Au procès du 13-Novembre, qu'a fait Salah Abdeslam juste avant son «exfiltration»?

Croquis d'audience réalisé le 30 mars 2022 montrant l'avocate française Claire Josserand-Schmidt, représentant la partie civile et Salah Abdeslam, principal suspect des attentats, lors du procès des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015, se déroulant dans un salle d'audience temporaire à Paris (Photo, AFP).
Croquis d'audience réalisé le 30 mars 2022 montrant l'avocate française Claire Josserand-Schmidt, représentant la partie civile et Salah Abdeslam, principal suspect des attentats, lors du procès des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015, se déroulant dans un salle d'audience temporaire à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 avril 2022

Au procès du 13-Novembre, qu'a fait Salah Abdeslam juste avant son «exfiltration»?

  • Salah Abdeslam envisageait-il «autre chose» ?
  • Il sera interrogé une dernière fois le 13 avril

PARIS: Qu'a fait Salah Abdeslam jusqu'à son "exfiltration" en Belgique ? Au procès du 13-Novembre, un enquêteur a tenté de retracer lundi le parcours du seul membre encore en vie des commandos jihadistes dans les heures ayant suivi les attentats. 

La chronologie "a son importance", insiste l'enquêteur de la brigade criminelle en déposant à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris. 

Elle commence dans son exposé le 13 novembre 2015 à "21H59", quand la voiture conduite par Salah Abdeslam jusqu'au Stade de France pour y déposer trois kamikazes, est abandonnée, portière ouverte et mal garée, sur une place du 18e arrondissement à Paris.

A cette heure-là, les explosions ont déjà retenti devant l'enceinte sportive, des terrasses de bars ont été mitraillées à l'est de Paris et le massacre au Bataclan a débuté douze minutes plus tôt. 

Salah Abdeslam envisageait-il "autre chose" ? Le communiqué de revendication de l'organisation Etat islamique (EI) mentionne une attaque dans le 18e arrondissement de la capitale, et il est le seul membre des commandos à s'y être rendu. 

Aurait-il pu viser le métro, comme le suggère un sous-dossier dans l'ordinateur déniché par la police belge près de l'une des planques de la cellule jihadiste après qu'elle a frappé Bruxelles le 22 mars 2016 ? 

Salah Abdeslam n'ayant pas été "détecté" sur la vidéosurveillance, l'enquête n'a pas pu établir s'il avait pris le métro dans le 18e arrondissement, mais "il a pu y aller quand même", relève l'enquêteur, avant de poursuivre "l'emploi du temps" du principal accusé. 

A 22H30, ce dernier active la puce téléphonique achetée dans un magasin, toujours dans le 18e arrondissement de Paris mais à plus d'un kilomètre du lieu où il a abandonné la voiture, et passe le premier d'une longue série d'appels pour qu'on vienne le chercher en France. 

«Des barbares»

Son premier correspondant et coaccusé, Mohammed Amri, auprès duquel Salah Abdeslam aurait prétexté une "voiture accidentée", répond qu'il est au travail, au Samu social de Bruxelles, et indisponible, et lui donne le numéro d'Hamza Attou, également jugé à leurs côtés. 

Mais ce dernier n'a ni voiture ni permis. 

Après un "trou de trente minutes environ", le "bornage" de la ligne téléphonique de Salah Abdeslam permet de le situer après 23H00 à l'ouest de Paris, puis à Montrouge, au sud de la capitale, où son gilet explosif sera découvert dix jours après les attentats.

Aux environs de minuit, Salah Abdeslam est à Châtillon. 

Il rappelle Mohammed Amri et a plusieurs échanges avec Hamza Attou, il contacte aussi un cousin dont il n'a pas de nouvelles depuis longtemps. 

Il semble dans "une course contre la montre (...) pour se sortir du pétrin", fait valoir Me Negar Haeri, avocate de Mohammed Amri. 

"Il cherche plusieurs solutions", convient l'enquêteur. 

Salah Abdeslam va également passer trois heures dans une cage d'escalier avec deux adolescents. Il se présente à eux "comme Abdel, venant de Belgique", indique le policier de la brigade criminelle. Il explique avoir "eu un problème de voiture" et demande à se faire ouvrir la porte par un riverain pour attendre à l'abri après les attentats de Paris. 

"Ce sont des barbares", commente l'un des adolescents sans que Salah Abdeslam n'aille "à l'encontre" de ses propos, souligne encore l'enquêteur. 

A 5H30, Salah Abdeslam est "récupéré" à Châtillon par Mohammed Amri et Hamza Attou. 

Le véhicule est contrôlé à trois reprises sur le trajet retour, et lors de l'un de ces contrôles, à 9H10, les identités des occupants sont vérifiées. 

La voiture repart sans encombre. Les policiers ne feront le lien entre un véhicule abandonné près du Bataclan et Salah Abdeslam, nom qui figure sur le contrat de location, que vers 15H30 le 14 novembre 2015. 

A leur arrivée en Belgique, Salah Abdeslam achète des vêtements, un téléphone, se rase la barbe et se coupe les cheveux. Il sera interpellé en Belgique le 18 mars 2016, après quatre mois de cavale. 

Il sera interrogé une dernière fois le 13 avril, deux semaines après avoir fait usage de son droit au silence. 

La veille, la cour entendra Mohammed Amri et Hamza Attou sur l'aide apportée au principal accusé. 


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".