Maroc : Prix exorbitants pour les écoles françaises face à une éducation nationale en crise

Des parents d’élèves tiennent une banderole indiquant '' arrêtez de harceler les parents pour des augmentations insupportables. Arrêter! c'est trop! Ensemble, non aux droits d'inscription annuels, et à la montée en flèche des frais de scolarité'' lors d'une manifestation contre l'augmentation des frais de scolarité devant le Lycée Descartes à Rabat. (Photo, AFP)
Des parents d’élèves tiennent une banderole indiquant '' arrêtez de harceler les parents pour des augmentations insupportables. Arrêter! c'est trop! Ensemble, non aux droits d'inscription annuels, et à la montée en flèche des frais de scolarité'' lors d'une manifestation contre l'augmentation des frais de scolarité devant le Lycée Descartes à Rabat. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Maroc : Prix exorbitants pour les écoles françaises face à une éducation nationale en crise

  • Pour scolariser son enfant dans un établissement français à Casablanca, il faudra débourser entre 80 000 et 100 000 dirhams (1 dirham ≃ 0,092 euros) en une année, s’il s’agit de sa première inscription
  • Le réseau français est l’un des plus denses au monde à la rentrée 2021, il scolarise près de 46 500 élèves, dont plus de 70 % sont marocains, dans 45 établissements

CASABLANCA : Le choix de beaucoup de Marocains d’inscrire leurs enfants au sein du réseau d’enseignement français est souvent motivé par l’absence d’une école publique de qualité. 
«Je n’ai d’autres choix que d’inscrire mes enfants à la mission française» explique Souad* à Arab News en Français, mère de deux enfants inscrits dans l’un des établissements du réseau d’enseignement français à Casablanca. 

«Lorsque vous voyez l’état de l’école publique, du niveau d’éducation de beaucoup de jeunes marocains, on ne peut que se tourner vers les écoles étrangères et en l’occurrence les écoles françaises» affirme-t-elle. 

Le sujet de l’éducation nationale au Maroc est un sujet épineux qui revient souvent aux devants de la scène politique marocaine. La dernière polémique en date, remonte au début de ce mois, lorsque la Fédération nationale de l'enseignement (FNE) a appelé à des actions de protestation dans le cadre d'une "semaine de la colère", du lundi 14 au samedi 19 mars, contre la condamnation injuste de 45 enseignants contractuels qui réclamaient de meilleures conditions socio-professionnelles.

Ainsi, depuis le mois d’octobre, les enseignants contractuels grévistes ont manqué près d’une cinquantaine de jours de cours et les élèves se retrouvent otages d’une lutte entre le ministère de l’Éducation nationale et les enseignants contractuels qui revendiquent leur intégration à la fonction publique. Une situation qui s’éternise depuis 2016.

Par ailleurs, dans une enquête publiée le 30 novembre 2021 par le Conseil de l’éducation, les chiffres sont particulièrement éloquents lorsqu’on sonde l’école marocaine. Couvrant une population de plus de 36 000 élèves scolarisés dans 1 500 établissements scolaires répartis sur le territoire national, l’enquête PNEA-2019 (Programme National d'Évaluation des Acquis des élèves), démontre, chiffres à l'appui, l’état de délabrement de l’éducation au Maroc, l’inégalité entre élèves du secteur public et du secteur privé, ainsi que le niveau médiocre des élèves marocains dans la langue de Molière.

Ainsi, on y apprend par exemple que l’écart entre le public et le privé représente en moyenne l’équivalent de 4 années de scolarisation. En d’autres termes, un collégien de 3ᵉ année dans le secteur public a le même niveau qu’un élève de 5ᵉ année en primaire dans le privé.
Concernant la maitrise du français, on y apprend qu’en 6ᵉ année primaire, 41% des élèves n’ont pas acquis, au cours des années antérieures, les ressources linguistiques requises pour poursuivre les cours de français et seuls 12% ont assimilé la totalité dudit programme.

L’enquête révèle également que 76% des élèves ont assimilé moins de 21% du programme de français prescrit en 3ᵉ année secondaire collégial et seuls 11% en ont assimilé plus de 91%. Enfin, l’écart entre l’enseignement privé et l’enseignement public urbain concernant le français s’accentue : il atteint 82 points à la fin du secondaire collégial contre 47 points à la fin du primaire.

