Ukraine: un théâtre à Marioupol bombardé, Zelensky devant le Bundestag

Cette photo publiée sur le compte Telegram du gouverneur de la région orientale Donetsk Pavlo Kirilenko le 16 mars 2022 montre le théâtre dramatique détruit par des bombardements à Marioupol. L'Ukraine a accusé la Russie le 17 mars 2022 d'avoir bombardé un théâtre qui abritait plus de 1 000 civils dans la ville de Marioupol, après que le président américain Joe Biden a qualifié Vladimir Poutine de "criminel de guerre". (AFP).
Cette photo publiée sur le compte Telegram du gouverneur de la région orientale Donetsk Pavlo Kirilenko le 16 mars 2022 montre le théâtre dramatique détruit par des bombardements à Marioupol. L'Ukraine a accusé la Russie le 17 mars 2022 d'avoir bombardé un théâtre qui abritait plus de 1 000 civils dans la ville de Marioupol, après que le président américain Joe Biden a qualifié Vladimir Poutine de "criminel de guerre". (AFP).
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Ukraine: un théâtre à Marioupol bombardé, Zelensky devant le Bundestag

  • «Cher Monsieur le chancelier (Olaf) Scholz, détruisez ce Mur, donnez à l'Allemagne le rôle de leader qu'elle mérite», a lancé le dirigeant ukrainien
  • «Ce n'est pas un Mur de Berlin mais un Mur en Europe centrale entre la liberté et la servitude et ce Mur s'agrandit à chaque bombe»

KYIV: L'Ukraine cherche à savoir jeudi si le bombardement d'un théâtre où plusieurs centaines de civils se seraient réfugiés dans la ville assiégée de Marioupol avait fait des victimes, trois semaines exactement après le début de l'invasion russe.


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui lancé un nouvel appel à l'aide aux Occidentaux, cette fois devant le Parlement allemand. 


"A Marioupol, l'aviation russe a sciemment lancé une bombe sur le Théâtre dramatique dans le centre ville. L'immeuble est détruit", a affirmé mercredi M. Zelensky. "Le nombre de morts n'est pas encore connu".

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi l'Allemagne à abattre le nouveau "Mur" érigé en Europe contre la liberté depuis l'invasion russe de l'Ukraine, faisant un parallèle avec l'ancien Mur de Berlin. (AFP).

"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", a-t-il lancé.


La mairie de ce port stratégique sur la mer d'Azov a affirmé dans la nuit de mercredi à jeudi que "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans le théâtre.


Un député, Sergui Tarouta, a lui indiqué sur Facebook, sans citer ses sources, que des gens sortaient vivant des décombres, l'abri sous le théâtre ayant tenu. 


Des responsables ukrainiens ont posté une photo semblant montrer ce bâtiment de trois étages en flammes et dévasté par une explosion.


C'est "une effroyable tragédie", a déclaré le maire Vadim Boïtchenko, accusant Moscou de se livrer à un "génocide" du peuple ukrainien.


La société américaine de technologies spatiales Maxar Technologies, spécialisée dans l'imagerie satellite, a publié une photo du théâtre, prise lundi selon elle.


Sur cette photo consultée par l'AFP, le mot "enfants" était écrit, en immenses lettres blanches et en russe, devant et derrière le bâtiment.

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Là où se trouvait le théâtre de Marioupol. (Maxar Technologies/AP).

La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.


L'ONG Human Rights Watch (HRW) a indiqué manquer d'informations pour évaluer la situation à Marioupol.


"Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'une cible militaire ukrainienne dans la zone du théâtre, mais nous savons que le théâtre abritait au moins 500 civils", a indiqué Belkis Wille, de HRW.


Plus de 2.100 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre à Marioupol, selon les Ukrainiens. Des personnes ayant réussi à fuir la ville ces derniers jours pour Zaporojie, plus à l'ouest, ont raconté avoir fait fondre de la neige pour boire et cuire le peu de nourriture disponible sur des braseros.


"Cela empirait de jour en jour. Nous étions sans électricité, sans eau, sans gaz, sans nourriture, on ne pouvait rien acheter nulle part", a indiqué à l'AFP une femme prénommée Darya. 


- Aide militaire massive à l'Ukraine -A Washington, répondant à une journaliste, le président américain Joe Biden a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d'être "un criminel de guerre".


Des propos "inacceptables et impardonnables", a répliqué le Kremlin. 


