Le gouvernement étudie des aides ciblées pour réduire l'impact de la crise ukrainienne

Cette photo prise le 10 mai 2019 montre du soja importé d'Ukraine au port de Nantong, dans la province orientale du Jiangsu en Chine. (AFP)
Cette photo prise le 10 mai 2019 montre du soja importé d'Ukraine au port de Nantong, dans la province orientale du Jiangsu en Chine. (AFP)
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Publié le Mardi 08 mars 2022

Le gouvernement étudie des aides ciblées pour réduire l'impact de la crise ukrainienne

  • L'Europe doit produire plus pour «éviter une crise alimentaire mondiale» avec l'arrêt «probable» d'une partie des exportations de céréales russes et ukrainiennes
  • Castex réunit mardi les représentants des filières concernées et les organisations syndicales et patronales pour mettre au point un «plan de résilience» afin de faire face aux conséquences de l'invasion russe

PARIS: Le gouvernement va étudier des aides ciblées pour les Français affectés par la hausse des prix du carburant et les filières impactées par la crise ukrainienne, dans la cadre du "plan de résilience", a indiqué la ministre du Travail Elisabeth Borne mardi sur LCI.


Le Premier ministre Jean Castex réunit mardi les représentants des filières concernées et les organisations syndicales et patronales pour mettre au point un "plan de résilience" afin de faire face aux conséquences de l'invasion de l'Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie.


Face à la nouvelle flambée des prix de l'énergie, "il faut des aides pour les Français qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail", être "attentif a ceux pour lesquels c'est insupportable de payer l'essence aussi cher", a indiqué Mme Borne.


"L'objectif est que tous ceux qui veulent aller travailler ne soient pas pénalisés par le prix du baril et à la pompe très important", a-t-elle dit.

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Ukraine: l'Europe doit «produire plus» pour «éviter une crise alimentaire mondiale»

L'Europe doit produire plus pour "éviter une crise alimentaire mondiale" avec l'arrêt "probable" d'une partie des exportations de céréales russes et ukrainiennes, a estimé mardi le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie.

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Les deux pays étant de gros exportateurs de céréales, blé notamment, le ministre a affirmé qu'"en France, nous ne craignons aucune pénurie mais nous aurons des effets prix sur les coûts de production, par exemple l'alimentation animale", sur la chaîne de télévision CNews.


Au-delà de la France, M. Denormandie a dit "craindre que s'ajoute dans les 12 à 18 mois une crise alimentaire mondiale".


"La Russie et l'Ukraine c'est à peu 30% des importations (mondiales, NDLR) de blé. Sur le pourtour méditerranéen, vous avez énormément de pays qui dépendent des exportations de blé russes ou ukrainiennes. Au même moment, vous avez une terrible sécheresse qui sévit sur cette zone-là", a-t-il ajouté.


"Face à cet arrêt probable d'une partie des exportations de blé ukrainien ou russe mais aussi d'autres (céréales) comme le maïs ou le tournesol", il a estimé que l'Europe devait "assumer sa mission nourricière".


"Il faut que l'Europe produise plus, elle bénéficie des terres parmi les plus fertiles au monde, il faut que l'Europe ait une capacité à produire plus pour pouvoir également accompagner d'autres pays qui n'ont rien à voir avec le conflit mais qui se voient impacter dans leur possibilité d'accès à l'alimentation, notamment sur le continent africain et en particulier en Afrique du nord", a-t-il appelé.


Le ministre a indiqué qu'en Egypte, "cela fait plusieurs fois que le gouvernement annule des commandes de blé parce que les prix sont trop importants. On constate qu'au Maroc, avec la sécheresse, près de trois quarts de la production de blé est mise à mal".

Emmanuel Macron a annoncé lundi que les aides gouvernementales sur l'essence seraient "améliorées" autour d'une "approche indemnité kilométrique et indemnité inflation" pour faire rapidement face à la flambée des prix des carburants.

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"Il faut être attentif aux filières, les industriels, les agriculteurs, les pêcheurs" qui pourraient pâtir des "ruptures d'approvisionnement" ou d'une "augmentation importante des prix", en raison des sanctions contre la Russie, a ajouté Mme Borne.


Elle a notamment évoqué l'activité partielle, mise en place pendant la crise sanitaire. "Des entreprises qui voient leur production arrêtée car un composant leur manque peuvent mobiliser de l'activité partielle de longue durée, c'est un outil qui peut protéger dans la durée les emplois", a-t-elle dit.


Relevant que pour certains matériaux, comme le titane, la France est très dépendante de la Russie, des efforts vont être faits pour réduire cette dépendance, mais dans l'intervalle il faut "protéger les emplois", a-t-elle fait valoir.

Energie russe: l'UE décidera de façon «unie» en cas d'embargo américain, dit la France

L'Union européenne entend rester "unie" sur la question d'un embargo sur le gaz et le pétrole russes et la France demande aux Etats-Unis d'agir en "coordination" avec ses partenaires, a indiqué mardi le gouvernement français.


La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, doit rencontrer jeudi à Washington la secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm. 


"On leur demande un peu de coordination", a indiqué l'entourage de la ministre à l'AFP.


"On comprend la position américaine" mais "ils ne sont pas du tout dans la même situation énergétique que la nôtre", a souligné cette source.


L'Europe connaît une situation très différente car elle importe 40% de son gaz de Russie, souligne l'entourage de Barbara Pompili. 


Le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi souligné lundi que les importations d'énergie fossile en provenance de Russie étaient "essentielles" et jugé que l'approvisionnement européen ne pouvait être assuré autrement à ce stade.


"On décidera en temps et en heure si on suit les Etats-Unis mais ce sera de toute façon une réponse unie", a souligné l'entourage de la ministre. "L'Europe restera unie, cohérente et coordonnée pour tout type de décision", a-t-on insisté, écartant toute décision unilatérale, notamment de la France, moins dépendante du gaz russe que certains pays européens voisins.

Interrogé sur RTL, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a souhaité "des aides ciblées aux entreprises, et des aides au pouvoir d'achat pour les ménages, particulièrement les plus modestes". 


Dans "les secteurs qui sont les plus impactés, l'agriculture, l'automobile, la sidérurgie, la métallurgie, sans doute bien d'autres, là il faudra des aides spécifiques aux entreprises pour qu'elles puissent tenir", a-t-il dit.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".