La Russie intensifie son offensive sur Kiev, Kharkiv bombardée, Marioupol menacée

La place à l'extérieur de l'hôtel de ville local endommagé de Kharkiv, le 1er mars 2022, détruit à la suite des bombardements des troupes russes. (Photo, AFP)
La place à l'extérieur de l'hôtel de ville local endommagé de Kharkiv, le 1er mars 2022, détruit à la suite des bombardements des troupes russes. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 01 mars 2022

La Russie intensifie son offensive sur Kiev, Kharkiv bombardée, Marioupol menacée

  • L'armée ukrainienne fait face mardi à une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv et plusieurs villes du pays
  • L'Europe et les Etats-Unis en tête ont multiplié les annonces ces derniers jours afin de dissuader Moscou de poursuivre ses assauts sur l'Ukraine

KIEV : L'armée ukrainienne fait face mardi à une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv et plusieurs villes du pays, au lendemain de premiers pourparlers infructueux sur fond de sanctions occidentales croissantes contre la Russie.

Au sixième jour de l'invasion russe de l'Ukraine, la place centrale de Kharkiv, deuxième ville du pays avec 1,4 million d'habitants, proche de la frontière russe, a été bombardée et la préfecture régionale touchée, a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegubov, dans une vidéo sur Telegram montrant l'explosion.

Des combats ont également eu lieu lundi à Okhtyrka, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kharkiv, qui auraient tué "environ 70 combattants ukrainiens" mais aussi de nombreux Russes, selon les autorités locales. Interrogée, l'armée ukrainienne n'a pas confirmé ce bilan. 

Les forces russes "se sont regroupées, accumulant véhicules blindées, missiles et artillerie pour encercler et capturer Kiev, Kharkiv, Odessa, Kherson et Marioupol", a affirmé la présidence ukrainienne dans un communiqué.

L'électricité était coupée mardi matin dans le grand port de Marioupol (sud-est) après une offensive russe, a indiqué le gouverneur de la région de Donetsk dont elle fait partie. Le chef des séparatistes prorusses de la région de Donetsk, Denis Pouchiline a dit que l’objectif était d'encercler dans la journée cette ville stratégique de la mer d'Azov.

Sa prise par l'armée russe doit permettre la jonction des forces russes qui avancent le long de la côte de la mer d'Azov depuis la Crimée annexée par Moscou, des troupes dans le territoire séparatiste prorusse de Donetsk et la frontière avec la Russie.

Des photos satellites diffusées dans la nuit par la société américaine d'imagerie satellitaire Maxar montrent en outre un convoi russe s'étirant sur des dizaines de kilomètres et se dirigeant vers la capitale ukrainienne depuis le nord-ouest.

La partie avancée du convoi était près de l'aéroport Antonov, à environ 25 km de Kiev, cible stratégique et au coeur de violents affrontements depuis le début de l'invasion russe jeudi.

Les défenseurs de Kiev, en partie désertée après la fuite d'habitants par milliers, ont érigé des barricades de fortune et reprogrammé des panneaux électroniques sur les grandes avenues pour prévenir les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".

L'état-major ukrainien a aussi cité un assaut selon lui repoussé près de Chernihiv, au nord-est de Kiev, autre direction depuis laquelle les Russes approcheraient vers la capitale.

L'armée russe a aussi érigé des barrages routiers à tous les points d'entrée de la ville côtière de Kherson (Sud, 290 000 habitants), plus à l'ouest, selon son maire, Igor Kolikhaïev.

Ce dernier a appelé les habitants à rester "calmes et prudents" et à ne pas "provoquer" l'adversaire. "Ce n'est pas une bataille, c'est une guerre. Et la guerre se gagne par des actes raisonnables et avec sang-froid", a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Marioupol ans électricité

Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, était sans électricité mardi après une offensive russe, a déclaré Pavlo Kirilenko, gouverneur de la région de Donetsk, les forces ayant envahi l'Ukraine voulant encercler cette ville stratégique.

"Marioupol et Volnovakha sont à nous! Les deux villes subissent la pression de l'ennemi mais elles tiennent. A Marioupol, la ligne d'électricité a été coupée, la ville est sans électricité", a-t-il indiqué sur sa page Facebook.

Selon lui, Volnovakha, cité plus au nord qui compte environ 20 000 habitants, est largement "détruite".

Marioupol, ville portuaire et stratégique d'un demi-million d'habitants, "sera entièrement encerclée" dès mardi, a averti Edouard Bassourine, commandant des forces séparatistes du territoire prorusse de Donetsk à la chaîne d'Etat Rossiya-24.

Il a assuré que ses troupes vont permettre aux civils d'évacuer Marioupol via "deux couloirs humanitaires", précisant que quitter la ville sera permis jusqu'à mercredi.

La prise de Marioupol et Volnovakha par les forces prorusses permettrait de faciliter la jonction des territoires sous contrôle des troupes russes --qui avancent le long de la côte de la mer d'Azov depuis la Crimée annexée par Moscou-- avec les forces du territoire séparatiste prorusse de Donetsk et la frontière avec la Russie.

