La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

  • La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité
  • Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale

NEW YORK: L’ONU fait face à un défi de taille, sans doute le plus important pour l’ordre mondial sur lequel repose l’organisation depuis sa fondation, il y a soixante-seize ans.
La guerre russo-ukrainienne menace de bouleverser l’ONU telle que nous la connaissons; elle annonce potentiellement la fin du multilatéralisme. L’Ukraine et ses alliés au sein de l’ONU tentent de priver la Russie de son vote au Conseil de sécurité et certains vont jusqu’à demander à ce que l’Assemblée générale expulse complètement la Russie de l’ONU.
Ces appels ont surpris les diplomates et les observateurs et ont conduit à des discussions effrénées sur la légalité d’une telle démarche, la probabilité que cela se produise et les répercussions sur l’avenir de l’organisation. Certains comparent même cette initiative à l’ouverture d’une boîte de Pandore. On ne sait pas quelles en seront les limites.
Le premier signe qui montre que les rapports sont ébranlés au sein même de l’ordre mondial s’est manifesté la nuit où la nouvelle de l’attaque russe contre l’Ukraine est parvenue au Conseil de sécurité. Ce dernier tenait alors une réunion présidée par le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, en sa qualité de président du Conseil de sécurité pour le mois de février.
Lors de cette réunion, Sergiy Kyslytsya, ambassadeur de l’Ukraine auprès de l'ONU, a remis en question la légitimité de l’adhésion de la Fédération de Russie à l’ONU et il a déclaré que l’ambassadeur de Russie devrait confier la présidence du Conseil de sécurité à un «membre légitime».
M. Kyslytsya s’est adressé au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui assistait à la réunion et lui a demandé d’exiger du secrétariat de «partager avec les membres du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale deux décisions de décembre 1991 [qui] stipulent que la Fédération de Russie peut être membre de cette organisation et que l’Assemblée générale souhaite la bienvenue à la Fédération de Russie dans cette organisation».
Il soutient que «ce serait un miracle que le secrétariat puisse mettre en place de telles décisions». C’est parce qu’elles n’existent pas.
La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité ou d’adhésion à l’Assemblée générale.
Les experts sont sceptiques quant au succès de la décision ukrainienne pour de nombreuses raisons. La principale d’entre elles est le droit de veto de la Russie, qui pourrait être rejointe par la Chine pour empêcher l’expulsion.
Cela ne décourage cependant pas les Ukrainiens de poursuivre leur campagne qui vise à expulser la Russie de l’ONU et à lui retirer son siège permanent au Conseil de sécurité.
Sur Twitter, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé que, lors d’un appel avec Antonio Guterres, il avait évoqué la possibilité de retirer le siège permanent de la Russie après que cette dernière a utilisé son veto pour bloquer l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité condamnant son invasion de l’Ukraine.

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L’ONU a tenu une session extraordinaire d’urgence de l'Assemblée générale pour discuter de l’invasion de l'Ukraine par la Russie et elle a observé une minute de silence à la mémoire des personnes tuées lors du conflit. (AFP)

Dans ses Tweets, M. Kyslytsya surnomme l’ambassadeur de Russie «l’homme qui occupe le siège soviétique». Il fait allusion au fait que la charte de l’ONU n’a pas été modifiée après l’effondrement de l’Union soviétique.
Lorsque la charte nomme les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dans l’article 23, elle mentionne toujours l’Union des républiques socialistes soviétiques comme membre permanent, et non la Fédération de Russie.
Il existe également des procédures d’admission ou d’expulsion d’un membre de l’ONU. Ces règles sont énoncées dans les articles 3, 4, 5 et 6 de la charte des Nations unies. L’article 5 stipule qu’un membre de l’ONU «contre lequel une action préventive ou coercitive a été entreprise par le Conseil de sécurité peut être suspendu par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité, de l’exercice des droits et privilèges inhérents à la qualité de membre».
L’article 6 propose l’expulsion par l’Assemblée générale d’un membre qui «viole de manière persistante» les principes de la charte, mais une telle décision ne peut être prise, là encore, que sur recommandation du Conseil de sécurité.
L’Afrique du Sud avait été suspendue de l’Assemblée générale en 1974 pour sa politique d’apartheid, mais sur recommandation du Conseil de sécurité.

