Placée sous le signe des retrouvailles, l'édition 2022 du Michelin se dévoile mardi

Du sang neuf et des cuisines diverses et durables: placée sous le signe des retrouvailles, l'édition 2022 du prestigieux guide Michelin, qui dévoile mardi son palmarès, veut refléter la vitalité de la gastronomie française. (AFP)
Du sang neuf et des cuisines diverses et durables: placée sous le signe des retrouvailles, l'édition 2022 du prestigieux guide Michelin, qui dévoile mardi son palmarès, veut refléter la vitalité de la gastronomie française. (AFP)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Placée sous le signe des retrouvailles, l'édition 2022 du Michelin se dévoile mardi

  • Une sélection qui a été faite avec le même sérieux que les éditions précédentes, les inspecteurs ayant pu réaliser autant de repas que les années précédentes
  • Autre tendance qui pourrait bien se retrouver dans le palmarès: des chefs et des restaurants dont les menus sont plus minimalistes et font la part belle au local

PARIS: Du sang neuf et des cuisines diverses et durables: placée sous le signe des retrouvailles, l'édition 2022 du prestigieux guide Michelin, qui dévoile mardi son palmarès, veut refléter la vitalité de la gastronomie française. 


Attendue chaque année avec appréhension par les chefs et les gourmets du monde entier, la sélection du fameux "guide rouge" sera dévoilée mardi à 16H30 lors d'une cérémonie en région, à Cognac (Charente). 


Une première pour le guide qui avait l'habitude d'annoncer ses lauréats lors d'une cérémonie à Paris.   


Cette édition sera "un moment de retrouvailles pour l'ensemble de la profession", souligne auprès de l'AFP Gwendal Poullennec, directeur du guide Michelin, après une édition 2021 qui s'était déroulée en mode mineur pour cause de crise sanitaire liée au Covid-19. 


Un seul chef, Alexandre Mazzia, avait alors été promu trois étoiles, plus haute distinction dans le monde gastronomique.     


A quoi faut-il s'attendre pour cette nouvelle édition? "Le millésime 2022 est un très beau millésime qui reflète la diversité des cuisines que l'on peut trouver en France (...) mais aussi fera la place à une nouvelle génération de chefs qui ont pris le risque de se lancer, malgré le contexte, dans leur propre projet et c'est cette vitalité qui va être célébrée", détaille M. Poullennec.


"Malgré la crise, malgré les difficultés, la profession a fait preuve d'une très grande résilience, d'une très grande résistance. Ca a été l'occasion pour les professionnels de se réinventer, d'aller plus loin et c'est ce que nous voulons soutenir", poursuit-il. 

Succès et polémiques au guide Michelin, bible de la gastronomie

Le célèbre guide gastronomique Michelin, dont l'édition 2022 sort mardi, connaît le succès depuis plus d'un siècle, mais a aussi suscité des polémiques récurrentes. 
Les débuts

En 1900, moins de 3 000 automobiles roulent en France. Les frères André et Édouard Michelin, confiants dans l'essor de l'automobile, mettent à la disposition des automobilistes un document facilitant leurs voyages avec l'adresse de mécaniciens et d'hôtels.
La première édition est tirée à 35 000 exemplaires. "Cet ouvrage paraît avec le siècle, il durera autant que lui", dit le préfacier, visionnaire.
En 1904, sort le premier guide hors des frontières, en Belgique. Dès 1910, paraissent les guides Allemagne et Espagne/Portugal. Beaucoup d'autres suivront.   
Le guide est gratuit jusqu'en 1920.
En 2021 sort le premier guide pour découvrir la France à bord des trains régionaux. Une petite révolution pour le guide rouge historiquement conçu pour les automobilistes. 

L'apparition des étoiles 
La hiérarchie étoilée complète, appliquée à la France entière, date de 1933: une table "vaut le voyage" pour les trois étoiles, "mérite le détour" pour les deux étoiles, est "une très bonne table" pour une étoile.
En 1997, apparaissent les pictogrammes "Bib gourmand" qui indiquent un très bon rapport qualité/prix ou encore "Les piécettes" qui désignent des restaurants aux menus complets et économiques. En 2000, Michelin introduit quelques lignes de texte sur l'établissement.
En un siècle, l'édition française s'est vendue à quelque 30 millions d'exemplaires. D'autres guides, notamment anglo-saxons, lui mènent dorénavant une dure concurrence.

