Guerre en Ukraine: une «répétition» de la Syrie, alerte Amnesty

Des enfants ukrainiens attendent dans un bus après avoir traversé la frontière ukraino-roumaine à Siret, dans le nord de la Roumanie, le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
Des enfants ukrainiens attendent dans un bus après avoir traversé la frontière ukraino-roumaine à Siret, dans le nord de la Roumanie, le 16 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 29 mars 2022

Guerre en Ukraine: une «répétition» de la Syrie, alerte Amnesty

  • «Ce qui se passe en Ukraine est la répétition de ce qu'on a pu voir en Syrie», a déclaré la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard
  • «Nous sommes dans des attaques intentionnelles d'infrastructures civiles, d'habitations» et des bombardements d'écoles, a-t-elle fustigé

JOHANNESBURG : L'invasion russe en Ukraine est une "répétition" de la guerre en Syrie, a alerté mardi Amnesty international qui dénonce une "multiplication des crimes de guerre" après plus d'un mois de conflit et appelle à abandonner toute position de neutralité vis-à-vis de Moscou.

"Ce qui se passe en Ukraine est la répétition de ce qu'on a pu voir en Syrie", a déclaré la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard, lors de la présentation à Johannesburg du rapport 2021-2022 sur la situation des droits humains dans le monde.

"Nous sommes dans des attaques intentionnelles d'infrastructures civiles, d'habitations" et des bombardements d'écoles, a-t-elle fustigé, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en "piège mortel".

Comparant la ville-martyre de Marioupol (est) à la ville syrienne d'Alep, dévastée par les atrocités du régime de Damas appuyé par Moscou dans une guerre qui dure depuis onze ans, l'organisation dénonce "une multiplication des crimes de guerre" en Ukraine.

"Nos chercheurs sur place pendant dix jours ont documenté l'emploi des mêmes tactiques qu'en Syrie et Tchétchénie", dont l'attaque de civils et l'emploi de munitions interdites par le droit international, a décrit lors d'une conférence de presse à Paris, Marie Struthers, directrice d'Amnesty Europe de l'Est et Asie centrale. 

L'"insolence" de la Russie pour lancer cette attaque a été permise par "un système international à genoux" et l'échec des institutions, dont le conseil de sécurité des Nations unies à gérer de précédentes guerres, estime Mme Callamard, qui a rappelé qu'en temps de pandémie, les conflits ont continué notamment en Ethiopie, Birmanie ou en Afghanistan.

"Face à la Russie, il ne peut pas y avoir de neutralité", a-t-elle martelé en référence aux chefs d'Etat africains. Lors du vote d'une résolution de l'ONU demandant début mars le retrait des forces russes, une vingtaine de pays d'Afrique se sont abstenus. 

Une des voix du continent en matière de diplomatie, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, prêche pour la médiation, adoptant un positionnement "faible, peu historique et peu visionnaire", regrette Mme Callamard. 

«Prétexte»

Après plus de deux ans de pandémie de coronavirus, Amnesty international dénonce par ailleurs dans son rapport les attaques contre les droits de l'homme au prétexte de lutter contre la propagation du virus.

Des Etats se sont servi de la pandémie "comme prétexte pour réduire encore l'espace civique", affirme l'organisation qui demande la levée urgente de restrictions qui ne sont plus justifiées d'un point de vue sanitaire. 

"Aux quatre coins du monde, des États ont empêché et dispersé abusivement des manifestations, parfois sous couvert de la réglementation visant à prévenir la propagation du coronavirus", notamment au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Tchad, rapporte Amnesty. 

Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles. En Eswatini ou au Soudan du Sud, l'accès à Internet a été coupé pour faire avorter des contestations.

Au total, des lois restreignant les libertés d'expression, d'association et de réunion pacifique ont été introduites dans au moins 67 des 154 pays observés. Parmi eux, le Cambodge, l'Égypte, les États-Unis, le Pakistan et la Turquie.

Le virus a tué plus de six millions de personnes depuis son apparition en Chine fin 2019, selon l'OMS. Avec la vaccination, de nombreux pays abaissent progressivement les mesures sanitaires. 

"Sur le plan des droits humains, 2021 aura principalement été une vaste histoire de trahison et d'hypocrisie dans les allées du pouvoir", conclut Amnesty, en référence à l'inégalité vaccinale. 

Lorsque le taux de vaccination anti-Covid en Europe dépassait 70%, de nombreux pays du Sud n'avaient pas encore reçu de quoi administrer une première dose à leur population, rappelle l'ONG. 

Critiquant vertement "la vieille et cruelle logique des vies qui comptent et de celles qui ne comptent pas", Mme Callamard décrit une année qui "a servi d'incubateur à davantage d'inégalités et d'instabilité".


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".