QUETTA : Au moins trois membres des forces de sécurité pakistanaises ont été tués et 20 blessés mardi dans l'explosion d'une bombe dans la province du Baloutchistan (sud-ouest), où ils assuraient la sécurité pour la visite du président, a-t-on appris de source policière.
L'attaque s'est produite dans le district de Sibi, à environ 800 m de l'endroit où le président pakistanais, Arif Alvi, venait de participer à une cérémonie.
"L'explosion a eu lieu environ 25 minutes après que le président avait quitté les lieux", a déclaré un haut responsable policier, Dostain Dashti.
"Nous essayons d'établir la nature de l'explosion. Cela pourrait être une attaque suicide, car nous avons trouvé des fragments de corps", a-t-il ajouté.
Trois membres de la Frontier constabulary (FC), une unité de police paramilitaire placée sous l'autorité du gouvernement fédéral, ont été tués. Vingt de leurs collègues et policiers ont été blessés, selon M. Dashti.
Les groupes séparatistes baloutches ont accentué leurs attaques contre les forces de sécurité pakistanaises ces dernières semaines, tuant par exemple neuf soldats, selon un décompte des autorités, dans l'assaut de deux camps militaires au début février.
Le Baloutchistan, province la plus grande, la moins peuplée et la plus pauvre du Pakistan, est le théâtre de violences ethniques, sectaires et séparatistes.
Frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan, elle est riche en hydrocarbures et en minerais. Mais sa population - environ 12 millions d'habitants - se plaint d'être marginalisée et spoliée de ses ressources naturelles.
Elle est secouée par intermittence depuis des décennies par une rébellion séparatiste. Des groupes jihadistes y sévissent également.
Les tensions au Baloutchistan sont renforcées par les importants chantiers du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC)), pour lequel la Chine doit dépenser plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros), avec pour vaisseau amiral le port en eaux profondes de Gwadar.
Ces projets chinois ont souvent créé un fort ressentiment dans la province, en particulier auprès des groupes séparatistes, qui estiment que la population locale n'en tire aucun bénéfice, la plupart des emplois revenant à de la main d'œuvre chinoise.
Le Pakistan fait face depuis quelques mois à la résurgence de différents groupes armés.
Il est ainsi confronté au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l'arrivée au pouvoir des talibans afghans en août en Afghanistan.
Et il doit composer avec la menace posée par l'Etat islamique-Khorasan (EI-K), qui a revendiqué l'attentat suicide vendredi contre une mosquée chiite de Peshawar (nord-ouest) ayant fait 64 morts.