Chine: la croissance s'annonce en baisse face aux «risques»

Cette année, la Chine «fera face à beaucoup plus de risques et défis», a averti le chef du gouvernement, Li Keqiang. (Photo, AFP)
Cette année, la Chine «fera face à beaucoup plus de risques et défis», a averti le chef du gouvernement, Li Keqiang. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 05 mars 2022

Chine: la croissance s'annonce en baisse face aux «risques»

  • Le chef du gouvernement, Li Keqiang, a fixé pour cette année un objectif de croissance «d'environ 5,5%», contre «au moins 6%» prévu en 2021
  • Ce rythme serait, hors période de Covid, le plus faible pour la Chine depuis le début des années 1990

PÉKIN : "Beaucoup plus de risques": avec les incertitudes liées à la Covid et à la guerre en Ukraine, la Chine se prépare à un ralentissement de sa croissance cette année, a annoncé samedi le Premier ministre, lors de la grand-messe annuelle du régime communiste.

Devant les quelque 3 000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le chef du gouvernement, Li Keqiang, a fixé pour cette année un objectif de croissance "d'environ 5,5%", contre "au moins 6%" prévu en 2021.

Ce rythme serait, hors période de Covid, le plus faible pour la Chine depuis le début des années 1990.

"La pandémie de la Covid-19 est toujours en cours, la reprise mondiale manque de dynamisme et le prix des matières premières reste élevé [...] ce qui rend la conjoncture volatile, difficile et incertaine", a dit le Premier ministre chinois.

Cette année, la Chine "fera face à beaucoup plus de risques et défis", a averti M. Li, relevant notamment une consommation atone et les perturbations des chaînes d'approvisionnement.

"Atteindre cet objectif de croissance nécessitera des efforts ardus", a estimé dans le cadre solennel du Palais du peuple le Premier ministre chinois, donné pour partant lors du renouvellement attendu des instances dirigeantes fin 2022.

Jusqu'à vendredi, les députés de l'ANP doivent ratifier comme un seul homme les décisions du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

La session du Parlement doit également préparer le terrain au Congrès quinquennal du PCC qui renouvellera en partie l'équipe dirigeante en fin d'année. 

Après 10 ans à la tête de la deuxième puissance mondiale, le président Xi Jinping vise lui un troisième mandat inédit grâce à un amendement de la Constitution en 2018.

«Stabilité»

La Chine avait renoncé à se fixer en 2020 un objectif annuel de croissance, alors que l'épidémie paralysait son économie. Le pays avait finalement terminé l'année avec une progression de 2,3%.

Remis de la Covid, le pays avait facilement atteint son objectif l'an dernier grâce à un effet de rattrapage (+8,1% sur un an).

Mais la croissance s'est essoufflée en cours d'année (+18,3% au 1er trimestre 2021 contre 4% au dernier).

La priorité est donc de "stabiliser" la croissance, a insisté le Premier ministre, utilisant le terme 28 fois, au moment où l'économie chinoise fait face à de multiples défis.

Sur le front épidémique, la Chine continue à suivre une politique zéro Covid, à contre courant de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions.

Si la stratégie chinoise a permis au pays de se remettre rapidement du premier choc épidémique, le zéro Covid est aujourd'hui un frein à la consommation.

"Nous devons constamment affiner les mesures" contre l'épidémie, a indiqué Li Keqiang, au moment où des voix plaident pour un assouplissement.

Le pouvoir communiste célèbre sa politique sanitaire comme une preuve de la supériorité de son système politique, en comparaison avec la flambée épidémique dans le reste du monde.

Malgré tout, la souche Omicron de la Covid-19, particulièrement contagieuse, circule en Chine et paralyse son territoire semi-autonome de Hong Kong.

Immobilier en souffrance

La pandémie met également sous pression les chaînes d'approvisionnement et perturbe au niveau mondial les échanges commerciaux, sur lesquels repose la puissance économique chinoise.

