Expo 2020: Opération séduction du tourisme français à Dubaï

La France est très prisée par les touristes du Proche et Moyen Orient. Photo fournie.
La France est très prisée par les touristes du Proche et Moyen Orient. Photo fournie.
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Expo 2020: Opération séduction du tourisme français à Dubaï

  • La France est très prisée par les touristes du Proche et Moyen Orient.
  • Au salon Marhaba, 60 professionnels du tourisme français sont venus faire découvrir les endroits les plus iconiques de la France à 130 tour-opérateurs de la zone Moyen-Orient

DUBAÏ : Après avoir été cloués au sol, les avions déploient de nouveau leurs ailes, portés par l’espoir d’une apparente maîtrise de la pandémie. Car si la crise sanitaire a donné un coup d’arrêt au tourisme, l’envie de voyager n’a pas disparu, au contraire, on peut parler même du phénomène de « revenge travel »(la revanche par le voyage), en tout cas, vers les destinations qui ont rouvert, à l’instar de la France. 

Première destination touristique au monde en terme de visites, la France est très prisée par les touristes du Proche et Moyen Orient. 

Son architecture et son offre culturelle et artistique, son art de vivre, sa gastronomie, sa nature et son authenticité, ses campagnes champêtres, le bleu azur de ses eaux méditerranéennes, ou encore le blanc immaculé des Alpes, attirent des millions de personnes chaque année. 

Et après des mois de crise, les chiffres 2021/2022 s’annoncent encourageants pour les régions françaises les plus touristiques, stimulés par la disparition progressive des restrictions. 

« Depuis l’été 2021, il y a une sorte d’espoir, avec une tendance à la reprise pour les touristes du Moyen Orient », explique Karim Mekachera, directeur régional du bureau Atout France Moyen Orient et Turquie, à Arab News en français. Mais selon lui, « au Moyen Orient ce n’est pas tant le volume qui est important, mais la qualité de la clientèle, notamment au niveau des recettes qu’elle représente ». En terme de volume, « c’est à peu près 1,2 million de visiteurs (avant Covid) qui représentent environ 10 millions de nuitées pour notre pays. C’est une clientèle qui apprécie le shopping, les beaux hôtels et l’art de vivre à la française, notamment sa gastronomie. Nous pouvons aller jusqu'à 4 mille dollars de dépenses journalières (3,66 milliards d’euros) pour certains touristes venant du Golfe», ajoute-t-il. 

Opération séduction 

La France est concurrencée cependant par ses voisins et par de nouvelles destinations. Pour consolider sa place de leader, et continuer à attirer sa clientèle, le secteur doit se renouveler constamment et séduire par de nouvelles offres. Attentifs à la qualité de l’accueil et du service, les voyageurs du Golfe représentent une clientèle généreuse mais exigeante et appréciant exclusivité et personnalisation lors de leurs séjours.  

Au salon Marhaba (édition expo 2020), la plus grande messe de la région Moyen Orient des professionnels du secteur, organisé à Dubai le 10 et le 11 mars par Atout France, (agence de développement touristique de l’Hexagone à l’international) 60 professionnels du tourisme français sont venus faire découvrir les endroits les plus iconiques de la France à 130 tour-opérateurs de la zone Moyen-Orient (Oman, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Koweït, Egypte, Jordanie, Liban), et aussi d’Israël et d’Inde. 

Paris, Auvergne Rhône Alpes et Côte d’Azur toujours préférées par le Moyen Orient 

Les destinations les plus appréciées restent Paris, la Côte d’Azur et la région Auvergne Rhône Alpes, première destination de ski au monde, avec ses 173 stations. 

Mais la crise sanitaire a provoqué le réveil des consciences, les comportements changent, on a envie de voyager autrement. Avec l’émergence de nouveaux modes de vie, on devient plus nomade, plus responsable, plus exigeant, on a envie de prendre son temps. Ainsi, de nouvelles tendances se cristallisent et s’amplifient : tourisme durable, retour à la nature, envie de se cultiver… « Les clients du Moyen Orient se lancent, eux aussi, dans de nouvelles activités. Avant, la montagne française était une destination contemplative pour la clientèle du Moyen Orient. On allait à Chamonix, dans les Trois Vallées, on faisait du shopping à Courchevel et aujourd’hui on va sur les pistes et on skie. Ce sont surtout les jeunes générations qui aiment skier », ajoute Karim Mekachera. 

