Comment la réouverture des cinémas en Arabie saoudite a révolutionné l'industrie cinématographique

Des Saoudiens, jeunes et plus âgés, assistent au défilé sur le tapis rouge du Festival du film de la mer Rouge à Djeddah en décembre dernier. (Photo fournie)
Des Saoudiens, jeunes et plus âgés, assistent au défilé sur le tapis rouge du Festival du film de la mer Rouge à Djeddah en décembre dernier. (Photo fournie)
Le prince Khaled ben Faisal, gouverneur de La Mecque, en compagnie d’amateurs de cinéma à Djeddah. (Photo fournie/archive)
Le prince Khaled ben Faisal, gouverneur de La Mecque, en compagnie d’amateurs de cinéma à Djeddah. (Photo fournie/archive)
Sara al-Munef, une jeune réalisatrice dont le court métrage a été projeté au Festival international du film saoudien à Ithra, à Dharan, l'année dernière. (Photo fournie)
Sara al-Munef, une jeune réalisatrice dont le court métrage a été projeté au Festival international du film saoudien à Ithra, à Dharan, l'année dernière. (Photo fournie)
D'ici 2030, le nombre de salles de cinéma dans le Royaume devrait atteindre 2600. (Photo AFP)
D'ici 2030, le nombre de salles de cinéma dans le Royaume devrait atteindre 2600. (Photo AFP)
Une Saoudienne prenant un « selfie » près d'un panneau affichant le logo du Festival du film de la mer Rouge à l'entrée du vieux Djeddah, le 8 décembre 2021. (Festival du film de la mer Rouge/AFP)
Une Saoudienne prenant un « selfie » près d'un panneau affichant le logo du Festival du film de la mer Rouge à l'entrée du vieux Djeddah, le 8 décembre 2021. (Festival du film de la mer Rouge/AFP)
Les jeunes comptent parmi le nombre croissant de cinéphiles dans le Royaume. (Photo AN par Huda Bashatah)
Les jeunes comptent parmi le nombre croissant de cinéphiles dans le Royaume. (Photo AN par Huda Bashatah)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

Comment la réouverture des cinémas en Arabie saoudite a révolutionné l'industrie cinématographique

  • L'interdiction de projeter des films a été levée il y a quatre ans dans le cadre de réformes visant à améliorer la qualité de vie
  • Le Royaume est devenu depuis un marché important pour les chaînes de cinéma et un pôle potentiel de création de contenu

DJEDDAH: Lorsque l'Arabie saoudite a annoncé pour la première fois il y a quatre ans qu'elle levait l'interdiction de projeter des films, en vigueur depuis 35 ans, peu avaient prédit les progrès que l'industrie cinématographique naissante du Royaume allait vite réaliser.

Depuis le 18 avril 2018, les Saoudiens sont libres de se rendre dans les cinémas locaux, une expérience inédite pour nombre d'entre eux.

« Je vois un film au moins deux ou trois fois par mois et cela ne me dérangerait pas d'y aller plus souvent si ce n'est pour mes fréquents déplacements », a déclaré à Arab News Jawaher Abdullatif, un employé du secteur privé de Riyad âgé de 35 ans.

« Vous êtes plongé dans le monde du film. C'est un sentiment incroyable et je suis ravi de pouvoir enfin le faire dans le confort d'un cinéma de proximité. »

Ce changement a été annoncé en 2017 par le prince héritier Mohammed ben Salmane qui souhaitait améliorer la qualité de vie dans le Royaume à travers le divertissement.

Pour les générations plus âgées qui se souviennent de l'époque précédant l'interdiction, le retour des salles de cinéma a été un moment de réjouissance. Mostafa Zain, un ingénieur retraité de Djeddah, se souvient avoir été captivé par le cinéma lorsqu'il était enfant.

« J'étais très ami avec les Jamjoums qui ont ouvert les premiers cinémas de la ville », a déclaré Zain à Arab News.

« Même après l'interdiction, je trouvais toujours le temps d'aller voir un film car je me rendais au Caire plusieurs fois par an dans les années 1980 et 1990, et plus tard aux États-Unis. On trouvait toujours le temps d'aller voir un film. Aujourd'hui, je peux me réveiller, consulter les listes de films et réserver mon film en un rien de temps. Je n'ai plus besoin de prendre l'avion pour aller voir un film. »

La Commission générale des médias audiovisuels, l'une des autorités chargées de règlementer et de gérer les cinémas du Royaume, prévoit que le pays comptera 2600 écrans de cinéma d'ici 2030, pour une industrie qui pèse environ 1,2 milliard de dollars.

