Birmanie: Washington qualifie de «génocide» les violences contre les Rohingyas

Des réfugiés rohingyas secourus par la marine indonésienne dans les eaux au large de Bireuen, à leur arrivée au port de Krueng Geukueh à Lhokseumawe, sur la côte nord de la province d'Aceh, le 31 décembre 2021. (AFP)
Des réfugiés rohingyas secourus par la marine indonésienne dans les eaux au large de Bireuen, à leur arrivée au port de Krueng Geukueh à Lhokseumawe, sur la côte nord de la province d'Aceh, le 31 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

Birmanie: Washington qualifie de «génocide» les violences contre les Rohingyas

  • Le chef de la diplomatie américaine n'a pas accompagné cette reconnaissance de nouvelles sanctions contre la Birmanie
  • «Les violences brutales déclenchées par l'armée depuis février 2021 ont montré que personne en Birmanie n'est à l'abri d'atrocités tant que (la junte militaire) est au pouvoir», a déclaré le secrétaire d'Etat

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont pour la première fois lundi déclaré officiellement que des Rohingyas avaient été victime d'un "génocide" perpétré par l'armée birmane, disant détenir des preuves d'une volonté de "détruire" cette minorité musulmane en 2016 et 2017.

"J'ai établi que des membres de l'armée birmane ont commis un génocide et des crimes contre l'humanité contre les Rohingyas en 2016 et 2017", a déclaré à Washington le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Une procédure est en cours devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction des Nations unies, pour déterminer si le pouvoir birman s'est rendu coupable d'un tel crime.

Une série de preuves issues "de sources indépendantes et impartiales", notamment d'ONG, "en plus de notre propre recherche" montrent que "les intentions de l'armée allaient au-delà du nettoyage ethnique, jusqu'à une véritable destruction" de cette minorité, a estimé M. Blinken.

Il a notamment cité un rapport de la diplomatie américaine focalisé sur deux périodes débutant en octobre 2016 et en août 2017. En septembre 2017, par exemple, les soldats birmans "rasaient des villages, tuaient, torturaient, violaient hommes, femmes et enfants", a-t-il énuméré.

Il a estimé que les attaques de 2016 "ont forcé environ 100.000" membres de cette minorité musulmane à fuir la Birmanie pour le Bangladesh, et que celles de 2017 "ont tué plus de 9.000 Rohingyas et forcé plus de 740.000 d'entre eux à trouver refuge" dans ce pays voisin.

"Les attaques contre les Rohingyas étaient généralisées et systématiques, ce qui est essentiel pour qualifier des crimes contre l'humanité," a expliqué M. Blinken.

Le secrétaire d'Etat s'exprimait lors d'une visite au musée de l'Holocauste à Washington, qui présente une exposition intitulée "Burma's Path to Genocide" (le chemin de la Birmanie vers le génocide).

- Pas de nouvelles sanctions -

Le chef de la diplomatie américaine n'a pas accompagné cette reconnaissance de nouvelles sanctions contre la Birmanie.

Les Etats-Unis ont déjà imposé une série de sanctions aux dirigeants birmans et, à l'instar d'autres pays occidentaux, restreignent depuis longtemps leurs exportations d'armes à direction des militaires birmans.

Le dossier ouvert contre la Birmanie devant la CIJ à la suite d'une requête de la Gambie en 2019 a été compliqué par le putsch qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi et son gouvernement, déclenchant des manifestations de masse et une répression sanglante.

Antony Blinken a assuré lundi soutenir les efforts internationaux à ce sujet, et notamment la procédure devant la CIJ.

"Les violences brutales déclenchées par l'armée depuis février 2021 ont montré que personne en Birmanie n'est à l'abri d'atrocités tant que (la junte militaire) est au pouvoir", a déclaré le secrétaire d'Etat, citant notamment la responsabilité du chef de la junte, Min Aung Hlaing.

- "Une lumière" -

Cette reconnaissance "aurait dû être faite depuis longtemps, toutefois je pense que la décision américaine va aider le processus devant la CIJ pour les Rohingyas", a estimé un réfugié dans l'un des camps où vivent les personnes déplacées par la crise, près de Sittwe, capitale de l'Etat Rakhine.

