Ukraine: les civils pris au piège à Marioupol, l'étau se resserre autour de Kiev

Capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par le ministère russe de la Défense, montrant un char de l'armée ukrainienne détruit dans la localité de Gnutovo, près de Mariupol, Ukraine. (AFP).
Capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par le ministère russe de la Défense, montrant un char de l'armée ukrainienne détruit dans la localité de Gnutovo, près de Mariupol, Ukraine. (AFP).
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Publié le Lundi 07 mars 2022

Ukraine: les civils pris au piège à Marioupol, l'étau se resserre autour de Kiev

  • Un troisième round de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie est prévu pour lundi, selon un membre de la délégation ukrainienne, David Arakhamia, qui n'a pas donné plus de détails
  • Les deux sessions précédentes, à la frontière ukraino-bélarusse puis à la frontière polono-bélarusse, n'ont pas abouti à un arrêt des combats

KIEV : La population était prise au piège dimanche dans le port assiégé de Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, où une deuxième tentative d'évacuation humanitaire a échoué, pendant que l'armée russe resserrait son étau sur la capitale Kiev.

Un troisième round de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie est prévu pour lundi, selon un membre de la délégation ukrainienne, David Arakhamia, qui n'a pas donné plus de détails.

Les deux sessions précédentes, à la frontière ukraino-bélarusse puis à la frontière polono-bélarusse, n'ont pas abouti à un arrêt des combats, mais les parties avaient convenu de mettre en place des "couloirs humanitaires".

Mais pour la deuxième journée consécutive dimanche, la population de Marioupol, sur la mer d'Azov, qui vit un "blocus humanitaire", selon son maire Vadim Boïtchenko, a dû renoncer à l'évacuation.

"Au milieu de scènes dévastatrices de souffrances humaines, une deuxième tentative aujourd'hui de commencer à évacuer quelque 200 000 personnes de la ville a été interrompue", a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Celle-ci devait permettre une évacuation jusqu'à Zaporojie, à environ trois heures de route. Mais "nous n'avons pas pu emprunter le couloir humanitaire en raison des bombardements russes", a dit la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.

Le président russe Vladimir Poutine a mis l'échec des évacuations sur le compte des "nationalistes ukrainiens" qui, selon lui, ont empêché celle programmée samedi de Marioupol et de Volnovakha, une ville proche.

Une rare famille qui a pu rejoindre samedi Dnipro (centre) a raconté, sous couvert d'anonymat, être restée à l’abri dans une cave "sept jours sans chauffage, électricité, internet", manquant d'eau et de nourriture. Sur la route, a-t-elle témoigné, "il y avait des cadavres partout, des Russes et des Ukrainiens".

La chute de Marioupol serait un tournant dans l'invasion russe, lancée le 24 février. Elle permettrait la jonction entre les troupes russes en provenance de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports clés de Berdiansk et de Kherson, et celles du Donbass. Ces forces consolidées pourraient ensuite remonter vers le centre et le nord de l'Ukraine.

Sur la mer Noire, c'est désormais Odessa qui préoccupe le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui accuse la Russie de "se préparer à bombarder" ce port de près d'un million d'habitants proche de la frontière moldave.

Activisme américain

Cet exode  suscitait une forte mobilisation, notamment dans les Etats voisins comme la Pologne, où le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est rendu samedi à la frontière avec l'Ukraine, s'y entretenant avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

"Le message du peuple ukrainien héroïque est simple: les Russes, rentrez chez vous (...) Poutine, laisse l'Ukraine tranquille. Tu ne gagneras pas la guerre", a lancé M. Kouleba.  

Il a demandé des avions et des systèmes de défense aérienne, qualifiant de "signe de faiblesse" le refus par l'Otan de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays.

Après un crochet en Lettonie, Etat balte frontalier de la Russie, le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a souligné que si une telle zone était créée, "il faudrait alors qu'on y aille et qu'on combatte activement" les Russes, ce que l'Alliance atlantique ne veut pas faire.

Le président russe Vladimir Poutine a menacé de "conséquences colossales et catastrophiques non seulement pour l'Europe, mais pour le monde entier", si une telle zone était créée. La Russie considérerait comme cobelligérant tout pays tentant de l'imposer.

De plus en plus isolé sur la scène internationale, le maître du Kremlin a le même jour reçu à Moscou le chef du gouvernement israélien Naftali Bennett, premier dirigeant étranger en visite en Russie en lien avec l'invasion russe de l'Ukraine. 

Entamant une véritable médiation, M. Bennett a ensuite parlé au président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant des entretiens à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Dans le même temps, à Washington, des élus du Congrès promettaient de débloquer 10 milliards de dollars d'aide pour l'Ukraine, au cours d'un échange virtuel avec le président Zelensky.

