L'Europe, nouveau «point chaud» du commerce mondial des armes

Des soldats de la 82e division aéroportée vérifient leurs armes avant de se déployer en Europe, le 14 février 2021, à Fort Bragg, en Caroline du Nord. (Photo, AFP)
Des soldats de la 82e division aéroportée vérifient leurs armes avant de se déployer en Europe, le 14 février 2021, à Fort Bragg, en Caroline du Nord. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

L'Europe, nouveau «point chaud» du commerce mondial des armes

  • Les Amériques et l'Afrique ont elles vu leurs parts décliner fortement, tombant à environ 6% respectivement
  • Par pays, l'Inde et l'Arabie Saoudite se partagent la première place mondiale des importations, avec 11% chacune

STOCKHOLM: L'Europe a affiché la plus forte croissance du commerce des armes lors des cinq dernières années et la tendance va fortement s'accélérer avec les annonces de réarmement face à la nouvelle menace russe, selon un rapport de référence publié lundi.

Lors de la période 2017-2021, le commerce mondial d'armement a reculé de 4,6% par rapport aux cinq années précédentes, mais a bondi de 19% sur le continent européen, selon cette étude de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

"L'Europe est le nouveau point chaud", souligne Siemon Wezeman, coauteur de ce rapport annuel depuis plus de trois décennies.

"Nous allons énormément augmenter nos dépenses militaires, nous avons besoin de beaucoup de nouvelles armes et une bonne partie viendra des importations", principalement intraeuropéennes et américaines, observe le chercheur dans un entretien à l'AFP.

Plusieurs pays européens dont l'Allemagne ont déjà annoncé des plans massifs d'investissement militaire. 

Avions de combat - avec en tête le très moderne mais onéreux F-35 américain - missiles, artillerie et autres équipements lourds devraient nourrir les armées de pays européens inquiets après l'invasion de l'Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine.

"La plupart de ces choses prennent un peu de temps, il faut décider, commander, et puis produire, donc ça prend quelques années au moins. Mais en réalité la tendance a déjà commencé après l'annexion de la Crimée en 2014, et on en voit déjà les effets aujourd'hui", observe M. Wezeman.

La part de l'Europe dans le commerce mondial est ainsi passée de 10 à 13% lors des cinq dernières années et cette part va encore augmenter de façon "substantielle", selon lui.

S'il est difficile à chiffrer du fait de l'opacité de nombreux contrats et des dons d'armes, le commerce mondial d'armement avoisine bon an mal an les 100 milliards de dollars annuels, selon les experts. 

Selon le Sipri, l'Asie-Océanie est restée la principale zone d'importation lors des cinq dernières années, avec 43% des transferts d'armes mondiaux et six des dix plus grands importateurs (Inde, Australie, Chine, Corée du Sud, Pakistan et Japon).

Le commerce d'armement vers la zone la plus peuplée du monde a décliné d'environ 5% ces cinq dernières années, même si dans le détail, l'Asie de l'Est (+20%) et l'Océanie (+59%) affichent de fortes progressions, sur fond de tensions croissantes entre Pékin et plusieurs capitales asiatiques.

"Les tensions entre la Chine et plusieurs pays d'Asie et d'Océanie sont le moteur principal des importations dans la région", observe le Sipri.

Carton français à l'export 

Au Moyen-Orient, deuxième marché avec 32% des importations mondiales, la progression a été de 3%, tirée notamment par les investissements du Qatar face aux tensions avec ses voisins du Golfe.

"Les cours actuels du pétrole signifient qu'ils vont avoir beaucoup de rentrées, et généralement ça se traduit par d'importantes commandes d'armes", note M. Wezeman.

Les Amériques et l'Afrique ont elles vu leurs parts décliner fortement, tombant à environ 6% respectivement. 

Par pays, l'Inde et l'Arabie Saoudite se partagent la première place mondiale des importations, avec 11% chacune, devant l'Egypte (5,7%), l'Australie et la Chine (4,8%).

Dans le top 5 mondial des exportateurs d'armement, les Etats-Unis - de loin leader mondial - et la France, numéro 3, ont vu leur part nettement progresser en cinq ans, passant respectivement de 32 à 39% et d'environ 6% à 11%.

La Chine, quatrième exportatrice mondiale (4,6%) et l'Allemagne, numéro cinq (4,5%) ont gardé leur rang mais ont vu leur part s'éroder légèrement.

"Les Français ont décroché des grosses commandes, notamment parce qu'ils en ont fait une priorité" avec une politique de soutien de l'Etat à l'export des transferts de technologie "plus ouverte que les Etats-Unis par exemple", souligne Siemon Wezeman.

La Russie occupe toujours le deuxième rang, mais sa part a reculé à 19%. Notamment à cause de la baisse des débouchés en Chine, devenue quasi complètement indépendante des armes russes.

L'isolement provoqué par l'invasion de l'Ukraine, ainsi que l'effet de fortes sanctions sur l'économie russe, risque de peser encore davantage sur son industrie de l'armement.

"Il y aura certainement encore davantage de menaces de bâton du côté américain" envers les pays tentés d'acheter des armes russes, analyse M. Wezeman, par exemple envers des clients historiques de Moscou, comme l'Algérie ou l'Egypte.