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L’ambassadeur d’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya (à droite), s’entretient avec l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, à New York, le 11 mars dernier. (AFP)

Le représentant de la Tunisie, en sa qualité de président du groupe des États africains à l’ONU, avait alors demandé à ce que le Conseil de sécurité se réunisse pour discuter de l’Afrique du Sud et il avait exhorté le conseil à invoquer l’article 6 de la charte et à expulser l’Afrique du Sud de l’ONU. Le représentant de l’URSS avait également soutenu cette demande.
Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale.
Il existe un précédent d’utilisation du droit de veto pour arrêter toute action contre un membre impliqué dans une affaire qui porte atteinte à la paix et la sécurité. Il a été exercé deux fois par l’Union soviétique, la première lors de son vote sur la révolution hongroise, en 1956, et la deuxième lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968.
Par ailleurs, après que la Russie a utilisé son veto lors du vote du Conseil de sécurité sur la résolution ukrainienne, le mois dernier, Mona Juul, ambassadrice de la Norvège, a appelé la Russie à s’abstenir de voter dans la mesure où elle fait partie intégrante du conflit.
Elle déclare: «Le veto de l’agresseur sape l’objectif du Conseil de sécurité et, dans l’esprit de la charte, la Russie, en tant que partie au conflit, aurait dû s’abstenir de voter sur cette résolution.»
La Russie affirme qu’elle agit en état de légitime défense, en vertu de l’article 51 de la charte, et que la règle ne s’applique donc pas à son «opération militaire spéciale».
Il est étonnant que la remise en cause de la légitimité du siège russe soit intervenue trente ans après l’effondrement de l’Union soviétique, d’autant plus que personne à l’ONU n’a jamais contesté la transition de l’URSS à la Fédération de Russie.

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Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Vassili Nebenzia, prend la parole lors d’une conférence de presse hybride. (AFP)

Le 21 décembre 1991, onze des douze anciennes républiques soviétiques qui formaient la CEI (la Communauté des États indépendants, qui a remplacé l’Union soviétique) ont soutenu «l’adhésion de la Russie pour remplacer l’Union des républiques socialistes soviétiques à l’ONU», y compris le siège permanent au Conseil de sécurité, ainsi qu’une place au sein de toutes les organisations de l’ONU.
Boris Eltsine, alors président de la Russie, a informé le 15 décembre 1991 les Américains que la Russie voulait reprendre le siège soviétique au Conseil de sécurité. Il a envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU dans laquelle il déclarait que la Russie, soutenue par les États de la CEI, maintiendrait son adhésion pour remplacer l’Union soviétique.
En utilisant le mot «maintien», la Russie évite de passer par le processus formel de candidature d’adhésion à l’ONU, qui consiste à obtenir l’approbation du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale par un vote. L’Ukraine affirme aujourd’hui que la Russie aurait dû le faire.
Il convient de rappeler que la transition avait suscité à l’époque un débat juridique pour savoir si la Russie était le «prolongement» de l’Union soviétique ou son «successeur».
Le camp du «prolongement» soutient que la Russie est le noyau de l’Union soviétique. Si cette dernière a cessé d’exister, son noyau – la Russie – constitue un prolongement de l’entité précédente et peut donc hériter de tous ses droits et obligations.
D’autre part, ceux qui voient la Russie comme «successeur» pensent que, avec l’effondrement de l’Union soviétique, son siège au Conseil de sécurité n’existe plus et que la Russie ne peut donc en hériter. Mais peu s’y sont opposés et la Russie demeure à l’abri de toute contestation – jusqu’à ce jour.
Des voix s’élèvent maintenant pour demander d’appliquer la résolution «Union pour le maintien de la paix», qui autorise la tenue de sessions d’urgence de l’Assemblée générale lorsque le Conseil de sécurité est bloqué, afin de priver la Russie de son siège au Conseil de sécurité et même de son adhésion à l’ONU.
Cet appel a trouvé écho dans la capitale américaine, Washington, D.C. Un certain nombre de membres républicains du Congrès utilisent Twitter pour exiger que «la Russie soit expulsée du Conseil de sécurité de l’ONU». L’un de ces sénateurs «prévoit de soumettre une résolution au Congrès pour encourager l’ONU à retirer la Russie du Conseil de sécurité», selon Fox News.

