Le Venezuela soutient sa monnaie à coups de milliards de dollars

Le Venezuela soutient sa monnaie à coups de milliards de dollars (Photo, AFP).
Le Venezuela soutient sa monnaie à coups de milliards de dollars (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Le Venezuela soutient sa monnaie à coups de milliards de dollars

  • Selon le cabinet de conseil Aristimuño Herrera & Asociados, la Banque centrale du Venezuela a injecté quelque 2,2 milliards de dollars sur le marché ces cinq derniers mois
  • L'inflation annuelle reste la plus élevée au monde avec 686% en 2021 selon la BCV, mais très loin des 130 000% en 2018, 9 585% en 2019 et 3 000% en 2020

CARACAS: Surprise! Le bolivar, la monnaie vénézuélienne longtemps en proie à l'hyperinflation, est relativement stable depuis octobre après des années de dépréciation continue. La raison: l'Etat a injecté plus de 2 milliards de dollars sur le marché des changes pour freiner l'inflation et soutenir les échanges.

Selon le cabinet de conseil Aristimuño Herrera & Asociados, la Banque centrale du Venezuela (BCV) a injecté quelque 2,2 milliards de dollars sur le marché ces cinq derniers mois augmentant l'offre de billet vert, honni pendant des années par le pouvoir qui critique régulièrement l'impérialisme américain.

En 2019, confronté à des pénuries généralisées, une hyperinflation paralysante et une économie en berne, Caracas, après 15 ans d'interdiction, a franchi le Rubicon, autorisant la circulation du dollar qui a pris le pas sur le bolivar.

Les liquidités en bolivar augmentent, mais celles en dollar - qui circule largement en dehors du système bancaire - sont désormais plus de quatre fois supérieures, selon des estimations privées.

L'inflation annuelle reste la plus élevée au monde avec 686% en 2021 selon la BCV, mais très loin des 130 000% en 2018, 9 585% en 2019 et 3 000% en 2020.

"En faisant circuler plus de dollars que la demande, vous générez une stabilité du taux de change", explique à l'AFP César Aristimuño.

Sans divulguer les montants, la BCV reconnaît 29 "interventions" depuis octobre 2021, date de la nouvelle reconversion monétaire. Les autorités ont alors enlevé six zéros au bolivar (1 million devenant 1 bolivar) pour des raisons comptables tout en promettant de restaurer la confiance dans la monnaie locale.

Parallèlement, Caracas a instauré une taxe de 3% sur les transactions de change et de cryptomonnaies.

"La monnaie légale est et restera le bolivar", a insisté mardi la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez, également ministre de l'Economie.

Quid des réserves ?

Depuis octobre, le cours officiel du dollar est passé de 4,18 à 4,34 bolivars, soit une dépréciation presque négligeable de 3,69% après avoir atteint 76% en 2021 jusqu'à la reconversion et plus de 95% en 2018, 2019 et 2020. 

Mais, comme le note Henkel Garcia, directeur du cabinet Econometrica, cette politique d'injection de dollars n'est possible qu'en raison de la "petite" taille de l'économie, avec un Produit intérieur brut (PIB) qui a chuté de plus de 80% entre 2013 et 2020. Il a rebondi, selon le gouvernement, à 4% en 2021.

"La question est de savoir combien de temps vous pouvez maintenir" cette politique d'injection de dollars, souligne-t-il.

Certains accusent le gouvernement de "brûler" les réserves internationales, mais les deux experts estiment que les dollars mis sur le marché proviennent de la hausse des revenus pétroliers.

Après avoir vu sa production chuter de 3 millions de barils/jour (2014) à un niveau historiquement bas de 400 000 en 2020, le Venezuela commence à remonter la pente (680 000 en 2021 selon l'Opep), bénéficiant également d'un prix du baril en forte hausse. 

La BCV fait état de réserves de 10,8 milliards de dollars, soit moins de la moitié des réserves de 2014. Elle y inclut les 5 milliards assignés, mais toujours pas versés au Venezuela en raison de la crise politique, par le Fonds monétaire international (FMI) pour augmenter les liquidités dans le monde lors de la pandémie de Covid-19. 