Auparavant, M. Biden avait confirmé que son pays fournirait 800 millions de dollars de plus au titre de l'aide militaire à Kiev, soit une enveloppe d'un milliard de dollars en une semaine.


Il a aussi indiqué que Washington allait aider l'Ukraine à se doter de systèmes de défense antiaérienne supplémentaires et de plus longue portée. 


Ses annonces sont intervenues peu après que M. Zelensky eut lancé un appel à l'aide devant le Congrès américain. 


Le président ukrainien multiplie les interventions par visioconférence devant les parlements occidentaux. Jeudi, devant le Bundestag qui l'a ovationné, il a appelé le chancelier Olaf Scholz à "détruire" le nouveau "mur" qui divise l'Europe.


Bombardements meurtriers

L'aide militaire américaine doit aider Kiev à continuer à résister aux forces russes, qui ne peuvent encore revendiquer la prise d'aucune des plus grandes villes ukrainiennes. L'armée russe a cependant fait des progrès importants en trois semaines dans le sud.


Dix personnes qui attendaient pour acheter du pain à Tcherniguiv, à 150 km au nord de Kiev, ont péri lorsque des forces russes ont ouvert le feu, a affirmé mercredi le parquet général ukrainien. Moscou a démenti, accusant des "nationalistes ukrainiens".


Selon le gouverneur militaire régional, 53 corps ont été amenés à la morgue. 


Tcherniguiv subit de nombreuses frappes tout comme Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre le 24 février.


A Kiev, une frappe sur un immeuble a tué une personne jeudi à l'aube. 


"J'ai entendu un sifflement, et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivant", a indiqué à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".


La capitale reprenait lentement vie jeudi matin après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir.


Mais les rues, ponctuées de checkpoints et de sacs de sable, restaient quasiment désertes. La ville s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.


Aucun bilan global n'a jamais été fourni, même si le président Zelensky a reconnu le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.


Selon le Parlement ukrainien, 103 enfants ont été tués dans le pays depuis l'invasion russe et une centaine blessés. 
 

Zelensky appelle devant le Bundestag allemand à abattre le nouveau « Mur » érigé en Europe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi l'Allemagne à abattre le nouveau "Mur" érigé en Europe contre la liberté depuis l'invasion russe de l'Ukraine, faisant un parallèle avec l'ancien Mur de Berlin.

"Cher Monsieur le chancelier (Olaf) Scholz, détruisez ce Mur, donnez à l'Allemagne le rôle de leader qu'elle mérite", a lancé le dirigeant ukrainien qui s'adressait en par visioconférence à la chambre basse du parlement allemand.

Il a ainsi dressé un parallèle avec un discours historique du président américain Ronald Reagan, qui avait lancé en 1987 depuis la Porte de Brandebourg à Berlin au dirigeant de l'époque soviétique Mikhaïl Gorbatchev: "Détruisez ce Mur" ("Tear down this wall"). Deux ans plus tard tombait le Mur de Berlin.

Comme la veille devant le Congrès américain, le président ukrainien a reçu une ovation debout du Bundestag, avant son intervention d'une dizaine de minutes.

M. Zelensky a déploré, depuis l'invasion russe, l'érection d'un nouveau "Mur" en Europe. "Ce n'est pas un Mur de Berlin mais un Mur en Europe centrale entre la liberté et la servitude et ce Mur s'agrandit à chaque bombe" lancée sur une ville ukrainienne, a souligné le président ukrainien.

"Chaque année, les politiques répètent 'plus jamais ça'. Et à présent, nous voyons que ces mots ne valent tout simplement rien. Un peuple est en train d'être détruit en Europe", a averti M. Zelensky, selon lequel 108 enfants ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive. "Aidez-nous à arrêter cette guerre".

Le président ukrainien a regretté dans son discours les étroites relations économiques tissées ces dernières années entre Berlin et Moscou, en matière énergétique notamment.

Critiques contre Nord Stream II

"Cher peuple allemand, comment est-ce possible que, quand nous vous avons dit que Nord Stream 2 (un projet de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne), c'est une sorte de préparation à la guerre, nous ayons entendu comme réponse 'c'est purement économique c'est l'économie, l'économie'?", a-t-il lancé.

Ces projets menés par l'Allemagne et la Russie, "c'était le ciment pour le nouveau Mur", a fustigé M. Zelensky. 

"Pour certains, c'est de la politique, mais ce sont aussi des pierres, ce sont des pierres pour le nouveau Mur", a-t-il martelé.

