Vers l’autonomisation des femmes en Arabie saoudite

La société saoudienne Rodina Maamoun, qui emploie 19 jeunes femmes, propose des bijoux dans un magasin du centre commercial Hayat de Riyad, le 19 février 2020 (Photo, AFP).
La société saoudienne Rodina Maamoun, qui emploie 19 jeunes femmes, propose des bijoux dans un magasin du centre commercial Hayat de Riyad, le 19 février 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

Vers l’autonomisation des femmes en Arabie saoudite

  • Les fruits des réformes se manifestent à travers la progression fulgurante de la participation des femmes dans le marché du travail
  • La part des femmes dans la population active a atteint 33 % fin 2020

DUBAÏ:  Ces dernières années, le monde a assisté à l'entrée en vigueur d'une série de lois visant à élargir les droits et libertés des femmes en Arabie saoudite. Elles sont plus nombreuses que jamais à rejoindre la population active, résultat des réformes économiques et sociales entreprises par le gouvernement.
La transformation est évidente dans tout le Royaume, où les femmes occupent désormais des postes clés dans les ministères, dans le secteur privé et dans le domaine de l'art et du divertissement.
L'idée de l'autonomisation des femmes et de leur participation accrue à la vie active s'est concrétisée avec le lancement du programme de réformes Vision 2030 du gouvernement saoudien en 2016. «En général, ce que vous observez maintenant, c'est un taux de participation plus élevé en raison de l'augmentation des opportunités d'emploi pour les femmes dans tous les domaines», a déclaré à Arab News Norah Alyusuf, responsable de la planification commerciale Quality of Life Program Center de la Vision 2030.
Le programme vise à améliorer la qualité de vie des résidents et des visiteurs du Royaume à travers le développement des conditions nécessaires à la création d'options plus dynamiques qui améliorent l'expérience des citoyens et des résidents.
Selon Alyusuf, à travers l'histoire, plusieurs générations de femmes ont été limitées dans leur choix de spécialisation universitaire, en raison du manque d'accessibilité à de nombreuses professions au sein de l'écosystème de l'emploi féminin en Arabie saoudite.
«Mais aujourd'hui, le cadre réglementaire de l'emploi des femmes a considérablement renforcé leur autonomie dans le monde du travail, contribuant à la Vision 2030», a-t-elle déclaré.
«Cet écosystème croissant et florissant encourage et suscite la participation des femmes à travers les moteurs économiques et réglementaires. On constate une plus grande diversité, un meilleur équilibre entre les sexes et une concurrence saine.
«Les femmes qui vont à l'université aujourd'hui ont la possibilité d'être plus créatives car elles ont plus d'options que par le passé.»
Alyusuf est membre fondatrice du conseil d'administration de la Fédération saoudienne de polo et défend avec acharnement la participation des femmes et des filles dans le monde du sport. Elle est en outre présidente de l'événement de polo du désert (Desert Polo Event) organisé chaque année par la commission royale d'AlUla.
Selon elle, les femmes représentent non seulement plus de 40 % des effectifs du Quality of Life Program Center, mais elles sont également à l'origine des initiatives qui soutiennent la mission de Quality of Life.
Les graines du changement pour l'égalité des sexes en Arabie saoudite ont été semées au cours des deux premières décennies du XXIe siècle. En 2013, le roi Abdallah a nommé 30 femmes au Conseil de la Choura, auparavant exclusivement masculin − qui conseille le gouvernement sur les nouvelles lois − et a publié un décret stipulant que les femmes devraient toujours occuper au moins un cinquième des 150 sièges du Conseil.
Les changements majeurs ont commencé en 2015, lorsque les femmes du Royaume ont voté pour la première fois et ont également été autorisées à se présenter − pour la première fois dans l'histoire du pays − aux élections municipales. Puis, en 2017, le roi Salmane a émis une ordonnance permettant aux femmes d'accéder à des services publics tels que la santé et l'éducation sans nécessiter l'autorisation d'un tuteur.
D'autres changements ont été apportés en 2018, lorsque l'interdiction pour les femmes de conduire a été levée, et en 2019, lorsqu'il est devenu légal pour les femmes d'obtenir un passeport ou de voyager sans l'autorisation d'un tuteur masculin.
Malgré l'impact disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur les femmes dans le monde, les femmes saoudiennes ont rapidement progressé sur le plan social et professionnel grâce aux réformes susmentionnées.
Selon l'Autorité générale des statistiques, la participation des femmes au sein du marché du travail du Royaume a atteint 33 % à la fin de 2020, contre 19 % en 2016.
Le nombre croissant de femmes qui rejoignent la population active a permis au Royaume d'atteindre son objectif de participation des femmes dans le marché du travail avec 10 ans d'avance et d'améliorer son classement international dans les indices d'inclusion économique et d'autonomisation des femmes.
Dans le Rapport mondial de 2021 sur l'écart entre les sexes du Forum économique mondial, l'Arabie saoudite a été classée 147e sur 156 pays.
Pour 2018-2022, le Conseil économique et social des Nations unies a élu l'Arabie saoudite à la Commission de la condition de la femme des Nations unies, et selon le rapport 2021 de la Banque mondiale intitulé «Les femmes, l'entreprise et le droit», l'Arabie saoudite a obtenu un score de 80 sur 100, bien supérieur à la moyenne mondiale.
«Il y a maintenant des portes et des fenêtres partout pour les femmes dans le Royaume, et là où il n'y en a pas, on en crée», a déclaré à Arab News Somayya Jabarti, spécialiste des médias saoudienne qui siège désormais au Conseil de la Choura. Jabarti a la particularité d'avoir été nommée en 2014 première rédactrice en chef femme d'un journal national saoudien.