Critiques et polémiques 
Le guide a été notamment critiqué par deux livres en 2004, révélant le monde impitoyable de la cuisine ou soulignant le manque de transparence des notations: "L'inspecteur se met à table", de Pascal Rémy, et "Food Business: la face cachée de la gastronomie française", d'Olivier Morteau. Pascal Rémy, inspecteur du Michelin, est licencié pour faute grave et rupture de clause de confidentialité.
A l'origine de débats récurrents, l'octroi de lauriers suscite une pression toujours accrue sur l'heureux bénéficiaire, laquelle est parfois mal vécue. 
Plusieurs chefs triplement étoilés ont voulu résoudre le problème d'une manière ou d'une autre (retraite accélérée, fermeture du restaurant, demande de sortie du guide...): Joël Robuchon en 1996, Alain Senderens en 2005, Antoine Westermann en 2006, Olivier Roellinger en 2008, Sébastien Bras en 2017. 

Plus dramatique, le suicide du chef triplement étoilé Bernard Loiseau en 2003. En cause, parmi d'autres raisons, la pression exercée par la critique gastronomique.

Un autre chef, Benoît Violier, s'est lui aussi suicidé en 2016, 24 heures avant la sortie du Michelin qui lui maintenait pourtant ses "trois étoiles".
Fin 2019, le chef Marc Veyrat, qui avait saisi la justice pour savoir pourquoi le Guide avait privé l'un de ses restaurants de sa troisième étoile, a été débouté.
Sur environ 20 000 restaurants dans le monde listés dans le guide, seuls une centaine ont obtenu la distinction suprême des "trois étoiles".
En 2021, le guide a une nouvelle fois été critiqué pour avoir maintenu sa sélection en France malgré les fermetures des restaurants imposées par la Covid. Ses concurrents, eux, avait choisi d'annuler leur palmarès.   

Le guide rouge à l'international 
En 2005, le Michelin quitte l'Europe pour la première fois avec la parution du guide New York, suivi en 2007 par San Francisco, puis Las Vegas et Los Angeles.
Le premier guide en Asie concerne Tokyo en 2008, puis Michelin lance pour la Chine une édition Hong Kong et Macao. Shanghai, Singapour, Taïwan, Séoul et Bangkok ont désormais toutes leur guide.

Parce qu'il refusait des réservations du grand public, un restaurant réputé de sushi de Tokyo, Sukiyabashi Jiro, qui était noté trois étoiles, a été radié en 2019. 
Les restaurants du monde entier sélectionnés dans le guide sont depuis deux ans identifiables sur le site de Tripadvisor et peuvent être réservés sur LaFourchette, leader mondial de réservation de restaurants en ligne.

Équitable 
Autre tendance qui pourrait bien se retrouver dans le palmarès: des chefs et des restaurants dont les menus sont plus minimalistes et font la part belle au local: "Les chefs sont de plus en plus atteints par le local et la question de la traçabilité des produits. Tout ça se retrouve dans la simplification de l'offre culinaire et des menus", avance M. Poullennec.


Reste une question: le guide a-t-il pris en compte le contexte difficile dans lequel évolue la profession depuis le début de la crise sanitaire? 


"Notre préoccupation est d’être équitable vis-à-vis de la profession et d'être au rendez vous qualité pour la clientèle. Les critères restent les mêmes et la méthode aussi. Nous avons adapté notre planning (la sélection était initialement prévue en janvier, ndlr) mais nous sommes restés en totale conformité avec nos valeurs et notre méthode", affirme-t-il.


Qualité de la table et des produits, maîtrise des techniques, harmonie des goûts, personnalité du chef exprimée dans l'assiette et régularité dans le temps et tout au long d'un menu: les critères d'évaluation "sont les mêmes partout dans le monde et depuis toujours", insiste-t-il.


Une sélection qui a été faite avec le même sérieux que les éditions précédentes, les inspecteurs ayant pu réaliser autant de repas que les années précédentes, selon Gwendal Poullenec.


Si rien n'a filtré du côté des rétrogradations, ce dernier rappelle que "les étoiles se gagnent tous les ans". 