Plus de 50 cinémas, disposant de quelque 430 écrans, ont été ouverts dans le Royaume, gérés par Vox Cinemas, Muvi, Cinepolis, AMC et Empire. « Il faut moins de cinq minutes pour réserver une place de cinéma aujourd'hui », a ajouté Zain.

D'ici 2030, le nombre de salles de cinéma dans le Royaume devrait atteindre 2600. (Photo AFP)
D'ici 2030, le nombre de salles de cinéma dans le Royaume devrait atteindre 2600. (Photo AFP)

Les premiers cinémas d'Arabie saoudite ont été établis dans la province orientale dans les années 1930 par des travailleurs pétroliers occidentaux.

Dans les années 1960 et 1970, des cinémas ont vu le jour dans les grandes villes du pays. Les films étaient projetés dans les clubs de football, les arrière-cours, les cours et les hôtels.

Cependant, au début des années 1980, à la suite de l'attentat terroriste de 1979 contre la Grande Mosquée de La Mecque, le conservatisme religieux a commencé à gagner du terrain dans le Royaume, limitant les divertissements publics, y compris la fréquentation des salles de cinéma.

Pour contourner l'interdiction, de nombreux Saoudiens se rendaient régulièrement à Bahreïn ou aux Émirats arabes unis.

L'ouverture de salles de cinéma dans le Royaume a été largement saluée par les Saoudiens, qui avaient l'habitude de se rendre à Bahreïn ou à Dubaï pour se divertir. (Photo avec la permission du Red Sea Film Festival)
L'ouverture de salles de cinéma dans le Royaume a été largement saluée par les Saoudiens, qui avaient l'habitude de se rendre à Bahreïn ou à Dubaï pour se divertir. (Photo avec la permission du Red Sea Film Festival)

Nahar al-Hamrani, producteur et directeur général d'AlMaha Films à Djeddah, se rendait à Dubaï à deux heures et demie d'avion pour voir un film.

« Parfois, je n'y allais que pour regarder un film et manger un morceau avant de rentrer chez moi », a-t-il confié à Arab News.

« Dès que les cinémas ont ouvert en Arabie saoudite, tout a changé. Même l'expérience a changé. C'est amusant, pratique et, étrangement, il y a quelque chose de différent à se rendre dans les cinémas ici. C'est juste dans le coin. »

« Pour beaucoup d'entre nous qui voyageaient à l'étranger pendant les vacances d'été, nous devions attendre des mois pour pouvoir aller voir un film en entier. Maintenant, il suffit d’appuyer sur notre écran et cela ne fait plus partie de nos projets de voyage. »

Pendant un certain temps, les films occidentaux sont apparus à la télévision sur MBC2 ou via des réseaux directs par satellite comme Orbit, qui a ensuite fusionné avec Showtime pour devenir le réseau Orbit Showtime.

La plupart des Saoudiens ne pouvaient avoir accès aux films occidentaux que sur des VHS de contrebande. Lorsque les DVD sont apparus, ils regardaient des copies floues achetées à des marchands ambulants ou derrière le comptoir des magasins locaux.

L'acteur hollywoodien John Travolta assistant à un événement spécial organisé par l'Autorité générale pour le divertissement du Royaume à Riyad en 2017. (AFP)
L'acteur hollywoodien John Travolta assistant à un événement spécial organisé par l'Autorité générale pour le divertissement du Royaume à Riyad en 2017. (AFP)

« Je pense que c'est un moment historique et important, parce que je crois savoir que c'est le seul pays au monde qui n'a pas de cinéma. Avec le fait que cela se reproduise maintenant, 35 ans plus tard, j'ai l'impression de participer à une célébration de la liberté qui est liée à une belle chose de l'humanité, c'est une bonne chose », a déclaré Travolta.

Les géants du cinéma ont commencé à affluer dans le pays.

Détenu et exploité par Majid al-Futtaim Cinemas, VOX Cinemas est la branche cinéma du géant émirati de la vente au détail et des loisirs Majid al-Futtaim et l'une de celles qui connaissent la plus forte croissance dans la région, avec 149 salles de cinéma en Arabie saoudite. 

Mohamed al-Hashemi, directeur national de Majid al-Futtaim Leisure, Entertainment, Cinemas and Lifestyle en Arabie Saoudite, a déclaré: « Depuis le début, nous nous sommes démarqués de nos concurrents par notre approche holistique.