Si l'injection de dollars a des effets bénéfiques, il y a des "dégâts collatéraux", souligne M. Aristimuño. D'une part, comme l'inflation reste très élevée et que le change évolue peu, le pouvoir d'achat du dollar tend à diminuer... 

D'autre part et surtout, "les exportations perdent de leur intérêt" au profit des importations. 

Carlos Fernandez Gallardo, président de Fedecamaras (patronat), s'inquiète : "il y a une augmentation des coûts en dollars pour les producteurs, avec un effet pernicieux sur le consommateur", s'alarme-t-il, soulignant que le parc industriel fonctionne à 27% de sa capacité. "Que se passera-t-il si ces dollars viennent à disparaître?"  

En 2018, afin de lutter contre l'inflation, les autorités avaient relevé à 85% le taux de réserves obligatoires des banques pour limiter la création de monnaie. Cela a contribué à faire baisser encore plus le crédit, déjà en chute libre avec l'effondrement du bolivar. 

Le Venezuela est désormais un nain du crédit avec 140 millions de dollars en 2021 contre 14 milliards en Colombie voisine. 

Conscient que crédit, investissements et croissance sont intimement liés, le pouvoir a fait quelque peu machine arrière en février, autorisant les prêts indexés sur le dollar sous certaines conditions et en revenant sur le taux des réserves obligatoires, désormais à 73%. Objectif: soutenir la croissance, mais en évitant la spirale inflationniste.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'Arabie saoudite ajoute deux nouveaux services maritimes, étendant ainsi sa couverture à 19 destinations

L'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux. (Getty via AN )
L'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux. (Getty via AN )
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  • Mawani, a annoncé le lancement du service maritime IM2 au port islamique de Jeddah, exploité par Emirates Line et Wan Hai, marquant ainsi le 22ᵉ service ajouté depuis le début de l'année 2025.
  • Avec une capacité de traitement de 2 800 équivalents vingt pieds, ce service relie Djeddah à trois grands ports internationaux : Mundra en Inde, Alexandrie en Égypte et Mersin en Turquie.

DJEDDAH : La connectivité entre les ports saoudiens devrait s'améliorer grâce à l'ajout de deux nouveaux services maritimes, qui permettront au Royaume de commercer avec 19 destinations mondiales supplémentaires.

L'Autorité portuaire saoudienne, connue sous le nom de Mawani, a annoncé le lancement du service maritime IM2 au port islamique de Jeddah, exploité par Emirates Line et Wan Hai, marquant ainsi le 22ᵉ service ajouté depuis le début de l'année 2025.

Avec une capacité de traitement de 2 800 équivalents vingt pieds, ce service relie Djeddah à trois grands ports internationaux : Mundra en Inde, Alexandrie en Égypte et Mersin en Turquie.

Ces développements s'inscrivent dans le cadre des efforts continus de Mawani pour améliorer le classement de l'Arabie saoudite dans les indicateurs de performance mondiaux, soutenir les flux d'exportation nationaux conformément à la stratégie nationale de transport et de logistique, et consolider le rôle du Royaume en tant que plaque tournante logistique essentielle reliant l'Asie, l'Afrique et l'Europe. 

Dans un communiqué, Mawani a déclaré : « Ce service contribuera à renforcer la compétitivité des ports saoudiens, à faciliter le commerce mondial, à ouvrir de nouvelles opportunités commerciales et à améliorer l'efficacité opérationnelle du port islamique de Djeddah. »

Cette annonce fait suite au lancement, la veille, du service « Chinook Clanga » par Mediterranean Shipping Co. au port King Abdulaziz de Dammam et au port de Jubail. La nouvelle route relie les ports orientaux de l'Arabie saoudite à 16 destinations régionales et mondiales.

Initialement annoncé en mars, le service MSC renforce les liens entre le golfe Persique et des ports clés tels que le port Khalifa Bin Salman à Bahreïn, le port Hamad au Qatar, le port de Nhava Sheva en Inde, le port de Colombo au Sri Lanka et Singapour.