Sur le front de l'immobilier, les déboires du promoteur géant Evergrande, au bord de la faillite, refroidissent les acheteurs et l'ensemble du secteur.

L'immobilier et la construction, qui pèsent plus du quart du PIB du pays, avaient joué un rôle clé dans la reprise post-pandémie en 2020.

De nombreux acteurs sont aujourd'hui fragilisés par des mesures prises par Pékin pour assainir un secteur criblé de dettes et marqué par une spéculation effrénée.

Dans son discours, le Premier ministre n'a fait aucune référence à l'invasion russe de l'Ukraine, que Pékin refuse de condamner au nom de l'amitié qui lie le géant asiatique à Moscou.

Mais avec la montée de la tension mondiale, les dépenses militaires chinoises progresseront de 7,1% cette année, nettement plus que le PIB.

Les grandes orientations économiques de la Chine pour 2022

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a fixé samedi les grandes orientations économiques pour son pays en 2022, dans un contexte de ralentissement de la croissance et d'incertitudes mondiales.

Voici les chiffres clés à retenir:

- Croissance en 2022 -

La Chine vise une croissance "d'environ 5,5%" cette année alors que la seconde économie mondiale fait face à un fléchissement de l'activité.

L'an dernier le produit intérieur brut (PIB) du géant asiatique avait progressé de 8,1% sur un an.

Mais cette performance était en grande partie due à l'effet de rattrapage par rapport à 2020, quand l'activité avait été paralysée par le Covid.

La croissance s'est toutefois essoufflée en cours d'année (+18,3% au 1er trimestre 2021 contre 4% au dernier).

L'objectif "d'environ 5,5%" serait pour la Chine son rythme le plus faible depuis le début des années 1990, hors période de Covid (+2,3% en 2020).

- Emploi et chômage -

Pékin se fixe comme objectif de créer cette année quelque 11 millions d'emplois, un chiffre en baisse par rapport à 2021 (12,69 millions).

Ce critère ne renseigne en rien sur le nombre d'emplois détruits à cause de la crise sanitaire.

La Chine s'attend d'ailleurs à une hausse du taux de chômage cette année. Mais il "ne dépassera pas 5,5%", a assuré Li Keqiang.

Ce chiffre est supérieur à celui de l'an dernier (5,1%) mais moindre que le record absolu de 6,2% en février 2020, au plus fort de l'épidémie.

Là aussi, ce chiffre dresse un tableau incomplet de la conjoncture: en Chine, le chômage est calculé pour les seuls urbains.

- Déficit et inflation -

En pleine reprise post-Covid, la Chine avait creusé son déficit budgétaire à 3,2% du PIB.

En 2022, ce ratio sera ramené autour de 2,8%. Ce chiffre est identique à celui de 2019, avant la pandémie.

Quant à l'inflation, l'objectif est fixé à 3% contre 0,9% l'an dernier, sur fond de flambée des cours mondiaux des matières premières.

- Mesures de soutien -

Face au fléchissement de sa croissance, Pékin compte soutenir PME et auto-entrepreneurs, ses principaux viviers d'emplois.

Les mesures fiscales et réductions d'impôt en 2022 sont estimées à 2.500 milliards de yuans (361,8 milliards d'euros).

Les remboursements de TVA représenteront 1.500 milliards de yuans (217,1 milliards d'euros) qui "iront directement aux entreprises", s'est félicité Li Keqiang.

- Défense -

Dans un contexte de tension mondiale ravivée par l'invasion russe en Ukraine, ainsi que sa rivalité traditionnelle avec Taïwan et les riverains de mer de Chine méridionale, Pékin a annoncé un coup d'accélérateur sur ses dépenses militaires.

La Chine augmentera son budget militaire de 7,1% cette année, a indiqué le ministère des Finances.

Ce pourcentage est en hausse par rapport à l'an dernier (6,8%).

Avec cette enveloppe de 1.450 milliards de yuans (230 milliards de dollars), la Chine dispose du deuxième budget de défense mondial, après les Etats-Unis.

