Renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine: plus facile à dire qu'à faire

Le système de missiles anti-aériens russe Antei-4000 est photographié lors du 6e Forum technique militaire international « Armée 2020 « dans le parc militaire Patriot à l'extérieur de Moscou le 23 août 2020. (Kirill Kudryavtsev / AFP)
Le système de missiles anti-aériens russe Antei-4000 est photographié lors du 6e Forum technique militaire international « Armée 2020 « dans le parc militaire Patriot à l'extérieur de Moscou le 23 août 2020. (Kirill Kudryavtsev / AFP)
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Publié le Samedi 19 mars 2022

Renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine: plus facile à dire qu'à faire

  • Le président américain, qui veut soutenir militairement l'Ukraine sans entrer directement en conflit avec la Russie, cherche à fournir à l'armée ukrainienne de meilleures défenses contre l'artillerie russe
  • L'idéal pour cela, ce sont des batteries anti-aériennes mobiles comme le Patriot, dont l'efficacité a été largement démontrée ces dernières années en Irak et dans le Golfe

WASHINGTON : Joe Biden a promis d'aider l'Ukraine à se procurer des «systèmes de défense anti-aérienne de plus longue portée» que les Stingers portés à l'épaule, mais trouver les puissantes batteries anti-missile dont l'armée ukrainienne a besoin de toute urgence paraît plus facile à dire qu'à faire.

Le président américain, qui veut soutenir militairement l'Ukraine sans entrer directement en conflit avec la Russie, cherche à fournir à l'armée ukrainienne de meilleures défenses contre l'artillerie russe qui pilonne les villes.

L'idéal pour cela, ce sont des batteries anti-aériennes mobiles comme le Patriot, dont l'efficacité a été largement démontrée ces dernières années en Irak et dans le Golfe.

Chargé sur des camions, le Patriot est composé d'un radar capable de détecter et intercepter automatiquement un avion, un drone ou un missile dans un rayon de plus de 100 km, d'un poste de surveillance tenu par trois soldats et d'une batterie de missiles intercepteurs.

Mais les militaires ukrainiens ne sont pas formés au maniement de cet armement américain sophistiqué. En revanche, ils savent utiliser le système anti-aérien S-300, concurrent russe de première génération du Patriot américain, dont le rayon d'action est plus limité mais qui serait suffisant pour protéger Kharkiv ou Kiev, deux villes proches de la frontière russe d'où sont tirés la plupart des missiles qui les pilonnent.

Ces S-300 pourraient venir de certains pays de l'ex-bloc soviétique qui en possèdent encore, notamment la Slovaquie et la Bulgarie, où le ministre américain de la Défense Lloyd Austin s'est justement rendu ces derniers jours.

Mais ces pays dépendent encore du S-300 pour leur propre sécurité et réclament un substitut -- en clair, des Patriots -- avant de les donner à l'Ukraine.

«Nous sommes prêts à le faire immédiatement lorsque nous aurons une (solution de) remplacement appropriée», a déclaré jeudi à la presse le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nad.

«Pas assez»

Vendredi, les Pays-Bas ont annoncé qu'ils déploieraient une batterie Patriot sur la base militaire de Sliac, dans le centre de la Slovaquie, et l'Allemagne a confirmé qu'elle en enverrait deux autres dans le pays, ce qui pourrait faciliter le transfert de l'unique batterie S-300 slovaque à l'Ukraine.

Mais les Patriot allemands et néerlandais n'arriveront pas immédiatement en Slovaquie -- les Pays-Bas tablent sur le 15 avril -- et le temps presse pour l'armée ukrainienne.

En outre si plusieurs pays semblent prêts à fournir à Kiev des missiles de rechange pour le S-300, l'Ukraine a besoin de beaucoup de systèmes complets -- radars et poste de surveillance compris.

«Un S-300, c'est mieux que rien, mais ce n'est pas assez», indique Brent Eastwood, du site spécialisé 19FortyFive.

L'Ukraine avait une centaine de batteries S-300 avant l'invasion, et l'armée russe affirme en avoir détruit une quarantaine tout au début de son attaque le 24 février, écrivait récemment cet ancien militaire américain.

Le pays est vaste et rien que pour protéger une ville, il en faut beaucoup, explique Brent Eastwood. «Si je planifiais la défense ukrainienne, je voudrais quatre batteries S-300 aux quatre points cardinaux de Kiev. Je dormirais mieux la nuit.»

Deux autres pays de l'Otan, la Bulgarie et la Grèce, disposent de S-300, mais des remplacements devront là aussi être offerts.

Or même si l'armée américaine, dont l'inventaire en Patriot est relativement limité, décidait de prêter les siens à ces pays, il faudrait plusieurs semaines pour qu'ils parviennent à destination. Washington cherche à convaincre ses alliés dans d'autres régions de prêter les leurs, mais là encore, ce n'est pas facile.

Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, pourrait avoir demandé de l'aide au Japon jeudi. Il a téléphoné à son homologue japonais pour discuter de «la situation actuelle dans le Pacifique et de l'invasion russe de l'Ukraine», selon un compte-rendu succinct de leur conversation publié vendredi par le Pentagone.

Les pays du Golfe possèdent de nombreuses batteries anti-aériennes pour se protéger des missiles iraniens, mais ils ne paraissent pas pressés de voler au secours de l'Ukraine. L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui figurent parmi les plus grands exportateurs de pétrole brut au monde et qui ont tous deux des liens importants tant avec les Occidentaux qu'avec Moscou, ont jusqu'ici évité de prendre position contre la Russie.


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.