Du Caire à Kiev, les réseaux sociaux au cœur des conflits

Des personnes déposent des fleurs et des anges en papier symboliques alors qu'elles rendent hommage au mémorial des militants de Maidan, en référence aux personnes tuées lors de la manifestation antigouvernementale de 2014, lors d'un événement commémoratif près de la place de l'Indépendance, à Kiev, le 18 février 2022. (AFP)
Des personnes déposent des fleurs et des anges en papier symboliques alors qu'elles rendent hommage au mémorial des militants de Maidan, en référence aux personnes tuées lors de la manifestation antigouvernementale de 2014, lors d'un événement commémoratif près de la place de l'Indépendance, à Kiev, le 18 février 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 07 avril 2022

Du Caire à Kiev, les réseaux sociaux au cœur des conflits

  • Depuis l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement de Kiev utilise abondamment les plateformes pour relayer des atrocités commises, appeler à l'aide ou aux sanctions, et même faire de l'humour
  • La population n'est pas en reste: de jeunes Ukrainiens racontent la vie sous les bombes sur TikTok, des ONG récoltent des dons en cryptomonnaies sur Telegram...

PARIS: La guerre en Ukraine montre à quel point les réseaux sociaux se sont imposés comme un terrain majeur des conflits et un outil essentiel des opposants politiques. Mais des printemps arabes à la Birmanie, les autorités ont aussi appris à s'en servir à leur avantage.


Depuis l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement de Kiev utilise abondamment les plateformes pour relayer des atrocités commises, appeler à l'aide ou aux sanctions, et même faire de l'humour.


"Nous n'avons jamais pu créer des multinationales comme (les chaînes) RT ou Sputnik chez les Russes", souligne Yarema Dukh, ancien conseiller en communication ukrainien, qui a créé le compte Twitter officiel du gouvernement en 2016.


La population n'est pas en reste: de jeunes Ukrainiens racontent la vie sous les bombes sur TikTok, des ONG récoltent des dons en cryptomonnaies sur Telegram... En face, la Russie a quasiment réduit à néant la liberté d'expression en ligne, notamment en bloquant Facebook et restreignant Twitter.


En 2011, les deux réseaux étaient encore loin des géants omniprésents qu'ils sont devenus, mais certains exploraient leur potentiel.


"Nous devions nous battre pour creuser notre place à la marge", raconte Hossam El-Hamalawy, un militant égyptien qui vit désormais à Berlin. Mais "je savais que ce que j'écrivais sur Twitter serait repris (par les médias)".


Il a pris part aux printemps arabes, qui ont ensuite été surnommés les "révolutions Facebook", même si le rôle exact de la plateforme reste débattu.  


«Extrêmement naïf»
En Ukraine, c'est en 2014 qu'un journaliste découvre le pouvoir du réseau, grâce à un message où il promet d'organiser un rassemblement anti-gouvernement s'il reçoit 1 000 réponses.


La manifestation lancée place Maïdan à Kiev a marqué le début d'un soulèvement pro-européen qui a renversé le gouvernement pro-russe et aussi propulsé Facebook comme premier réseau social dans le pays.


A l'époque, l'image de la plateforme n'était pas encore ternie. Mark Zuckerberg, son fondateur, écrivait en 2012 que son entreprise ne s'intéressait pas aux profits et voulait aider les acteurs du changement social.


Selon la journaliste birmane Thin Lei Win, en 2012, Facebook est "devenu l'internet" en Birmanie. "Tout était sur Facebook et tout le monde partageait tout", a-t-elle dit à l'AFP.


Y compris des messages incendiaires et de la désinformation qui ont alimenté des violences contre les Rohingyas, la minorité musulmane.  En 2018, la rapporteuse spéciale de l’ONU Yanghee Lee qualifiait le réseau de "monstre" et l'accusait d'inciter à la haine raciale.


En Egypte aussi, les militants font face à une certaine désillusion. 


"J'ai été extrêmement naïf de croire que c'était des outils de libération", a déclaré le militant Wael Ghonim lors d'une interview sur la chaîne américaine PBS en 2018.


Ses messages sur Facebook avaient aidé à galvaniser le mouvement, mais il était devenu une cible de la désinformation. 


En Ukraine, Yarema Dukh, alors nouvelle recrue du gouvernement, s'est rapidement retrouvé à se battre contre les campagnes de manipulation menées par les fermes de trolls russes, aussi actives pour semer la discorde en Europe et aux Etats-Unis.

Inspection des téléphones 
Les militants de pays des printemps arabes se plaignent aujourd'hui que les plateformes servent désormais surtout aux autorités.


Un groupe d'ONG a écrit une lettre ouverte à Facebook, Twitter et YouTube l'année dernière, leur reprochant de soutenir la répression en fermant systématiquement les comptes de dissidents dans la région.


En Birmanie, les opposants à la junte militaire qui a pris le pouvoir début 2021 se retrouvent sur les réseaux grâce à des signes de ralliement, comme le salut avec trois doigts en l'air, inspiré par les films "Hunger Games".


Mais d'après Thin Lei Win, les forces de l'ordre se sont mises à inspecter les téléphones des personnes, dans la rue, et "si vous avez posté quoi que ce soit qui critique la junte (...) vous pouvez être arrêté".


Facebook et d'autres plateformes ont fermé les comptes des généraux birmans après le coup d'Etat mais la propagande militaire est toujours diffusée ailleurs, sur l'application TikTok ou la messagerie Telegram par exemple, assure-t-elle.


En Ukraine aussi, TikTok et Telegram ont été accusés de ne pas suffisamment lutter contre la désinformation russe.


Mais Yarema Dukh, qui a quitté le gouvernement ukrainien en 2019, continue de voir le côté positif des réseaux sociaux.


Il estime que l'Ukraine a tiré les leçons de longues années passées à faire face à la désinformation venue de Moscou: "nous avons bien appris et après la victoire j'espère que nous pourrons en faire profiter les autres aussi".


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com