Comment l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ravivé l'OTAN

Quelque 700 soldats, dont la moitié proviennent de pays de l'OTAN, ont participé à un exercice des forces aériennes sur une base en Ukraine en octobre 2018 (Photo, AFP).
Quelque 700 soldats, dont la moitié proviennent de pays de l'OTAN, ont participé à un exercice des forces aériennes sur une base en Ukraine en octobre 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 15 mars 2022

Comment l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ravivé l'OTAN

  • Considérée autrefois comme une relique de la Guerre froide, l'OTAN acquiert une nouvelle raison d'être en Ukraine
  • Si l'OTAN n'est pas en mesure d'apporter une réponse sérieuse à la Russie, les experts préviennent que son avenir sera remis en question

WASHINGTON: Soixante-douze ans après sa création à l'aube de la guerre froide, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a connu un réveil brutal, alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie menace d'entraîner les pays membres dans une confrontation directe avec Moscou.
Pendant huit ans, l'OTAN a largement évité de s'impliquer en Ukraine. Elle a critiqué la Russie pour son annexion de la Crimée en 2014 et son soutien aux séparatistes pro-russes de Donbass et de Louhansk, mais ne faisant pas grand-chose de conséquent pour consolider la position de ses alliés d'Europe de l'Est.
Maintenant que les intentions de la Russie en Ukraine sont devenues claires, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, a entrepris un calendrier itinérant de réunions avec les leaders mondiaux pour faire passer le message du soutien unanime de l'alliance militaire à Kiev.
Alors que les avions de guerre, les roquettes et l'artillerie russes pilonnaient les villes ukrainiennes, forçant plus de deux millions de personnes à quitter leur foyer, Stoltenberg a condamné ce qu'il a décrit comme l'agression du président russe Vladimir Poutine contre un État européen souverain et a promis une réponse commune.
« La guerre du président Poutine contre l'Ukraine a fait voler en éclats la paix en Europe », a déclaré Stoltenberg lors d'une visite d'une base militaire en Lettonie, à la frontière orientale de l'OTAN. « Elle a ébranlé l'ordre international et elle continue de faire des ravages sur le peuple ukrainien. »
Moscou affirme que son « opération militaire spéciale » vise à protéger la sécurité de la Russie et celle des russophones dans la région orientale de Donbass, en Ukraine.
Depuis que la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991 a marqué la fin de la guerre froide, les membres de l'OTAN se sont fréquemment disputés sur le rôle précis − voire la nécessité − de l'alliance, qui a été constituée principalement pour dissuader l'expansion soviétique dans l'Europe de l'après-guerre.
Aujourd'hui, la guerre menée par la Russie en Ukraine, pays candidat à l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne, semble avoir donné un nouveau souffle à l'alliance et aux valeurs qui unissent ses membres, lui conférant une nouvelle raison d'être.
Victoria Coates, qui a été conseillère adjointe à la sécurité nationale de l'ancien président Donald Trump, estime que l'issue de la guerre en Ukraine pourrait déterminer l'avenir à long terme et la pertinence de l'OTAN.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, a entamé un programme de rencontres avec les leaders mondiaux pour faire passer le message du soutien unanime de l'alliance militaire à Kiev (Photo, AFP).

« L'utilité future de l'OTAN sera déterminée par les événements des six prochains mois », a-t-elle déclaré à Arab News. « L'alliance a été mise à rude épreuve par la reddition américaine de l'Afghanistan aux talibans sans consulter les partenaires de l'OTAN dans cette mission, et elle est à nouveau testée par l'invasion de l'Ukraine par Poutine. »
« Si l'OTAN peut coordonner ses efforts pour assurer la sécurité des civils et imposer des sanctions économiques multilatérales en réponse à cette crise, elle peut servir de modèle à d'autres réseaux de sécurité collaborative dirigés par les États-Unis dans le monde, et les nouveaux membres tels que la Suède et la Finlande doivent être accueillis favorablement. »
« Mais si l'OTAN ne peut pas organiser une réponse sérieuse à Poutine, l'avenir de l'alliance sera sérieusement remis en question. »
Certains analystes pensent que Poutine a peut-être sous-estimé l'OTAN, s'attendant éventuellement à ce qu'elle implose sous le poids des désaccords et des folies passées. En réalité, le contraire s'est produit : l'OTAN a rallié ses membres autour d'une cause commune et a donné le coup d'envoi de la plus grande mobilisation de troupes de l'OTAN depuis l'intervention au Kosovo en 1999.
Lors d'une visite en Europe, une semaine seulement avant le lancement de l'assaut russe, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a averti Poutine que le renforcement de ses forces militaires le long de la frontière ukrainienne ne ferait que renforcer l'alliance de l'OTAN.
« M. Poutine dit qu'il ne veut pas d'une OTAN forte sur son flanc ouest », a déclaré Austin au siège de l'alliance. « C'est exactement ce qu'il est en train d'obtenir. »

Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN se rassemblent pour une réunion après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au siège de l'alliance à Bruxelles, le 4 mars 2022 (Photo, AFP).

Que ce soit à dessein ou à la suite d'une erreur de calcul, Poutine a décidé de faire fi du bluff de l'OTAN et a lancé la plus grande opération militaire sur le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans les premiers jours de l'invasion, la réaction des principaux membres de l'OTAN face à la menace qui pèse sur leurs alliés d'Europe orientale n'était pas claire. Stoltenberg lui-même avait souligné à de multiples occasions que l'OTAN ne cherchait pas une confrontation directe avec la Russie, tandis que la France et l'Allemagne ne semblaient initialement pas sur la même longueur d'onde émotionnelle que les États baltes, la Pologne et la Roumanie.
Au fil des jours, cependant, les espoirs que Poutine aurait pu nourrir de voir les Européens acquiescer discrètement ont été rapidement anéantis, les nations se déclarant solidaires de l'Ukraine, imposant des sanctions à la Russie et s'engageant à envoyer du matériel militaire et une aide financière aux défenseurs du pays.
Même la Finlande, qui partage la deuxième plus longue frontière de l'Europe avec la Russie, après l'Ukraine, et qui a une histoire de relations tendues avec Moscou, réévalue soigneusement sa neutralité. Sa première ministre, Sanna Marin, a promis un débat approfondi pour déterminer si l'adhésion à l'OTAN est dans l'intérêt de la sécurité nationale du pays. Les sondages suggèrent que dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine, une majorité de Finlandais serait favorable à l'adhésion à l'alliance.
« La guerre en Ukraine a revigoré l'OTAN », a déclaré à Arab News Luke Coffey, chargé de mission à The Heritage Foundation, un think tank conservateur américain.
« Après deux décennies d'opérations hors zone dans des lieux comme l'Afghanistan et la Libye, l'alliance est probablement revenue à l'essentiel et s'est concentrée principalement sur la défense territoriale dans la région de l'Atlantique Nord. »
« On se rend de plus en plus compte que l'OTAN n'a pas besoin d'être partout et de tout faire, mais qu'elle doit être capable de défendre l'Europe contre l'agression russe. N'oublions pas que tout cela intervient au moment où l'OTAN rédige son prochain concept stratégique, un document qui permettra d'orienter l'approche stratégique de l'alliance pour les années à venir. »

Les membres de la compagnie B du 87e bataillon de soutien, 3e brigade de soutien partent pour l'Europe afin de rassurer les alliés de l'OTAN, de dissuader l'agression russe et d'offrir un soutien dans la région (Photo, AFP).

