Les chars russes aux portes de Kiev, échec des premières négociations à haut niveau

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, les forces russes ont avancé sur plusieurs fronts autour de Kiev. (Photo, AFP / Ministère de la Défense de la fédération de Russie)
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, les forces russes ont avancé sur plusieurs fronts autour de Kiev. (Photo, AFP / Ministère de la Défense de la fédération de Russie)
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Les chars russes aux portes de Kiev, échec des premières négociations à haut niveau

  • «Des opérations militaires sont en cours à Skybyn», a indiqué un soldat prénommé Sergiy, affirmant qu'une colonne de chars russes avait été partiellement détruite
  • Jeudi en fin de matinée, une pluie de missiles russes Grad s'est abattue sur le village désert de Velyka Dymerka, à environ cinq km des limites de Kiev

KIEV: Des chars russes sont arrivés jeudi aux portes nord-est de Kiev, poursuivant leur manoeuvre d'encerclement, pendant que les premières négociations directes à haut niveau entre les belligérants depuis le début de l'invasion de l'Ukraine n'ont pas permis de parvenir à un cessez-le-feu.  

Le même jour, les Etats-Unis et leurs alliés européens envisageaient, en réponse aux atrocités semblant "s'intensifier" contre les civils depuis le déclenchement du conflit le 24 février, des sanctions supplémentaires contre la Russie. Le président Vladimir Poutine a annoncé maintenir toutes ses livraisons d’hydrocarbures.

Sur le terrain des combats, une équipe de l'AFP a vue des colonnes de fumée s'échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage des forces ukrainiennes avant l'entrée de la capitale au nord-est.

Des chars russes étaient déjà parvenus dans ses faubourgs nord et ouest.

En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur le village désert de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de Kiev, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes, tout en continuant leur "opération offensive" pour encercler la capitale, attaquent sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie.

Pas de cessez-le-feu global en vue

De leur côté, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes.

"Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré M. Kuleba à la presse, ajoutant cependant qu'il "espérait" pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a révélé que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler".

Mais "l'Ukraine ne s’est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas", a-t-il clamé.

Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit "pas d'attaquer d'autres pays" et n'a "pas attaqué l'Ukraine", s'est quant à lui prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps au Bélarus, donc à un niveau inférieur.

Trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens ont déjà eu lieu dans cet Etat allié de Moscou, depuis le début de l'invasion, aboutissant à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer des civils de villes encerclées. 

Mais les Russes ont été à plusieurs reprises accusés d'avoir violé ces accords.

Le chef de la diplomatie turque, qui avait pris place entre ses deux homologues au bout d'une grande table en U, a quant à lui dit espérer l'organisation d'une rencontre au sommet entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.

Parallèlement, les dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont, dans un entretien téléphonique avec M. Poutine, "insisté sur le fait que toute solution à cette crise devait passer par des négociations entre l'Ukraine et la Russie" et exigé "un cessez-le-feu immédiat".

Evacuations massives

Pour l'heure, l'armée russe maintient son siège des grandes villes et une campagne de bombardements, à l'image de celui qui a touché mercredi un établissement abritant un hôpital pour enfants et une maternité à Marioupol, un port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est) assiégé par les forces russes depuis neuf jours.

Trois personnes, dont une fillette, y ont péri, a annoncé dans un nouveau bilan jeudi la mairie, qui faisait état la veille de 17 blessés. Une quatrième personne a été tuée dans un raid sur cette cité jeudi matin.

"Crime de guerre odieux" pour l'Union européenne, usage "barbare" de la force contre des civils pour la Maison Blanche, acte "immoral" pour le Premier ministre britannique Boris Johnson ou encore "acte de guerre indigne" pour Emmanuel Macron : cette attaque a suscité une vague de condamnations internationales.

Selon un membre de l'administration militaire ukrainienne de la région, des femmes étaient en train d'accoucher dans un des bâtiments lorsque la frappe s'est produite.

"L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol", a rétorqué le ministère de la Défense. "La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fin de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a-t-il ajouté.

Au total, depuis le début de l'invasion, 71 enfants ont été tués et plus de 100 blessés en Ukraine, a déclaré mardi sur Telegram Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

La moitié de la population de l'agglomération de Kiev a fui en deux semaines, a annoncé son maire, Vitali Klitschko, affirmant que, désormais, "un peu moins de deux millions d'habitants" s'y trouvaient.

Des couloirs humanitaires ont de nouveau été ouverts jeudi pour permettre l'évacuation de civils de zones durement frappées par les combats, qui ont obligé les habitants de plusieurs grandes villes à rester parfois des jours cachés dans des caves.

Plus de 60.000 Ukrainiens ont été évacués mercredi des villes assiégées, a déclaré jeudi Volodymyr Zelensky dans une vidéo.

«Cent milliards» de dollars de dégâts

Les dégâts provoqués par la guerre en Ukraine sont pour l'instant évalués à 100 milliards de dollars, selon Oleg Ustenko, le conseiller économique du président ukrainien.

Face à cette situation, les Américains et leurs alliés s'efforcent d'aider l'Ukraine tout en évitant l'implication militaire directe des Etats membres de l'Otan.

De Varsovie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a considéré qu'avec cette crise, l'Otan était devenue "plus forte" et la Russie "plus faible".

"Vladimir Poutine a fait une grave erreur et va perdre cette guerre qu’il a commencée", a quant à lui jugé le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

En Turquie, M. Lavrov a jugé "dangereuse" la fourniture d'armes par les Occidentaux à l'Ukraine, dénonçant en particulier les livraisons de missiles sol-air portables.

Du côté de l'Union européenne, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 Etats membres devaient se pencher jeudi et vendredi à Versailles, près de Paris, sur les défis économiques et sécuritaires créés par la guerre en Ukraine en Europe. 

Pendant que la Pologne, la France et l'Allemagne ont créé un "état-major informel" de leurs ministres de l'Intérieur pour gérer la réponse européenne au défi que constitue la grande vague de réfugiés.

La Banque centrale européenne "étudie" la possibilité de déployer des "outils" monétaires en soutien à l'Ukraine, pour notamment lui faciliter l'accès aux marchés monétaires en euro, a déclaré sa présidente Christine Lagarde.

Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir sur la Russie, avec notamment le gel au Royaume-Uni des avoirs de sept oligarques russes dont Roman Abramovitch, une décision qui implique la suspension de la vente du club de football de Chelsea.

La liste des entreprises étrangères coupant tout ou partie de leurs liens avec la Russie s'allonge toujours plus. Dernière en date, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, qui va se retirer de ce pays.

Pour y faire face, Moscou a interdit l'exportation de certaines marchandises et d'équipements précédemment importés.

"Nous respectons toutes nos obligations en matière d'approvisionnements énergétiques", a néanmoins promis Vladimir Poutine, tout en avertissant que les sanctions risquaient d'entraîner une hausse mondiale des prix de produits alimentaires, car la Russie ne pourra plus exporter suffisamment d'engrais.


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.