Crise ukrainienne: Fitch et Moody’s abaissent la note de la Russie, le rouble s’effondre

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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Crise ukrainienne: Fitch et Moody’s abaissent la note de la Russie, le rouble s’effondre

  • Selon Fitch, la seule autre dégradation de six crans sur une même entité souveraine a eu lieu pour la Corée du Sud en 1997
  • La Russie a répondu aux sanctions par une série de mesures pour renforcer ses défenses économiques et riposter contre les restrictions occidentales

RIYAD: Fitch et Moody’s ont abaissé la note de la Russie de six crans: elle accède au statut de «junk». Ces agences de notation affirment que les sanctions occidentales mettaient en doute sa capacité à rembourser ses dettes et affaibliraient l’économie. 

FAITS MARQUANTS

Économie russe 

  • Le rouble a fortement chuté au début des échanges de devises, atteignant 100,96 pour un dollar (1 dollar = 0,90 euro), contre 83,5 mercredi 23 février, la veille de l’invasion de l’Ukraine, et 113,52 pour un euro, contre 93,5 avant le début de l’offensive. 

  • Les sanctions imposées à la Russie ont considérablement augmenté le risque de non-remboursement par ce pays de la dette publique en dollars et sur d’autres marchés internationaux, ont déclaré mercredi dernier des analystes de JPMorgan, entre autres. 

  • Les entreprises russes se ruent sur les comptes bancaires chinois après les sanctions imposées par les pays occidentaux. 

Pétrole

  • Le brut Brent ou brut de Londres est de nouveau monté en flèche le 3 mars, atteignant 120 dollars le baril, soit le niveau le plus élevé depuis neuf ans, selon un rapport de Reuters.
  • Les contrats à terme sur le brut américain WTI ont grimpé à 115,64 dollars le baril, leur plus haut niveau depuis septembre 2008.

Cotes de crédit 

  • L’invasion a déclenché des mouvements de cotes de crédit et de terribles avertissements relatifs aux répercussions sur l’économie russe. S&P a abaissé la note de la Russie au statut de «junk» la semaine dernière. 

Indices 

  • Les fournisseurs d’indices FTSE Russell et MSCI ont annoncé mercredi dernier qu’ils retireraient les actions russes de tous leurs indices après qu’un haut responsable de MSCI a qualifié plus tôt cette semaine le marché boursier russe de «non investissable». 

  • FTSE Russell a déclaré que la décision entrerait en vigueur à compter du 7 mars, tandis que MSCI a précisé que la sienne serait appliquée en une fois sur tous les indices MSCI à compter du 9 mars. 

  • MSCI a fait savoir qu’il reclassait également les indices MSCI Russie des marchés émergents au statut de marchés autonomes. 

  • La Russie a une pondération de 3,24% au sein de l’indice de référence des marchés émergents de MSCI et une pondération d’environ 30 points de base au sein de l’indice de référence mondial du fournisseur. 

Réactions internationales 

  • L’Italie a cessé de financer le projet Arctic LNG 2, d’une valeur de 21 milliards de dollars, selon un rapport de Reuters. 

  • Le commerce indo-russe est au point mort puisque les banques ne traitent pas les documents de paiement, rapporte CNBC. 

  • Le Japon est prêt à geler les actifs de quatre banques russes supplémentaires, affirme son ministre des Finances, Shunichi Suzuki. 

  • Les autorités allemandes ont saisi le superyacht de 600 millions de dollars du milliardaire russe Alicher Ousmanov, indique Forbes. 

  • Japan Airlines Co Ltd et ANA Holdings Inc. ont décidé d’annuler jeudi tous les vols à destination et en provenance de l’Europe pour des raisons de sécurité. 

Répercussions énergétiques 

  • La société énergétique finlandaise Fortum mettra un terme à tous les nouveaux investissements en Russie, selon un rapport de Reuters. 

  • La hausse des prix de l’énergie qui découle de l'invasion de l’Ukraine par la Russie augmentera le risque d'inflation en Asie: Moody’s. 

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Fitch et Moody's 

Fitch a abaissé la note de la Russie de «BBB» à «B», la plaçant sous surveillance négative. Moody’s, qui avait signalé la semaine dernière la possibilité d’une dégradation, a également abaissé la note du pays de six crans, passant de Baa3 à B3. 

Selon Fitch, la seule autre dégradation de six crans sur une même entité souveraine a eu lieu pour la Corée du Sud en 1997. 

«La sévérité des sanctions internationales en réponse à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie augmente les risques d’instabilité macrofinancière, représente un choc énorme pour les fondamentaux du crédit de la Russie et pourrait saper sa volonté de rembourser la dette publique», indique Fitch dans un rapport. 

Fitch ajoute que les sanctions américaines et européennes qui interdisent toute transaction avec la Banque centrale de Russie auraient «une incidence beaucoup plus importante sur les fondamentaux du crédit de la Russie que toutes les sanctions précédentes» et rendraient une grande partie des réserves internationales de la Russie inutilisables pour une intervention sur le marché des changes. 

«Les sanctions pourraient également peser sur la volonté de la Russie de rembourser sa dette», avertit Fitch. «La décision du président Poutine de mettre la force de dissuasion nucléaire en état d’alerte maximale semble diminuer la perspective qu’il change d’avis sur l’Ukraine de manière à annuler rapidement le durcissement des sanctions.» 

Fitch s’attend à un renforcement des sanctions contre les banques russes. 

Moody’s a déclaré jeudi que la portée et la sévérité des sanctions «ont dépassé les attentes initiales de Moody’s et qu’elles auront des répercussions importantes sur le crédit». 

En outre, les sanctions imposées par les pays occidentaux affaibliront considérablement le potentiel de croissance du PIB de la Russie par rapport à l’évaluation précédente de l’agence de notation (1,6%), rapporte Fitch. 

«Dans ce cas, les actifs gelés ou en baisse, encouragés par les sanctions, ont bousculé les notations», écrivent les analystes de Mizuho. Ils ajoutent que «les notations et les risques de référence pourraient aggraver la fuite de capitaux, étant donné que les fonds de référence sont contraints d’être liquidés plutôt que détenus.» 

La Russie a répondu aux sanctions par une série de mesures qui visent à renforcer ses défenses économiques et à riposter contre les restrictions occidentales. Elle a relevé son taux directeur à 20%, interdit aux courtiers russes de vendre des titres détenus par des étrangers, ordonné aux entreprises exportatrices de renforcer le rouble et déclaré qu’elle empêcherait les investisseurs étrangers de vendre des actifs. 

Le gouvernement prévoit également de faire appel au fonds souverain – son filet de sécurité – en vue de contrer les sanctions. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.