En effet, jusqu'à récemment, l'avenir de l'OTAN semblait être remis en question, les administrations américaines successives − la Maison Blanche de Trump en particulier − ayant fait pression sur les membres d'Europe de l'Ouest pour qu'ils augmentent leurs contributions financières à l'alliance.
Les membres de l'OTAN sont tenus de consacrer à la défense un minimum de deux pour cent de leurs produits intérieurs bruts respectifs. En réalité, cette obligation n'a souvent été respectée que par les membres d'Europe de l'Est et des pays baltes, tandis que les membres aux économies plus importantes avaient tendance à traîner les pieds.
À la suite de l'invasion de l'Ukraine, cependant, les membres et les ressources de l'OTAN pourraient maintenant croître rapidement − tout le contraire de ce que le Kremlin souhaitait probablement.
« En 2016, le président français Emmanuel Macron a qualifié l'alliance de "mort cérébrale" et a explicité sa préférence pour davantage de pouvoir au sein de l'Union européenne, où la France prendrait naturellement la tête », a expliqué à Arab News David DesRoches, professeur à la National Defense University de Washington.
« Poutine a, à lui seul, ravivé et recentré l'alliance. Il a incité les Allemands à inverser la réticence depuis des générations à l'égard des dépenses en matière de défense. En Finlande et en Suède, il a anéanti l'opposition intérieure au projet d'adhésion à l'OTAN. »
Poutine considère depuis longtemps l'expansion de l'OTAN en Europe de l'Est comme une menace directe pour la sécurité de la Russie et sa sphère d'influence. Dans le même temps, l'OTAN s'est montrée extrêmement prudente pour ne pas provoquer une guerre majeure sur le continent européen, insistant à maintes reprises sur son caractère défensif.
Bien que l'Ukraine ne soit pas membre de l'OTAN, les analystes militaires étaient largement d'accord pour dire que l'absence d'approche unifiée de la part des États membres concernant les précédentes activités militaires russes dans le pays, notamment l'annexion de la Crimée en 2014 et le mouvement secret d'armes et de combattants vers Donbass et Louhansk, avait exposé les points faibles de l'alliance.
Les membres de l'OTAN étaient divisés sur la gravité de la menace que représentait réellement la Russie. Ces divergences ont finalement été mises au placard lorsque l'invasion a commencé.

CHRONOLOGIE DE LA RELATION OTAN-UKRAINE

8 février 1994 L'OTAN accueille l'Ukraine dans son Partenariat pour la paix, un programme ouvert aux pays européens non membres de l'OTAN et aux États post-soviétiques.

9 juillet 1997 L'ancien président ukrainien Leonid Koutchma rencontre les dirigeants de l'OTAN à Madrid pour lancer les réunions semestrielles de la Commission OTAN-Ukraine.

Les 21 et 22 novembre 2002, Koutchma assiste au sommet de l'OTAN à Prague sans y être invité, déclarant l'intention de l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN et d'envoyer des troupes en Irak.

3 avril 2008 L'OTAN refuse de proposer des « Plans d'action pour l'adhésion » à la Croatie, à la Géorgie et à l'Ukraine, après l'opposition du président russe Vladimir Poutine.

3 juin 2010 Sous le régime de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, l'Ukraine renonce à son ambition d'adhérer à l'OTAN.

7 février 2019 L'ancien président ukrainien Petro Porochenko signe un amendement constitutionnel en vertu duquel l'Ukraine s'engage à devenir membre de l'OTAN et de l'Union européenne.

12 juin 2020 L'Ukraine est nommée partenaire « nouvelles opportunités » de l'OTAN, rejoignant ainsi l'Australie, la Géorgie, la Finlande, la Jordanie et la Suède.

« Poutine a fait d'une alliance qui se démenait pour trouver la volonté de réagir aux survols militaires russes du territoire de l'OTAN, une alliance militaire active axée sur la dissuasion de l'agression russe », a déclaré DesRoches.
L'Allemagne, puissance économique de l'Europe, a été vertement critiquée par Trump pour ne pas avoir dépensé suffisamment en matière de défense alors qu'elle accueille plus de 30 000 soldats américains sur son sol. Aujourd'hui, le pays a augmenté son budget militaire et envoie des armes pour soutenir le gouvernement ukrainien.
L'accord sur le gazoduc Nord Stream II entre Berlin et Moscou, qui aurait accru la domination énergétique de la Russie en Europe, était une autre pomme de discorde parmi les alliés de l'OTAN.
« Les Allemands ont surpris les analystes de longue date en stoppant le gazoduc Nord Stream et il y a étonnamment un accord universel avec un régime de sanctions très sévères contre la Russie », a déclaré DesRoches.
« Poutine apparaît donc comme étant probablement le pire stratège de ces 120 dernières années. Il a profité d'un Occident complaisant et autocentré et, par sa seule agressivité, a créé l'alliance militaire qu'il prétendait craindre par-dessus tout. »


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.