Biodiversité: rendez-vous à Nairobi après des progrès limités à Genève de négociations internationales

La présidence chinoise de la COP15 est très discrète, selon les observateurs (Photo, AFP).
La présidence chinoise de la COP15 est très discrète, selon les observateurs (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 30 mars 2022

Biodiversité: rendez-vous à Nairobi après des progrès limités à Genève de négociations internationales

  • Les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l'ONU étaient réunis à Genève depuis le 14 mars pour préparer la COP15 biodiversité en Chine
  • Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut mettre plus d'argent sur la table pour protéger la biodiversité, mais les avis divergent sur les montants et la source.

GENEVE: Il y a deux ans, des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement promettaient de protéger la nature d'ici 2030. Cet engagement politique ne s'est pas vraiment traduit dans des négociations internationales qui ont pris fin mardi, avec des progrès limités.

Les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l'ONU - 195 Etats et l'Union européenne, mais pas les Etats-Unis - étaient réunis à Genève depuis le 14 mars pour préparer la COP15 biodiversité en Chine.

Pour la première fois depuis février 2020 - la faute à la Covid-19 - ils se sont retrouvés en personne pour négocier un accord visant à "vivre en harmonie avec la nature" d'ici à 2050, avec une étape intermédiaire à 2030.

La tâche est ardue, car la biodiversité est mise à mal par de nombreuses activités humaines: agriculture intensive, extraction minière, surpêche, urbanisation galopante...

"La biodiversité ne se limite à un domaine, c'est partout, c'est la vie", résume le Ghanéen Alfred Oteng-Yeboah.

Après l'échec des membres de la CDB à remplir leurs engagements sur la décennie écoulée, la négociation actuelle "est notre dernière chance", insiste-t-il.

Pendant quinze journées de travail intensif, les délégations ont examiné le texte préparatoire sur la table, sans parvenir à étudier tous les points en détail ni à rapprocher leurs positions sur les questions les plus controversées.

"Nous devons passer à la négociation", a insisté la représentante de la Nouvelle-Zélande lors de la session plénière de clôture, quand d'autres délégations ont souligné l'importance du travail restant.

Une session supplémentaire est prévue à Nairobi fin juin, avant la COP15 à Kunming en Chine. Les délégations auront pour mission au Kenya de resserrer le texte et de réduire les passages encore entre parenthèses.

Manque un soutien politique au plus haut niveau, soulignent plusieurs observateurs, alors que la présidence chinoise de la COP15 est très discrète.

"Il sera essentiel d'avoir un engagement politique renforcé lors du prochain cycle de négociations", a insisté Marco Lambertini, directeur général de l'ONG WWF.

Solaire et éolien : plus de 10% de l'électricité mondiale en 2021, selon un rapport

Désormais 50 pays ont atteint ce niveau, dont pour la première fois l'an dernier la Chine et le Japon, selon cette 3e Revue globale de l'électricité, qui compile les données 2021 de 75 pays, représentant 93% de la demande mondiale.

Pays-Bas, Australie et Vietnam connaissent la transformation la plus rapide, la part du solaire et de l'éolien ayant gagné dix points sur les deux dernières années.

En tout, 38% de l'électricité mondiale est venue en 2021 de sources décarbonées, nucléaire inclus, la principale énergie renouvelable restant l'hydroélectricité – les barrages.

100 milliards ?

Il a été beaucoup question de l'information de séquence numérique (DSI), un sujet complexe et crucial par des pays du Sud, et de financement.

Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut mettre plus d'argent sur la table pour protéger la biodiversité, mais les avis divergent sur les montants et la source.

Lors de la plénière de clôture, le groupe africain, représenté par le Gabon, le Brésil, l'Inde, le Pakistan l'Argentine et d'autres pays d'Amérique latine ont demandé aux pays développés "au moins 100 milliards de dollars par an dans un premier temps, puis 700 milliards de dollars par an d'ici 2030 et au-delà" pour les pays en développement.

Des pays développés sont prêts à mettre plus sur la table, mais pas autant. Ils prônent la mobilisation de toutes les ressources - nationales, aide publique au développement, fonds privés.

Certains pays en développement réclament aussi un nouveau fonds - le Fonds mondial pour l'environnement (FEM) étant jugé peu efficient -, quand des pays du Nord s'y opposent.

L'objectif le plus emblématique de ces négociations est la protection d'au moins 30% des terres et des océans d'ici à 2030 au niveau mondial. Il est soutenu par un nombre croissant de pays, plus de 90. Le rôle crucial des peuples autochtones pour atteindre cet objectif a été pris en compte.

Selon des sources proches des négociations, l'Afrique du Sud et la Chine, pays hôte de la COP15, seraient toutefois frileux, la Chine défendant un objectif national.

Autre point important, la mise en oeuvre effective des décisions qui seront adoptées à Kunming. Les négociateurs ont travaillé à des processus pour ne pas se réveiller dans dix ans sur un constat d'échec.

"Le succès d'une COP ne se mesure pas aux résultats de la réunion elle-même", a souligné Neville Ash, qui dirige le Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature, une agence onusienne. "C'est au cours de la décennie et au-delà que les actions seront prises pour remplir ces engagements", a-t-il dit à l'AFP.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.