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Cette image satellite, prise et publiée par Maxar le 11 mars dernier, présente un aperçu des bâtiments endommagés et des réservoirs de stockage de carburant en feu à l’aéroport Antonov de Hostomel. (Photo AFP/Image satellite ©2022 Maxar Technologies)

L’administration Biden ne semble pas prête à mener ce combat. Lorsque Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a été interrogée à ce sujet sur CNN, elle a presque rejeté la question en affirmant: «La Russie est membre du Conseil de sécurité. C’est dans la charte des Nations unies.»
Les experts en matière de règles et de procédures de l’ONU sont très sceptiques «quant à la possibilité de priver la Russie de son adhésion à l’ONU», comme le déclare à Fox News Richard Gowan, directeur de l’ONG Crisis Group auprès de l’ONU. Il affirme: «La Russie pourrait réduire à néant le processus avec son veto.»
La question fera également face à une forte résistance de la part des membres de l’ONU, y compris le P5, puisqu’elle posera un précédent selon lequel tout membre du P5 pourrait subir le même sort à l’avenir.
Les diplomates, à l’ONU, s’accordent à dire que ce processus ne se développera pas. La Russie bénéficie toujours d’un soutien à l’Assemblée générale, bien que 141 membres aient voté en faveur de la résolution qui condamne son invasion de l’Ukraine.
De nombreux pays ont voté pour la résolution soit en raison de pressions politiques, soit pour soutenir les principes de la charte des Nations Unies. L'expulsion de la Russie du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale est considérée comme une question politique qui divisera cette dernière et pourrait même mettre l’ONU elle-même et l’ordre international en danger.
Il est même fort peu probable que le monde en développement, quelles que soient les pressions exercées, envisage cette possibilité en l’absence de changements spectaculaires dans l’équilibre des forces sur le terrain dans ce conflit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Russie dit avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi avoir abattu 193 drones ukrainiens au cours de la nuit, les autorités locales faisant état d'une personne tuée dans l'attaque. (AP)
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  • La Russie affirme avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, dont 40 près de Moscou et 47 dans la région de Briansk, où une personne a été tuée et cinq blessées
  • Alors que Kiev intensifie ses frappes sur les infrastructures russes, Donald Trump écarte pour l’instant toute nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine, faute de perspective d’accord sur la fin du conflit

KIEV: Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi matin avoir intercepté 193 drones ukrainiens dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait un mort selon des autorités locales.

Un chauffeur de minibus a été tué et cinq passagers ont été blessés dans le village de Pogar, a affirmé lundi matin sur Telegram Aleksandre Bogomaz, gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine.

Parmi les drones décomptés, 47 ont survolé la région de Briansk et 40 la région de Moscou, dont la majorité se dirigeait vers la capitale russe, selon le ministère de la Défense.

Depuis le début de son offensive il y a trois ans et demi, la Russie lance quasi-quotidiennement drones et missiles sur l'Ukraine, qui répond régulièrement en frappant le territoire russe.

Kiev intensifie ses frappes et vise notamment les infrastructures énergétiques russes.

Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a affirmé samedi qu'il ne "perdrait pas son temps" à programmer une nouvelle rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine sans accord en vue pour mettre fin au conflit en Ukraine.

De son côté, la Russie a dénoncé dimanche des "tentatives" de saper son dialogue "constructif" avec les Etats-Unis.

Fin septembre, Moscou exerçait un contrôle total ou partiel sur 19% du territoire ukrainien, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).

Quelque 7% - la Crimée et des zones de la région industrielle du Donbass - étaient déjà contrôlés avant le début de l'assaut russe en février 2022.


Arab News lance un service de traduction en 50 langues au congrès FIPP de Madrid

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  • Grâce à l’intelligence artificielle, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite est désormais accessible à 80 % de la population mondiale
  • Privilégiant l’innovation à l’appréhension, Arab News exploite l’IA pour renforcer les journalistes et étendre sa portée mondiale

MADRID : Arab News, premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a lancé la version bêta d’un service de traduction alimenté par intelligence artificielle qui rend accessibles ses informations, analyses et points de vue dans 50 langues.

L’annonce a été faite par le rédacteur en chef Faisal J. Abbas lors d’un événement spécial à Madrid, coïncidant avec le FIPP World Media Congress 2025 et marquant le cinquantième anniversaire du journal.

« Grâce à la technologie moderne, Arab News, lancé en 1975 pour être une voix de l’Arabie saoudite en anglais, sera désormais la voix d’une région en mutation… dans 50 langues, atteignant un remarquable 6,5 milliards de personnes, soit 80 % de la population mondiale, » a déclaré Abbas mercredi soir lors d’un événement parallèle.

Parmi les participants figuraient la princesse Haifa bint Abdulaziz Al‑Mogrin, ambassadrice d’Arabie saoudite en Espagne, des diplomates arabes et espagnols, ainsi que des rédacteurs et dirigeants de haut niveau.