Somayya Jabarti (Photo, AN).


Elle affirme qu'auparavant, le consentement d'un tuteur masculin pour permettre à une femme de travailler n'était pas requis par la loi, mais était néanmoins la norme.
«L'un des facteurs qui expliquent l'augmentation du nombre de femmes saoudiennes dans le marché du travail est que personne ne les comptait auparavant. Nous n'étions même pas sur le radar», a-t-elle déclaré. «Maintenant, avoir des femmes dans une entreprise est le moyen de montrer les progrès au sein d'un établissement ou institut».
«Depuis 2018, il y a eu beaucoup de progrès dans différents domaines et, dans une certaine mesure, beaucoup à travers le monde se demandent si ce changement se fait réellement sentir en Arabie saoudite», a déclaré Jawaher Al-Sudairy, directrice de recherche à Alnahda Society, l'une des plus anciennes organisations à but non lucratif d'Arabie saoudite, qui se consacre à l'autonomisation économique des femmes et des ménages à faible revenu en Arabie saoudite.
Le Royaume a tenu une réunion avec la Convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) en 2018. La réunion de suivi entre le Royaume et la CEDAW aura lieu cette année pour examiner lesquelles des 35 recommandations détaillées ont été traitées.
«Nous avons suivi toutes les recommandations fournies par la CEDAW pour voir celles qui ont été traitées et celles qui ne l'ont pas été», a déclaré Al-Sudairy. «Si la loi a changé, nous vérifions également si des processus sont en place pour permettre aux femmes d'accéder à leurs droits en vertu de la loi ou de déposer une plainte si elles ne l'ont pas fait.»
Selon Al-Sudairy et Jabarti, les entrepreneures saoudiennes étaient prêtes à créer leur propre entreprise ou à rejoindre la population active avant même l'adoption des dernières réformes.
«Celles-ci ne sont pas seulement pour les femmes, elles sont pour tous les Saoudiens, car les expatriés sont encore dominants dans la population active», a déclaré Al-Sudairy à Arab News. «Même avec l'augmentation des femmes au sein de la main-d'œuvre, elles sont toujours une part minoritaire et représentent moins de 10 % du total des employés dans le secteur privé.»
Takafu, un projet réalisé par l'unité de recherche d’Alnahda Society, a révélé que les femmes saoudiennes ne représentent que 30 % du total des employés saoudiens dans le secteur privé.
«Il y a beaucoup de progrès à faire pour que les femmes occupent des rôles décisionnels à tous les niveaux», a déclaré Alyusuf. «Ce n'est que lorsque vous avez une répartition égale à tous les niveaux que vous pouvez obtenir un écosystème équilibré.»
Pour sa part, Jabarti pense que la question implique également la coopération des hommes. «Les hommes sur votre lieu de travail, ou ceux à qui vous vous référez, doivent vous permettre ou vous donner l'autorité de prendre des décisions. L'une ne va pas sans l'autre», a-t-elle déclaré à Arab News.
Elle a résumé la situation des femmes saoudiennes de la manière suivante: «Avant, les femmes n'avaient pas le sentiment d'avoir des droits. Maintenant, elles ont des droits − au travail et à la liberté.»


