Algérie mon amour, une histoire d’art et de fraternité

Abdallah BENANTEUR, Le Hoggar, 1960. Huile sur toile, 100 x 200 cm. Donation Claude et France Lemand. Musée, Institut du monde arabe. (Photo fournie).
Abdallah BENANTEUR, Le Hoggar, 1960. Huile sur toile, 100 x 200 cm. Donation Claude et France Lemand. Musée, Institut du monde arabe. (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Algérie mon amour, une histoire d’art et de fraternité

  • «Cette exposition révèle toute la richesse de la production algérienne moderne et contemporaine»
  • «La créativité algérienne est pour moi l’une des plus importantes du monde arabe!»

PARIS: «Cette exposition est l’illustration du manifeste universaliste que les artistes d’Algérie et de France, toutes origines, cultures, religions confondues, proclamèrent au sortir de la Seconde Guerre mondiale par la fraternité qui les réunit», tels sont les mots qu’emploie Jack Lang dans la préface du catalogue de l’exposition Algérie mon amour, organisée à l’Institut du monde arabe (IMA) du 18 mars au 31 juillet 2022. Cet événement a pu voir le jour grâce au donateur Claude Lemand, commissaire de cette exposition.

Trente-six œuvres de dix-huit artistes témoignent de la grande diversité et de l’extraordinaire créativité de trois générations d’artistes plasticiens d’Algérie et des diasporas. Ces œuvres sont issues de la collection d’art moderne et contemporain du musée de l’IMA, qui conserve, pour le seul corpus algérien, plus de six cents œuvres, la plus grande collection du monde occidental.

«Cette exposition révèle toute la richesse de la production algérienne moderne et contemporaine. Elle témoigne, à travers un choix d’œuvres représentatives, de la grande créativité de trois générations d’artistes, en dépit des tragédies de l’Histoire. L’exposition recouvre une large période, réunissant des artistes, dont le plus ancien, le peintre non figuratif Louis Nallard, est né en 1918, et la benjamine, El-Meya, artiste peintre elle aussi, n’a pas trente-cinq ans», déclare à Arab News en français Claude Lemand, collectionneur, mécène et galeriste, à la veille de l’inauguration de l’exposition à l’IMA. C’est en effet grâce à sa contribution, conclue dans un premier temps en 2018, que la collection d’art moderne et contemporain arabe du musée de l’IMA devient la plus importante en Europe.

«Cette exposition était prête depuis deux ans déjà, mais l’explosion du port de Beyrouth nous a fait avancer l’exposition consacrée à l’art et aux artistes libanais (Lumières du Liban). Mais nous sommes dans la continuité de cette réflexion autour de la mise en valeur de la collection des œuvres d’artistes arabes de l’IMA», précise le mécène.

ben bella
Mahjoub BEN BELLA, Ecritures peintes, 1983. Huile sur toile, 300 x 260 cm. Musée IMA AC 86-33. (Photo fournie).

 

Les artistes

 

  • Louis Nallard (1918-2016) -
  • Abdelkader Guermaz (1919-1996) -
  • M’hamed Issiakhem (1928-1985) -
  • Mohammed Khadda (1930-1991) -
  • Baya (1931-1998) -
  • Choukri Mesli (1931-2017) -
  • Abdallah Benanteur (1931-2017) -
  • Souhila Bel Bahar (1934) -
  • Mohamed Aksouh (1934) -
  • Denis Martinez (1941) -
  • Mahjoub ben Bella (1946-2020) -
  • Rachid Koraichi (1947) -
  • Mohand Amara (1952) -
  • Abderrahmane Ould Mohand (1960) -
  • Kamel Yahiaoui (1966) -
  • Zoulikha Bouabdellah (1977) -
  • Halida Boughriet (1980) -
  • El Meya Benchikh el Fegoun (1988)

«Mon intérêt pour l’art contemporain algérien a débuté grâce à une rencontre, celle de l’artiste algérien Abdallah Benanteur (1931-2017). Préalablement à cette rencontre, j’avais quitté la fonction publique et je me consacrais, avec ma femme, à la collection d’œuvres d’artistes arabes, notamment parmi les Égyptiens, puis les Libanais. Je me suis ensuite intéressé également à l’art algérien», confie Claude Lemand. «Le début fut difficile, car du fait du système quasi soviétique mis en place en Algérie, sous la présidence de Boumédiène, le marché de l’art était quasi inexistant. L’accès à l’art algérien était donc devenu très restreint et peu d’artistes résidaient à Paris», ajoute-t-il. «C’est au cours des dix dernières années que j’ai réussi à contacter les artistes algériens, à développer la collection et mettre en place la donation», indique le galeriste qui tient à préciser «que ce n’est que le début de l’aventure, certains grands artistes algériens manquant encore à la collection du musée de l’IMA».

baya
BAYA, Les Rideaux jaunes, 1947. Musée IMA. (Photo fournie).

Le mécène explique avoir tenu à intégrer un sous-titre à l’exposition, Artistes de la fraternité algérienne, inspiré de l’Histoire de ces artistes algériens. Il explique «que tous les jeunes artistes algériens venus faire leurs études à Paris au début des années 1950 s’entendaient parfaitement avec les autres artistes, qu’ils soient Kabyles, Arabes, Espagnols, Français… musulmans, chrétiens et juifs étaient tous pour l’indépendance de l’Algérie même s’ils avaient des avis différents quant aux moyens pour parvenir à cette indépendance». Et le collectionneur de reprendre. «L’intention n’est certainement pas de nier combien l’Algérie a été martyrisée durant la guerre de conquête, ni d’oublier l’exceptionnelle violence de la colonisation. Le plus important pour moi à travers cette exposition est de rappeler combien cette fraternité est fructueuse et combien la culture peut y contribuer.» Et c’est le principal message de cette exposition. Un message que le commissaire de l’exposition aimerait faire parvenir aux Algériens qui doivent être fiers de leur patrimoine «constitué à la fois des arts et des cultures de la France et de l’Algérie». «Ils doivent venir apprécier la beauté des œuvres et goûter au plaisir de les contempler», ajoute-t-il.

«Ce qui est à découvrir également, ce sont les artistes algériennes, notamment celles de la nouvelle génération. Si elles ne sont pas toutes représentées dans cette exposition  la collection étant encore en développement – il faut noter qu’elles jouent désormais un rôle majeur sur la scène artistique algérienne», explique Claude Lemand.

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Rachid KORAICHI, Tu es mon amour depuis tant d'années, 1999-2000. Cahier dfe 61 dessins. Donation Claude et France Lemand. Musée, Institut du monde arabe. (Photo fournie).

Le mécène ne cache pas sa fierté: «La créativité algérienne est pour moi l’une des plus importantes du monde arabe!», s’enthousiasme-t-il. «Et nous sommes fiers de posséder au sein de la collection du musée de l’IMA quelque six cents œuvres d’artistes algériens, qui constituent le quart de la collection d’art moderne et contemporain et c’est pour cela que nous consacrerons à la fin de l’été 2022 une exposition aux peintures d’Abdallah Benanteur et plus tard, en novembre, une exposition des œuvres et archives de Baya», conclut Claude Lemand.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.