Dernière grande cité du sud-est de l'Ukraine à être restée sous le contrôle de Kiev, Marioupol a été brièvement occupée par les séparatistes prorusses au début du conflit en 2014, avant d'être reprise par les troupes régulières ukrainiennes.

«Détruire économiquement» la Russie

Face à la menace, le président Volodymyr Zelensky a appelé mardi matin la communauté internationale à envisager "une fermeture totale à la Russie de "tous les ports" et "aéroports du monde", et appelé à "détruire économiquement" la Russie.

Les Occidentaux semblent prêts à adopter cet objectif. Ils ont annoncé lundi soir, après un nouvel échange entre le président américain Joe Biden et ses alliés français, américain, britannique, canadien, allemand, italien, japonais, polonais et roumain, qu'ils entendaient durcir plus encore les sanctions d'une ampleur déjà historique adoptées contre la Russie depuis le début de l'offensive.

Des sanctions auxquelles se sont ralliées des centres bancaires très prisés des grandes fortunes russes, comme la Suisse, pourtant attachée à sa neutralité, ou Monaco.

"Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe", a affirmé mardi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, dont le pays assume jusqu'en juin la présidence de l'Union européenne.

Le géant du transport maritime Maersk va lui arrêter de desservir les ports russes.

Paris: «Provoquer l'effondrement de l'économie russe»

"Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe" à travers les sanctions économiques occidentales imposées en réponse à l'invasion russe en Ukraine, a affirmé mardi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

Fermeture des espaces aériens, gel d'avoirs de personnalités ou d'entreprises, remise en question de liens financiers ou commerciaux... L'Europe et les Etats-Unis en tête ont multiplié les annonces ces derniers jours afin de dissuader Moscou de poursuivre ses assauts sur l'Ukraine.

"Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l'Union européenne qui est en train de découvrir sa puissance économique", a souligné M. Le Maire sur la radio France Info.

Une des dernières mesures en date, le blocage des avoirs en devises de la Banque centrale russe détenues à l'étranger, a provoqué un plongeon du rouble lundi, et de nombreux Russes se sont précipités dans leur banque pour retirer du liquide.

En urgence, la Russie a interdit à ses résidents de transférer des devises à l'étranger et obligé les exportateurs russes à convertir une grande partie de leurs revenus en roubles.

La totalité des avoirs russes que les alliés vont geler représente "presque 1 000 milliards de dollars" a précisé M. Le Maire.

"Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie", a-t-il ajouté, affirmant que les Occidentaux sont prêts si nécessaire à "un nouveau renforcement des sanctions".

"L'urgence est de relever le coût de la guerre pour le président (Vladimir) Poutine", avait indiqué lundi la présidence française, en estimant que les sanctions déjà prises "font plus mal que le président Poutine ne l’avait anticipé".

Bruno Le Maire a reconnu que le peuple russe allait subir les effets des sanctions "en raison de son dirigeant".

Interrogé sur les activités des géants français TotalEnergies et Engie en Russie, il a souligné qu'il y avait désormais un "problème de principe à travailler avec toute personnalité politique ou économique proche du pouvoir russe".

Concernant TotalEnergies, M. Le Maire a assuré que "des décisions" seraient prises "dans les jours qui viennent" avec le groupe, alors que d'autres majors pétrolières, comme les britanniques Shell et BP, ont annoncé se retirer de leurs projets en Russie et vendre les parts de sociétés russes qu'elles détenaient.

Le président du groupe français Patrick Pouyanné "a une conscience aiguë de la gravité de la situation", a-t-il noté.

Concernant Engie, partenaire du gazoduc NordStream 2 dont la mise en service a été suspendue par l'Allemagne, il a estimé que le sujet "est un peu différent", car le groupe français a converti sa participation dans le projet en un "prêt".

Depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, la pression monte sur les grands groupes pétroliers et gaziers occidentaux présents en Russie, alors que le pays tire la majorité de ses revenus de l'exploitation de ses ressources énergétiques.

La communauté internationale multiplie les mesures de représailles envers la Russie, essayant d'étrangler ses moyens de financement et bloquant les avoirs de Vladimir Poutine et de tous ses proches. La Russie a aussi déjà été  exclue d'une multitude d'évènements sportifs et culturels.

Alors que les Etats-Unis et plusieurs pays occidentaux ont invité leurs ressortissants à quitter la Russie, les Etats-Unis ont aussi annoncé l'expulsion pour "espionnage" de 12 diplomates de la mission russe à l'ONU à New York. Une "démarche hostile" selon Moscou. 

Mais malgré une pression occidentale de plus en plus forte, et des manifestations contre la guerre dans de nombreux pays, Vladimir Poutine maintient ses exigences.

YouTube bloque RT et Sputnik en Europe

Les chaînes YouTube des médias russes RT et Sputnik ont été bloquées dans toute l'Europe par la plateforme de vidéos "compte tenu de la guerre en cours en Ukraine", a annoncé YouTube mardi dans un courriel transmis à l'AFP.