Elle relie également Vung Tau et Haiphong au Vietnam, ainsi que Nansha, Yantian, Ningbo, Shanghai, Qingdao en Chine, Busan en Corée du Sud, Seattle aux États-Unis, et Vancouver et Prince Rupert au Canada. 

Conformément à la Vision 2030, l'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux, le secteur maritime jouant un rôle central dans cette démarche.

Dans le cadre de sa stratégie nationale de transport et de logistique, le royaume vise également à faire passer la contribution du secteur au produit intérieur brut de 6 à 10 % d'ici 2030.

En 2024, les ports saoudiens ont traité plus de 320 millions de tonnes de marchandises, enregistrant une hausse de 14,45 % par rapport à l'année précédente. Selon Mawani, les exportations de conteneurs ont augmenté de 8,86 %, dépassant les 2,8 millions d'EVP.

Mawani a également lancé plusieurs initiatives en 2024, notamment de nouvelles zones logistiques au port islamique de Djeddah et au port King Abdulaziz de Dammam, soutenues par 2,9 milliards de riyals saoudiens (773 millions de dollars) d'investissements privés.

Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre d'un plan plus large de 10 milliards de riyals saoudiens visant à développer 18 parcs logistiques à l'échelle nationale.


Le pétrole reste soumis à une implication américaine directe dans le conflit entre Israël et l'Iran

Les contrats à terme sur le Brent ont reculé de 49 cents, soit 0,7 %, à 69,28 dollars le baril à 9h30, heure saoudienne. Shutterstock
Les contrats à terme sur le Brent ont reculé de 49 cents, soit 0,7 %, à 69,28 dollars le baril à 9h30, heure saoudienne. Shutterstock
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  • Les cours de l'or noir ont légèrement reculé lundi, malgré l'intensification du conflit entre Israël et l'Iran. En effet, les frappes israéliennes
  • Le fait que le conflit ne se soit pas encore élargi à d'autres pays favorise également l'attentisme du marché. 

LONDRES : Les cours de l'or noir ont légèrement reculé lundi, malgré l'intensification du conflit entre Israël et l'Iran. En effet, les frappes israéliennes n'ont pas ralenti les exportations de pétrole de Téhéran et les États-Unis n'ont pas encore directement intervenu.

Vers 9 h 15 GMT (11 h 15 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, perdait 0,93 %, à 73,54 dollars.

Son équivalent américain, le baril de WTI, pour livraison en juillet, perdait 0,86 % à 72,35 dollars.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a appelé les deux pays belligérants à « trouver un accord », ajoutant qu'il était « possible » que les États-Unis s'impliquent dans le conflit, mais pas « à cet instant ».

« Les États-Unis ont le pouvoir et la volonté de contenir la situation », estime Janiv Shah, analyste chez Rystad Energy.

Le fait que le conflit ne se soit pas encore élargi à d'autres pays favorise également l'attentisme du marché. 

Un tel élargissement pourrait entraîner une réduction de l'offre de barils ou un blocage de l'approvisionnement, notamment en provenance du détroit d'Ormuz, par lequel transite près de 20 % de la production mondiale.

Toutefois, une attaque de drone israélien contre une raffinerie stratégique en Iran (le champ gazier de South Pars-North Dome) a provoqué samedi une « puissante explosion » et un incendie sur le site, dans le sud du pays.

Ce champ, partagé avec le Qatar, est la plus grande réserve de gaz connue au monde. Il fournit environ 70 % du gaz naturel consommé en Iran.

Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a estimé que cette attaque visait à « élargir la guerre au-delà » de l'Iran, ajoutant que toute activité militaire dans le Golfe « pourrait impliquer toute la région, voire le monde entier ».

Pour le moment, Israël n'a pas ciblé « les installations d'exportation d'énergie de l'Iran », ce qui pourrait signifier que le pays respecte « le souhait de Donald Trump » de faire baisser les prix du pétrole, a souligné Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Le président Trump a répété à maintes reprises sa volonté de faire chuter les cours de l'or noir et « il serait très frustrant pour lui de voir Israël commencer à faire exploser les installations d'exportation de l'Iran », explique M. Schieldrop.