Environ 850.000 Rohingyas se trouvent dans des camps au Bangladesh et 600.000 autres sont demeurés dans l'Etat Rakhine en Birmanie.

Thin Thin Hlaing, une militante pour les droits des Rohingyas, a également salué la décision américaine. "J'ai le sentiment de vivre dans un blackout, mais à présent nous voyons une lumière parce qu'ils reconnaissent notre souffrance", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"Des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité sont commis chaque jour, impunément, par la junte militaire", a déclaré de son côté Tom Andrews, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains en Birmanie, devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève.

Il a accusé les Nations unies de ne pas assez agir pour aider les Rohingyas, au regard du soutien massif de nombreux pays du monde pour l'Ukraine face à l'invasion russe.

"Le peuple birman ne voit que l'expression sans fin d'inquiétudes émanant de la communauté internationale, de vagues déclarations appelant à faire quelque chose, et l'attente pénible et interminable d'un consensus pour agir", a-t-il regretté.

L'ONG Human Right Watch (HRW) a, elle, appelé les Etats-Unis à faire passer une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU et à un embargo sur les armes au niveau des Nations unies.

HRW appelle également à de nouvelles sanctions contre les importations d'hydrocarbures, de bois ou de minerais, estimant que le régime utilise ces revenus notamment pour "d'importants achats d'armes et d'appareils d'attaque à la Russie, à la Chine et à d'autres pays".


 

Les Rohingyas, damnés de la Birmanie

Avant la campagne sanglante de 2017, environ un million de Rohingyas vivaient, depuis des générations pour la plupart, en Birmanie. Qui sont-ils? Quand sont-ils arrivés? Quel est leur avenir depuis le coup d'Etat militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi l'année dernière? Autant de questions qui soulèvent leur lot de controverses.

Historiens divisés 
La question de leur arrivée en État Rakhine, dans l'Ouest de la Birmanie, divise les historiens.

Certains font remonter leur présence à plusieurs siècles, d'autres à l'arrivée de paysans venus du Bangladesh au XIXe siècle.

Cette dernière opinion prévaut chez les Birmans qui considèrent ces musulmans sunnites comme des immigrés illégaux.

Les tensions entre Birmans et Rohingyas se sont accrues avec la domination des Britanniques sur le pays d'Asie du Sud-Est. 

Le Royaume-Uni a en effet favorisé les musulmans au détriment des autres ethnies, cherchant ainsi à diviser pour mieux régner.

"Utilisés comme des supplétifs des Britanniques, ils ont été considérés comme des traîtres par les Birmans", explique à l'AFP Sophie Boisseau du Rocher de l'Institut français des relations internationales.

Durant la Deuxième guerre mondiale, Londres les a aussi incités à se battre contre les bouddhistes nationalistes birmans alliés aux Japonais.

La Constitution birmane de 1947 leur reconnaît tout de même un statut légal et le droit de vote.

Mais l'instauration en 1962 de la dictature militaire en Birmanie tend un peu plus la situation pour les minorités ethniques, très nombreuses dans le pays et dont les droits sont niés par le pouvoir central.
Des campagnes de répression, en 1978 puis en 1991-92, poussent quelque 250 000 Rohingyas à se réfugier au Bangladesh. Certains rentrent ensuite en Birmanie, expulsés de force par Dacca.

Discrimination 
Entre ces deux vagues, la loi birmane sur la nationalité de 1982 laisse les Rohingyas apatrides. 

Estimant qu'ils ne peuvent fournir la preuve de leur présence sur le territoire avant la première guerre anglo-birmane de 1824 à 1826, la nationalité birmane leur est retirée.

Depuis, la discrimination a lieu à plusieurs niveaux: les Rohingyas n'ont pas pu voter aux dernières élections, ils n’ont pas accès à l’éducation, sont privés de nombreux soins médicaux, sont restreints dans leurs déplacements et leur accès à l'emploi.

L'auto-dissolution de la junte en 2011 marque une nouvelle phase avec une montée du bouddhisme extrémiste, portée notamment par un groupe de moines ultra-nationalistes. 