"Nous bloquons les chaînes YouTube de RT et Sputnik dans toute l'Europe, avec effet immédiat. Nos systèmes nécessitent un peu de temps avant d'être complètement opérationnels. Nos équipes continuent de surveiller la situation 24 heures sur 24 pour agir le plus rapidement possible", a indiqué YouTube, filiale du géant américain de l'internet Google.

Lundi, Facebook (groupe Meta) avait déjà décidé de bloquer, dans les pays de l'Union européenne, les contenus publiés par la chaîne RT (ex-Russia Today) et le site Sputnik, tous deux considérés comme des émanations du pouvoir russe.

"Nous avons reçu des demandes de plusieurs gouvernements et de l'Union européenne de prendre des mesures supplémentaires concernant des médias contrôlés par l'Etat russe", avait écrit Nick Clegg, vice-président de Meta, sur son compte Twitter. Il avait justifié la suspension par "la nature exceptionnelle de la situation".

Toutes ces annonces font suite à celle de l'interdiction des deux médias, dimanche par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Selon elle, ces médias sont coupables de colporter des "mensonges pour justifier la guerre de (Vladimir) Poutine".

Cette annonce porte à la fois sur la présence de RT et Sputnik sur internet et sur leur diffusion télévisée.

Lors d'un échange lundi avec Emmanuel Macron, il a posé comme conditions la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, et la démilitarisation et "dénazification" de l'Ukraine, au moment où se tenaient de premiers pourparlers russo-ukrainiens.

Les délégations russe et ukrainienne se sont séparées quelques heures après pour des "consultations dans leurs capitales" respectives, sans faire de déclarations sinon qu'elles pourraient se retrouver bientôt.

M. Zelensky a souligné mardi que "la synchronisation des tirs avec le processus de négociations était évidente".

Le conflit a jeté sur les routes des flots d'Ukrainiens, dont plus de 500 000 ont fui vers les pays voisins, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE s'attend à plus de sept millions de personnes déplacées.

Le bilan humain reste incertain. L'ONU a parlé lundi de 102 civils tués et de 304 blessés mais les chiffres réels sont "considérablement" plus élevés.

L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2 040 blessés depuis jeudi et affirmé que des milliers de soldats russes avaient péri.

Les forces russes n'ont jusqu'ici fourni aucun bilan de ce qu'ils qualifient d'opération militaire spéciale", mais ont reconnu des pertes en nombre non précisé. 

 

Maersk va arrêter de desservir les ports russes

Le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé mardi la suspension des nouvelles commandes depuis et à destination des ports russes, hors denrées alimentaires, médicales et humanitaires, du fait des sanctions internationales prises après l'invasion russe de l'Ukraine.

Le groupe, qui se dispute la première place mondiale du transport de conteneurs avec l'italien MSC, va toutefois honorer les commandes passées jusqu'ici, tout en respectant les sanctions visant Moscou, indique-t-il dans un communiqué.

"La stabilité et la sécurité de nos opérations étant déjà directement et indirectement affectées par les sanctions, les nouvelles réservations de Maersk dans le secteur maritime et terrestre à destination et en provenance de la Russie seront temporairement suspendues, à l'exception des denrées alimentaires, médicales et humanitaires", écrit le groupe.

La suspension s'applique à tous les ports russes et concerne également le transport routier, précise Maersk.

"Notre priorité est de gérer au mieux et de livrer toutes les commandes placées jusqu'à cette annonce, dans le respect des sanctions imposées", souligne le groupe danois.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mardi à interdire la Russie de "tous les ports" et "aéroports du monde".

Maersk avait déjà arrêté tout transport en Ukraine à cause de la situation sécuritaire.

Londres sanctionne Sberbank première banque russe

Le gouvernement britannique a placé mardi la plus grande banque russe, le géant public Sberbank, sur la liste des entités soumises à des sanctions du Royaume-Uni, en réponse à l'invasion de l'Ukraine par l'armée de Vladimir Poutine.

Après avoir visé plusieurs institutions financières la semaine dernière puis lundi la banque centrale et le ministère des Finances russes, le Royaume-Uni avait annoncé lundi de nouvelles mesures visant les banques russes ainsi que la fermeture de ses ports aux navires russes.

Ces nouvelles annonces visent à "affamer la machine de guerre (du président russe) Poutine et mettre aussi la pression sur de nombreux oligarques qui ont besoin d'accéder au système (financier) international", a assuré mardi le vice-Premier ministre britannique, Dominic Raab, à la BBC.

Même si les sanctions ne sont "absolument pas" destinées à cibler le peuple russe, "cela montre aussi au peuple russe dans son ensemble (...) le coût financier de s'enliser dans cette guerre injustifiée et injustifiable", a ajouté le ministre.

Londres avait indiqué lundi son intention de geler "dans les jours à venir" les avoirs sur son territoire de toutes les banques russes, dans le cadre d'une nouvelle législation qui permettra d'empêcher des banques de commercer en livres sterling et de bloquer l'accès aux marchés financiers, longtemps prisés des milieux d'affaires russes, à trois millions d'entreprises russes.


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.