Egypte: les marchands de presse en péril, comme leurs journaux

Kiosque situé le long de la rue Kasr al-Aini, dans le centre de la capitale égyptienne, Le Caire, le 17 février 2022 (Photo, AFP).
Kiosque situé le long de la rue Kasr al-Aini, dans le centre de la capitale égyptienne, Le Caire, le 17 février 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Egypte: les marchands de presse en péril, comme leurs journaux

  • Les huit rédactions nationales d'Etat ont annoncé leur transition vers le numérique, et surtout le prix des quotidiens est passé de deux à trois livres
  • Le contenu de la presse égyptienne s'est réduit comme peau de chagrin et tous les journaux se ressemblent, donc les lecteurs s'en détournent

LE CAIRE:  Dans le passé, les cris des vendeurs de journaux fusaient, couvrant quelques secondes le concert des klaxons du Caire, mais aujourd'hui, Oum Mohammed fixe, seule et silencieuse sur son trottoir, sa pile de journaux qui ne diminue quasiment plus.

"Depuis que les prix ont augmenté, je ne vends plus comme avant", affirme cette quinquagénaire devant son petit kiosque du quartier de Dokki, dans l'ouest de la capitale la plus peuplée du monde arabe.

"De six heures du matin jusqu'à 15 heures, je ne gagne que 15 livres égyptiennes", soient 85 centimes d'euros, raconte-t-elle à l'AFP, emmitouflée dans un châle en laine face au froid hivernal.

Le vrai coup dur est arrivé en 2019. Pour sortir du marasme des journaux touchés de plein fouet par la hausse des prix des matières premières et la baisse des abonnements, l'Etat --qui possède la plupart des titres-- a entièrement remodelé son offre.

Les mêmes têtes partout

Les huit rédactions nationales d'Etat ont annoncé leur transition vers le numérique, la diffusion des journaux du soir a cessé et surtout le prix des quotidiens est passé de deux à trois livres et celui des hebdomadaires de trois à quatre livres --dans un pays où le revenu mensuel moyen d'un foyer plafonne à 6.000 livres, soit un peu plus de 330 euros.

Certains lecteurs n'ont plus les moyens de payer chaque jour cette dîme et surtout les acheteurs du soir ont disparu "alors que souvent ils venaient pour l'édition du soir et prenaient deux autres journaux en passant", se rappelle Oum Mohammed.

Mais il n'y a pas que le portefeuille qui joue, renchérit en passant Tarek Mahmoud, qui attend de remplir son microbus sur le même trottoir qu'Oum Mohammed.

"Moi, ça fait onze ans que je n'achète plus de journaux", lance l'homme de 44 ans. "Et je pense que nous sommes nombreux à être dans le même cas: on se rend bien compte que celui qui écrit dans le journal le matin, c'est le même qui passe à la télé le soir", dit-il à l'AFP, dans un pays où le nombre de titres et de chaînes ne cesse de diminuer.

Les statistiques officielles le confirment: elles recensaient 67 titres --publics, privés ou liés à des partis politiques-- en 2019 contre 142 en 2010. Elles notent aussi un déclin des exemplaires distribués, de plus d'un million en 2010 à 539.000 en 2019.

Pour Ahmed al-Taheri, rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Rose Al-Youssef", emblème de la presse arabe du début du XXe siècle, "il faut trouver de nouveaux points de vente". Pourquoi pas "les pharmacies"?, lance-t-il, en pleine nouvelle vague de Covid-19 en Egypte.

Plus de contenu

Pas de quoi rassurer Oum Mohammed qui, après 18 ans de métier, commence à penser à la retraite. Elle a récemment souscrit une modeste assurance épargne auprès de la Fondation de la presse d'Etat pour avoir un petit pécule plus tard, alors que la profession de vendeur de journaux n'a ni syndicat ni véritable cadre légal en Egypte.

Mais même cette pension n'est pas garantie car, révélait en janvier au Parlement le patron de la Commission de la presse Abdessadeq al-Chorbagui, la presse d'Etat doit déjà plus de 500 millions d'euros de taxes et de cotisations.

Et ce n'est pas grâce à leurs sites internet que les médias --d'Etat ou privés-- gagnent de l'argent: tout y est disponible gratuitement.

De la concurrence déloyale, accuse Oum Mohammed.

"Des fois, des gens passent devant mon kiosque et disent +ah bon? il y a encore des gens qui vendent des journaux alors que tout est sur internet?+, ça me rend triste d'entendre ça", se lamente-t-elle.

Mais le désamour des lecteurs vient aussi d'ailleurs, affirme Imad Eddine Hussein, rédacteur en chef du quotidien privé al-Chorouq.

"Le contenu de la presse égyptienne s'est réduit comme peau de chagrin et tous les journaux se ressemblent, donc les lecteurs s'en détournent", assène-t-il, alors qu'à de rares exceptions près les Unes des journaux étatiques comme privés sont quasiment toutes similaires, déclinant chaque jour le dernier discours présidentiel ou les paroles d'un ministre.

"Si ça continue comme ça, il n'y a pas que la presse d'Etat qui va disparaître, les journaux privés aussi".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté.