La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
Les tentatives pour expulser la Russie de l’Assemblée générale de l’ONU ou de son Conseil de sécurité menacent d’ouvrir une boîte de Pandore, selon les experts. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

La guerre en Ukraine soulève le risque d’un ordre international fragmenté

  • La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité
  • Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale

NEW YORK: L’ONU fait face à un défi de taille, sans doute le plus important pour l’ordre mondial sur lequel repose l’organisation depuis sa fondation, il y a soixante-seize ans.
La guerre russo-ukrainienne menace de bouleverser l’ONU telle que nous la connaissons; elle annonce potentiellement la fin du multilatéralisme. L’Ukraine et ses alliés au sein de l’ONU tentent de priver la Russie de son vote au Conseil de sécurité et certains vont jusqu’à demander à ce que l’Assemblée générale expulse complètement la Russie de l’ONU.
Ces appels ont surpris les diplomates et les observateurs et ont conduit à des discussions effrénées sur la légalité d’une telle démarche, la probabilité que cela se produise et les répercussions sur l’avenir de l’organisation. Certains comparent même cette initiative à l’ouverture d’une boîte de Pandore. On ne sait pas quelles en seront les limites.
Le premier signe qui montre que les rapports sont ébranlés au sein même de l’ordre mondial s’est manifesté la nuit où la nouvelle de l’attaque russe contre l’Ukraine est parvenue au Conseil de sécurité. Ce dernier tenait alors une réunion présidée par le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, en sa qualité de président du Conseil de sécurité pour le mois de février.
Lors de cette réunion, Sergiy Kyslytsya, ambassadeur de l’Ukraine auprès de l'ONU, a remis en question la légitimité de l’adhésion de la Fédération de Russie à l’ONU et il a déclaré que l’ambassadeur de Russie devrait confier la présidence du Conseil de sécurité à un «membre légitime».
M. Kyslytsya s’est adressé au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui assistait à la réunion et lui a demandé d’exiger du secrétariat de «partager avec les membres du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale deux décisions de décembre 1991 [qui] stipulent que la Fédération de Russie peut être membre de cette organisation et que l’Assemblée générale souhaite la bienvenue à la Fédération de Russie dans cette organisation».
Il soutient que «ce serait un miracle que le secrétariat puisse mettre en place de telles décisions». C’est parce qu’elles n’existent pas.
La Fédération de Russie a hérité du siège de l’Union soviétique à l’ONU sans passer par le processus approprié de candidature et d’obtention du siège permanent au Conseil de sécurité ou d’adhésion à l’Assemblée générale.
Les experts sont sceptiques quant au succès de la décision ukrainienne pour de nombreuses raisons. La principale d’entre elles est le droit de veto de la Russie, qui pourrait être rejointe par la Chine pour empêcher l’expulsion.
Cela ne décourage cependant pas les Ukrainiens de poursuivre leur campagne qui vise à expulser la Russie de l’ONU et à lui retirer son siège permanent au Conseil de sécurité.
Sur Twitter, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé que, lors d’un appel avec Antonio Guterres, il avait évoqué la possibilité de retirer le siège permanent de la Russie après que cette dernière a utilisé son veto pour bloquer l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité condamnant son invasion de l’Ukraine.

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L’ONU a tenu une session extraordinaire d’urgence de l'Assemblée générale pour discuter de l’invasion de l'Ukraine par la Russie et elle a observé une minute de silence à la mémoire des personnes tuées lors du conflit. (AFP)

Dans ses Tweets, M. Kyslytsya surnomme l’ambassadeur de Russie «l’homme qui occupe le siège soviétique». Il fait allusion au fait que la charte de l’ONU n’a pas été modifiée après l’effondrement de l’Union soviétique.
Lorsque la charte nomme les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dans l’article 23, elle mentionne toujours l’Union des républiques socialistes soviétiques comme membre permanent, et non la Fédération de Russie.
Il existe également des procédures d’admission ou d’expulsion d’un membre de l’ONU. Ces règles sont énoncées dans les articles 3, 4, 5 et 6 de la charte des Nations unies. L’article 5 stipule qu’un membre de l’ONU «contre lequel une action préventive ou coercitive a été entreprise par le Conseil de sécurité peut être suspendu par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité, de l’exercice des droits et privilèges inhérents à la qualité de membre».
L’article 6 propose l’expulsion par l’Assemblée générale d’un membre qui «viole de manière persistante» les principes de la charte, mais une telle décision ne peut être prise, là encore, que sur recommandation du Conseil de sécurité.
L’Afrique du Sud avait été suspendue de l’Assemblée générale en 1974 pour sa politique d’apartheid, mais sur recommandation du Conseil de sécurité.