"Nous encourageons à des négociations directes entre la Russie et l'Ukraine", a de son côté dit le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi dans une conversation téléphonique avec Antony Blinken.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a d'ailleurs plaidé dans la presse espagnole pour que la Chine joue un rôle de médiateur.

Cette guerre et les sanctions imposées à la Russie "auront aussi un impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d'autres pays", a averti le Fonds monétaire international, disant craindre des conséquences "dévastatrices".

Kiev en ligne de mire

Dans le même temps, les soldats russes se rapprochent de Kiev.

D'intenses combats ont eu lieu dans la périphérie de la capitale, selon l'administration régionale ukrainienne, notamment autour de la route menant vers Jytomyr (150 km à l'ouest de Kiev), ainsi qu'à Tcherniguiv (150 km au nord de la capitale), pilonnée depuis plusieurs jours par l'aviation russe.

Dans les faubourgs ouest de Kiev, à Irpine, "du matin au soir, tous les bâtiments voisins ont été touchés, un tank est entré. C'était effrayant, nous avons eu peur. Avant cela, nous ne pensions pas que nous allions partir", a témoigné Tetiana Vozniuchenko, 52 ans.

A 200 km au sud-ouest de la capitale, l'aéroport de Vinnytsia a été "complètement détruit" par des frappes russes, selon M. Zelensky. En matinée, Moscou avait annoncé avoir détruit l'aérodrome militaire de Starokonstantinov, à 130 km au nord-est.

Quant à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine située à 50 km de la frontière russe (est), elle restait la cible d'intenses bombardements qui ont touché une tour de télévision, selon le gouverneur régional Oleg Synegoubov.

Après le bombardement le 4 mars de la centrale nucléaire de Zaporojie (sud), la plus grande d'Ukraine et d'Europe, qui a fait craindre une catastrophe et fait monter d'un cran l'inquiétude des pays occidentaux, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a été informée par Kiev que la direction de la centrale était désormais sous les ordres des forces russes.

D'après les autorités ukrainiennes, seules les communications par téléphone mobile y sont encore possibles, mais de mauvaise qualité, et le chef de l'AIEA Rafael Grossi s'est dit "profondément préoccupé" par "la détérioration de la situation concernant les communications vitales entre l'autorité de régulation et la centrale".

L’armée russe, de son côté, a accusé les services de sécurité ukrainiens (SBU) et des nationalistes ukrainiens de chercher à provoquer une fuite radioactive à Kharkiv pour ensuite en accuser Moscou.

Pilonnages près de Kiev 

Le siège de Marioupol, qui avait résisté en 2014 aux assauts des unités prorusses, intervient au moment où les soldats russes se rapprochent de Kiev, rencontrant une tenace résistance et bombardant parfois des immeubles d'habitation, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale, où des dizaines de civils ont été tués ces derniers jours.

Une équipe de l'AFP qui s'est rendue sur place samedi a constaté des scènes de dévastation dans cette ville de 300 000 habitants qui se vidait de sa population, faisant craindre un destin similaire pour Kiev une fois les batteries de missiles et l'artillerie russes aux portes de la capitale.

"Il y avait des corps partout sur le sol. Ils faisaient la queue pour la pharmacie là, ici, et ils sont tous morts", a témoigné Sergeï, un survivant.

De son côté, le président Zelensky assurait que les forces ukrainiennes avaient déclenché une contre-attaque autour de Kharkiv (nord-est), la deuxième agglomération du pays, théâtre de bombardements parmi les plus intenses depuis le début de l'invasion.

L'armée russe pilonnait quant à elle toujours les alentours de Kiev, au nord-ouest et à l'est notamment. Là où, la veille encore, un supermarché et une station-service se dressaient au grand carrefour entre les villes ouvrières de Bucha et d'Irpin, proches de la capitale, il ne restait samedi que des ruines et des habitants en fuite.

Dans un hôpital du nord de Kiev, des soldats ukrainiens blessés ont raconté à l'AFP leur lutte inégale sous un déluge de feu. "On était en reconnaissance" et "on est tombés sur une colonne ennemie", a expliqué Motyka, un soldat de 29 ans touché par un éclat sur le flanc droit, qui a dû battre en retraite avec ses camarades : "On les a combattus et on a tué leurs soldats à pied, mais ils nous ont arrosés avec des tirs de mortier". 

L'exode s'intensifie

Au 11e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le Haut Commissaire de l'ONU aux réfugiés Filippo Grandi a estimé qu'il s'agissait de "la crise des réfugiés la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale".

