«La violence n'est pas notre destin»: les femmes turques à la pointe des protestations 

Une militante peint des banderoles et des pancartes lors des préparatifs d'une marche féministe pour marquer la Journée internationale de la femme dans le quartier de Beyoglu à Istanbul, le 5 mars 2022. (AFP)
Une militante peint des banderoles et des pancartes lors des préparatifs d'une marche féministe pour marquer la Journée internationale de la femme dans le quartier de Beyoglu à Istanbul, le 5 mars 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 07 mars 2022

«La violence n'est pas notre destin»: les femmes turques à la pointe des protestations 

  • Comme tous les 8 Mars, Journée internationale pour la défense des droits des femmes, les Turques seront au rendez-vous
  • «Le mouvement féministe a développé une prise de conscience dans la société, ce qui fait notre fierté: elle est le résultat de notre mobilisation et de notre refus de plier»

ISTANBUL: Les femmes sont l'un des derniers collectifs qui se mobilisent encore en Turquie, un pays qui réprime et interdit la plupart des manifestations, refusant de s'avouer vaincues face au fléau toujours croissant des féminicides.


"Le mouvement féministe a développé une prise de conscience dans la société, ce qui fait notre fierté: elle est le résultat de notre mobilisation et de notre refus de plier", explique Canan Gullu, qui dirige la Fédération des Associations de femmes de Turquie.


"Nous n'avons pas de mercenaires à disposition, nous ne payons personne pour défiler dans les rues! Ce sont des activistes qui viennent de toutes les branches du mouvement", insiste-t-elle.


Comme tous les 8 Mars, Journée internationale pour la défense des droits des femmes, les Turques seront au rendez-vous.


Dimanche, dans une joyeuse ambiance et en musique, au siège d'une des associations dans le vieux quartier de Beyoglu à Istanbul, elle peignent et décorent les banderoles: "Continuons la rébellion féministe!", "Rébellion féministe partout!"


Les femmes turques ont obtenu le droit de vote en 1934, bien avant certains Etats européens - 10 ans avant la France.


En 2011, Ankara fut la première capitale à signer la Convention d'Istanbul qui engage à lutter contre les violences faites aux femmes... Avant de la dénoncer dix ans plus tard, privant les femmes de sa protection.


Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan a alors assuré que la convention avait un "agenda caché".


"Les femmes sont dans la rue depuis 2021", s'amuse Mme Gullu. "Alors qu'à peine 6% du pays avait connaissance de cette convention, aujourd'hui c'est plus de 66%".

«Petites fiancées»
Avec courage, les Turques continuent de descendre dans la rue sans crainte des gaz lacrymogènes et des affrontements souvent rudes avec la police, devenus habituels lors des rassemblements ces dernières années. 


Car pas un jour ne passe sans apporter un nouveau crime commis contre une femme, en général par un compagnon ou des proches.


En février, le meurtre brutal de Sila Senturk, 16 ans, par l'homme auquel sa famille l'avait fiancée de force, a déclenché un tollé.


"Que la lumière des yeux de cette fille aveugle ceux qui l'ont abandonnée à son meurtrier. Que le sang des petites fiancées vous noie", a lancé le réalisateur Gani Mujde. 


En 2021, 416 femmes ont été tuées selon la plate-forme "Stoppez les féminicides" qui enregistre chaque victime dans un "monument numérique" sur son site Web.


Depuis le début de l'année, elle comptabilise 72 femmes tuées.


Le président Erdogan a annoncé qu'un train de réformes sera présenté au parlement "dès que possible", alourdissant les peines en cas d'agressions délibérées contre des femmes.


Mais "cela ne sert à rien de durcir les peines. Notre problème, c'est que les lois ne sont pas appliquées", relève Elif Ege, 35 ans, qui se présente comme une féministe indépendante.


"Ce que nous réclamons depuis des années, c'est l'application des lois existantes. Et le retour de la convention d'Istanbul", poursuit-elle.

«La rue appartient aux femmes»
Pour les organisation de femmes, la sortie de la Turquie de ce traité international a donné un sentiment d'impunité aux auteurs de violences.


"Même si la Turquie est un Etat de droit, les messages des politiques et le poids des traditions continuent de modeler la société", fait valoir Nesibe Kiris, avocate spécialiste des droits humains.


Pour les coupables, "le fait que le gouvernement ne respecte pas les traités est perçu comme une échappatoire et légitime leur crime", poursuit-elle.


Mais l'avocate assure que les femmes sont plus mobilisées que jamais pour "peser sur la société et les politiciens". 


Elles seront au rendez-vous mardi de la Marche nocturne annuelle des féministe à Istanbul.


"Le 8 Mars est l'occasion pour de nombreuses femmes de se faire entendre" remarque une militante, Kubra Karagoz, 31 ans. "La nuit, la rue, les places appartiennent aux femmes en dépit de toutes les pressions pour les en chasser" insiste-t-elle. 


"La violence, ce n'est pas notre destin", reprend Canan Gullu. "Les femmes sont une patrie pour les femmes. Nous nous soutiendrons mutuellement. Nous allons leur rappeler qu'elles ne sont pas impuissantes. Que nous nous tiendrons à leur côté, épaule contre épaule, pour gagner ce combat."


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.