En 2012, ces tensions aboutissent à de violents affrontements intercommunautaires.

Plus de 120 000 Rohingyas fuient au cours des cinq années suivantes vers le Bangladesh ou l'Asie du Sud-Est. Des milliers seraient morts en mer en tentant la traversée du golfe du Bengale vers la Malaisie. 

A la fin de l'été 2017, la situation s'aggrave encore lorsque des rebelles rohingyas attaquent des postes de police. 

L’armée riposte par des raids sur des villages de la minorité. L'ONU évoque au moins 1 000 morts en deux semaines.

Quelque 740 000 Rohingyas fuient ces nouvelles exactions et rejoignent les camps déjà surpeuplés du Bangladesh.


Retour impossible 
Tout accord sur un retour des Rohingyas en Birmanie est resté depuis lettre morte.
Aung San Suu Kyi, au pouvoir en 2017, n'a jamais condamné les généraux birmans. Pire, elle a défendu en personne son pays devant la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, niant toute intention génocidaire. Une posture qui ne l'a pas empêchée d'être renversée par l'armée le 1er février 2021.  

Les militaires mènent depuis une répression sanglante contre leurs opposants, dont plusieurs factions ethniques qui ont repris les armes.

Dans ce contexte, il semble "très peu probable" que la junte  - qui nie toute compétence de la CIJ dans le drame des Rohingyas - tente de faciliter leur retour, souligne Sophie Boisseau du Rocher.

Davantage de sanctions 
Si un génocide est juridiquement désigné contre la Birmanie, le pays pourrait subir des sanctions supplémentaires et de restrictions visant l'aide internationale, entre autres sanctions contre la junte militaire, a avancé le quotidien The New York Times.


Les Etats-Unis ont imposé une série de sanctions aux dirigeants birmans et, à l'instar d'autres pays occidentaux, restreignent depuis longtemps leurs exportations d'armes pour les militaires birmans, lesquels ont été accusés avant même le coup d'Etat militaire du 1er février 2021 de crimes contre l'humanité pour leurs exactions envers les Rohingyas.


Le dossier ouvert contre la Birmanie devant la CIJ par la Gambie en 2019 a été compliqué par le putsch qui a renversé Aung San Suu Kyi et son gouvernement civil, déclenchant des manifestations de masse et une répression sanglante.


La lauréate du prix Nobel de la paix, qui a été critiquée par des groupes de défense des droits de l'homme pour son implication dans la répression des Rohingyas, est à présent assignée à résidence et jugée par les mêmes généraux qu'elle a défendus auprès de La Haye.


Le 15 mars, un rapport du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme portant sur la période ayant suivi le putsch a accusé l'armée birmane de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre depuis le coup d'Etat et appelé la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures.


L'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, rouvre en Iran

Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
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  • Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
  • « Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

GENEVE : L'ambassade suisse à Téhéran pourra de nouveau représenter directement les intérêts américains en Iran, a annoncé la Suisse, qui a appelé les parties à « reprendre le chemin de la diplomatie ».

Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.

L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano est revenue samedi dans la capitale iranienne par voie terrestre, en passant par l'Azerbaïdjan, accompagnée d'une petite équipe.

« Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

En l'absence de relations diplomatiques ou consulaires entre les États-Unis et l'Iran, la Suisse représente officiellement les intérêts américains dans ce pays depuis 1980, par l'intermédiaire de son ambassade à Téhéran.

« Il est essentiel que toutes les parties reprennent sans délai le chemin de la diplomatie. À cet effet, la Suisse met à disposition ses bons offices et Genève peut accueillir des négociations », souligne le ministère suisse des Affaires étrangères.

Téhéran et Washington ont déjà mené cinq cycles de négociations sur le programme nucléaire iranien depuis le 12 avril. Un sixième cycle, initialement prévu le 15 juin sous la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé après le déclenchement d'une guerre provoquée par une attaque israélienne contre l'Iran, deux jours plus tôt. 

Israël a affirmé vouloir empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et a mené des frappes contre des sites nucléaires iraniens, tuant plusieurs hauts gradés de l'armée ainsi que des scientifiques du programme. Dans la nuit du 21 au 22 juin, le président américain Donald Trump a ordonné des frappes aériennes visant trois installations nucléaires situées dans le centre de l'Iran.