Abbas, qui supervise la transformation numérique du journal depuis 2016, a indiqué que le projet illustre à la fois le rôle de longue date d’Arab News comme voix de l’Arabie saoudite en anglais et l’engagement de la publication à raconter l’histoire d’une région en mutation rapide.

« L’idée provient de l’importance de raconter notre récit, notamment dans une région où les événements influencent le monde entier et où le cœur battant — l’Arabie saoudite — connaît une transformation massive et des réformes sous Vision 2030, » a-t-il ajouté.

La plateforme de traduction de pointe est alimentée par la technologie développée par CAMB.AI, une startup régionale devenue rapidement une des réussites les plus prometteuses de l’IA dans le monde arabe.

« Internet a été créé pour les anglophones et nous avons décidé de le repenser pour le monde, » a déclaré Avneesh Prakash, PDG de CAMB.AI.

« Nous avons créé CAMB.AI comme la plateforme d’IA de localisation la plus complète au monde, en nous appuyant sur nos modèles fondateurs. »

Prakash a déclaré que la technologie permet à « des organisations de premier plan dans le monde de localiser leur contenu — vidéo, audio, texte, documents, site web — tout ce qui permet aux marques d’atteindre la population mondiale au-delà des barrières linguistiques. »

« Le partenariat avec Arab News pour un lancement en 50 langues lors de sa cinquantième année d’existence démontre notre engagement à franchir ces barrières. Arab News incarne un contenu authentique et désormais, grâce à la technologie CAMB.AI, il peut toucher des milliards de personnes. »

L’événement a également proposé la projection de « Rewriting Arab News ».

Le documentaire retrace le parcours de la rédaction, né en 1975 à Jeddah par les frères Mohammad Ali Hafez et Hisham Ali Hafez, jusqu’à sa transformation numérique actuelle sous la houlette du groupe Saudi Research and Media Group.

Le film, qui figure sur la liste restreinte d’un prestigieux prix vidéo Art & Culture AIB 2025, montre comment Arab News est passé d’une publication papier nationale à une plateforme médiatique numérique reconnue dans le monde entier.

L’événement était animé par Juan Senor, analyste média et président de Innovation Media Consulting Group, qui a souligné les « menaces et opportunités » que représente l’IA pour l’industrie des médias en cette période cruciale.

Senor a déclaré que l’IA représente une « énorme disruption pour l’édition, la narration et le journalisme », mais que là où « certains voient une menace », Arab News voit « une opportunité. »

Tout comme la publication a adopté une approche “numérique d’abord”, elle embrasse désormais l’IA « de manière responsable, créative, intelligente », dans le but de renforcer les journalistes, plutôt que de les remplacer, a-t-il ajouté.

« L’évolution d’Arab News reflète la transformation de l’Arabie saoudite elle-même. Deux voyages côte à côte, tous deux enracinés dans la tradition, tous deux animés par l’ambition, et tous deux engagés dans le changement, » a déclaré Senor.

Parmi les participants figuraient également Cristina Juarraz, directrice adjointe et coordinatrice de programmation à Casa Arabe ; Pedro Gonzalez, journaliste et co-fondateur d’Euronews ; Ivan Moreno de Cozar y Landahl, secrétaire général d’Alliance Française Madrid ; Jaime Barrientos, reporter de guerre et expert Moyen-Orient ; et Jorge Hevia Sierra, ancien ambassadeur d’Espagne en Arabie saoudite.

L’événement a également accueilli plusieurs diplomates arabes, dont Raghad A. Alsaqqa, ambassadrice de Jordanie en Espagne ; Hani Shamatli, ambassadeur du Liban en Espagne ; Walid Abuabdalla, ambassadeur de Libye en Espagne ; et Husni Abdel Wahed, ambassadeur de Palestine en Espagne.

Parmi les autres invités figuraient Mohammad Alshohomi, chargé d’affaires par intérim du Koweït en Espagne ; Ehab Ahmed Badawy, ambassadeur d’Égypte en Espagne ; Saleh Ahmad Salem Alzaraim Alsuwaidi, nouvel ambassadeur des Émirats arabes unis ; et Malek Twal, chef du bureau de la Ligue arabe à Madrid.

Le lancement de la plateforme multilingue souligne l’expansion continue d’Arab News en tant que média international majeur et pionnier dans le rapprochement des cultures par le journalisme et l’innovation.

Depuis sa création, Arab News s’est forgé la réputation d’être la « voix d’une région en mutation », reflétant le développement, la diplomatie et la modernisation du royaume.

Abbas a déclaré que le lancement du service propulsé par l’IA marque un moment charnière pour le journal, fusionnant technologie et narration pour partager les perspectives de la région avec un public mondial.