Aucun chef détenteur de trois étoiles n'avait été rétrogradé lors du millésime 2021, contrairement aux années 2019 et 2020 durant lesquels avaient été respectivement rétrogradés le chef Marc Veyrat et un restaurant Bocuse, créant l'émoi au sein de la profession.


"Il est important que nos recommandations restent pertinentes pour la clientèle", se défend-il.


Créé en 1900 par les frères André et Edouard Michelin, à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd'hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud et se décline en une trentaine d'éditions.


Début mars, il annonçait suspendre ses activités en Russie en raison de la guerre en Ukraine, un an après y avoir consacré une gastronomie inspirée des cuisines de l'ex-empire soviétique.


L'Arabie saoudite participe à la troisième édition de la parade internationale des chameaux à Paris

Les participants saoudiens au défilé de chameaux de Paris souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité. (Photo SPA)
Les participants saoudiens au défilé de chameaux de Paris souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité. (Photo SPA)
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  • L'événement de cette année célèbre la décision de l' Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture de faire de 2024 l'Année internationale des camélidés
  • Les représentants saoudiens souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité

RIYAD : L'Arabie saoudite participe à une parade spéciale de chameaux en France samedi, pour célébrer la désignation par l'ONU de 2024 comme Année internationale des camélidés.

L'événement à Paris a été organisé par la Fédération française pour le développement des camélidés en France et en Europe, sous l'égide de l'Organisation internationale du chameau, et est parrainé par le ministère saoudien de la Culture et le Club des chameaux du Royaume.

C'est la troisième année que l'événement a lieu.  L'événement a eu lieu pour la première fois en janvier 2019 et s'est répété en 2022. 

Les participants au défilé de chameaux, lamas, alpagas et autres membres de la famille des camélidés devraient comprendre plus de 50 représentants d'organisations liées aux chameaux provenant de plus de 30 pays, ainsi que des éleveurs de chameaux, des fonctionnaires, d'autres parties intéressées par ces animaux et des artistes de diverses branches des arts du spectacle.

Outre l'Arabie saoudite, les pays représentés sont les États-Unis, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman, Bahreïn, le Canada, l'Inde, le Maroc, la Tanzanie, le Pérou, l'Algérie, la République tchèque, le Pakistan, la Tunisie, l'Autriche, l'Espagne, le Burundi, le Sénégal, la République démocratique du Congo, la Mauritanie, la France, le Soudan, le Tchad, l'Angola, le Royaume-Uni et l'Ouganda.

Les représentants saoudiens souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité et « qui jouit toujours d'un grand prestige », a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Vendredi, la veille du défilé, des discussions publiques ont eu lieu au centre historique du château de Janvry sur l'héritage culturel associé aux chameaux dans le monde et sur les contributions spécifiques des pays participants à l'événement annuel à Paris.

Le défilé sera suivi d'une réception pour les invités, dont les représentants des pays participants, des organisations internationales, des universités, des centres de recherche et du secteur privé, a rapporté l'APS.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a proclamé 2024 Année internationale des camélidés afin d'honorer et de promouvoir ce secteur et de souligner le rôle important qu'il joue dans les efforts déployés pour assurer la sécurité alimentaire et la croissance économique dans de nombreux pays.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Eurovision: l'Arménie et son choix «surréaliste» du groupe Ladaniva, du nord de la France

Le musicien français Louis Thomas (à droite) et la chanteuse arméniennne Jaklin Baghdasaryan, membres du duo Ladaniva qui représentera l'Arménie à l'Eurovision 2024, posent lors d'une séance photo à Paris le 17 avril 2024. (Photo Joel Saget AFP)
Le musicien français Louis Thomas (à droite) et la chanteuse arméniennne Jaklin Baghdasaryan, membres du duo Ladaniva qui représentera l'Arménie à l'Eurovision 2024, posent lors d'une séance photo à Paris le 17 avril 2024. (Photo Joel Saget AFP)
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  • Jaklin Baghdasaryan, 26 ans, est arrivée à l'âge de 20 ans dans le nord de la France, «à la recherche de liberté et d'une vie meilleure, sans parler un mot de français», raconte-t-elle
  • En 2019, elle enregistre avec Louis Thomas une reprise d'une «vieille chanson arménienne» et la mettent en ligne sur YouTube «à l'arrache, sans préméditation»

PARIS  : Quelques années après un premier succès aussi foudroyant qu'inattendu, porté par la diaspora arménienne, Ladaniva va représenter l'Arménie à l'Eurovision en mai. Pour le duo de Lille, dans le nord de la France, participer n'avait pourtant rien d'une évidence.