L'Ukraine est opposée depuis le début au gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l'Allemagne, finalement suspendu quand Vladimir Poutine a reconnu l'autonomie des provinces prorusses ukrainiennes.

Le régime ukrainien exhorte aussi depuis de nombreuses semaines l'Allemagne à lui livrer des armes, ce que Berlin a finalement concédé après l'invasion russe lancée il y a tout juste trois semaines.

Mais le gouvernement d'Olaf Scholz continue de s'opposer à un boycott de l'importation de gaz et de pétrole russes, que souhaiterait Kiev.

Attaques contre le système de santé 

Plus de trois millions d'Ukrainiens ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays, comme la Suède: Stockholm estime qu'ils arrivent au rythme de près de 4.000 personnes par jour, et n'exclut pas d'en recevoir jusqu'à 200.000.


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé elle les nombreuses frappes contre des infrastructures de santé.


"Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C'est totalement inacceptable", a déploré Michael Ryan, chef des urgences de l'OMS.


Dans ce contexte, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à Moscou d'immédiatement interrompre ses opérations militaires. Décision rejetée par la Kremlin.


Imperturbable, Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès". 


Face aux sanctions occidentales, qu'il a comparées à "un blitzkrieg", il a promis mercredi des aides financières aux particuliers et aux entreprises. 

Poursuite des pourparlers 

La détermination des deux camps n'empêchent pas la poursuite en parallèle de pourparlers, relancés lundi par visioconférence au niveau de délégations.


"Mes priorités dans ces négociations sont claires: fin de la guerre, des garanties de sécurité, souveraineté, rétablissement de notre intégrité territoriale, des garanties réelles pour notre pays", a détaillé M. Zelensky mercredi soir.


Selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, les négociateurs discutent désormais d'"un compromis", qui ferait de l'Ukraine un pays neutre sur le modèle de la Suède et de l'Autriche.


Sans démentir des discussions sur une neutralité, le négociateur en chef ukrainien Mykhaïlo Podoliak a rejeté l'idée d'un tel modèle. 


"Le modèle ne peut être qu'ukrainien", avec des "garanties de sécurité absolues".


Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Albanie, la France, la Norvège et l'Irlande ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU jeudi après-midi.

Biden va s'entretenir vendredi avec Xi Jinping, notamment de l'Ukraine

Le président américain Joe Biden va s'entretenir par téléphone vendredi avec son homologue chinois Xi Jinping, notamment de l'invasion russe en Ukraine, a annoncé jeudi la Maison Blanche. 


Il s'agit de "garder les canaux de communication ouverts entre les Etats-Unis et la République populaire de Chine", a affirmé dans un communiqué la porte-parole de l'exécutif américain Jen Psaki.


Les deux dirigeants discuteront de la "concurrence" entre Washington et Pékin "ainsi que de la guerre de la Russie contre l'Ukraine et d'autres questions d'intérêt commun", a-t-elle précisé.


Les Etats-Unis ont récemment jugé "profondément préoccupante" la position "d'alignement de la Chine avec la Russie" face à la guerre en Ukraine, après une rencontre à Rome entre le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, et Yang Jiechi, plus haut responsable de la diplomatie du Parti communiste chinois.


Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, privilégiant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les Etats-Unis, s'est abstenu d'appeler le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d'Ukraine.


Mais l'"amitié sans limite" professée par Pékin est mise à l'épreuve par la guerre en Ukraine, le régime du président Xi Jinping semblant avoir été surpris par la résistance ukrainienne à l'offensive russe et par la vigueur des sanctions occidentales.


La rencontre de haut niveau à Rome, qui a duré sept heures, a été qualifiée d'"intense" et de "très franche" par une haute responsable de la Maison Blanche.


Elle s'est tenue dans un contexte tendu, des informations ayant circulé dans la presse américaine selon lesquelles Moscou aurait demandé à Pékin de lui fournir son aide, économique et militaire, pour mener l'invasion de l'Ukraine.


Le département d'Etat américain avait dit suivre de "très près dans quelle mesure la Chine ou tout autre pays fournit une assistance à la Russie, que ce soit une assistance matérielle, économique ou financière".


Pékin dispose de "leviers très importants" sur Moscou, qui pourraient lui permettre de "mettre fin à cette violence insensée" en Ukraine, avait estimé le porte-parole du département d'Etat Ned Price.


La Chine a elle reproché aux Américains de propager de "fausses nouvelles".


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.