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Karim Mekachera au salon Marhaba. Photo fournie.

Une aubaine pour une région qui a perdu 7 milliards d’euros seulement sur les activités des sports d’hiver. Une perte causée par la fermeture de ses stations au pire de la crise sanitaire. 

« Mais notre région se visite aussi en été », souligne Lionel Flasseur, directeur général d’Auvergne Rhône Alpes tourisme. « On peut faire des randonnées, à pied, à vélo, nous avons des lacs magnifiques, à l’instar du lac d’Annecy, et au-delà des montagnes, en Auvergne vous pouvez visiter des anciens volcans inscrits au patrimoine de l’Unesco, vous pouvez vous relaxer dans nos 23 stations thermales comme Évian, Vichy ou Badoit, sans oublier la ville de Lyon, deuxième ville de France, avec deux mille ans d’histoire », précise-t-il.  

La région a lancé une offre de « tourisme bienveillant ». « Pour nous, la crise a été l’accélérateur de nouvelles tendances, explique Lionel Flasseur. Avec le tourisme proche de la nature, tourisme durable, tourisme santé, mais aussi la recherche de l'authenticité « les gens recherchent le contact avec les territoires et des personnes qui habitent ces territoires, et notamment les producteurs locaux.  

Dans ce cadre nous avons lancé une offre « Vallée de la gastronomie France » qui part de Dijon jusqu’à Marseille en passant par Lyon, avec comme colonne vertébrale les 600 kms du Rhône ».  

La gastronomie est aussi le point fort de la Côte d’Azur qui accueille 40 chefs étoilés Michelin, dont le Mirazur, meilleur restaurant au monde en 2019. 

Située entre mer et montagne, la région est aussi connue pour avoir attiré des artistes, des peintres, des écrivains, des acteurs, comme Jean Cocteau, Henri Matisse, ou Francis Scott Fitzgerald auteur de « Gatsby le Magnifique ». Elle brille aussi à l’international par le Festival de Cannes et ses hôtels de luxe, comme le Négresco, ou l’Eden Roc. Grâce à sa renommée, elle a retrouvé sa clientèle très rapidement, mais au pire de la crise « nous avons quand même perdu 3 milliards d’euros », explique Alexandra Borchio Fontimp, sénatrice et présidente du comité régional du tourisme Côte d’Azur France, à Arab News en français, elle est venue promouvoir sa région à Dubai. « Nous avons beaucoup investi, que ce soit dans le public ou le privé pour attirer de nouveaux les touristes : rénovation de la Croisette à Cannes, création de nouvelles offres hôtelières…  ». Pour suivre les tendances, et offrir un large panel d’activités, la région a développé aussi une offre touristique plus proche de la nature. « Nous avons investi dans la création de pistes cyclables, nous avons aussi de nombreux parcs naturels où vous pouvez voir des bisons ou des loups. Cela correspond aux besoins d’aujourd’hui, aux tendances qui se développent à l’international et la Côte d’Azur offre tout cela », souligne Alexandra Borchio Fontimp, qui ajoute « il ne faut pas oublier notre offre culturelle avec de nombreux festivals tout au long de l’année. » 

Les activités culturelles sont justement de plus en plus recherchées par les touristes du Moyen Orient. Pour Christophe Decloux, directeur général de Paris région, c’est une nouvelle demande de plus en plus marquée. « La clientèle du Moyen Orient représente entre 500 et 600 000 visiteurs qui viennent à Paris chaque année. Et de plus en plus, au-delà du shopping et de la gastronomie, ils visitent des musées, les fondations, et les expositions ». 

Évidemment la Tour Eiffel attire près de 20% de touristes à Paris. Mais même la dame de fer se renouvelle. Connue pour sa vue incroyable, son restaurant gastronomique le Jules Verne, elle va lancer en mai prochain une brasserie dont le chef sera Thierry Marx. « Que le meilleur, car la Tour Eiffel c’est la France », lance Patrick Branco Ruivo, directeur général de la Tour Eiffel. « Nous allons lancer aussi des visites VIP, pour offrir une expérience exceptionnelle, avec la découverte des coulisses de la Tour Eiffel ». Mais pour une visite VIP, il faudra attendre cet automne. 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.