«Nous sommes opposés à toute violence contre un pays souverain», affirme le ministre mexicain des AE

Marcelo Ebrard, ministre mexicain des Affaires étrangères (Photo, AN).
Marcelo Ebrard, ministre mexicain des Affaires étrangères (Photo, AN).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

«Nous sommes opposés à toute violence contre un pays souverain», affirme le ministre mexicain des AE

  • Dans le contexte de l'invasion russe, Ebrard a mis en doute l'efficacité des sanctions économiques comme panacée
  • «La solution politique est la seule valable, car l'autre solution, la violence, ne fera que générer d'énormes souffrances pour le peuple», affirme-t-il

RIYAD: Le Mexique s'oppose à toute forme de violence contre un pays souverain, que ce soit l'invasion de l'Ukraine ou les attaques de missiles visant l'Arabie saoudite, a déclaré le chef de la diplomatie mexicaine.

Marcelo Ebrard, ministre mexicain des Affaires étrangères, a fait valoir avec force ce point lors d'une interview exclusive avec Arab News à Riyad après son arrivée mercredi, lors de la première étape d'une tournée dans quatre pays qui le conduira également au Qatar, aux EAU et en Inde.

Cette visite a lieu alors que l'Arabie saoudite et le Mexique se préparent à marquer le 70e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Les deux pays sont d'importants producteurs d'énergie, sachant que leurs relations sont loin de se limiter aux hydrocarbures. Tous deux diversifient leur économie, investissent dans l'économie du savoir et élaborent des programmes d'action pour le climat.

Au début de l'interview, Ebrard a précisé la position du Mexique concernant le conflit russo-ukrainien. «Nous condamnons cette invasion, car il s'agit de l’invasion d’un pays contre un autre pays», a-t-il déclaré.

«Le Mexique a subi, comme vous le savez probablement, quatre invasions au cours de son histoire. Ainsi, nous comprenons clairement de quoi nous parlons lorsqu'un pays en envahit un autre. Nous condamnons ce moyen de résoudre les différends politiques.»

Cependant, dans le contexte de l'invasion russe, Ebrard a mis en doute l'efficacité des sanctions économiques comme panacée.

«Nous avons une position très ferme contre les sanctions, car généralement cela ne fonctionne pas, comme dans le cas de Cuba», a-t-il précisé, faisant référence à l'embargo commercial américain, considéré comme le régime de sanctions le plus long de l'histoire moderne.

«Ils maintiennent un blocus depuis soixante ans maintenant. Cela ne fonctionne pas. Seul le peuple en souffre. En ce qui concerne la politique étrangère mexicaine, nous sommes contre les sanctions. Pas seulement dans le cas de Cuba, mais partout ailleurs.»

Commentant les échanges de cette semaine entre le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, sur la situation en Ukraine, ainsi que les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise, Ebrard a déclaré que toute médiation valait la peine d'être tentée.

Après des appels avec les dirigeants ukrainien et russe le 3 mars, le prince héritier Mohammed ben Salmane avait déclaré que l'Arabie saoudite était prête à déployer tous les efforts de médiation entre les parties belligérantes.

«Si l'Arabie saoudite peut parvenir à une sorte d'accord, nous serons très heureux», a affirmé Ebrard. «La solution politique est la seule valable, car l'autre solution, la violence, ne fera que générer d'énormes souffrances pour le peuple.»

À une époque de pénuries énergétiques mondiales et de tensions géopolitiques croissantes, les installations pétrolières saoudiennes ainsi que les agglomérations sont la cible de la milice houthie du Yémen. Comment le Mexique voit-il la situation?

«Nous sommes contre tout usage de la violence, comme je l'ai mentionné. C'est la même chose avec ce genre d'attaques contre l'Arabie saoudite», a-t-il indiqué.

«Par conséquent, nous devons soutenir l'Arabie saoudite et ses arguments en faveur du respect de son intégrité et de la sécurité de son peuple. Nous condamnons ces violences contre ce pays.»

Quant aux attaques terroristes des Houthis contre des zones civiles, il a réitéré leur condamnation par le gouvernement mexicain. «Nous l'avons fait dans le passé et nous le faisons maintenant. Nous sommes contre ce genre d'attaques et ce genre de violence, et contre toute forme de violence politique.»

Noor Nugali, directrice-adjointe de rédaction en compagnie du ministre mexicain des Affaires étrangères (Photo, AN).

