Corse: manifestations et blocages en soutien à Yvan Colonna

Des manifestants se rassemblent à côté d'un portrait d'Yvan Colonna devant la préfecture d'Ajaccio le 4 mars 2022, suite à l'agression du militant indépendantiste à la prison d'Arles (Photo, AFP).
Des manifestants se rassemblent à côté d'un portrait d'Yvan Colonna devant la préfecture d'Ajaccio le 4 mars 2022, suite à l'agression du militant indépendantiste à la prison d'Arles (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 05 mars 2022

Corse: manifestations et blocages en soutien à Yvan Colonna

  • 250 personnes se sont ainsi rassemblées devant la préfecture de Corse à Ajaccio, au son de chants corses et de cris «Etat français assassin» en langue corse
  • Les militants nationalistes et des syndicats étudiants appellent à une grande manifestation dimanche à 14h30 à Corte, l'ancienne capitale de l'île

AJACCIO : La Corse a connu vendredi une journée de tensions, deux jours après l'agression du militant indépendantiste Yvan Colonna par un codétenu, avec des blocages de ferries et des manifestations en soirée, a constaté l'AFP.

Vendredi soir, des manifestations ont eu lieu dans toute l'île, de Propriano à L'Ile-Rousse. 250 personnes se sont ainsi rassemblées devant la préfecture de Corse à Ajaccio, au son de chants corses et de cris "Etat français assassin" en langue corse, selon des chiffres de la préfecture. Incendie contre les grilles fermées de la préfecture et tirs de bombes agricoles dans les jardins de celle-ci ont émaillé la fin du rassemblement, a constaté l'AFP, sans que les forces de l'ordre, très présentes, n'interviennent. 

Des manifestations avaient déjà eu lieu jeudi en Corse après l'agression mercredi du militant indépendantiste Yvan Colonna par un codétenu dans la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) où il purge une peine pour l'assassinat du préfet de l'île Claude Erignac en 1998. En Corse les interrogations et les accusations fusent sur une possible responsabilité de l'Etat alors qu'Yvan Colonna réclamait de longue date son rapprochement sur l'île.

Vendredi matin, un bateau de la compagnie Corsica Ferries a été empêché d'accoster pendant 7 heures à Ajaccio. Le Syndicat des travailleurs corses (STC) des compagnies concurrentes Corsica Linea et La Méridionale qui avait appelé dès jeudi soir à "entraver le débarquement de troupes répressives sur l'île" est passé à l'action vendredi matin.

A 14H00, le ferry a finalement pu accoster et débarquer ses passagers à l'exception de dix gendarmes et de leurs véhicules qui restaient dans le bateau à quai. Mais en début de soirée, des militants du parti indépendantiste Corsica Libera, qui demandaient que les forces de l'ordre rentrent sur le continent, ont bloqué brièvement un autre navire de la même compagnie en provenance d'Italie, qui arrivait à Bastia.

Dans la soirée, la situation s'est débloquée, les dix gendarmes et leurs véhicules étant repartis d'Ajaccio vers Toulon, l'action des manifestants de Bastia s'est terminée, ont indiqué la préfecture et les manifestants à l'AFP.

Face à ces tensions, l'entourage de Marine Le Pen, la candidate à la présidentielle du Rassemblement national, qui devait se déplacer en Corse dimanche dans le cadre de sa campagne, a annoncé que cette visite était reportée. "La situation de l'ordre public en Corse ne permet pas ce déplacement de campagne", a justifié la même source auprès de l'AFP.

Après la violente agression dont a été victime Yvan Colonna, le président autonomiste du conseil exécutif corse, Gilles Simeoni a indiqué à l'AFP demander, avec la présidente de l'Assemblée de Corse, la création d'une commission d'enquête parlementaire. Une demande appuyée par le député UDI Jean-Christophe Lagarde.

Transporté dans un état grave dans un hôpital de Marseille, l'ancien berger y était encore soigné vendredi soir selon ses proches, qui n'ont pas donné davantage d'informations sur son état de santé. Son agresseur étant présenté comme un "jihadiste", le parquet national antiterroriste (Pnat) a été saisi de l'enquête.

Les militants nationalistes et des syndicats étudiants appellent à une grande manifestation dimanche à 14h30 à Corte, l'ancienne capitale de l'île. 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.