La Russie bloque Facebook et punit de prison les «mensonges» sur l'armée

Dans cette illustration de photo d'archive, un écran de smartphone affiche le logo de Facebook sur un fond de site Web Facebook, le 7 avril 2021, à Arlington, en Virginie.(AFP)
Dans cette illustration de photo d'archive, un écran de smartphone affiche le logo de Facebook sur un fond de site Web Facebook, le 7 avril 2021, à Arlington, en Virginie.(AFP)
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Publié le Samedi 05 mars 2022

La Russie bloque Facebook et punit de prison les «mensonges» sur l'armée

  • Le réseau social en Russie ne fonctionnait plus sans VPN, et le groupe américain a confirmé en déplorant que des «millions de Russes ordinaires seront bientôt privés d'informations fiables»
  • A l'international, l'agence Bloomberg News et la BBC (radiotélévision publique britannique) ont annoncé suspendre l'activité de leurs journalistes, et la chaîne américaine d'informations CNN la diffusion de ses programmes en Russie

SAN FRANCISCO : La Russie a bloqué vendredi Facebook, restreint l'accès à Twitter et procédé à un sévère tour de vis contre les médias, introduisant de lourdes peines de prison pour toute diffusion d'"informations mensongères sur l'armée", en pleine invasion de l'Ukraine.

Les mesures prises renforcent l'arsenal des autorités pour contrôler le récit qu'elles font à la population russe de l'invasion de l'Ukraine, présentée comme une opération limitée visant à protéger les Ukrainiens russophones d'un "génocide".

Un amendement introduit diverses peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées russes.

Un deuxième prévoit des sanctions pour les "appels à imposer des sanctions à la Russie", confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l'Ukraine.

Ces textes, qui s'appliquent à la fois aux médias et aux particuliers russes comme étrangers, sont entrés en vigueur après l'approbation par le Parlement russe et la ratification du président Vladimir Poutine tard dans la soirée.

Le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a indiqué se voir "obligé de supprimer de nombreux contenus" pour éviter les sanctions, mais vouloir "continuer à travailler".

A l'international, l'agence Bloomberg News et la BBC (radiotélévision publique britannique) ont annoncé suspendre l'activité de leurs journalistes, et la chaîne américaine d'informations CNN la diffusion de ses programmes en Russie.

La nouvelle loi "semble écrite pour faire de chaque journaliste indépendant un criminel, par simple association, ce qui rend impossible de continuer à faire vivre un semblant de journalisme dans le pays", a déclaré John Micklethwait, le rédacteur en chef de Bloomberg.

La BBC continuera à informer en russe depuis l'extérieur du pays.

 

Facebook bloqué 

Vendredi, le régulateur des médias Roskomnadzor a par ailleurs ordonné le blocage immédiat de Facebook, l'accusant de "discriminer" des médias russes tels que la télévision du ministère de la Défense Zvezda ou l'agence de presse Ria Novosti.

Le réseau social en Russie ne fonctionnait plus sans VPN, et le groupe américain a confirmé en déplorant que des "millions de Russes ordinaires seront bientôt privés d'informations fiables".

Le régulateur a aussi commencé à "restreindre l'accès" à Twitter mais la plateforme a indiqué à l'AFP "ne pas voir de différence significative pour l'instant" avec les difficultés d'accès déjà rencontrées depuis une semaine.

L'autorité avait auparavant annoncé avoir restreint l'accès à la BBC, à la radiotélévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), au site russe indépendant Meduza (basé à Riga, en Lettonie), à Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, à Voice of America et à d'autres sites d'information non nommés.

Sur place, la chaîne de télévision indépendante par internet Dojd avait annoncé jeudi la suspension de son activité, et l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) sa dissolution après le blocage de leurs sites.

"Nous sommes obligés de supprimer tous les comptes de la radio sur les réseaux sociaux et de dissoudre notre site", a déclaré vendredi son rédacteur en chef Alexeï Venediktov sur sa chaîne YouTube.

Le site d'information économique russe The Bell a aussi indiqué vendredi avoir décidé de ne plus couvrir la guerre en Ukraine, afin de protéger ses journalistes des sanctions pénales.

Perquisitions, arrestations 

Les Etats-Unis ont fait part de leur "profonde inquiétude" face aux attaques contre la liberté d'expression en Russie, d'après la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.

L'année écoulée a déjà été particulièrement dure pour les médias indépendants, l'opposition politique et la société civile.

Nombre de publications et de journalistes ont été étiquetés "agent de l'étranger", ce qui les soumet notamment à de lourdes procédures administratives et des poursuites en cas de manquement, même minime.

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a été emprisonné après avoir survécu de justesse à un empoisonnement, et son mouvement a été démantelé.

Et la justice a prononcé en décembre la dissolution de l'emblématique ONG Mémorial, pilier de la défense des droits humains et gardienne de la mémoire des millions de victimes des crimes de l'URSS, une décision confirmée en appel lundi.

Vendredi, Mémorial a annoncé que des perquisitions avaient lieu dans ses locaux à Moscou, tout comme l'ONG d'aide aux migrants "Assistance civique".

En outre, selon l'ONG OVD-Info, plus de 8.000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg (nord-ouest), contre l'invasion de l'Ukraine depuis le 24 février, jour de son déclenchement.

Face aux voix qui s'opposent à cette intervention, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé vendredi que ce n'était "pas le moment de se diviser, c'est le moment de s'unir. Et s'unir autour de notre président".

Valéri Fadeïev, président du Conseil des droits de l'homme auprès du Kremlin, a pour sa part accusé les médias étrangers de propager de fausses informations sur le conflit en Ukraine.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.