«Dans notre Constitution, nous soutenons la résolution pacifique des conflits. Nous soutenons l’ONU et nous nous opposons à la violence. Notre histoire nous a appris que la violence est une mauvaise idée», développe Eluard.
«Nous avons subi quatre invasions de la France, des États-Unis et de l’Espagne auparavant. Nous avons donc appris que c’est la pire chose à faire.»
En ce qui concerne les relations bilatérales entre l’Arabie saoudite et le Mexique, Ebrard a fait preuve d'optimisme. «Les relations bilatérales atteindront un niveau plus élevé. Nous ne sommes pas des superpuissances, mais nous faisons partie du G20, qui regroupe les plus grandes économies du monde», souligne-t-il.
«Nous pouvons donc vraiment travailler ensemble afin d’améliorer le monde et de renforcer nos relations dans l’intérêt de nos peuples. Nous n’avons pas eu de différends en soixante-dix ans, ce qui est assez unique. Nos relations sont plutôt très bonnes à l’heure actuelle.»
Selon Ebrard, l’approfondissement et le renforcement des relations économiques entre l’Arabie saoudite et le Mexique, ancrées dans le commerce et les investissements, se traduiront par des avantages concrets.
«L’essor du tourisme et du développement au Mexique et en Arabie saoudite profite aux deux parties. L’augmentation des investissements signifie de nouveaux emplois, de nouvelles opportunités pour les citoyens», explique-t-il.
Selon Ebrard, le Royaume et le Mexique ont des priorités politiques similaires, notamment dans le domaine de la connaissance. «Nous avons des points communs; nous voulons tous deux renforcer le tourisme et accélérer le développement.»
«Nous avons donc des priorités similaires, nous travaillons sur les mêmes questions. Alors, pourquoi ne pas unir nos forces, afin d’en faire profiter d’autres personnes, par exemple, pour que de nouveaux vaccins ou médicaments, des solutions ou des idées pharmaceutiques deviennent réalité à court terme? Pourquoi pas? Nous allons essayer de le faire.»
Interrogé sur son opinion concernant la Vision 2030, la stratégie de réforme de l’Arabie saoudite, Ebrard estime qu’il s’agit d’une idée «très intéressante et très avancée».
«Les réformes sont très intéressantes, et vous progressez très rapidement», dit-il. «C’est l’impression que nous avons au Mexique. Ces réformes, cette nouvelle vision, sont une inspiration pour tous les pays. Je reconnais que c’est une initiative très importante.»
Ebrard avoue notamment avoir été impressionné par sa visite au Centre scientifique et technologique du roi Abdallah à Riyad. «Ils disposent de soixante installations. C’est extraordinaire. Je pense qu’ils ont aussi plus de 2 000 chercheurs», se souvient-il. «Ils nous ont donc montré plusieurs projets très intéressants. Nous allons donner suite à cette conversation pour déployer des efforts conjoints.»
Il s’est par ailleurs dit satisfait d’une réunion avec le Fonds de développement du tourisme d’Arabie saoudite. «Ils ont effectué une présentation aux représentants du secteur privé mexicain, qui constituent la partie affaires de ma délégation, sur les nouveaux développements à venir en Arabie saoudite dans les prochaines années», indique-t-il.
«Ensuite, je me suis entretenu avec le ministre des Affaires étrangères saoudien (le prince Faisal ben Farhane), qui est un homme très intelligent et un bon ami.»
Lors de la visite du prince Faisal au Mexique en novembre dernier, les deux hommes avaient constaté «les excellentes synergies entre le Mexique et l’Arabie saoudite au sein du G20 et de l’ONU pour promouvoir des initiatives qui bénéficient plus largement aux pays en développement».
«Nous avons des idées similaires sur la reforestation, au Mexique et en Arabie saoudite. Nous promouvons des idées sur la manière de récupérer, au Mexique, la forêt tropicale, et sur la manière d’étendre la ceinture verte.»
«Cela constitue une expression concrète des similitudes de nos idées sur l’action climatique. Il existe également des similitudes dans nos positions sur les organisations multilatérales, la recherche d’un règlement pacifique des différends dans le monde et d’autres questions pour lesquelles nous promouvons des solutions.»
«Nous nous retrouvons non seulement sur la question de l’action climatique, mais aussi sur la transition entre l’énergie du présent et l’énergie du futur. Cela se compare au pilotage d'un avion dont on va changer le moteur et, en même temps, continuer à voler. Peu de pays comprennent cela. En tant que Saoudiens et Mexicains, nous comprenons ce défi.»
Le ministre mexicain des Affaires étrangères a identifié le tourisme et l’infrastructure comme étant des domaines majeurs dans lesquels les deux gouvernements peuvent collaborer. «Nous avons intégré des représentants du secteur privé au sein de la délégation mexicaine. Nous allons recevoir des représentants du secteur privé d’Arabie saoudite le mois prochain», mentionne-t-il.
Il a également énuméré certains secteurs qu’il considère comme les plus attractifs pour les investissements, notamment par le fonds souverain saoudien, le Fonds public d’investissement (PIF).
«L’agriculture, la pêche, l’industrie automobile, et la nouvelle économie, y compris le commerce électronique. Il existe plusieurs domaines où nos priorités convergent. Alors pourquoi ne pas essayer d’accroître les investissements et les échanges entre nous?»
Ebrard a reconnu que la distance constituait un défi pour la croissance du commerce et des investissements, tout comme l’absence de liaison aérienne directe entre l’Arabie saoudite et le Mexique. «Il faudrait pouvoir prendre un vol d’ici et arriver à Mexico», lance-t-il.
«Cela sera un objectif pour les six prochains mois environ. Ce sera très important.»
«Nous allons assurer le suivi de cette conversation (que nous avons eue avec nos homologues saoudiens) afin d’obtenir des résultats et des réponses à court terme. Une conversation qui influence les idées et la culture est le premier pas pour changer le monde», assure le ministre mexicain, pour conclure.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: les pourparlers achoppent sur la question du retrait israélien selon les Palestiniens

Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre
  • Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes

Gaza, Territoires palestiniens: Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre, ont indiqué samedi à l'AFP des sources palestiniennes proches des discussions.

Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte-, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes selon la Défense civile locale.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice meurtrière, s'emparant de vastes secteurs de Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé ce derniers jours les objectifs de la guerre: libérer les otages retenus à Gaza, détruire le Hamas et le chasser de Gaza. Il a précédemment indiqué vouloir prendre le contrôle du territoire palestinien situé à la frontière sud d'Israël.

Les négociations à Doha rencontrent "des obstacles et des difficultés complexes", a dit à l'AFP l'une des deux sources palestiniennes, en mettant en cause "l'instance d'Israël" à s'en tenir à une carte prévoyant "le maintien de (ses) forces sur plus de 40% de la superficie de Gaza".

Selon elle, l'armée israélienne envisagerait de se redéployer tout autour du territoire de plus de deux millions d'habitants, assiégés par Israël depuis 21 mois et qui vivent dans des conditions terribles selon l'ONU.

Israël a aujourd'hui pour objectif "d'entasser des centaines de milliers de déplacés" dans le sud de Gaza, "en préparation d'un déplacement forcé de la population vers l'Egypte ou d'autres pays", a accusé la même source.

- "Des progrès" malgré tout -

Les médiateurs "ont demandé aux deux parties de reporter les négociations sur le retrait (israélien) jusqu'à l'arrivée de l'émissaire américain Steve Witkoff", a-t-elle poursuivi.

"Le Hamas a exigé un retrait total des forces israéliennes de toutes les zones reprises par Israël après le 2 mars 2025", a précisé à l'AFP la deuxième source palestinienne, en accusant Israël "de retarder et d'entraver l'accord, afin de poursuivre sa guerre d'extermination".

Elle a néanmoins fait état de "progrès" sur les questions liées à l'entrée des aides humanitaires à Gaza et l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Avant son retour vendredi d'une visite aux Etats-Unis où il a rencontré le président Donald Trump, M. Netanyahu a affirmé jeudi qu'il était prêt à négocier un cessez-le-feu permanent à Gaza après une éventuelle trêve de 60 jours.

Mais il a conditionné un cessez-le-feu permanent à un désarmement du Hamas et à un abandon par ce mouvement de la gouvernance du territoire.

- "250 cibles terroristes" -

Dans la bande de Gaza, parmi les 14 morts, un homme, sa femme et leur enfant ont péri dans leur tente après une frappe nocturne israélienne dans un camp de déplacés de Deir al-Balah (centre), selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "frappé environ 250 cibles terroristes" au cours des dernières 48 heures à travers le territoire palestinien.

Ces cibles comprenaient "des combattants, des bâtiments piégés, des dépôts d'armes, des postes de lancement de missiles antichars, des postes de snipers, des tunnels et d'autres infrastructures terroristes", a-t-elle détaillé.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.

L'attaque du 7-Octobre a fait 1.219 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Au moins 57.823 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.