Jeune homme percuté par un tram: Macron demande «la clarté» et pas de «manipulations politiques»

Le mercredi 16 février, peu après 20H00, ce jeune homme, souffrant d'un handicap non visible comme l'a précisé sa famille à Radio Shalom, traversait les voies ferrées quand il a été percuté par le tramway à Bobigny (Seine-Saint-Denis) après avoir été frappé par des jeunes. (AFP)
Le mercredi 16 février, peu après 20H00, ce jeune homme, souffrant d'un handicap non visible comme l'a précisé sa famille à Radio Shalom, traversait les voies ferrées quand il a été percuté par le tramway à Bobigny (Seine-Saint-Denis) après avoir été frappé par des jeunes. (AFP)
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Publié le Mardi 05 avril 2022

Jeune homme percuté par un tram: Macron demande «la clarté» et pas de «manipulations politiques»

  • Ce drame a suscité lundi des réactions de plusieurs candidats à la présidentielle qui s'inquiètent qu'il ait un caractère antisémite et réclament toute la lumière sur ses circonstances
  • Le 29 mars, une information judiciaire a été ouverte du chef de «violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner», a poursuivi le procureur

SPÉZET: Emmanuel Macron a demandé mardi "la clarté complète" sur la mort d'un jeune homme de confession juive percuté par un tramway mi-février à la suite de violences, un drame qui ne doit pas donner lieu selon lui à des "manipulations politiques". 

"On a tous été bouleversés par les scènes qui ont été rendues publiques et je veux dire ma solidarité et mon soutien à la famille de Jeremy Cohen", a déclaré le président-candidat devant la presse, lors d'un déplacement à Spézet, dans le Finistère. 

"La justice doit passer, la clarté complète doit être faite", a-t-il poursuivi, soulignant qu'"une instruction a été ouverte" et que "la justice mène de manière indépendante son travail". 

Il a souhaité "que l'investigation soit la plus rapide possible pour apporter des réponses" à la famille du jeune homme. 

Le cabinet d'Emmanuel Macron avait appelé dès lundi, à sa demande, les parents de Jeremy Cohen. Il "a demandé au garde des Sceaux de suivre de près et de tenir le président personnellement informé", a précisé l’Élysée. 

Agression, enquêtes, soupçons d'antisémitisme: Ce que l'on sait de la mort de Jeremy Cohen

Comment est mort Jeremy Cohen ? 

Mercredi 16 février, peu après 20H00, le jeune homme se trouve dans le centre de Bobigny.  

Sur une vidéo abondamment partagée sur les réseaux sociaux lundi, on le voit recevoir de violents coups de poing, encerclé par une dizaine de personnes. Il tombe à terre, se relève puis traverse en courant la chaussée, l'air désorienté, avant d'être percuté par le tramway. 

En arrêt cardio-respiratoire et victime d'un traumatisme crânien il est décédé à l'hôpital peu après minuit. 

Selon l'avocat de la famille Franck Serfati, Jeremy Cohen "avait un handicap physique et mental". 

"Il a vraiment un bon cœur, il donne tout ce qu'il a, c'est quelqu'un de très sensible et très doux", avait confié le 31 mars son père Gérald Cohen au micro de Radio Shalom.  

Selon la famille, une kippa a été trouvée près du corps du défunt. 

Quelles enquêtes ont été ouvertes ? 

A la suite de ce drame, une première enquête a été ouverte pour ce qui s'apparentait alors à un accident mortel de la circulation. 

Mais la famille s’interroge, tracte dans le quartier du drame et recueille des témoignages et une vidéo. 

"Toutes les preuves ont été remises aux autorités nécessaires, aussi bien la police que le parquet", a affirmé Gérald Cohen sur Radio Shalom, indiquant que la première enquête avait été classée. 

Une vidéo, reçue le 10 mars par les enquêteurs, accrédite l'hypothèse d'une altercation, selon une source policière. 

Une seconde enquête pour "violences volontaires en réunion" a été ouverte, a indiqué lundi le procureur de Bobigny Eric Mathais dans un communiqué, car "rapidement les éléments recueillis permettaient de comprendre que quelques instants avant l'accident, la victime avait subi des violences". 

Ces procédures ont conduit à l'ouverture d'une information judiciaire le 29 mars pour "violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner", la "qualification la plus haute envisageable à ce stade des investigations", a précisé le procureur dans son communiqué. Les investigations sont désormais confiées à un juge d'instruction et la police judiciaire du département. 

Quelles répercussions sur la campagne présidentielle ?  

Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour (Reconquête!) est le premier à avoir médiatisé l'affaire à la demande de la famille de la victime dont il a reçu le père mardi matin.   

"Est-il mort pour fuir les racailles? Est-il mort parce que juif? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée?", a-t-il écrit lundi sur Twitter. Sa rivale Marine Le Pen (RN) a évoqué un "acte criminel" qui "pourrait être un meurtre antisémite". 

"Toute la lumière doit être faite", sur le drame, ont de leur côté demandé trois autres candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV) et Valérie Pécresse (LR) qui a dénoncé un "lynchage ignoble qui pourrait être de nature antisémite". 

Nathalie Arthaud (LO) a elle dénoncé "une instrumentalisation" par Eric Zemmour. 

"Je trouve regrettable que ces mots de soutien soient outrancièrement médiatisés", a critiqué mardi matin Franck Serfati, avocat de la famille, sur France 2. 

Le cabinet d'Emmanuel Macron s'est entretenu au téléphone avec les parents de Jeremy Cohen "pour leur transmettre un message de compassion et leur faire savoir que (...) tous les moyens d'enquête seront mis en œuvre", a indiqué l'Elysée mardi. 

Y a-t-il un mobile antisémite ? 

"La famille Cohen ne vient pas crier à l'antisémitisme", a déclaré lundi soir sur BFMTV Me Serfati. "Ce serait dénaturer les faits et préjuger. Mais il ne faut pas exclure à l'heure qu'il est l'élément aggravant d'antisémitisme". 

Un éventuel mobile antisémite n'a pour l'heure pas été évoqué par le parquet. 

Une déclaration à la presse du procureur de Bobigny est prévue mardi après-midi au tribunal judiciaire de Bobigny. 


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".