars dans un scénario modéré d'émissions.

Dépasser temporairement +1,5°C

Le premier volet du rapport du Giec sur la physique du climat en août avait estimé qu'il serait possible, en cas de dépassement probable de +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, de revenir ensuite sous ce seuil d'ici à la fin du siècle. 

Mais ce dépassement même temporaire, que les climatologues appellent "overshoot", n'irait pas sans répercussions.

Tout dépassement de +1,5° "entraînerait des impacts irréversibles" sur des écosystèmes capitaux comme les récifs coralliens, les glaciers de montagne et les calottes glaciaires.

"Le risque d'impacts graves augmente avec chaque fraction supplémentaire de réchauffement", dépassement temporaire ou pas, selon le rapport. 

Les souffrances sans précédent de l'humanité face au réchauffement

PARIS: La moitié de la population mondiale est d'ores et déjà "très vulnérable" aux impacts cruels et croissants du changement climatique, et l'inaction "criminelle" des dirigeants risque de réduire les faibles chances d'un "avenir vivable" sur la planète, s'alarme l'ONU.

"J’ai vu de nombreux rapports scientifiques dans ma vie, mais rien de comparable à celui-ci", a réagi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, décrivant "un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques".

Face à ce tableau dramatique, il n'est pas question que ce rapport soit éclipsé par l'invasion russe en Ukraine, plaide Hans-Otto Pörtner, co-président du groupe du Giec ayant préparé ce rapport. Le réchauffement "nous hante. L'ignorer n'est pas une option", a-t-il déclaré à l'AFP.

Question de survie

Le rapport prédit également la disparition de 3 à 14% des espèces terrestres même à +1,5°C, et qu'à l'horizon 2050, environ un milliard de personnes vivront dans des zones côtières à risque, situées dans de grandes villes côtières ou de petites îles.

Alors "l'adaptation est cruciale pour notre survie", a réagi dans un communiqué le Premier ministre d'Antigua et Barbuda Gaston Browne qui préside l'Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), appelant les pays développés à respecter leur engagement d'augmenter l'aide climatique aux pays pauvres, en particulier pour leur permettre de se préparer aux catastrophes qui s'annoncent.

Flotter ou se noyer

A cet égard, le rapport constate que malgré quelques progrès, les efforts d'adaptation sont pour la majorité "fragmentés, à petite échelle" et que sans changement de stratégie, cet écart entre les besoins et ce qu'il faudrait risque de s'accentuer.

Mais à un certain point, s'adapter n'est plus possible. Certains écosystèmes sont déjà poussés "au delà de leur capacité à s'adapter" et d'autres les rejoindront si le réchauffement se poursuit, prévient le Giec, soulignant ainsi qu'adaptation et réduction des émissions de CO2 doivent aller de pair.

Le Pacte de Glasgow adopté lors de la conférence climat de l'ONU COP26 fin 2021 appelle pourtant les Etats à renforcer leur ambition et leur action climatiques d'ici la COP27 en Egypte en novembre, dans l'espoir de ne pas dépasser ce seuil. 

"N'oublions pas une chose: nous sommes dans le même canoé", a commenté l'ancien Premier ministre de Tuvalu Enele Sopoaga. "Soit nous lui permettons de flotter, soit nous le laissons couler et nous nous noyons tous".

S'adapter ou mourir

Le précédent rapport de 2007 ne s'étendait pas sur la question de l'adaptation, c'est-à-dire les mesures prises pour limiter ou se préparer aux impacts du réchauffement. Cette question est désormais centrale.

De manière générale, le Giec met en garde contre le fait que le monde n'est pas prêt, le réchauffement va plus vite que les mesures pour s'adapter aux conséquences. En outre, "au rythme actuel de planification et de mise en place de l'adaptation, l'écart entre les besoins et ce qui est fait va continuer à grandir".

Redécouverte de variétés anciennes de cultures agricoles plus résistantes, restauration des mangroves ou construction de digues, plantation d'arbres dans les villes pour créer des couloirs rafraîchis ou climatisation: l'exploration des possibles est urgente. Mais sans garantie de résultat.

«Mal-adaptation»

Le Giec met ainsi en garde contre les dangers de mesures qui peuvent être totalement contreproductives, alors que le monde n'a plus aucune marge d'erreur.

"Il y a des preuves de plus en plus nombreuses de mal-adaptation dans de nombreux secteurs et régions".

Par exemple, construire une digue pour protéger des submersions marines alimentées par la montée du niveau de la mer peut conduire à développer la zone en question pourtant la plus à risque, créant un sentiment erroné de sécurité.

Climat: l'«abdication» des dirigeants mondiaux est «criminelle», dénonce Guterres

PARIS: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a dénoncé lundi l'"abdication criminelle" des dirigeants mondiaux dans la lutte contre le réchauffement, en réponse à un rapport scientifique décrivant la "souffrance" de l'humanité frappée par les catastrophes climatiques.

Ce rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi "est un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques", a déclaré M. Guterres, pointant du doigt en particulier les grands pays émetteurs.

"Les coupables sont les plus grands pollueurs du monde, qui mettent le feu à la seule maison que nous ayons".

"Le rapport d’aujourd’hui met en évidence deux vérités fondamentales. La première est que le charbon et les autres combustibles fossiles étouffent l’humanité", a-t-il insisté.

"La deuxième vérité, un peu plus positive, est que l'investissement dans l’adaptation aux changements climatiques marche. L’adaptation sauve des vies".

"Perdre du temps, c'est périr", a encore souligné le secrétaire général de l'ONU.

Cascade et points de basculement

Le rapport met en lumière certaines modifications irréversibles et potentiellement catastrophiques du système climatiques, appelées "points de basculement", qui peuvent être déclenchés à certains niveaux de réchauffement.

Cela concerne en particulier la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'ouest de l’Antarctique qui contiennent suffisamment d'eau glacée pour faire monter les océans de 13 m. 

A plus court terme, certaines régions -- nord-est du Brésil, Asie du Sud-Est, Méditerranée, centre de la Chine -- et les côtes presque partout pourraient être frappées par de multiples catastrophes en même temps: sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations.

La science commence tout juste à se pencher sur les impacts de ces impacts en cascade.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.