Téhéran, qui nie vouloir se doter de l'arme atomique, a mené des frappes de représailles contre Israël avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le 24 juin.


Le Dalaï Lama célèbre son 90e anniversaire en prononçant une prière pour la paix

Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
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  • Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations.
  • Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

MC LEOD GANJ, INDE : Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations dans les contreforts de l'Himalaya indien, où il vit en exil.

« Je ne suis qu'un simple moine bouddhiste. D'habitude, je ne participe pas aux célébrations d'anniversaire », a-t-il déclaré dans un message, alors qu'il avait fait part la veille de son rêve de vivre « encore 30 ou 40 ans ».

Drapé dans sa robe bordeaux et son écharpe jaune, le chef spirituel des Tibétains a adressé un sourire espiègle à des milliers de fidèles avant le début des prières.

Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

Au fil des célébrations qui se sont étalées sur toute la semaine, Tenzin Gyatso (son nom d'état civil) n'a pas pu éviter d'aborder le sujet épineux de l'après, alors que la Chine entend bien choisir un successeur à sa place.

Extrêmement attendu sur la question, il a affirmé mercredi que l'institution serait « perpétuée », déclenchant aussitôt une réaction ferme de Pékin, qui a affirmé que tout nom devait être « approuvé par le gouvernement central ».

De son côté, l'actuel Dalaï Lama a assuré que celui qui prendrait sa suite serait « forcément né dans le monde libre ».

Il a également affirmé que la responsabilité de désigner un successeur « reposerait exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama ». « Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question. »

« Le voir fêter ses 90 ans aujourd'hui me comble de bonheur, mais m'emplit aussi d'une profonde tristesse », a confié Dorje Dolma, 27 ans, qui a fui le Tibet pour l'Inde. « Sa Sainteté a toujours été comme une figure paternelle pour moi. Sa bonne santé me réjouit, mais parfois, son âge m'inquiète. » 

« Symbole durable d'amour » 

Né le 6 juillet 1935, il est devenu, dès l'âge de deux ans, le 14^e chef spirituel et politique des Tibétains, identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et incarne désormais dans le monde entier le combat pour la liberté du Tibet.

Ce vaste territoire himalayen, d'une taille comparable à celle de l'Afrique du Sud, a été envahi en 1950 par les troupes chinoises, qui en ont fait une province de la République populaire de Chine. Tenzin Gyatso n'y a jamais remis les pieds depuis son exil en Inde.

Le chef spirituel a reçu dimanche les vœux du Premier ministre du pays qui l'accueille.

« Je me joins aux 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama pour ses 90 ans », a déclaré dans un communiqué Narendra Modi. 

« Il est un symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline morale », a-t-il ajouté, lui souhaitant une « bonne santé et une longue vie ».

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que Washington était « engagé dans la promotion du respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains ».

D'autres personnalités, comme les anciens présidents des États-Unis Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush, ou l'acteur Richard Gere, qui soutient sa cause depuis longtemps, ont salué l'œuvre du dalaï-lama.

L'anniversaire de ce dernier marque la fin d'une semaine entière de célébrations en l'honneur de l'un des dirigeants religieux les plus populaires au monde, apprécié pour son humour et ses enseignements.

« Bien qu'il soit important de travailler au développement matériel, il est vital de se concentrer sur la paix de l'esprit en cultivant un bon cœur et en faisant preuve de compassion, pas seulement envers ses proches, mais envers tout le monde », a-t-il fait valoir dimanche.

« Ainsi, vous contribuerez à rendre le monde meilleur. »

La fête s'est terminée par la traditionnelle dégustation du gâteau, dont Tenzin Gyatso a mangé une part sous les chants : « Joyeux anniversaire ».


Les migrants, un sujet épineux au menu du sommet franco-britannique

 Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
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  • La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.
  • Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente.

LONDRES : Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche, un record qui accentue la pression sur le Premier ministre britannique, Keir Starmer, à la veille du sommet franco-britannique au cours duquel des mesures visant à enrayer ces arrivées devraient être annoncées.