« VOX Cinemas est un concept de loisirs et de divertissements qui intègre de manière transparente un cinéma de pointe, des attractions interactives telles que le bowling et les jeux d'arcade, ainsi que des concepts de restauration et de boissons emblématiques en une expérience unique. »

Les jeunes comptent parmi le nombre croissant de cinéphiles dans le Royaume. (Photo AN par Huda Bashatah)
Les jeunes comptent parmi le nombre croissant de cinéphiles dans le Royaume. (Photo AN par Huda Bashatah)

Le retour du cinéma en Arabie saoudite a revigoré l'industrie cinématographique nationale et inspiré la création de nouveaux festivals pour la promouvoir et la célébrer.

L'industrie a connu une croissance des recettes des salles de cinéma d'une valeur de 238 millions de dollars en 2021, soit plus du double des recettes de l'année précédente (122 millions de dollars), touchées par la pandémie de COVID-19.

L'année a été couronnée par le Festival international du film de la mer Rouge en décembre, qui a vu les grands noms du cinéma arabe, d'Hollywood et de Bollywood fouler le tapis rouge à Al-Balad, site de Djeddah inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Sara Al-Munef, une jeune réalisatrice dont le court métrage a été projeté au Festival international du film saoudien à Ithra, à Dharan, l'année dernière. (Photo fournie)
Sara Al-Munef, une jeune réalisatrice dont le court métrage a été projeté au Festival international du film saoudien à Ithra, à Dharan, l'année dernière. (Photo fournie)

Sur trois écrans géants érigés par VOX Cinemas, quelque 30 000 passionnés de cinéma ont pu apprécier 138 films provenant de 67 pays, dont 48 premières arabes et 27 films saoudiens.

« Les cinémas et la production de contenus offrent un énorme potentiel de croissance économique », a déclaré Al-Hashemi de Majid al-Futtaim. « Nous avons récemment annoncé des plans ambitieux visant à porter 25 films locaux sur grand écran au cours des cinq prochaines années. »

« Notre objectif de stimuler la production cinématographique régionale réitère notre engagement à réaliser les objectifs de Vision 2030 et s'aligne sur la stratégie de la Commission du film visant à faire du Royaume un centre cinématographique de niveau mondial. »


Israël expulse 32 militants étrangers venus en Cisjordanie pour la récolte des olives

Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
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  • La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP
  • Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire.

L'ordre d'expulsion signé par le ministre, Yariv Levin, fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les "provocations" d'"anarchistes".

Rudy Schulkind, un Britannique de 30 ans, figure parmi les personnes expulsées. Joint par téléphone, il a indiqué à l'AFP être venu en Cisjordanie pour apporter son soutien à des agriculteurs palestiniens.

La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie.

Rudy Schulkin a raconté à l'AFP avoir été détenu pendant 72 heures avant d'être expulsé le 19 octobre.

"Nous avons été arrêtés après que la zone où nous récoltions a été déclarée zone militaire", a-t-il expliqué, décrivant une tactique selon lui courante contre les Palestiniens.

Il a ajouté que les 32 bénévoles internationaux avaient tous été arrêtés dans une oliveraie près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

Rudy Schulkin a ajouté qu'ils "n'avaient jamais été présentés devant un juge".

Le ministre israélien de la Justice a déclaré que l'expulsion avait été cosignée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et a accusé les militants d'avoir violé "un ordre du commandant militaire" et d'appartenir à l'UAWC, l'Union des comités de travail agricole.

L'UAWC est une organisation palestinienne à but non lucratif dédiée au développement agricole. Israël l'a qualifiée d'organisation terroriste en 2021, ainsi que cinq autres ONG, dans une décision condamnée par l'ONU.

M. Schulkind n'a pas révélé le nom de l'organisation dont il était membre, mais Fouad Abou Seif, directeur général de l'UAWC, a déclaré à l'AFP que les volontaires participaient à une "campagne nationale" organisée par de nombreuses ONG palestiniennes et le ministère palestinien de l'Agriculture.

Fouad Abou Seif a précisé que l'UAWC était membre de cette campagne, mais n'en était pas l'organisateur. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ces arrestations.


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

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  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.


L'ONU met en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza

Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
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  • Le service d'action antimines de l'ONU documente de nombreux cas de civils blessés par des explosions alors qu'ils retournent dans des zones ravagées par la guerre au moment du cessez-le-feu, dont cinq enfants la semaine dernière
  • L'agence a enregistré 328 incidents à Gaza depuis octobre 2023 au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des engins explosifs, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé

NEW YORK : Le Service d'action contre les mines des Nations Unies a mis en garde contre la grave menace que représentent les engins non explosés à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants.