Né à Lille en 2019, le groupe est composé de la chanteuse Jaklin Baghdasaryan, Arménienne de naissance mais élevée en Biélorussie, et de Louis Thomas, multi-instrumentiste lillois. Ils étaient loin de s'imaginer qu'ils se trouveraient un jour à porter les couleurs de l'Arménie.

Jaklin Baghdasaryan, 26 ans, est arrivée à l'âge de 20 ans dans le nord de la France, «à la recherche de liberté et d'une vie meilleure, sans parler un mot de français», raconte-t-elle lors d'un entretien avec l'AFP.

«Je ne parle même pas si bien arménien que ça !», ajoute la chanteuse.

Pendant une séance d'improvisation, elle fait la connaissance de Louis Thomas, qui est touché par sa voix. Suivent des voyages, notamment à la Réunion (île française de l'océan Indien) ou en Amérique du sud, sur la trace des «musiques du monde» (chant traditionnel arménien, maloya, reggae...) qui fusionnent dans leur répertoire.

En 2019, ils enregistrent une reprise d'une «vieille chanson arménienne» et la mettent en ligne sur YouTube «à l'arrache, sans préméditation».

Grâce au bouche-à-oreille, le nombre de vues décolle. Les diasporas arméniennes de tous les pays se donnent rendez-vous dans la section des commentaires pour les encourager.

«Alors, on a un peu bidouillé. J'ai écrit mon premier texte, on a mis une composition en ligne», se souvient Jaklin Baghdasaryan.

Rapidement, le clip cumule des millions de visionnages, passe à la télévision arménienne, se retrouve décliné à toutes les sauces sur TikTok en France, en Russie, en Arménie.

«C'était totalement surréaliste», souffle Louis Thomas, 36 ans. «Dès la fin du confinement, on s'est retrouvés signés sur un label (le label indépendant PIAS, NDLR), à jouer aux Trans Musicales (à Rennes, ouest) et au Printemps de Bourges» (centre), deux importants festivals en France.

- «Chevaux noirs» -

En 2022, l'opérateur national arménien de télévision AMPTV leur propose de représenter le pays à l'Eurovision.

«Je regardais l'Eurovision quand j'étais petite avec ma mère», se rappelle Jalkin Baghdasaryan. «Pour ma famille, c'est la réussite de ma vie».

Mais la proposition fait long feu: «on n'arrivait pas à se mettre d'accord au sujet de la chanson. On était d'accord pour que ce soit plus pop que d'habitude mais on voulait que ça reste notre morceau», rembobine-t-elle.

Il faudra s'y reprendre à trois fois pour que l'idée aboutisse, en 2024. Il est vrai que le répertoire du groupe tombe assez loin de l'esthétique du concours organisé cette année en Suède.

«En ligne, beaucoup de gens nous appellent +les chevaux noirs+ (les outsiders, NDLR) de la compétition», s'esclaffe la chanteuse, alors que le duo est classé 17e par les bookmakers, selon le site eurovisionworld.com, derrière le favori suisse Nemo et le Français Slimane (6e).

Fidèle à la spontanéité et à la joie de vivre de leurs débuts, Ladaniva aborde sereinement le concours.

«C'est un peu stressant mais, sur le moment, tu n'y penses pas, remarque Jaklin Baghdasaryan. Tu es comme un taureau dans l'arène, tu fonces». «On y va sans prise de tête, pour partager un bon moment», assure Louis Thomas, davantage emballé par leur projet d'album de reprises de chansons traditionnelles «plutôt dépouillé, minimaliste», loin des paillettes de la compétition.

«Les Arméniens adorent l'Eurovision», poursuit Jalkin Baghdasaryan. «Quand ils viennent nous encourager à la fin des concerts, on sent qu'ils ont plus envie que nous qu'on gagne !»

Dans une compétition traditionnellement chargée d'un poids politique - comme en témoignent les polémiques sur la participation de la Russie après l'invasion de l'Ukraine en 2022 ou d'Israël, en guerre contre le Hamas à Gaza, en 2024 - et alors que l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont opposés dans un conflit territorial au Haut-Karabakh, ils refusent toutefois de se voir comme des «représentants».