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L’ambassadeur d’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya (à droite), s’entretient avec l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, à New York, le 11 mars dernier. (AFP)

Le représentant de la Tunisie, en sa qualité de président du groupe des États africains à l’ONU, avait alors demandé à ce que le Conseil de sécurité se réunisse pour discuter de l’Afrique du Sud et il avait exhorté le conseil à invoquer l’article 6 de la charte et à expulser l’Afrique du Sud de l’ONU. Le représentant de l’URSS avait également soutenu cette demande.
Le veto russe au Conseil de sécurité rend très difficile son expulsion ou sa suspension de l’Assemblée générale.
Il existe un précédent d’utilisation du droit de veto pour arrêter toute action contre un membre impliqué dans une affaire qui porte atteinte à la paix et la sécurité. Il a été exercé deux fois par l’Union soviétique, la première lors de son vote sur la révolution hongroise, en 1956, et la deuxième lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968.
Par ailleurs, après que la Russie a utilisé son veto lors du vote du Conseil de sécurité sur la résolution ukrainienne, le mois dernier, Mona Juul, ambassadrice de la Norvège, a appelé la Russie à s’abstenir de voter dans la mesure où elle fait partie intégrante du conflit.
Elle déclare: «Le veto de l’agresseur sape l’objectif du Conseil de sécurité et, dans l’esprit de la charte, la Russie, en tant que partie au conflit, aurait dû s’abstenir de voter sur cette résolution.»
La Russie affirme qu’elle agit en état de légitime défense, en vertu de l’article 51 de la charte, et que la règle ne s’applique donc pas à son «opération militaire spéciale».
Il est étonnant que la remise en cause de la légitimité du siège russe soit intervenue trente ans après l’effondrement de l’Union soviétique, d’autant plus que personne à l’ONU n’a jamais contesté la transition de l’URSS à la Fédération de Russie.

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Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Vassili Nebenzia, prend la parole lors d’une conférence de presse hybride. (AFP)

Le 21 décembre 1991, onze des douze anciennes républiques soviétiques qui formaient la CEI (la Communauté des États indépendants, qui a remplacé l’Union soviétique) ont soutenu «l’adhésion de la Russie pour remplacer l’Union des républiques socialistes soviétiques à l’ONU», y compris le siège permanent au Conseil de sécurité, ainsi qu’une place au sein de toutes les organisations de l’ONU.
Boris Eltsine, alors président de la Russie, a informé le 15 décembre 1991 les Américains que la Russie voulait reprendre le siège soviétique au Conseil de sécurité. Il a envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU dans laquelle il déclarait que la Russie, soutenue par les États de la CEI, maintiendrait son adhésion pour remplacer l’Union soviétique.
En utilisant le mot «maintien», la Russie évite de passer par le processus formel de candidature d’adhésion à l’ONU, qui consiste à obtenir l’approbation du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale par un vote. L’Ukraine affirme aujourd’hui que la Russie aurait dû le faire.
Il convient de rappeler que la transition avait suscité à l’époque un débat juridique pour savoir si la Russie était le «prolongement» de l’Union soviétique ou son «successeur».
Le camp du «prolongement» soutient que la Russie est le noyau de l’Union soviétique. Si cette dernière a cessé d’exister, son noyau – la Russie – constitue un prolongement de l’entité précédente et peut donc hériter de tous ses droits et obligations.
D’autre part, ceux qui voient la Russie comme «successeur» pensent que, avec l’effondrement de l’Union soviétique, son siège au Conseil de sécurité n’existe plus et que la Russie ne peut donc en hériter. Mais peu s’y sont opposés et la Russie demeure à l’abri de toute contestation – jusqu’à ce jour.
Des voix s’élèvent maintenant pour demander d’appliquer la résolution «Union pour le maintien de la paix», qui autorise la tenue de sessions d’urgence de l’Assemblée générale lorsque le Conseil de sécurité est bloqué, afin de priver la Russie de son siège au Conseil de sécurité et même de son adhésion à l’ONU.
Cet appel a trouvé écho dans la capitale américaine, Washington, D.C. Un certain nombre de membres républicains du Congrès utilisent Twitter pour exiger que «la Russie soit expulsée du Conseil de sécurité de l’ONU». L’un de ces sénateurs «prévoit de soumettre une résolution au Congrès pour encourager l’ONU à retirer la Russie du Conseil de sécurité», selon Fox News.

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Cette image satellite, prise et publiée par Maxar le 11 mars dernier, présente un aperçu des bâtiments endommagés et des réservoirs de stockage de carburant en feu à l’aéroport Antonov de Hostomel. (Photo AFP/Image satellite ©2022 Maxar Technologies)

L’administration Biden ne semble pas prête à mener ce combat. Lorsque Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a été interrogée à ce sujet sur CNN, elle a presque rejeté la question en affirmant: «La Russie est membre du Conseil de sécurité. C’est dans la charte des Nations unies.»
Les experts en matière de règles et de procédures de l’ONU sont très sceptiques «quant à la possibilité de priver la Russie de son adhésion à l’ONU», comme le déclare à Fox News Richard Gowan, directeur de l’ONG Crisis Group auprès de l’ONU. Il affirme: «La Russie pourrait réduire à néant le processus avec son veto.»
La question fera également face à une forte résistance de la part des membres de l’ONU, y compris le P5, puisqu’elle posera un précédent selon lequel tout membre du P5 pourrait subir le même sort à l’avenir.
Les diplomates, à l’ONU, s’accordent à dire que ce processus ne se développera pas. La Russie bénéficie toujours d’un soutien à l’Assemblée générale, bien que 141 membres aient voté en faveur de la résolution qui condamne son invasion de l’Ukraine.
De nombreux pays ont voté pour la résolution soit en raison de pressions politiques, soit pour soutenir les principes de la charte des Nations Unies. L'expulsion de la Russie du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale est considérée comme une question politique qui divisera cette dernière et pourrait même mettre l’ONU elle-même et l’ordre international en danger.
Il est même fort peu probable que le monde en développement, quelles que soient les pressions exercées, envisage cette possibilité en l’absence de changements spectaculaires dans l’équilibre des forces sur le terrain dans ce conflit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
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  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
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  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.