Luke David Irving, chef de l'UNMAS dans les territoires palestiniens occupés, a souligné les dangers permanents posés par ces restes explosifs de guerre.

"Alors que les communautés et le personnel humanitaire se déplacent dans les zones touchées, le risque d'explosion est incroyablement élevé", a déclaré M. Irving à Jérusalem.

"Des décennies d'expérience nous ont appris qu'après la fin de nombreux autres conflits, les engins explosifs continuent de mutiler et de tuer. Gaza ne fait pas exception à la règle.

Son équipe a recensé de nombreux cas de blessures lorsque des personnes ont été confrontées à des munitions non explosées, a-t-il ajouté, y compris cinq enfants qui ont été blessés la semaine dernière, dont deux grièvement.

"C'est l'une des centaines d'histoires de personnes, souvent des enfants, qui ont été tuées ou qui ont subi des blessures qui ont changé leur vie à cause de ces engins dangereux.

Depuis octobre 2023, l'UNMAS a enregistré 328 incidents à Gaza au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des munitions non explosées. Toutefois, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.

"Nous pensons que ce chiffre est largement sous-estimé", a déclaré M. Irving. "Au cours des deux dernières années, davantage de personnes ont été blessées ou tuées par des munitions qui jonchaient la bande de Gaza.

Les équipes de l'UNMAS ont jusqu'à présent identifié 560 munitions explosives dans des zones accessibles de Gaza, mais ont prévenu que l'étendue de la contamination resterait inconnue jusqu'à ce que des enquêtes plus complètes puissent être menées.

"Nous nous attendons à trouver beaucoup plus d'objets dans les semaines à venir, car nous pouvons accéder à davantage de zones sous le cessez-le-feu", a ajouté M. Irving.

La menace que représentent les engins non explosés devrait persister pendant les mois et les années à venir, ce qui présente des risques pour les habitants qui retournent dans leur quartier pour récupérer les objets qu'ils peuvent, et pour les enfants qui jouent dans les zones touchées.

Les travailleurs humanitaires sont également confrontés à un danger important lorsqu'ils s'aventurent dans des endroits auparavant inaccessibles, et M. Irving a souligné l'importance de l'enlèvement des engins explosifs.

"L'action humanitaire contre les mines est indispensable pour ouvrir la voie à l'acheminement de l'aide ainsi qu'au redressement et à la reconstruction", a-t-il déclaré.

L'UNMAS a déjà touché environ 460 000 personnes à Gaza dans le cadre de ses efforts pour aider les communautés à rester en sécurité, grâce à des campagnes d'éducation au risque menées en personne dans les abris, les centres de santé et les zones touchées par le conflit. Ses travailleurs ont distribué plus de 400 000 dépliants, autocollants et autres matériels de sensibilisation depuis mars 2025. Mais il reste encore beaucoup à faire.

"Nous devons faire passer ces messages à l'ensemble de la population de Gaza pour réduire les risques", a déclaré M. Irving.

L'UNMAS effectue également des évaluations techniques des infrastructures essentielles, notamment les routes, les centres de santé, les installations d'eau, les boulangeries et les zones agricoles, afin de garantir la sécurité des opérations humanitaires. Ces évaluations ont également contribué aux efforts de relèvement rapide, y compris l'enlèvement d'environ 50 à 60 millions de tonnes de débris susceptibles d'abriter des engins explosifs.

Depuis le début du cessez-le-feu le 10 octobre, l'UNMAS a reçu près de 100 demandes de soutien pour le déminage, soit environ 10 par jour en moyenne, ce qui a entraîné des efforts pour faire venir plus de personnel technique à Gaza afin d'intensifier les opérations.

Cependant, le rétablissement à long terme dépendra de l'obtention de l'approbation pour le déploiement à grande échelle de l'équipement d'élimination critique, a déclaré Irving.

"Nous demandons que ces équipements soient acheminés pour l'ensemble du secteur, ce qui permettra le rétablissement à long terme de Gaza", a-t-il ajouté.

M. Irving a remercié les donateurs pour leur soutien continu à son agence et a insisté sur la nécessité urgente d'étendre l'action humanitaire de déminage des explosifs à mesure que la bande de Gaza progresse vers le rétablissement.