L’Arabie saoudite enregistre une hausse de 26% de l’IDE net, selon Gastat

L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici à 2030. (Images Getty)
L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici à 2030. (Images Getty)
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  •  Ces derniers chiffres interviennent après que l'Arabie saoudite s’est hissée à la 13e place de l'indice de confiance 2025 de Kearney pour l'investissement direct étranger, publié en avril
  • Le Royaume a ainsi gagné une place par rapport à l'année dernière et a conservé sa position de troisième marché émergent le plus attractif

RIYAD: Les investissements directs étrangers nets en Arabie saoudite ont atteint 22,1 milliards de riyals saoudiens (5,89 milliards de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) au quatrième trimestre 2024, soit une hausse de 26% par rapport aux trois mois précédents, selon des données officielles récemment publiées.

Selon l'Autorité générale des statistiques, ce chiffre est le plus élevé de l'année, dépassant les 15,5 milliards de riyals saoudiens observés au cours des trois premiers mois de 2024, les 19 milliards de riyals saoudiens enregistrés au cours du deuxième trimestre et les 17,5 milliards de riyals saoudiens observés au cours du troisième trimestre.

L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici la fin de la décennie, car elle cherche à faire des progrès significatifs dans la diversification de son économie et à réduire sa dépendance aux revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies.

En ce qui concerne les entrées, Gastat a révélé que 23,8 milliards de riyals saoudiens ont été reçus au cours des trois derniers mois de 2024, marquant une augmentation de 17 pour cent par rapport au troisième trimestre.

La valeur des sorties d'IDE s'est élevée à 1,8 milliard de riyals saoudie,s au cours du quatrième trimestre, soit une baisse de 39% par rapport aux trois mois précédents.

Comparaison avec 2023

La valeur nette totale de l'IDE au quatrième trimestre a diminué de 13 pour cent par rapport à la même période de 2023, où le chiffre s'élevait à 25,5 milliards de riyals saoudiens.

Par rapport au dernier trimestre de 2023, la valeur des entrées a diminué de 11% au cours des trois derniers mois de 2024.

Gastat a ajouté que la valeur des flux sortants a enregistré un taux de croissance de 20 pour cent par rapport à la même période de 2023.

Les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'IDE prennent de l'ampleur

Ces derniers chiffres interviennent après que l'Arabie saoudite s'est hissée à la 13e place de l'indice de confiance 2025 de Kearney pour l'investissement direct étranger, publié en avril.

Le Royaume a ainsi gagné une place par rapport à l'année dernière et a conservé sa position de troisième marché émergent le plus attractif, ce qui témoigne d'une confiance mondiale continue dans sa stratégie de transformation.

Kearney a déclaré que la progression de l'Arabie saoudite dans le classement reflète l'approche audacieuse et réformatrice du pays pour construire une économie compétitive à l'échelle internationale et prête pour l'avenir.

En octobre, le Royaume a également approuvé une loi sur l'investissement actualisée afin d'accroître les flux d'IDE, le ministère de l'Investissement déclarant que cette loi renforcerait la transparence et simplifierait le processus d'investissement.

La règle promet également des protections accrues pour les investisseurs, y compris l'adhésion à l'État de droit, le traitement équitable et les droits de propriété, ainsi que des garanties solides pour la propriété intellectuelle et les transferts de fonds en continu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Oman: pose de la première pierre d'une usine de GNL de TotalEnergies

"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration. (AFP)
"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration. (AFP)
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  • "La production de GNL devrait démarrer au premier trimestre 2028 et sera en priorité destinée à répondre au marché des carburants marins (soutage de GNL) dans le Golfe", précisent dans un communiqué les groupes français et omanais
  • Cette annonce intervient un an après la décision finale d'investissement pour cette usine de liquéfaction, d'une capacité d'un million de tonnes de GNL par an, située dans le nord du sultanat

PARIS: La première pierre de l'usine de gaz naturel liquéfié (GNL) Marsa LNG a été posée jeudi à Oman, un site qui doit notamment servir à alimenter le transport maritime, ont annoncé TotalEnergies et son partenaire local, la compagnie OQEP.

"La production de GNL devrait démarrer au premier trimestre 2028 et sera en priorité destinée à répondre au marché des carburants marins (soutage de GNL) dans le Golfe", précisent dans un communiqué les groupes français et omanais.

"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration.

Cette annonce intervient un an après la décision finale d'investissement pour cette usine de liquéfaction, d'une capacité d'un million de tonnes de GNL par an, située dans le nord du sultanat.

L'installation est construite par une coentreprise de TotalEnergies (80%), qui revendique la place de troisième acteur mondial du GNL, et OQEP (20%).

"Bénéficiant d’un emplacement idéal à l’entrée du Golfe, le site de Marsa LNG a été choisi pour établir le premier hub de soutage de GNL marin du Moyen-Orient", soulignent les deux partenaires.

Selon eux, l'utilisation du GNL pour le transport maritime permet de réduire d'environ 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au fioul.

L'utilisation de ce gaz est toutefois contestée par certains experts et défenseurs de l'environnement. L'ONG européenne Transport et environnement estime ainsi que les entreprises ont "mis sous le tapis un énorme problème, à savoir les fuites de méthane", puissant gaz à effet de serre, qui "concernent les navires utilisant le GNL et les infrastructures terrestres associées à la production, au transport et au stockage".

TotalEnergies et OQEP affirment par ailleurs que Marsa LNG, fonctionnant à l'électricité et associée à un parc solaire, sera "l’une des usines de GNL ayant la plus faible intensité carbone au monde".


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.