Yémen: Les autorités s'engagent à traquer les ravisseurs des travailleurs humanitaires

Des combattants alliés au gouvernement yéménite se tiennent près de la ligne de front face aux rebelles houthis dans la province de Marib (Photo, AFP).
Des combattants alliés au gouvernement yéménite se tiennent près de la ligne de front face aux rebelles houthis dans la province de Marib (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 15 mars 2022

Yémen: Les autorités s'engagent à traquer les ravisseurs des travailleurs humanitaires

  • Médecins Sans Frontières réduit ses activités humanitaires pour des raisons de sécurité, après la capture de deux de ses membres par des inconnus
  • Cinq membres du personnel des Nations unies sont détenus par des militants alors que les négociations échouent

AL-MOUKALLA: Les autorités militaires et sécuritaires yéménites se sont engagées à traquer les ravisseurs des travailleurs humanitaires dans la province du Hadramout, dans le sud-est du pays, alors qu'une organisation humanitaire internationale a réduit ses activités en raison de problèmes de sécurité.
Le comité de sécurité du gouvernement dans l'Hadramout a ordonné aux unités de l'armée de supprimer les points de contrôle non officiels, d'intensifier les mesures de sécurité sur les terres rapides de la province et de traquer les hommes armés qui détiennent deux travailleurs humanitaires étrangers.
Les forces de sécurité de la province ont également reçu des ordres du ministère de l'Intérieur de capturer les ravisseurs.
« Nous les attraperons tôt ou tard », a déclaré lundi à Arab News un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, sous couvert d'anonymat, ajoutant que le ministère ignorait encore l'identité et les exigences des ravisseurs.
« Il s'agit d'un mélange de toxicomanes et de terroristes », a déclaré le fonctionnaire.
Au début du mois, des hommes non identifiés ont enlevé deux travailleurs étrangers de l'organisation humanitaire internationale Médecins Sans Frontières (MSF) dans une zone éloignée entre la ville de Seiyun et Aber, dans la province de Hadramout.
Selon les médias locaux, les ravisseurs se sont fait passer pour des officiers militaires après avoir établi un faux poste de contrôle dans la région de Khoushem Al-Ain. Ils ont demandé aux travailleurs allemand et mexicain et à leurs associés yéménites de monter à bord de leur pick-up Toyota, puis se sont enfoncés dans le désert.
L'enlèvement a poussé MSF à suspendre dimanche certaines de ses opérations humanitaires dans la ville centrale de Marib, ce qui devrait aggraver la situation humanitaire déjà catastrophique dans cette ville yéménite qui accueille plus de deux millions de déplacés.
« Médecins Sans Frontières annonce la fermeture de certaines de ses activités humanitaires dans le projet de Marib, après la disparition de deux collègues alors qu'ils se rendaient sur le projet », a déclaré l'organisation humanitaire médicale dans un communiqué.
« Nous considérons qu'il s'agit d'un acte de violence inacceptable et nous sommes préoccupés par l'exposition actuelle des équipes de MSF dans la région », a-t-elle ajouté.
MSF a déclaré qu'elle fermerait cinq des huit cliniques mobiles opérant à Marib et qu'elle retirerait complètement son soutien à l'hôpital général de Marib.
Dans la province méridionale d'Abyan, des responsables locaux ont déclaré lundi que les pourparlers visant à obtenir la libération de cinq employés des Nations unies détenus par des militants présumés d’Al-Qaïda étaient dans l'impasse, ces derniers refusant de libérer les otages avant que le gouvernement ne réponde à leurs exigences.
Ils cherchent à échanger les otages avec des prisonniers à Aden et ont exigé une rançon de plus de 300 000 dollars.
Le mois dernier, les militants présumés d'Al-Qaïda ont enlevé les cinq employés des Nations unies dans le district de Moudia à Abyan, alors qu'ils rentraient à leur bureau d'Aden après une mission sur le terrain.
Des responsables locaux ont déclaré à Arab News que les militants retiennent les travailleurs enlevés dans les zones accidentées et montagneuses d'Abyan et menacent de les exécuter si l'armée ou les services de sécurité utilisent la force pour les libérer.
Malgré les ordres fermes de l'armée et du ministère de l'Intérieur pour la chasse aux ravisseurs, les critiques ont émis des doutes sur la capacité des unités militaires et sécuritaires du pays à appréhender les militants d'Al-Qaïda ou les trafiquants de drogue dans leurs refuges à Abyan ou Hadramout.
Les responsables yéménites ont indiqué qu'ils chercheraient à obtenir l'aide d'officiers militaires des États-Unis et d'Arabie saoudite.
La semaine dernière, le premier sous-secrétaire du ministère de l'Intérieur, le général de division Mohammed al-Sharef, a discuté du soutien à apporter aux services de sécurité locaux avec des officiers américains et arabes de la coalition antiterroriste.
Citant un officier de renseignement yéménite, le quotidien Al-Ayyam a rapporté la semaine dernière que des officiers américains ont participé aux efforts actuels de traque des ravisseurs à Abyan et à Hadramout.
Malgré ses tentatives de retour dans les provinces du sud du Yémen, Al-Qaida au Yémen a subi des coups décisifs au cours des six dernières années, après que les forces militaires yéménites, formées et armées par la coalition arabe, les ont expulsés de leurs principaux bastions urbains et ruraux.