La page des tensions post-Brexit est tournée et les relations entre Paris et Londres se sont considérablement réchauffées. Mais un sujet reste sensible : les migrants qui arrivent en Angleterre à bord de petites embarcations depuis le nord de la France.

Les images de canots surchargés quittant les plages françaises sont régulièrement diffusées dans les médias.

La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.

Le travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Le chef du gouvernement est sous la pression du parti d'extrême droite Reform UK de Nigel Farage, qui progresse dans les sondages.

« Les chiffres ne vont pas dans la bonne direction », souligne Peter Walsh, de l'Observatoire de la migration de l'université d'Oxford. 

Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente. Le record de 2022, avec 45 774 arrivées de migrants, pourrait bien être battu. 

Éviter les noyades 

Une loi sur le contrôle des frontières est actuellement en cours d'examen au Parlement britannique. Elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l'ordre pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Keir Starmer a besoin de la France, et cette question devrait être abordée lors du sommet franco-britannique de jeudi.

En février, les deux pays ont prolongé d'un an, jusqu'en 2027, le traité de Sandhurst, le cadre légal régissant les questions migratoires.

Sous la pression de Londres, Paris envisage de modifier la « doctrine » d'intervention des policiers et des gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxis-boats jusqu'à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent en effet des migrants directement en mer pour éviter les contrôles sur les plages.

Selon le droit international de la mer, une fois qu'une embarcation est à l'eau, les autorités ne peuvent plus que procéder à des opérations de sauvetage. Elles n'interviennent pas pour intercepter les migrants afin d'éviter les noyades. 

La BBC a toutefois montré, vendredi, des forces de l'ordre françaises intervenant dans l'eau, non loin de la plage, et crevant un canot pneumatique chargé de migrants.

Downing Street a estimé qu'il s'agissait d'un « moment important » et s'est félicité de ces « nouvelles tactiques ».

Paris et Londres travaillent également sur un programme d'échange de migrants. Il s'agit d'un projet « pilote », selon plusieurs sources, une expérimentation qui reposerait sur le « principe un pour un ».

Le Royaume-Uni prendrait certains migrants, des « populations fragiles » selon une source française, et en échange, renverrait en France des personnes arrivées en bateau. Paris souhaiterait élargir cet accord à l'Union européenne afin que les réadmissions soient partagées entre plusieurs pays. 

L'effet Brexit 

Pourquoi le Royaume-Uni attire-t-il autant de migrants ?

Plusieurs responsables français, dont l'actuel garde des Sceaux et ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ont affirmé que les possibilités d'y travailler illégalement rendaient le pays particulièrement attractif.

Le gouvernement travailliste met l'accent sur la lutte contre le travail clandestin. Il affirme que les arrestations ont augmenté de 51 % de juillet 2024 à fin mai par rapport à l'année précédente.

Le chercheur Peter Walsh est toutefois sceptique quant à l'idée qu'il serait plus facile de travailler au noir au Royaume-Uni qu'en France. « Dans les deux pays, il faut prouver son droit à travailler », souligne-t-il.

« Les employeurs peu scrupuleux qui ne font pas ces vérifications risquent de sérieuses sanctions, comme en France. »

Selon lui, c'est surtout la langue et le regroupement familial qui attirent les migrants au Royaume-Uni. Il évoque également le Brexit : « Si un pays de l'UE vous a refusé l'asile, vous pouvez tenter votre chance au Royaume-Uni, qui ne sera pas informé de ce refus. »

Rishan Tsegay, une Erythréenne de 26 ans, est arrivée en Angleterre en 2015, cachée dans un camion. L'an dernier, elle est devenue citoyenne britannique et travaille comme infirmière.

Elle appelle Keir Starmer et Emmanuel Macron à offrir davantage de visas aux migrants fuyant des pays en guerre. « Ces gens viennent ici pour être en sécurité », raconte-t-elle à l'AFP. « On ne dit jamais que les réfugiés contribuent à la société, alors que certains jouent un rôle important. »

Selon le Home Office, les migrants ayant traversé la Manche entre mars 2024 et mars 2025 étaient principalement Afghans, Syriens, Érythréens, Iraniens et Soudanais.