À la barre, une Américaine raconte son vain plaidoyer pour sauver sa fille, otage de l'EI

Marsha Mueller assiste à une cérémonie de dévoilement d'un tableau en l'honneur de sa fille Kayla Mueller, à Phoenix, en Arizona, le 8 octobre 2020 (Photo, AFP).
Marsha Mueller assiste à une cérémonie de dévoilement d'un tableau en l'honneur de sa fille Kayla Mueller, à Phoenix, en Arizona, le 8 octobre 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 avril 2022

À la barre, une Américaine raconte son vain plaidoyer pour sauver sa fille, otage de l'EI

  • Sept ans après la mort de Kayla Mueller, sa mère Marsha a livré un témoignage poignant dans un tribunal fédéral près de Washington
  • «Elle a toujours voulu aider les autres», a souligné sa mère, en racontant comment sa fille était partie en Syrie

ALEXANDRIA: La mère d'une jeune Américaine capturée par le groupe Etat islamique (EI) en Syrie en 2013 a raconté mardi au procès d'un des ravisseurs présumés, ses efforts infructueux pour convaincre les djihadistes d'épargner sa fille.

Sept ans après la mort de Kayla Mueller, sa mère Marsha a livré un témoignage poignant dans un tribunal fédéral près de Washington, où est jugé depuis une semaine El Shafee el-Sheikh, un homme de 33 ans déchu de sa nationalité britannique.

Arrêté en Syrie en 2018, il est accusé d'avoir fait partie d'une cellule de djihadistes de l'EI spécialisés dans l'enlèvement et l'exécution d'otages occidentaux, qui avaient été surnommés "les Beatles" par leurs prisonniers en raison de leur accent britannique.

Kayla Mueller fut l'une de leurs proies, avec au moins 26 autres journalistes et humanitaires.

"Elle a toujours voulu aider les autres", a souligné sa mère, en racontant comment sa fille était partie en Syrie après avoir travaillé dans un orphelinat en Inde et enseigné l'anglais à des réfugiés tibétains à Dharamsala. 

En août 2013, la jeune femme, qui n'a pas encore 25 ans, est enlevée alors qu'elle roule avec son petit ami syrien Rodwan Safarjalani vers un hôpital où il doit réparer une antenne satellitaire.

Ses geôliers exigent cinq millions de dollars pour la relâcher, ou la libération d'une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, détenue aux Etats-Unis pour avoir tenté de tuer des soldats américains.

"Nous ne voulons pas lui faire de mal", écrivent-ils à la famille Mueller. 

"Elle est comme une invitée chez nous", ajoutent-ils, tout en notant, menaçants, que Kayla "restera en prison à vie comme Aafia Siddiqui" si leurs demandes ne sont pas satisfaites.

Dans un de leurs messages, les parents de la jeune fille soulignent que la somme demandée est "astronomique pour une famille aux ressources limitées". Une autre fois, ils précisent que son père vient de prendre sa retraite.

La réponse ne se fait pas attendre: "Prendre votre retraite ne va pas vous aider à retrouver votre fille, alors retournez au boulot et gagnez de l'argent!"

«Pitié»

Le gouvernement américain leur assure que les djihadistes "ne feront pas de mal à une femme". Pour s'en assurer, Marsha Mueller enregistre une vidéo à l'adresse du chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi. "Kayla n'est pas votre ennemie", lui dit-elle. "Faites preuve de pitié et libérez notre fille."

À la barre, elle n'a pas précisé le rôle que cet homme est soupçonné d'avoir joué dans le calvaire de sa fille. 

Mais à l'ouverture du procès, le procureur John Gibbs a précisé qu'une femme yazidie, ancienne prisonnière de l'EI, viendrait raconter aux jurés comment Kayla Mueller avait été livrée à al-Baghdadi, transformée en "esclave", et "violée à de multiples reprises".

En février 2015, après des mois de silence, l'EI assurera à sa famille que Kayla a été tuée dans une attaque aérienne menée par la Jordanie. Une explication qui n'a jamais convaincu les autorités américaines.

Son décès, et l'exécution de trois otages américains mise en scène dans des vidéos de propagande, valent à El Shafee el-Sheikh d'être jugé aux Etats-Unis.

Lors d'une interruption de l'audience, le petit ami syrien de Kayla Mueller a lancé en arabe à l'accusé qu'il finirait en enfer.

Tout en l'admonestant, le magistrat T.S. Ellis a autorisé M. Safarjalani à rester dans le public, jugeant ses propos "prédictifs" plutôt que "menaçants".

El Shafee el-Sheikh reconnaît avoir été combattant dans les rangs de l'EI mais nie avoir fait partie des "Beatles", malgré des interviews accablantes et la reconnaissance de culpabilité d'Alexanda Kotey, avec qui il a été arrêté par les forces kurdes syriennes.

Son procès doit encore durer deux semaines. Il encourt la rétention à perpétuité, les Etats-Unis s'étant engagé à ne pas requérir la peine de mort afin d'obtenir la coopération de la justice britannique.


L'Afrique peut devenir une "superpuissance du renouvelable", dit Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
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  • L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres
  • Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures

YOKOHAMA: L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres, en appelant à davantage d'investissements dans l'énergie verte sur ce continent riche en ressources.