« Cette année, nous fêtons nos 50 ans. Et nous étions déterminés à ce que notre célébration ne soit pas une fête d’adieu mais un renouveau, » a-t-il déclaré. « Nous sommes fiers d’embrasser la technologie, et non de la craindre. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington accentue la pression sur le Venezuela, un navire militaire américain attendu à proximité

Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
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  • Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic
  • Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts

CARACAS: Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous".

Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic, visant particulièrement le Venezuela et son président Nicolas Maduro.

Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts.

"L'USS Gravely (...) visitera Trinité-et-Tobago du 26 au 30 octobre, s'amarrant à Port-d'Espagne, tandis que la 22e Unité expéditionnaire des Marines des Etats-Unis mènera un entraînement conjoint avec les Forces de défense de Trinité-et-Tobago (TTDF) pendant la même période", selon le texte du gouvernement de l'archipel dont la pointe occidentale se trouve à une dizaine de kilomètres du Venezuela.

Parallèlement, un bombardier américain B-1B a survolé jeudi la mer des Caraïbes au large du Venezuela, selon les données de suivi des vols, deuxième démonstration de force de ce type ces derniers jours, au moment où Donald Trump montre les muscles contre ce pays d'Amérique du Sud.

"C'est faux", a pourtant assuré M. Trump, interrogé lors d'un événement à la Maison Blanche, tout en ajoutant que les Etats-Unis étaient toujours "mécontents du Venezuela pour beaucoup de raisons".

"Nous ne sommes pas contents d'eux. Ils ont vidé leurs prisons dans notre pays", a-t-il accusé.

Le président américain a ajouté : "Nous n'allons pas nécessairement demander une déclaration de guerre" au Congrès, qui a le pouvoir constitutionnel de le faire. "Nous allons simplement tuer les gens qui entrent dans notre pays".

"Non à la guerre de fous" 

Face au déploiement américain dans les Caraïbes, M. Maduro, qui cherche à apaiser les tensions avec Trump depuis des semaines, a réitéré des appels à la paix, cette fois sur un ton humoristique: "Yes peace, yes peace, forever, peace forever! No crazy war, Please! Please, please! No crazy war!", a déclaré Nicolas Maduro en anglais.

"Cela s'appelle un langage tarzanesque, façon Tarzan! Si on traduit c'est: +pas de guerre, pas de guerre, pas vouloir guerre, non à la guerre des fous, non à la folie de la guerre+", a plaisanté le dirigeant.

Passé l'humour, Nicolas Maduro, qui a ordonné une série d'exercices militaires depuis août, a aussi souligné jeudi que, lors de ces entraînements, des équipements achetés à la Russie et à la Chine avaient été testés.

"Merci au président (Vladimir) Poutine, merci à la Russie, merci à la Chine et merci à de nombreux amis dans le monde, le Venezuela dispose d'un équipement pour garantir la paix", a-t-il déclaré.

Pour M. Maduro, Washington se sert du trafic de drogue comme prétexte "pour imposer un changement de régime" et s'emparer des importantes réserves de pétrole de son pays.

Le ministre vénézuélien de la Défense a quant à lui assuré jeudi que toute opération de la CIA contre son pays "échouerait", après que Donald Trump a autorisé des opérations clandestines contre le Venezuela la semaine dernière.

"Nous savons que la CIA est présente" sur le sol vénézuélien, a déclaré le général Vladimir Padrino. Les Américains "pourront bien envoyer je ne sais combien d'agents affiliés à la CIA dans des opérations clandestines de n'importe quel point du pays, toute tentative échouera".

Nul doute que la visite du bateau de guerre et des marines à Trinité-et-Tobago sera suivie de près par Caracas, même si le communiqué trinidadien n'évoque nulle part le Venezuela.

Il affirme que l'arrivée de ces moyens militaires américains est liée à la "sécurité régionale" et aux "efforts de coopération dans les Caraïbes" et de "coopération militaire" entre Washington et Port-d'Espagne.

La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, est une fervente soutien de M. Trump, et a adopté dès son accession au pouvoir en mai 2025 un discours virulent contre l'immigration et la criminalité vénézuéliennes dans son pays.

Deux Trinidadiens auraient été tués mi-octobre dans une frappe américaine mi-octobre, selon leurs familles, mais les autorités locales n'ont ni confirmé ni infirmé ces décès pour le moment.

Des experts ont remis en question la légalité de ces frappes dans des eaux étrangères ou internationales, contre des suspects qui n'ont pas été interceptés ou interrogés.