"Plus de 1,5 million de réfugiés venant d'Ukraine ont traversé (la frontière) vers les pays voisins en 10 jours", a indiqué M. Grandi, qui s'attend à ce que le flot augmente encore au fil des jours à venir. Plus d'un million sont arrivés en Pologne, selon les garde-frontières.

A Irpine, des civils fuyaient en franchissant difficilement les décombres d'un pont détruit par l'armée ukrainienne.

Dans les gares des villes menacées par l'armée russe, la cohue régnait. "Nous envoyons nos femmes et nos enfants à Lviv, peut-être plus loin, et nous restons ici (...) C'est une situation horrible", a confié à Dnipro Andrey Kyrytchenko, un maçon de 40 ans.

Vladimir Poutine a nié dimanche "que son armée prenne des civils pour cible", lors d'un entretien avec son homologue français Emmanuel Macron.

Mais l'Organisation mondiale de la santé (OMS) "a authentifié plusieurs attaques contre des soins de santé en Ukraine, faisant plusieurs morts et des blessés", a affirmé son chef Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Environ huit" civils ont été tués lors d'une évacuation d'Irpine dimanche, a indiqué le maire de la ville, Oleksandr Markouchine, sur Telegram.

Moscou avait évoqué mercredi la mort de 498 soldats russes et 2 870 morts côté ukrainien. Kiev fait état dimanche de plus de 11 000 soldats russes tués, sans révéler ses propres pertes militaires. Des chiffres impossibles à vérifier de manière indépendante.

Pour sa part, l'ONU a confirmé la mort de 351 civils et plus de 700 blessés, un bilan qui est "sans doute bien plus élevé car les vérifications sont en cours".

Efforts diplomatiques

Les consultations diplomatiques se sont poursuivies tout le week-end sans succès.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réclamé dimanche un "cessez-le-feu général urgent" à son homologue russe. La veille, le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait proposé sa médiation.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a plaidé pour qu'un rôle de médiateur soit joué par Pékin, qui de son côté a appelé à des négociations directes entre la Russie et l'Ukraine.

Dans son échange avec Vladimir Poutine, M. Macron a trouvé le président russe "très déterminé à atteindre ses objectifs", dont "ce qu'il appelle la +dénazification+ et la neutralisation de l'Ukraine", ainsi que la reconnaissance de l'indépendance de la Crimée et du Donbass, a indiqué la présidence française.

Le Kremlin a aussi multiplié les messages aux Occidentaux.

M. Poutine a prévenu samedi que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine - demandée par Kiev mais refusée par l'Otan - serait considérée "comme une participation au conflit armé".

Et le ministère de la Défense russe a mis en garde dimanche les pays voisins de l'Ukraine contre l'accueil d'avions de combat de Kiev qui seraient ensuite utilisés contre les forces de Moscou, ce qui pourrait être considéré "comme une implication de ces pays dans un conflit armé".

De leur côté les pays du G7 planchent sur de nouvelles sanctions contre la Russie, qui devront surtout "toucher les oligarques" qui ont "profité de Poutine", a dit dimanche le ministre allemand des Finances, Christian Lindne, dont le pays exerce actuellement la présidence du groupe des sept pays les plus industrialisés.

"Nous sommes prêts à payer un prix économique très très élevé" mais "si demain, en Allemagne ou en Europe, les lumières s'éteignent, ça ne va pas arrêter les chars", a déclaré Mme Baerbock à la chaine ZDF.

Effets des sanctions en Russie

En Russie, les effets des sanctions commencent à atteindre de plein fouet la classe moyenne.

Les entreprises étrangères continuent massivement de quitter le pays. Dernière en date: American Express a annoncé dimanche la suspension de ses opérations en Russie, emboîtant le pas aux géants américains des cartes bancaires Visa et Mastercard. Le système de paiement PayPal y a lui aussi suspendu ses services.

Le rouble s'est effondré après l'instauration des sanctions internationales contre Moscou et certaines des plus grandes banques russes ont été coupées du système interbancaire international Swift.

Les autorités russes craignent désormais l'apparition d'un marché noir alimentaire. Des chaînes de supermarché ont imposé des restrictions sur les quantités vendues à chaque individu.

Mais les voix d'opposition et les médias indépendants continuent d'être réduits au silence.

Au moins 4 600 personnes manifestant contre l'intervention militaire en Ukraine ont été arrêtées dimanche dans une cinquantaine de villes de Russie, selon l'ONG OVD-Info.

