Comment l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ravivé l'OTAN

Quelque 700 soldats, dont la moitié proviennent de pays de l'OTAN, ont participé à un exercice des forces aériennes sur une base en Ukraine en octobre 2018 (Photo, AFP).
Quelque 700 soldats, dont la moitié proviennent de pays de l'OTAN, ont participé à un exercice des forces aériennes sur une base en Ukraine en octobre 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 15 mars 2022

Comment l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ravivé l'OTAN

  • Considérée autrefois comme une relique de la Guerre froide, l'OTAN acquiert une nouvelle raison d'être en Ukraine
  • Si l'OTAN n'est pas en mesure d'apporter une réponse sérieuse à la Russie, les experts préviennent que son avenir sera remis en question

WASHINGTON: Soixante-douze ans après sa création à l'aube de la guerre froide, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a connu un réveil brutal, alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie menace d'entraîner les pays membres dans une confrontation directe avec Moscou.
Pendant huit ans, l'OTAN a largement évité de s'impliquer en Ukraine. Elle a critiqué la Russie pour son annexion de la Crimée en 2014 et son soutien aux séparatistes pro-russes de Donbass et de Louhansk, mais ne faisant pas grand-chose de conséquent pour consolider la position de ses alliés d'Europe de l'Est.
Maintenant que les intentions de la Russie en Ukraine sont devenues claires, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, a entrepris un calendrier itinérant de réunions avec les leaders mondiaux pour faire passer le message du soutien unanime de l'alliance militaire à Kiev.
Alors que les avions de guerre, les roquettes et l'artillerie russes pilonnaient les villes ukrainiennes, forçant plus de deux millions de personnes à quitter leur foyer, Stoltenberg a condamné ce qu'il a décrit comme l'agression du président russe Vladimir Poutine contre un État européen souverain et a promis une réponse commune.
« La guerre du président Poutine contre l'Ukraine a fait voler en éclats la paix en Europe », a déclaré Stoltenberg lors d'une visite d'une base militaire en Lettonie, à la frontière orientale de l'OTAN. « Elle a ébranlé l'ordre international et elle continue de faire des ravages sur le peuple ukrainien. »
Moscou affirme que son « opération militaire spéciale » vise à protéger la sécurité de la Russie et celle des russophones dans la région orientale de Donbass, en Ukraine.
Depuis que la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991 a marqué la fin de la guerre froide, les membres de l'OTAN se sont fréquemment disputés sur le rôle précis − voire la nécessité − de l'alliance, qui a été constituée principalement pour dissuader l'expansion soviétique dans l'Europe de l'après-guerre.
Aujourd'hui, la guerre menée par la Russie en Ukraine, pays candidat à l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne, semble avoir donné un nouveau souffle à l'alliance et aux valeurs qui unissent ses membres, lui conférant une nouvelle raison d'être.
Victoria Coates, qui a été conseillère adjointe à la sécurité nationale de l'ancien président Donald Trump, estime que l'issue de la guerre en Ukraine pourrait déterminer l'avenir à long terme et la pertinence de l'OTAN.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, a entamé un programme de rencontres avec les leaders mondiaux pour faire passer le message du soutien unanime de l'alliance militaire à Kiev (Photo, AFP).

« L'utilité future de l'OTAN sera déterminée par les événements des six prochains mois », a-t-elle déclaré à Arab News. « L'alliance a été mise à rude épreuve par la reddition américaine de l'Afghanistan aux talibans sans consulter les partenaires de l'OTAN dans cette mission, et elle est à nouveau testée par l'invasion de l'Ukraine par Poutine. »
« Si l'OTAN peut coordonner ses efforts pour assurer la sécurité des civils et imposer des sanctions économiques multilatérales en réponse à cette crise, elle peut servir de modèle à d'autres réseaux de sécurité collaborative dirigés par les États-Unis dans le monde, et les nouveaux membres tels que la Suède et la Finlande doivent être accueillis favorablement. »
« Mais si l'OTAN ne peut pas organiser une réponse sérieuse à Poutine, l'avenir de l'alliance sera sérieusement remis en question. »
Certains analystes pensent que Poutine a peut-être sous-estimé l'OTAN, s'attendant éventuellement à ce qu'elle implose sous le poids des désaccords et des folies passées. En réalité, le contraire s'est produit : l'OTAN a rallié ses membres autour d'une cause commune et a donné le coup d'envoi de la plus grande mobilisation de troupes de l'OTAN depuis l'intervention au Kosovo en 1999.
Lors d'une visite en Europe, une semaine seulement avant le lancement de l'assaut russe, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a averti Poutine que le renforcement de ses forces militaires le long de la frontière ukrainienne ne ferait que renforcer l'alliance de l'OTAN.
« M. Poutine dit qu'il ne veut pas d'une OTAN forte sur son flanc ouest », a déclaré Austin au siège de l'alliance. « C'est exactement ce qu'il est en train d'obtenir. »

Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN se rassemblent pour une réunion après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au siège de l'alliance à Bruxelles, le 4 mars 2022 (Photo, AFP).

Que ce soit à dessein ou à la suite d'une erreur de calcul, Poutine a décidé de faire fi du bluff de l'OTAN et a lancé la plus grande opération militaire sur le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans les premiers jours de l'invasion, la réaction des principaux membres de l'OTAN face à la menace qui pèse sur leurs alliés d'Europe orientale n'était pas claire. Stoltenberg lui-même avait souligné à de multiples occasions que l'OTAN ne cherchait pas une confrontation directe avec la Russie, tandis que la France et l'Allemagne ne semblaient initialement pas sur la même longueur d'onde émotionnelle que les États baltes, la Pologne et la Roumanie.
Au fil des jours, cependant, les espoirs que Poutine aurait pu nourrir de voir les Européens acquiescer discrètement ont été rapidement anéantis, les nations se déclarant solidaires de l'Ukraine, imposant des sanctions à la Russie et s'engageant à envoyer du matériel militaire et une aide financière aux défenseurs du pays.
Même la Finlande, qui partage la deuxième plus longue frontière de l'Europe avec la Russie, après l'Ukraine, et qui a une histoire de relations tendues avec Moscou, réévalue soigneusement sa neutralité. Sa première ministre, Sanna Marin, a promis un débat approfondi pour déterminer si l'adhésion à l'OTAN est dans l'intérêt de la sécurité nationale du pays. Les sondages suggèrent que dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine, une majorité de Finlandais serait favorable à l'adhésion à l'alliance.
« La guerre en Ukraine a revigoré l'OTAN », a déclaré à Arab News Luke Coffey, chargé de mission à The Heritage Foundation, un think tank conservateur américain.
« Après deux décennies d'opérations hors zone dans des lieux comme l'Afghanistan et la Libye, l'alliance est probablement revenue à l'essentiel et s'est concentrée principalement sur la défense territoriale dans la région de l'Atlantique Nord. »
« On se rend de plus en plus compte que l'OTAN n'a pas besoin d'être partout et de tout faire, mais qu'elle doit être capable de défendre l'Europe contre l'agression russe. N'oublions pas que tout cela intervient au moment où l'OTAN rédige son prochain concept stratégique, un document qui permettra d'orienter l'approche stratégique de l'alliance pour les années à venir. »

Les membres de la compagnie B du 87e bataillon de soutien, 3e brigade de soutien partent pour l'Europe afin de rassurer les alliés de l'OTAN, de dissuader l'agression russe et d'offrir un soutien dans la région (Photo, AFP).