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Blinken au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
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  • Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas
  • M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza

RIYAD: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas et l'entrée de plus d'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza après la guerre, a indiqué un responsable du département d'Etat.

Ces plans pourraient inclure le financement de la reconstruction du territoire palestinien, transformé en champ de ruines par près de sept mois de bombardements et de combats et dont la majorité des habitants ont été déplacés, ou encore le soutien à la mise en place de nouvelles structures de gouvernement pour le "jour d'après" la guerre.

La visite de M. Blinken a lieu à l'occasion d'une réunion spéciale de deux jours, dans la capitale saoudienne, du Forum économique mondial (WEF).

Israël n'est pas représenté à cette réunion, et les négociations sur une trêve à travers une médiation américaine, qatarie et égyptienne, se déroulent ailleurs, au Caire. Mais l'événement entend être "une occasion d'avoir des discussions structurées" avec "des acteurs clés", avait souligné samedi le président du WEF, Borge Brende.

« Nouvelle dynamique »

Il avait aussi fait état d'"une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (...) d'une sortie possible de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza".

Depuis le début de la guerre, l'Arabie saoudite travaille avec d'autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d'embraser la région, et de faire dérailler son ambitieux programme de réformes économiques, appelé Vision 2030.

La monarchie du Golfe, premier exportateur de pétrole au monde et poids lourd du monde arabe, mène également des discussions sur un éventuel accord de normalisation avec Israël, accompagné d'un renforcement de son partenariat de sécurité avec Washington.

Une telle normalisation aurait un énorme impact, le royaume saoudien étant le gardien des deux sites les plus sacrés de l'islam. Mais le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre a éloigné cette perspective.

Les Etats-Unis ont cherché à la maintenir en vie pour encourager à la modération le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, opposant de longue date à la création d'un Etat palestinien.

Le département d'Etat américain a indiqué qu'Antony Blinken va "discuter des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages". Il "mettra aussi l'accent sur l'importance de prévenir une extension" régionale de la guerre, selon la même source.

Avec l'Egypte et le Qatar, les Etats-Unis tentent depuis des mois de servir de médiateurs à une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas, la pression en faveur d'un tel accord allant croissante.

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, doit annoncer lundi s'il accepte ou non une proposition israélo-égyptienne pour un cessez-le-feu.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait 34.454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Réponse attendue du Hamas à une offre de trêve à Gaza, avec libération d'otages

Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages. (AFP).
Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages. (AFP).
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  • Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l'Egypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza
  • Les détails de la proposition israélienne n'ont pas filtré mais d'après le site d'information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de "l'établissement d'un calme durable" à Gaza

JERUSALEM: Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d'otages.

Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l'Egypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza et très impliqué dans les négociations, a indiqué à l'AFP un haut responsable du Hamas sous couvert d'anonymat.

"L'atmosphère est positive, sauf nouveaux obstacles posés par Israël", a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste qui a requis l'anonymat. "Aucun problème majeur n'est soulevé dans les observations et demandes que soumettra le Hamas au sujet du contenu de la proposition" lors de cette réunion, a-t-il ajouté.

Il s'agit d'une proposition élaborée par l'Egypte et amendée par Israël. Elle avait été présentée en réponse au Hamas qui, mi-avril, insistait sur un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, une hypothèse qu'Israël refuse d'envisager.

Les détails de la proposition israélienne n'ont pas filtré mais d'après le site d'information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de "l'établissement d'un calme durable" à Gaza.