La BBC a indiqué que sa chaîne télévisée d'information internationale, BBC World News, avait cessé d'émettre dans ce pays après le tour de vis radical des autorités russes contre les médias. Le réseau social TikTok a aussi annoncé suspendre la possibilité de poster de nouvelles vidéos sur sa plateforme en Russie.

Face à un million de réfugiés ukrainiens, les Polonais répondent présents

L'afflux en quelques jours de plus d'un million de personnes ayant fui l'invasion russe de Ukraine a poussé Nicolas Kusiak - comme des milliers d'autres Polonais - à se mobiliser pour leur offrir solidarité et soutien.

Bénévoles, autorités, organisations humanitaires ou professionnelles et entreprises, ainsi que l'importante communauté ukrainienne déjà présente en Pologne proposent à ces réfugiés l'essentiel : repas, transport, et un lieu où se reposer et dormir, y compris dans leurs maisons.

Et surtout de la chaleur humaine aux enfants et aux femmes, traumatisés, souvent en pleurs, qui ont dû laisser en Ukraine leurs pères et leurs maris, mobilisables pour défendre leur pays.

"On avait ici des médecins d'Israël et de France. Je les approvisionne, je suis leur traducteur, car je comprends un peu l'ukrainien", explique Kusiak, 27 ans, installé depuis quatre jours tout près du poste-frontière de Medyka.

Polonais né en France, manager travaillant dans l'événementiel et parlant quatre langues, il avait l'intention de servir de traducteur pour éviter des malentendus avec les étrangers, après avoir vu sur internet des vidéos xénophobes mettant en garde contre l'entrée d'Arabes ou d'Africains.

Mais il a aussi apporté des tentes, des générateurs, des appareils de chauffage et de la nourriture, puis a cherché à organiser la coordination entre la police, les médecins, les pompiers qui assurent les transports et les bénévoles qui distribuent la soupe chaude.

"Tout le monde veut faire tout, mais on ne fait pas confiance à une personne privée", regrette-t-il. Mais "cela commence à s'organiser" et il doit "travailler légalement" pour la Croix-Rouge à partir de lundi.

«Des bombes partout»

La mobilisation en faveur des réfugiés est générale. On le voit par exemple à la gare centrale de Cracovie (sud) où transitent des centaines d'entre eux.

"Notre point d’accueil est vraiment rempli et nous avons beaucoup de monde tout le temps", explique à l’AFP une bénévole quadragénaire, Anna Lach. "Nous avons un local en sous-sol qui est plein en permanence et c’est pourquoi d'autres gens attendent ici de savoir s'ils peuvent rester pour la nuit".

"Mais, ajoute une autre volontaire, Maja Mazur,nous avons d’autres lieux en ville où ils peuvent s'arrêter. Ils peuvent y rester un jour ou deux avant d'aller ailleurs. Nous leur offrons quelque chose à boire, quelque chose de chaud, quelque chose à manger et un endroit où ils peuvent dormir."

Certains réfugiés veulent tout de suite continuer leur voyage vers l’ouest de l’Europe, poussés par leurs souvenirs traumatisants et souffrant de la séparation d'avec leurs proches.

"Je suis venue de Kharkiv (dans le nord-est de l'Ukraine, ndlr) avec ma famille, avec mes deux fils et mes parents", dit Anna Gimpelson, une architecte. "Mon mari est resté à Lviv (dans l'ouest, ndlr) parce qu'il est encore bon pour l'armée, donc il ne peut pas quitter le pays. Notre ville vit des moments vraiment terribles. Nous avons des bombes partout et la maison de nos voisins n'existe plus".

"Nous avons été sur la route pendant trois jours et maintenant nous allons chez un ami à Düsseldorf (en Allemagne, ndlr). Peut-être que nous allons passer un peu de temps là-bas et réfléchir à ce qu'il faudra faire ensuite", dit-elle.

Le gouvernement polonais s'attend à ce que l'afflux de réfugiés continue.

"Préparer les infrastructures pour être prêt à accueillir une nouvelle vague de réfugiés, dont on ne sait pas quelle sera l'ampleur, tel est notre principal défi aujourd'hui", a dit dimanche le ministre sans portefeuille Michal Dworczyk, le chef du cabinet du Premier ministre.

L'ONU avait annoncé que le nombre total des personnes ayant quitté l'Ukraine pour chercher refuge dans les pays voisins avait dépassé 1,5 million. Autrement dit, deux sur trois ont choisi de se rendre en Pologne.

De son côté, la branche polonaise d'Amnesty International a appelé sur Facebook à ne pas oublier les réfugies syriens ou yéménites bloqués à la frontière avec le Bélarus et mis en garde contre "l'énorme injustice" consistant en un traitement inégal des étrangers en fonction de leur nationalité.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.