Victoire historique pour le premier syndicat chez Amazon aux Etats-Unis

L'organisateur syndical Christian Smalls célèbre avec les travailleurs d'Amazon après le vote du 1er avril 2022 pour la syndicalisation de l'entrepôt d'Amazon Staten Island à New York (Photo, AFP).
L'organisateur syndical Christian Smalls célèbre avec les travailleurs d'Amazon après le vote du 1er avril 2022 pour la syndicalisation de l'entrepôt d'Amazon Staten Island à New York (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 avril 2022

Victoire historique pour le premier syndicat chez Amazon aux Etats-Unis

  • Le «oui» l'a remporté à 2.654 voix contre 2.131
  • «ALU», le nom du syndicat pour Amazon Labor Union, est scandé plusieurs fois

NEW YORK : Un petit groupe de militants motivés a fait flancher l'une des plus grandes multinationales: les salariés d'un entrepôt d'Amazon à New York ont voté en faveur de la création d'un syndicat, une première aux Etats-Unis.

Le "oui" l'a remporté à 2.654 voix contre 2.131, selon un décompte retransmis en ligne vendredi. La victoire a été saluée par le président américain lui-même, qui s'est dit "heureux" que les salariés puissent être entendus. 

A l'annonce des résultats, des applaudissements ont retenti au sein de la petite foule réunie pour l'occasion en bas de l'immeuble du quartier de Brooklyn où était organisé le dépouillement, a constaté une journaliste de l'AFP. Beaucoup s'étonnaient encore de leur succès.

"ALU", le nom du syndicat pour Amazon Labor Union, est scandé plusieurs fois. Son président Christian Smalls débouche une bouteille de champagne. 

Devant la presse, il remercie ironiquement le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, pour être allé dans l'espace, "car pendant qu'il était là-haut, on a pu monter un syndicat".

L'entreprise de son côté a fait part dans un communiqué de sa "déception" et dit "évaluer ses options". Amazon envisage notamment de déposer une contestation contre "l'influence inappropriée" de l'agence chargée de superviser l'élection (NLRB).

Deuxième employeur aux Etats-Unis après le géant de la distribution Walmart, le groupe avait depuis sa création en 1994 réussi à repousser les velléités des salariés souhaitant se regrouper dans le pays.

"C'est vraiment un jour historique", a affirmé l'avocat représentant ALU, Eric Milner. "Je pense que ça peut démarrer une réaction en chaîne, d'un entrepôt à l'autre."

Au total, 8.325 travailleurs du site JFK8 situé dans le quartier de Staten Island étaient sur la liste des votants. Appelés à voter du 25 au 30 mars dans une tente installée devant l'entrepôt, 4.852 salariés ont glissé un bulletin dans l'urne.

«Tellement peu de chances»

«Ils avaient tellement peu de chances de gagner", observe Rebecca Givan, spécialiste des mouvements de travailleurs à l'université Rutgers.

Elle n'était pas très optimiste à l'approche du scrutin, la loi actuelle sur les syndicats étant particulièrement favorable aux employeurs. 

Et ALU, créé au printemps dernier par un petit groupe d'actuels et anciens salariés d'Amazon à New York, avait peu de moyens face à un mastodonte ayant gagné plus de 30 milliards de dollars en 2021. 

"On a peut-être dépensé en tout 120.000 dollars", levés via des campagnes de financements participatifs ou des ventes de tee-shirts, remarque Madeline Wesley, membre de ALU.

L'entreprise a de son côté embauché des consultants spécialisés et convoqué les salariés à plusieurs réunions obligatoires pour leur présenter les inconvénients d'un syndicat. 

"Ce n'est pas tant que cela va leur coûter beaucoup plus d'argent", remarque Neil Saunders, spécialiste de la distribution chez GlobalData. "Mais ils n'aiment pas qu'un syndicat interfère."

Le mouvement avait commencé au début de la pandémie, quand quelques salariés de l'entrepôt avaient organisé une petite manifestation pour réclamer plus de protections sanitaires face au Covid-19. Christian Smalls a peu après été licencié.

Ils ont ensuite décidé de tenter eux-mêmes leur chance après le rejet, au printemps 2021, d'un syndicat expérimenté dans un entrepôt d'Amazon à Bessemer, dans l'Alabama. Un second vote y a eu lieu récemment et jeudi soir, le "non" y menait avec 993 bulletins, contre 875 "oui". Mais il restait 416 bulletins dits "disputés", qui décideront du résultat.

ALU est déjà mobilisé pour sa prochaine bataille: le centre de tri LDJ5, de l'autre côté de la rue de l'entrepôt JFK8. Un vote y aura lieu à la fin du mois.

"Je suis sûr qu'on va aussi gagner là-bas", a affirmé Christian Smalls, qui a passé les onze derniers mois à l'arrêt de bus desservant les deux bâtiments à discuter avec les salariés.

Sur le déclin depuis plusieurs décennies, les syndicats ont décroché ces derniers mois plusieurs victoires symboliques aux Etats-Unis, à commencer par le soutien explicite de Joe Biden. 

La création du premier syndicat dans un café Starbucks directement géré par la chaîne aux Etats-Unis en décembre a suscité l'enthousiasme tandis que des salariés, souvent jeunes et éduqués, se mobilisent dans des ONG, des universités, des musées, des médias. 

Mais Amazon, "c'est une autre ampleur", remarque Ruth Milkman, sociologue du travail à l'université CUNY en se disant "abasourdie" et "impressionnée" par ce qu'ALU a réussi à faire en dépit de ses moyens limités. 

"Je ne sais pas si cela va provoquer une vague, mais cela va sûrement inspirer d'autres personnes qui voient que, malgré tous les obstacles, c'est possible."


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.