«Être là, chanter dans ma langue natale, c'est déjà une façon de prendre la parole», dit Jalkin Baghdasaryan. Quant à Louis Thomas, il décrit le moment comme «surréaliste» mais aussi «un honneur».

 


Des auteurs se retirent des prix littéraires PEN America pour protester contre la position de l’organisation sur Gaza

Dans une lettre ouverte adressée au conseil d'administration cette semaine, les écrivains ont demandé la démission de la directrice générale de l'organisation, Suzanne Nossel, de sa présidente, Jennifer Finney Boylan, ainsi que de l'ensemble du comité exécutif. (PEN America)
Dans une lettre ouverte adressée au conseil d'administration cette semaine, les écrivains ont demandé la démission de la directrice générale de l'organisation, Suzanne Nossel, de sa présidente, Jennifer Finney Boylan, ainsi que de l'ensemble du comité exécutif. (PEN America)
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  • Une trentaine d’écrivains ont signé une lettre ouverte qui critique l'organisation en raison de son «échec à dénoncer le génocide du peuple palestinien»
  • Ils appellent la directrice générale, Suzanne Nossel, la présidente, Jennifer Finney Boylan, et l'ensemble du comité exécutif à démissionner

DUBAÏ: Trente auteurs et traducteurs ont signé une lettre ouverte à PEN America dans laquelle ils ont décliné l’invitation ou retiré leurs œuvres de la course aux prix littéraires 2024 de l'organisation en signe de protestation contre son «échec à dénoncer le génocide du peuple palestinien et à défendre nos confrères écrivains à Gaza». 

Dans cette missive adressée au conseil d'administration cette semaine, les signataires «rejettent fermement PEN America pour son incapacité à dénoncer le génocide à Gaza» et réclament la démission de la directrice générale de l'organisation, Suzanne Nossel, de sa présidente, Jennifer Finney Boylan, et de l'ensemble du comité exécutif. 

Parmi les signataires figurent la cofondatrice du festival PEN World Voices, Esther Allen, ainsi que Joseph Earl Thomas, Kelly X. Hui, Nick Mandernach, Alejandro Varela, Maya Binyam et Julia Sanches. 

Allen a annoncé au cours de ce mois avoir décliné le prix PEN/Ralph Manheim de traduction. Dans un message publié sur X le 5 avril, elle a expliqué l’avoir fait en solidarité avec plus de 1 300 écrivains qui avaient critiqué PEN America pour son silence «sur le meurtre génocidaire des Palestiniens» et «en célébration, en mémoire et en deuil de tous les Palestiniens à jamais réduits au silence par les forces israéliennes soutenues par les États-Unis». 

De même, Binyam a récemment retiré son premier roman, Le Bourreau, de la course aux prix PEN/Jean Stein et PEN/Hemingway. 

Dans un courriel adressé à PEN America dont elle a publié une copie sur X le 11 avril, elle a expliqué qu'elle considérait comme «honteux que cette reconnaissance [de son travail] puisse exister sous la bannière de PEN America, dont la direction a été ferme dans son rejet du génocide en cours et de la lutte historique pour la libération de la Palestine». 

Dans leur lettre ouverte cette semaine, les signataires ont affirmé: «Les écrivains ont la responsabilité d’assumer leur rôle de gardiens attentifs de l'histoire pour mieux servir nos communautés». 

Ils ont ajouté qu'ils étaient «solidaires d'une Palestine libre» et qu’ils refusaient d'être «honorés par une organisation qui agit comme une façade culturelle pour l'impérialisme américain» ou «de participer à des célébrations qui serviront à occulter la complicité de PEN dans la normalisation du génocide». 

En réponse, PEN America a déclaré: «Les mots ont de l'importance et cette lettre mérite une attention particulière pour son langage et ses affirmations alarmantes.» 

«La guerre actuelle à Gaza est horrible. Mais nous ne pouvons pas accepter que la réponse à ses dilemmes déchirants et à ses conséquences réside dans la fermeture du dialogue et la suppression des points de vue.» 

«Nous respectons tous les écrivains pour avoir agi en leur âme et conscience et nous continuerons à défendre leur liberté d'expression.» 

Les prix seront remis lors d'une cérémonie qui se tiendra le 29 avril à Manhattan. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com