Au procès de Kevin Guiavarch, le cauchemar des femmes du djihadiste

Ce croquis d'audience réalisé le 14 mars 2022 montre Kevin Guiavarch (D), un djihadiste français parti combattre en Syrie, et ses quatre épouses, lors de son procès au palais de justice de Paris. (AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 14 mars 2022 montre Kevin Guiavarch (D), un djihadiste français parti combattre en Syrie, et ses quatre épouses, lors de son procès au palais de justice de Paris. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Au procès de Kevin Guiavarch, le cauchemar des femmes du djihadiste

  • Comme Kevin Guiavarch, Salma O. et Parveen L. sont jugées pour «association de malfaiteurs terroriste». Elles encourent 20 ans de réclusion
  • «Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu. Je suis fière d'être sortie de cette secte», affirme Salma O., 40 ans, en parlant de l'Etat islamique

PARIS: L'une a fait le voyage avec lui en Syrie au début 2013, l'autre l'a rejoint sur zone en novembre... Première et deuxième épouse du djihadiste français Kevin Guiavarch, Salma O. et Parveen L., ont raconté mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris leur parcours mouvementé, égarées au coeur de l'Etat islamique.


"Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu. Je suis fière d'être sortie de cette secte", affirme Salma O., 40 ans, en parlant de l'Etat islamique.


Toujours légalement mariée avec Kevin Guiavarch, de douze ans son cadet, Salma O. a eu deux enfants avec lui nés lors de leur séjour en Syrie entre 2013 et 2016.


Parveen L., 27 ans, en avait à peine 19 quand elle a rejoint la Syrie, accompagnée de son fils âgé d'un an et demi, pour y épouser Kevin Guiavarch. Quand elle évoque ce départ, son enthousiasme d'alors puis, assez vite, sa désillusion, la voix de la jeune femme s'étrangle. "C'est pas ce que je voulais, c'est pas ce que j'imaginais", dit-elle.


Salma O., la tête recouverte d'un foulard bleu cobalt, les bras et les avant-bras recouverts de manches longues, ne cache pas qu'elle fut "radicale" notamment au sein du groupuscule djihadiste Forsane Alizza, dissous après les attentats de Mohamed Merah. Avec Kevin Guiavarch, qu'elle épouse en avril 2012, elle rejoint la Syrie en janvier 2013 après un passage par la Tunisie.


Le couple compte parmi les tout premiers Français à rejoindre cette zone de guerre. "S'il avait fallu combattre les armes à la main, je l'aurais fait", reconnait Salma O. qui se rappelle avoir eu de "la fascination pour Oussama ben Laden". Elle est enceinte quand elle arrive en Syrie. Elle fera une fausse couche au cinquième mois de sa grossesse.


L'avocate générale lui demande quel était "son projet" en allant en Syrie, une zone de guerre, enceinte. Salma O. fond en larmes. "J'ai souffert du fils que j'ai perdu mais cela ne me fait pas sortir de cette idéologie".


"Sortir de ce truc là, c'est un cheminement", explique-t-elle. Sur des photos postées sur son compte Facebook, on la voit en niqab avec une kalachnikov ou avec une ceinture explosive.

«Tuer des mécréants»
"S'il avait fallu tuer des mécréants, je l'aurais fait", admet-elle.


Il faudra attendre l'automne 2014 pour que Salma O. ouvre enfin les yeux sur les crimes de l'Etat islamique. "On n'avait plus notre place là-bas", dit-elle. "J'ai eu des enfants et tout a changé". Elle refuse de les placer dans une école coranique, commence à songer à une défection.


Mais d'autres épouses sont arrivées notamment, en novembre 2013, Parveen L.


Cheveux bouclés, jeans serré, pull près du corps, la jeune femme rêvait de faire sa "hijra" en pays musulman.


C'est Salma O. qui l'a présentée à son mari. Parveen voit en Kevin Guiavarch "un héros" venu combattre Bachar al-Assad, "l'oppresseur du peuple syrien". Elle aura un enfant, "non désiré", précise-t-elle, avec Guiavarch en janvier 2015.


"J'ai jamais pensé que j'allais rejoindre un groupe terroriste", dit-elle, la voix brisée. "J'aurais pas dû me mettre dans cette situation, surtout pour mes fils", raconte la jeune femme qui dit son horreur des armes et de la violence.


Victime de crises d'épilepsie, elle est répudiée par Guiavarch qui estime qu'elle est "possédée" par des "djinns", des démons.


Après quelques mois dans une "maqqar", une maison pour femmes qui s'apparente à une prison, elle est reprise par Guiavarch qui se marie de nouveau avec elle après avoir épousé une troisième, puis une quatrième épouse.


Parveen L. se souvient de scènes d'exactions (un homme crucifié, un autre dans une cage au soleil...). Mais "c'est compliqué de remettre en question quelque chose dans laquelle on a beaucoup cru", dit-elle. La jeune femme ressent de la culpabilité, exprime ses regrets, s'excuse du mal qu'elle a causé.


"Ce que j'ai fait est très grave", insiste-t-elle. La jeune femme qui a repris ses études et retrouvé ses enfants explique vouloir "reprendre une vie normale et retrouver le bonheur".


Comme Kevin Guiavarch, Salma O. et Parveen L. sont jugées pour "association de malfaiteurs terroriste". Elles encourent 20 ans de réclusion.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».