La rencontre au Caire intervient près de sept mois après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

L'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis tentent, jusqu'ici en vain, de convaincre les deux belligérants de cesser les combats. Fin novembre, une trêve d'une semaine avait toutefois permis la libération de 80 otages retenus par le Hamas contre 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

« Catastrophe »

La pression interne sur le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cesse de s'accentuer, à l'image d'une nouvelle manifestation, samedi soir, qui a rassemblé à Tel Aviv des milliers de personnes pour exiger la libération des otages enlevés le 7 octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive à Gaza a fait 34.454 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu cette semaine en Israël, où il s'était rendu pour la dernière fois en mars, ainsi qu'en Jordanie, a annoncé le Département d'Etat américain dimanche.

En tournée au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve, M. Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, où se tient une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) au sujet du conflit.

Dimanche, lors de ce sommet de deux jours rassemblant de hauts dirigeants arabes et occidentaux à Ryad, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que "la situation à Gaza est manifestement une catastrophe à tous points de vue, humanitaire, mais aussi un échec total du système politique existant à faire face à la crise".

Invité à l'événement, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé Washington à empêcher l'offensive terrestre qu'Israël affirme préparer contre la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, déjà régulièrement bombardée, et où s'entassent un million et demi de Palestiniens, principalement des déplacés.

"L'Amérique est le seul pays capable d'empêcher Israël de commettre ce crime", a déclaré M. Abbas, selon lequel une telle opération, annoncée par les responsables israéliens, serait "le plus grand désastre de l'histoire du peuple palestinien".

"S'il y a un accord (de trêve), nous suspendrons l'opération à Rafah", a cependant déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, samedi à la chaîne israélienne N12.

"La libération des otages est une priorité fondamentale pour nous", a-t-il ajouté. "S'il y a une possibilité de conclure un accord, nous le ferons."

Dans la nuit de dimanche à lundi, trois frappes israéliennes à Rafah ont tué 16 personnes, ont indiqué des sources hospitalières à l'AFP. Deux autres frappes ont fait sept morts à Gaza-ville (centre), d'après l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.

L'armée israélienne a indiqué dimanche avoir frappé "des dizaines de cibles terroristes" dans le centre de Gaza. Et tout au long de la journée de samedi, la marine israélienne a visé des cibles du Hamas et fourni un appui au troupes déployées dans le centre du territoire, a indiqué l'armée dimanche.

Jetée en construction 

Outre les destructions et le lourd bilan humain, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où vivent 2,4 millions de personnes. Strictement contrôlée par Israël, l'aide humanitaire entre au compte-gouttes.

"Nous devons nous débrouiller avec ce que nous recevons comme aide et conserves", déplore à Rafah Mohamad Sarhan, un déplacé de 48 ans, exprimant le souhait de voir "la guerre s'arrêter et nos souffrances cesser".

Face aux retards et blocages d'Israël concernant la livraison par voie terrestre d'aide humanitaire à Gaza, le président des Etats-Unis Joe Biden avait annoncé début mars la construction d'un port artificiel.

La jetée en construction à Gaza devrait permettre d'ici "deux à trois semaines" d'acheminer davantage d'aide mais "rien ne peut remplacer les routes terrestres et les camions qui entrent" à Gaza, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby dimanche.

Lors d'un échange téléphonique dimanche, MM. Biden et Netanyahu ont, dans ce domaine, "discuté d'une augmentation de l'acheminement de l'aide humanitaire" à Gaza, "notamment via des préparatifs pour l'ouverture cette semaine de nouveaux points de passage dans le nord" du territoire côtier, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Joe Biden a insisté "sur la nécessité de progrès durables et amplifiés en totale coordination avec les organisations humanitaires".

L'armée israélienne a indiqué samedi que 25.000 camions d'aide humanitaire étaient entrés dans Gaza depuis le 7 octobre. Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), avance, lui, le chiffre de 23.000 camions.

En mer Rouge, les forces américaines ont abattu dimanche cinq drones aériens qui présentaient une "menace imminente" pour la navigation marchande, d'après le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient.

Les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, qui contrôlent de larges pans du Yémen et soutiennent le Hamas, mènent depuis novembre des attaques contre des navires qu'ils estiment liés à Israël.