En effet, jusqu'à récemment, l'avenir de l'OTAN semblait être remis en question, les administrations américaines successives − la Maison Blanche de Trump en particulier − ayant fait pression sur les membres d'Europe de l'Ouest pour qu'ils augmentent leurs contributions financières à l'alliance.
Les membres de l'OTAN sont tenus de consacrer à la défense un minimum de deux pour cent de leurs produits intérieurs bruts respectifs. En réalité, cette obligation n'a souvent été respectée que par les membres d'Europe de l'Est et des pays baltes, tandis que les membres aux économies plus importantes avaient tendance à traîner les pieds.
À la suite de l'invasion de l'Ukraine, cependant, les membres et les ressources de l'OTAN pourraient maintenant croître rapidement − tout le contraire de ce que le Kremlin souhaitait probablement.
« En 2016, le président français Emmanuel Macron a qualifié l'alliance de "mort cérébrale" et a explicité sa préférence pour davantage de pouvoir au sein de l'Union européenne, où la France prendrait naturellement la tête », a expliqué à Arab News David DesRoches, professeur à la National Defense University de Washington.
« Poutine a, à lui seul, ravivé et recentré l'alliance. Il a incité les Allemands à inverser la réticence depuis des générations à l'égard des dépenses en matière de défense. En Finlande et en Suède, il a anéanti l'opposition intérieure au projet d'adhésion à l'OTAN. »
Poutine considère depuis longtemps l'expansion de l'OTAN en Europe de l'Est comme une menace directe pour la sécurité de la Russie et sa sphère d'influence. Dans le même temps, l'OTAN s'est montrée extrêmement prudente pour ne pas provoquer une guerre majeure sur le continent européen, insistant à maintes reprises sur son caractère défensif.
Bien que l'Ukraine ne soit pas membre de l'OTAN, les analystes militaires étaient largement d'accord pour dire que l'absence d'approche unifiée de la part des États membres concernant les précédentes activités militaires russes dans le pays, notamment l'annexion de la Crimée en 2014 et le mouvement secret d'armes et de combattants vers Donbass et Louhansk, avait exposé les points faibles de l'alliance.
Les membres de l'OTAN étaient divisés sur la gravité de la menace que représentait réellement la Russie. Ces divergences ont finalement été mises au placard lorsque l'invasion a commencé.

CHRONOLOGIE DE LA RELATION OTAN-UKRAINE

8 février 1994 L'OTAN accueille l'Ukraine dans son Partenariat pour la paix, un programme ouvert aux pays européens non membres de l'OTAN et aux États post-soviétiques.

9 juillet 1997 L'ancien président ukrainien Leonid Koutchma rencontre les dirigeants de l'OTAN à Madrid pour lancer les réunions semestrielles de la Commission OTAN-Ukraine.

Les 21 et 22 novembre 2002, Koutchma assiste au sommet de l'OTAN à Prague sans y être invité, déclarant l'intention de l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN et d'envoyer des troupes en Irak.

3 avril 2008 L'OTAN refuse de proposer des « Plans d'action pour l'adhésion » à la Croatie, à la Géorgie et à l'Ukraine, après l'opposition du président russe Vladimir Poutine.

3 juin 2010 Sous le régime de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, l'Ukraine renonce à son ambition d'adhérer à l'OTAN.

7 février 2019 L'ancien président ukrainien Petro Porochenko signe un amendement constitutionnel en vertu duquel l'Ukraine s'engage à devenir membre de l'OTAN et de l'Union européenne.

12 juin 2020 L'Ukraine est nommée partenaire « nouvelles opportunités » de l'OTAN, rejoignant ainsi l'Australie, la Géorgie, la Finlande, la Jordanie et la Suède.

« Poutine a fait d'une alliance qui se démenait pour trouver la volonté de réagir aux survols militaires russes du territoire de l'OTAN, une alliance militaire active axée sur la dissuasion de l'agression russe », a déclaré DesRoches.
L'Allemagne, puissance économique de l'Europe, a été vertement critiquée par Trump pour ne pas avoir dépensé suffisamment en matière de défense alors qu'elle accueille plus de 30 000 soldats américains sur son sol. Aujourd'hui, le pays a augmenté son budget militaire et envoie des armes pour soutenir le gouvernement ukrainien.
L'accord sur le gazoduc Nord Stream II entre Berlin et Moscou, qui aurait accru la domination énergétique de la Russie en Europe, était une autre pomme de discorde parmi les alliés de l'OTAN.
« Les Allemands ont surpris les analystes de longue date en stoppant le gazoduc Nord Stream et il y a étonnamment un accord universel avec un régime de sanctions très sévères contre la Russie », a déclaré DesRoches.
« Poutine apparaît donc comme étant probablement le pire stratège de ces 120 dernières années. Il a profité d'un Occident complaisant et autocentré et, par sa seule agressivité, a créé l'alliance militaire qu'il prétendait craindre par-dessus tout. »


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.