La progression des dépenses militaires chinoises est nettement supérieure à la croissance attendue du PIB.

Coup d'accélérateur sur les dépenses militaires

La Chine a annoncé samedi un coup d'accélérateur sur ses dépenses militaires, dans un contexte de tension mondiale ravivée par l'invasion russe en Ukraine et sa rivalité traditionnelle avec Taïwan et les riverains de mer de Chine méridionale.

Le budget militaire augmentera de 7,1% cette année, a annoncé le ministère des Finances, à l'ouverture de la session plénière annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP, le Parlement chinois).

Ce pourcentage est en hausse par rapport à l'an dernier (+6,8%). Il s'agit de la plus forte progression depuis 2019 (+7,5%).

Avec cette enveloppe de 1.450 milliards de yuans (230 milliards de dollars), la Chine dispose du deuxième budget de défense mondial, après les Etats-Unis (740 mds USD prévus pour 2022).

Surtout, la progression des dépenses militaires chinoises est nettement supérieure à la croissance attendue du PIB, fixée samedi par le Premier ministre Li Keqiang à 5,5% pour l'année en cours.

Cette augmentation survient alors que les tensions mondiales se sont accrues la semaine dernière avec l'intervention russe en Ukraine, que Pékin s'est jusqu'à présent refusé à condamner, disant "comprendre" les préoccupations de Moscou pour sa sécurité.

Lors d'une visite du président russe Vladimir Poutine à Pékin début février, les deux pays se sont prononcés de concert contre l'expansion de l'Otan.

Le président chinois Xi Jinping a obtenu de son côté le soutien de son voisin pour dénoncer "l'influence négative pour la paix et la stabilité" des Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique.

Pékin ne cesse d'élever la voix pour s'en prendre au régime rival de Taïwan, l'île qu'il considère comme une de ses provinces et dont il se réserve le droit de s'emparer par la force.

L'an dernier, le régime communiste a multiplié les incursions dans la zone d'identification de défense aérienne de Taïwan, en réponse notamment à des visites de hauts responsables américains dans l'île.

Le mois dernier, Xi Jinping a ordonné à toutes les unités militaires de mener des "exercices orientés vers le combat" et d'améliorer leurs capacités en matière "d'affrontements informatiques".

Planeur hypersonique

Le renforcement de l'armée chinoise suscite la méfiance récurrente des nations voisines, alimentée par un manque de transparence sur ce que le budget militaire recouvre exactement.

La Chine revendique ainsi sa souveraineté en mer de Chine méridionale (vis-à-vis notamment du Vietnam et des Philippines), en mer de Chine orientale (sur les îles Senkaku contrôlées par le Japon) ainsi que dans l'Himalaya (face à l'Inde).

Les Etats-Unis envoient régulièrement des navires de guerre en mer de Chine méridionale pour y contrarier les prétentions territoriales de Pékin, mais aussi à proximité de Taïwan pour y soutenir les dirigeants locaux.

Dans ce contexte, l'armée de Pékin poursuit sa modernisation avec l'objectif de rattraper l'avance technologique de Washington.

Selon le Pentagone, l'Armée populaire de libération (APL) a notamment lancé l'an dernier un planeur hypersonique, qui a fait le tour de la Terre à plus de 6.000 km/h.

L'appareil aurait tiré un projectile pendant sa course, une performance qui semble avoir pris de court les Américains, Washington ne disposant pas encore de ce type d'armement.

"L'APL est le bras armé du Parti communiste chinois et la direction du parti a besoin du soutien continu des militaires", observe James Char, un expert des questions de défense à l'Université technologique Nanyang à Singapour.

"L'un des moyens d'y parvenir est de prouver que les besoins de l'APL restent une priorité", ajoute-t-il.

De son côté, l'armée chinoise donne la priorité à la modernisation de ses équipements "afin de devenir une force entièrement mécanisée et informatisée".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.