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Soudan: le chef de l'armée qualifie la proposition de trêve envoyée par l'émissaire américain de «la pire» jusqu'ici

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  • Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici
  • Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix

PORT-SOUDAN: Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche que le groupe médiateur appelé le « Quad » — composé des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte — ne pouvait jouer un rôle neutre dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR).

Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici. Selon lui, elle ne tient pas compte des réalités du terrain et ne garantit pas une cessation durable des hostilités.

Le conflit, qui a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes depuis avril 2023, reste au cœur des préoccupations internationales. Washington s’est récemment dit déterminé à mettre fin aux « atrocités » commises au Soudan, à la suite d’un appel du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en faveur d’un engagement américain plus fort.

Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix.

En septembre, le Quad avait proposé un plan comprenant une trêve de trois mois et l’exclusion tant du gouvernement actuel que des FSR de la transition post-conflit, une clause rejetée par l’armée. Début novembre, les paramilitaires avaient annoncé accepter une trêve humanitaire après avoir pris El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour, où l’ONU a signalé de graves violations.

Désormais maîtres de la quasi-totalité de la région, les FSR ont intensifié leurs offensives dans le voisin Kordofan, riche en pétrole.


Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza

Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza
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  • Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad
  • Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas s'est engagée dimanche au Caire à respecter la "première phase" de l'accord de trêve dans la bande de Gaza lors d'un entretien avec le chef des services de renseignement égyptiens, a indiqué le mouvement islamiste palestinien.

Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad, avaient indiqué à l'AFP deux responsables du mouvement, précisant que la deuxième phase de la trêve devait également être abordée.

Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes (...) et la nécessité d'un mécanisme clair et précis, sous l'égide et le contrôle des médiateurs, permettant de leur signaler immédiatement toute violation", a affirmé le mouvement dans un communiqué.

Ces derniers jours, Israël et le Hamas se sont accusés mutuellement de violer la trêve entrée en vigueur le 10 octobre sous pression américaine après deux ans de guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement contre Israël le 7 octobre 2023.

Samedi, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé des cibles" du Hamas, faisant 21 morts selon la Défense civile locale, en réponse selon elle à l'attaque d'un "terroriste armé" contre ses soldats.

L'accord de trêve a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

La deuxième phase prévoit notamment la mise en place d'une autorité transitoire pour administrer Gaza et le déploiement d'une force internationale pour assurer la sécurité du territoire et désarmer le Hamas et les autres factions armées sur place.

Le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance future du territoire selon le plan Trump adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU, refuse pour l'heure de désarmer.

"La nature de la deuxième phase de l'accord" a fait l'objet de discussions au Caire, a indiqué le mouvement, ajoutant avoir aussi évoqué le sort de "combattants" à Rafah (sud) avec lesquels les communications sont "interrompues".

Selon plusieurs médias, jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient coincés dans des tunnels de Gaza sous une partie du territoire où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord.


Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth

Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
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  • Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth
  • L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah

BEYROUTH: Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises.

C'est le plus haut responsable du Hezbollah à être tué depuis la fin il y a près d'an de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement pro-iranien à Israël et dont il est sorti décapité.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le feu. Un peu plus tard, en soirée, le mouvement islamiste a confirmé que "le grand dirigeant" Tabatabai a été tué "à la suite d'une agression israélienne".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël "ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé le gouvernement libanais à "respecter son engagement à désarmer le Hezbollah" à la suite de cette attaque qui intervient une semaine avant la visite du pape Léon XIV au Liban.

Tabatabai, présenté par l'armée israélienne comme "le plus important commandant du Hezbollah", avait été promu chef militaire du Hezbollah après la mort des principaux responsables militaires du mouvement durant la guerre avec Israël.

"Comme un éclair" 

Dans le quartier qui a été visé, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d'un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel s'alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d'électroménagers.

"Je rendais visite à ma mère et j'étais sur le balcon", a raconté à l'AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. "Il y a eu comme un éclair, puis j'ai percuté la balustrade et tout le verre s'est brisé", a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n'a pas voulu dire son nom.

Cinq personnes ont été tuées et 28 blessées, selon le ministère libanais de la Santé.

Benjamin Netanyahu, qui avait juré de "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, "a ordonné l'attaque sur recommandation du ministre de la Défense et du chef d'état-major", selon ses services.

Le président libanais Joseph Aoun a, lui, appelé la communauté internationale à "intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban" menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.

Yémen et Syrie 

Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu'il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et réactivant ses infrastructures.

Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.

"Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l'Etat d'Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée", a martelé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

Le nom de Tabatabai, né en 1968 selon le communiqué du Hezbollah, était inconnu du grand public au Liban.

Il était, avant de prendre ses fonctions, "responsable du dossier du Yémen" au sein du Hezbollah, qui soutient les rebelles houthis, selon une source proche de la formation pro-iranienne.

Il avait également occupé des fonctions en Syrie où la formation soutenait militairement le pouvoir de Bachar al-Assad, selon les Etats-Unis qui l'avaient placé sur leur liste des personnes liées au terrorisme.

Le Hezbollah est sorti affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, et assure depuis respecter le cessez-le-feu.

Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d'occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais.

Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu'il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu'à présent refusé de faire.