Un ramadan à Alger: l’expérience ne s’explique pas, elle se vit

Une table ramdanesque algéroise (Photo, Maïssa Benali Cherif).
Une table ramdanesque algéroise (Photo, Maïssa Benali Cherif).
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Un ramadan à Alger: l’expérience ne s’explique pas, elle se vit

  • Le ramadan est l’occasion de se retrouver, de partager des soirées en famille qui se prolongent jusqu’à l’aurore
  • À Alger, à quelques minutes de l’appel à la prière du Maghreb, les rues sont désertées

ALGER: Effluves de chorba, soirées qui s'étirent, tables fastueuses et musique chaâbi: le charme du mois du ramadan réside dans cette atmosphère spéciale que l’on retrouve exclusivement dans les pays musulmans.
Souvent attendu avec impatience, ce mois revêt également, en Algérie, une tout autre signification, culturelle, qui ne s’explique pas, mais se vit.
Lors du mois sacré, la communauté musulmane à travers le monde marie foi et traditions en observant un mois de jeûne et de prière. Le ramadan est par ailleurs l’occasion de se retrouver, de partager des soirées en famille qui se prolongent généralement jusqu’à l’aurore.
Durant trente jours, on observe un phénomène particulièrement fascinant: tout un peuple bouscule ses habitudes et, à la manière des chauves-souris, se met à vivre la nuit.
À Alger, à quelques minutes de l’appel à la prière du Maghreb, qui annonce la rupture du jeûne, les rues sont désertées: dehors, il n’y a pas âme qui vive. Tout se déroule à l’intérieur des foyers.
Toutes les générations se rassemblent autour de la table du ftour et partagent au fil des veillées du ramadan des moments privilégiés de convivialité et de proximité rare – des instants qui leur ont fait tant défaut le reste de l’année.

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Toutes les générations se rassemblent autour de la table du ftour (Photo: Maissa Benali Cherif).

Pour les mères de famille comme pour beaucoup de jeunes filles algériennes – qui se voient assignées par devoir et habitude la corvée de la cuisine –, ce mois permet de retrouver l’art de la gastronomie. En effet, la compétition entre amies, sœurs et voisines fait rage pendant tout le mois... À qui reviendra la palme de la recette du kalb el louze la mieux exécutée?
Avant l’heure fatidique de l’appel à la prière, il est quasiment établi dans beaucoup de foyers algériens que les premiers à s’installer à table sont les «dormeurs».
Ces personnes, souvent jeunes, présentent la particularité de sommeiller toute la journée pour se réveiller à quelques minutes du coucher de soleil, les yeux à peine entrouverts. Mais leur estomac, lui, est bien réveillé.

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Il est quasiment établi dans beaucoup de foyers algériens que les premiers à s’installer à table sont les «dormeurs». (Maissa Benali Cherif).

Il y a aussi ces jeûneurs nerveux. Ces derniers, cruellement en manque de nicotine et les nerfs à fleur de peau, se contentent d’un verre de café avant de s’empresser d’allumer une cigarette.
L’autre profil – le plus courant, en réalité – est ce jeûneur pratiquant qui fait de l’observation des règles édictées par la religion musulmane son véritable credo. Il respecte en tous points aux préceptes et s’efforce de suivre l’exemple du Prophète aussi bien dans son attitude vis-à-vis des autres qu’en ce qui concerne sa spiritualité et sa relation à Allah.
À l’issue de ces repas gargantuesques et après qu’une lutte s’engage entre frères et sœurs pour savoir qui s’appropriera la dernière bouraka, chacun s’apprête à passer sa soirée au gré de ses envies, de ses convictions, de ses passe-temps, de ses habitudes, de ses devoirs familiaux ou professionnels…

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À l’issue de ces repas gargantuesques, chacun s’apprête à passer sa soirée au gré de ses envies. (Photo: Maissa Benali Cherif).

Des milliers de croyants rejoignent les mosquées pour accomplir la prière des tarawih. Cette dernière n’est pas obligatoire, mais la majorité des croyants l’accomplissent après la dernière prière de Salat Icha, au cours de laquelle le prieur assidu se fixe pour objectif de suivre pendant trente nuits la lecture de l’intégralité du Livre saint.
Certains, notamment les mères de famille et les jeunes, se rendent aux nombreux spectacles, aux concerts et aux autres activités culturelles que les autorités programment spécialement pour ce mois. Par exemple, des représentations du groupe algérien El Dey, connu et reconnu en Algérie et ailleurs pour leur style musical inédit, qui fusionne le chaâbi à la musique diwane, sont prévues. Ou encore la visite de musées, qui reçoivent également des invités musicaux tout au long de ce mois.
D'autres préféreront se regrouper pour veiller dans les cafés, dans d’autres lieux de divertissement ou dans des espaces publics. Durant le ramadan, les villes algériennes connaissent une vie nocturne très animée.
Il ne faut pas oublier pas les hittistes, (ce mot est issu de l’arabe hit, qui signifie «mur» en français). Le hittisme est une activité  propre aux jeunes hommes algériens: ils passent l'essentiel de leurs journées, faute d'occupation et de travail, appuyés aux murs à partager leurs opinions sur les sujets les plus divers. Ces personnages incontournables de la société algérienne retournent s’adosser aux murs du voisinage «histoire d’attendre que le temps passe».
Beaucoup d’autres personnes, particulièrement les femmes, optent pour les rencontres familiales et amicales à la maison autour d’un bon thé à la menthe et d’une table garnie de délices sucrés.
Si certains appréhendent l’arrivée du ramadan tant les contraintes du jeûne paraissent insurmontables, il n’en demeure pas moins que cette période reste bénie de tous et qu’elle apporte à chacun l’apaisement, la félicité, la santé et, plus encore, le ressourcement nécessaire pour vivre le reste de l’année avec la détermination et l’espoir que la vie requiert.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.