Le ministre saoudien des finances avertit que les conflits constituent la plus grande menace pour l'économie mondiale

Environ 1 000 leaders d’opinion de 92 pays sont à Riyad pour le forum du WEF afin de « promouvoir des approches avant-gardistes face aux crises interconnectées » (Photo, Abdulrahman Fahad Bin Shulhub/AN)
Environ 1 000 leaders d’opinion de 92 pays sont à Riyad pour le forum du WEF afin de « promouvoir des approches avant-gardistes face aux crises interconnectées » (Photo, Abdulrahman Fahad Bin Shulhub/AN)
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  • Mohammed Al-Jadaan : Les guerres à Gaza et en Ukraine "exercent une forte pression sur l'émotion économique".
  • L'Arabie saoudite a pour "objectif spécifique" de désamorcer les tensions régionales, a-t-il déclaré lors d'un panel du Forum économique mondial

RIYAD: L'Arabie saoudite a appelé dimanche à une "désescalade" au Moyen-Orient et mis en garde contre les conséquences économiques de la guerre à Gaza, à l'ouverture d'une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF), en présence de nombreux dirigeants et hauts responsables.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, les représentants palestiniens et de haut diplomates impliqués dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas palestinien figurent sur la liste des participants à ce sommet organisé sur deux jours dans la capitale Ryad.

La guerre à Gaza ainsi que les conflits en Ukraine et ailleurs exercent "une forte pression" sur l'environnement économique, a déclaré le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, lors d'un panel.

"Je pense que les pays, les dirigeants et les personnes qui font preuve de sang-froid doivent l'emporter et faire en sorte qu'il y ait une désescalade", a-t-il poursuivi.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive ayant fait 34.454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Alors qu'Israël se prépare à lancer une offensive terrestre à Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza où s'entassent 1,5 millions de Palestiniens, le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exhorté depuis Ryad les Etats-Unis à intervenir pour empêcher une telle opération, qui serait selon lui "le plus grand désastre de l'histoire du peuple palestinien".

«Nouvelle dynamique»

Le président du WEF, Borge Brende, avait parlé samedi d'"une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (...) d'une sortie possible de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza".

Israël n'est pas représenté au sommet, et les négociations sur une trêve à travers une médiation américaine, qatarie et égyptienne, se déroulent ailleurs, mais l'évènement sera "une occasion d'avoir des discussions structurées" avec "des acteurs clés", avait-il souligné lors d'une conférence de presse.

Le département d'Etat américain a indiqué qu'Antony Blinken fera le déplacement lundi à Ryad pour "discuter des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages". Il "mettra aussi l'accent sur l'importance de prévenir une extension" régionale de la guerre.

Le Hamas a dit samedi "étudier" une contre-proposition israélienne en vue d'une trêve associée à la libération d'otages, au lendemain de l'arrivée en Israël d'une délégation de médiateurs égyptiens pour tenter de relancer les négociations dans l'impasse.

Dans ses commentaires, M. Al-Jadaan a déclaré : "En matière de planification économique, il n'y a pas de mal à changer... à s'adapter aux nouvelles circonstances. C'est le conseil que je donnerais à tout le monde. Vous avez besoin d'un plan à long terme, comme Saudi Vision 2030, et de doubler la mise en œuvre, mais vous devez également vous assurer que vous vous adaptez.

"À plus long terme, indépendamment de ce qui se passe aujourd'hui, vous devez vous concentrer sur votre propre personnel, votre capital humain. C'est le jeu à long terme qui est essentiel.

"Je peux dire ceci : L'Arabie saoudite et la région ont les moyens de le faire, mais il y a beaucoup de pays qui auront du mal à fournir une éducation et des soins de santé de qualité à leur population", a-t-il déclaré.

Un millier de fonctionnaires, d'experts et de leaders d'opinion de 92 pays se trouvent à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie pour le développement.

L'événement vise à "promouvoir des approches prospectives des crises interconnectées, tout en restant réaliste quant aux compromis à court terme" et à "travailler pour combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud sur des questions telles que les politiques économiques émergentes, la transition énergétique et les chocs géopolitiques".

Depuis le début de la guerre, l'Arabie saoudite travaille avec d'autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d'embraser la région.