Des prix exorbitants 

Souad avait du mal à nous expliquer sa situation avec deux enfants dans un Lycée français. «Mon mari et moi souffrons en silence, malgré nos deux salaires, nous sommes endettés jusqu’au cou» finira-t-elle par avouer. «Certains pensent qu’inscrire nos enfants dans une mission française est synonyme de prestige, voire d’un style de vie pour se démarquer des autres, mais en réalité, c'est un sacrifice quotidien que l’on fait pour le futur de nos enfants. Nous n’avons pas le choix ». Souad expliquera qu'elle même et son mari sont des «des enfants de la Mission» et qu'aujourd'hui, ils se sentent «victimes de leur francophonie».

Du côté des établissements du réseau d’enseignement français au Maroc, les affaires vont bon train. Le réseau est en effet l’un des plus denses au monde. À la rentrée 2021, il scolarise près de 46 500 élèves, dont plus de 70 % sont marocains, dans 45 établissements couvrant les principales villes du Maroc, dans tous les niveaux d'enseignement.

Ces établissements sont tous homologués par le ministère français de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS) et font partie du réseau d’enseignement français à l’étranger, piloté par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE.).

S’il existe différents statuts pour ces établissements, leur objectif reste le même : mettre à disposition un enseignement de qualité en français au Maroc, le même que l’on peut retrouver en France.

La seule différence entre le Maroc et la France est de taille. Alors qu’en France l’école est théoriquement gratuite, au Maroc les prix de scolarité sont très chers. Selon la notice d’admission pour l’année scolaire 2021-2022, consultable sur le site internet du Service de Coopération et d’Action culturel, rattache à l’Ambassade de France au Maroc, les frais de scolarité annuels pour un enfant inscrit en maternelle ou en primaire au Lycée Français International Louis-Massignon de Casablanca par exemple, s’élèvent à 47 670 dirhams (1 dirham ≃ 0,092 euros). 53 226 dirhams pour un enfant au collège et enfin 67 989 dirhams au lycée.

À ces frais, il faudra ajouter les droits de première inscription qui sont de 50 000 dirhams.

Ces frais varient selon les statuts des établissements et un abattement est appliqué pour les membres d’une même fratrie. Dans les EGD de l’AEFE par exemple, les parents d’un enfant français paieront moins que les parents d’un enfant marocain. Il n’en demeure pas moins que ces prix sont d’une extrême violence pour la majorité de la population marocaine. De plus, le niveau de ces frais augmente d'année en année, que ce soit pour les parents français ou marocains.

En effet, le revenu annuel moyen au Maroc s’établit à 91 933 dirhams selon une enquête du Haut-Commissariat au plan marocain (HCP). En outre, 20% de la population les plus aisés touchent un revenu annuel moyen par tête de 57 400 dirhams. De l'autre côté, pour scolariser son enfant dans un établissement français à Casablanca, il faudra débourser entre 80 000 et 100 000 dirhams en une année, s’il s’agit de sa première inscription. 

Hicham, 31 ans, jeune cadre dans le secteur des services, père d’un nouveau-né, explique à Arab News en Français, que «les missions françaises sont réservées aux enfants de l’élite du pays, lorsque l’on voit les frais de scolarité, je ne peux qu’être choqué et triste pour mon fils qui ne pourra surement jamais y poser les pieds». 

«À 31 ans, je touche à peine 10 000 dirhams par mois, lorsque mon fils atteindra l’âge de la petite section je n’aurais surement pas dépassé les 12 000 dirhams avec l’évolution désespérante des salaires, j’ai déjà un crédit immobilier à rembourser, comment voulez-vous que je pense un seul instant aux lycées français ?» s’indigne-t-il. «Il faudrait soit un miracle, soit que je fasse quatre fois le même travail, c’est tout simplement impossible» conclut-il avec un sourire résigné. 

Le 20 mars 2018, à l'occasion du jour de la francophonie, Emmanuel Macron avait annoncé son intention de «doubler le nombre d'élèves accueillis» dans les quelque 500 lycées français à l'étranger, d'ici à 2030, et avait promis «l’engagement du Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse de détacher, 1000 titulaires supplémentaires dans les prochaines années». Quatre ans plus tard, cette promesse semble être oubliée alors même que les débats a l'aube de la prochaine présidentielle mettent le doigt sur une éducation nationale française en pleine souffrance. 

 

* Le prénom a été changé à la demande de la personne
 


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.