A Boutcha, Zelensky dénonce des «crimes de guerre» qui seront reconnus comme «génocide»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la ville de Boutcha, au nord-ouest de la capitale ukrainienne Kiev, le 4 avril 2022. (AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la ville de Boutcha, au nord-ouest de la capitale ukrainienne Kiev, le 4 avril 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 04 avril 2022

A Boutcha, Zelensky dénonce des «crimes de guerre» qui seront reconnus comme «génocide»

  • Vêtu d'un manteau kaki et d'un gilet pare-balle, entouré par des militaires dans les rues de Boutcha dévastées, M. Zelensky a constaté auprès des journalistes les dégâts causés par les combats
  • «Ce sont des crimes de guerre et ce sera reconnu par le monde comme un génocide», a-t-il ajouté, évoquant des «milliers de personnes tuées et torturées, avec des extrémités coupées, des femmes violées, des enfants tués»

BOUTCHA: Le président Volodymyr Zelensky s'est rendu lundi à Boutcha, ville proche de Kiev récemment reprise par les troupes ukrainiennes où il a dénoncé les exactions de l'armée russe, des "crimes de guerre" qui seront "reconnus comme un génocide".

Moscou va présenter des «documents» sur la «vraie nature» des événements à Boutcha

La Russie va présenter lundi des "documents" montrant, selon elle, la "vraie nature" des événements dans la ville ukrainienne de Boutcha, où les forces de Moscou sont accusées d'avoir tué des civils, a indiqué son ministre des Affaires étrangères.

"Aujourd'hui, par l'intermédiaire de notre représentant permanent (aux Nations unies), nous allons organiser une conférence de presse lors de laquelle des documents précis seront présentés sur la vraie nature des événements", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Le ministère russe des Affaires étrangères a précisé que cette conférence aurait lieu à 19H30 GMT au siège des Nations unies à New York.

Avant M. Lavrov, le Kremlin avait déjà "catégoriquement" nié toutes les accusations liées à la découverte d'un grand nombre de cadavres de civils à Boutcha, près de la capitale ukrainienne Kiev, après le retrait des forces russes.

M. Lavrov a qualifié les images de corps de "fausses", dénonçant une campagne de "propagande" et de "désinformation".

Vêtu d'un manteau kaki et d'un gilet pare-balle, entouré par des militaires dans les rues de Boutcha dévastées, M. Zelensky a constaté auprès des journalistes les dégâts causés par les combats: "Chaque jour, lorsque nos combattants entrent et reprennent des territoires, vous voyez ce qu'il se passe".

"Ce sont des crimes de guerre et ce sera reconnu par le monde comme un génocide", a-t-il ajouté, évoquant des "milliers de personnes tuées et torturées, avec des extrémités coupées, des femmes violées, des enfants tués".

L'Ukraine accuse l'armée russe, qui a envahi le pays, d'avoir commis un "massacre" à Boutcha.

La Lituanie expulse l'ambassadeur de Russie, suite à l'invasion de l'Ukraine

La Lituanie a annoncé lundi l'expulsion de l'ambassadeur de Russie dans ce pays balte, suite à l'invasion russe en Ukraine et les atrocités commises par les soldats russes.

"En réponse à l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine souveraine et aux atrocités commises par les forces armées russes dans diverses villes ukrainiennes occupées, y compris l'horrible massacre de Boutcha, le gouvernement lituanien a décidé de réduire la représentation diplomatique et l'ambassadeur de la Fédération de Russie devra quitter la Lituanie", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis.

Cette petite ville au nord-ouest de Kiev a été occupée par l'armée russe dès le 27 février, restant inaccessible pendant plus d'un mois.

L'AFP y a vu samedi les cadavres d'au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues. L'une d'elles était couchée près d'un vélo et une autre avait des sacs à provisions à côté d'elle. Un cadavre avait les mains liées dans le dos.

On ne pouvait dans l'immédiat déterminer la cause de leur mort, mais deux personnes présentaient une large blessure à la tête.

Selon le maire de la ville, Anatoly Fedorouk, près de 300 personnes ont été enterrées dans des "fosses communes" à Boutcha.

Les images et informations en provenance de Boutcha ont provoqué un tollé international et la promesse de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie.

Moscou a pour sa part démenti avoir tué des civils à Boutcha, le Kremlin et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov évoquant des "falsifications" et mises en scène à destination de la presse.

Les Etats-Unis vont tenter de faire suspendre la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU

Les Etats-Unis vont tenter d'obtenir la "suspension" de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, en réponse notamment "aux images de Boutcha", ville ukrainienne où ont été retrouvés les cadavres de nombreux civils, a annoncé lundi l'ambassadrice américaine aux Nations unies.

"Nous ne pouvons pas laisser un Etat membre qui est en train de saper tous les principes qui nous tiennent à coeur participer au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU", a tweeté l'ambassadrice Linda Thomas-Greenfield.

Elle s'est adressée aux 140 pays qui ont "déjà voté pour condamner" l'invasion russe de l'Ukraine: "les images de Boutcha et la dévastation à travers l'Ukraine nous impose à présent de passer de la parole aux actes".

"En étroite coordination avec l'Ukraine et les autres Etats membres et partenaires à l'ONU, les Etats-Unis vont travailler à la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU", a ajouté la diplomate, actuellement en visite en Roumanie.

"On ne peut pas laisser la Russie utiliser son siège au Conseil comme outil de propagande lui permettant de suggérer qu'elle a une préoccupation légitime au sujet des droits humains", a-t-elle ajouté.

La démarche américaine risque toutefois de buter sur plusieurs obstacles.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.