"Nous devons mobiliser des financements et des technologies, afin que la richesse naturelle de l'Afrique profite aux populations africaines. Nous devons construire une base florissante pour les énergies renouvelables et leur production à travers le continent", a déclaré M. Guterres lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD).

"L'Afrique a tout ce qu'il faut pour devenir une superpuissance du renouvelable, du solaire et de l'éolien aux minéraux critiques qui alimentent les nouvelles technologies", a-t-il affirmé.

"L'énergie verte en Afrique réduit les coûts énergétiques, diversifie les chaînes d'approvisionnement et accélère la décarbonation pour tous", a ajouté le chef de l'ONU, qui s'est exprimé dans le cadre de ce rassemblement de trois jours auquel assistent une cinquantaine de pays africains.

Le Japon souhaite profiter de cette 9e TICAD pour se présenter comme une alternative à la Chine au moment où le continent africain fait face à une crise de la dette et souffre du changement climatique.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures.

Mais les pays africains font désormais face à une "vague" de dettes envers la Chine et les créanciers privés, avait averti en mai l'Institut Lowy, un cercle de réflexion australien.

A cela s'ajoute la réduction de l'aide occidentale, en particulier depuis le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) par le président américain Donald Trump.

M. Guterres a également averti que "la dette ne doit pas étouffer le développement" et que l'Afrique a besoin de financements et d'une plus grande capacité de prêt des banques multilatérales de développement.

Parmi les participants, le président du Kenya, William Ruto, a déclaré sur X que son pays était en négociation avec le constructeur automobile japonais Toyota pour la fourniture de 5.000 "véhicules électriques" dans le cadre de l'"engagement du pays envers l'énergie propre".

Dans son discours d'ouverture mercredi, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé un plan pour former 30.000 personnes à l'intelligence artificielle en Afrique sur trois ans et pour étudier l'idée d'un partenariat économique Japon-Afrique.

"L'Afrique, avec un âge médian de 19 ans, déborde de vitalité juvénile. La clé pour faire de l'Afrique le prochain centre de croissance est de renforcer les capacités des jeunes et des femmes et de leur assurer un emploi," a déclaré Ishiba.


Pour la Croix-Rouge l'intensification des hostilités par Israël à Gaza «est intolérable»

Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi. (AFP)
Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi. (AFP)
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  • "Gaza est un espace clos, d'où personne ne peut s'échapper… et où l'accès aux soins de santé, à la nourriture et à l'eau potable diminue", a-t-il souligné, notant également que "pendant ce temps, la sécurité des humanitaires se détériore d'heure en heure"
  • "C'est intolérable", a conclu le porte-parole du CICR, qui participe activement aux opérations humanitaires sur le terrain et qui a aussi été impliqué dans toutes les opérations d'échange d'otages détenus à Gaza

GENEVE: Le Comité international de la Croix-Rouge juge "intolérable" l'intensification des hostilités dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a lancé ses premières opérations et poursuivi les bombardements, a déclaré son porte-parole jeudi.

"L'intensification des hostilités à Gaza signifie plus de morts, plus de déplacements, plus de destructions et plus de panique", a dit Christian Cardon, le porte-parole de l'organisation basée à Genève, dans un message à l'AFP.

"Gaza est un espace clos, d'où personne ne peut s'échapper… et où l'accès aux soins de santé, à la nourriture et à l'eau potable diminue", a-t-il souligné, notant également que "pendant ce temps, la sécurité des humanitaires se détériore d'heure en heure".

"C'est intolérable", a conclu le porte-parole du CICR, qui participe activement aux opérations humanitaires sur le terrain et qui a aussi été impliqué dans toutes les opérations d'échange d'otages détenus à Gaza contre prisonniers palestiniens aux mains des Israéliens.

Depuis le 7-Octobre, le CICR a essayé activement mais en vain d'avoir accès aux otages pris en Israël par le Hamas et ses alliés, lors de l'attaque sans précédent qui a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils.

Quelque 49 otages dont 27 morts sont toujours détenus dans la bande de Gaza.

L'objectif de l'armée israélienne est de prendre la ville de Gaza qu'elle considère comme le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien, après 22 mois de bombardements et de siège.

Ils ont fait plus de 62.000 morts majoritairement des civils, totalement dévasté le petit territoire, où tentent de survivre 2 millions de personnes quasiment privées de nourriture, d'eau et de soins.


Zelensky attend les garanties de sécurité, avant une rencontre avec Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe. (AFP)
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  • M. Zelensky a déclaré qu'il souhaitait comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" devant un groupe de médias dont l'AFP -- des déclarations faites mercredi mais sous embargo jusqu'à jeudi matin
  • Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à l'invasion russe lancée en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde guerre mondiale

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé attendre les grandes lignes des garanties de sécurité des Occidentaux pour son pays avant sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe.

M. Zelensky a déclaré qu'il souhaitait comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" devant un groupe de médias dont l'AFP -- des déclarations faites mercredi mais sous embargo jusqu'à jeudi matin.

Une fois que cela sera fait, "nous devrions avoir une réunion bilatérale dans une semaine ou deux", comme le souhaite Donald Trump,  a expliqué M. Zelensky, pour qui ce serait la première rencontre avec son homologue russe depuis 2019.

En fonction de ses résultats, le président américain pourrait ensuite participer à une réunion trilatérale avec les deux dirigeants, selon M. Zelensky.

Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à l'invasion russe lancée en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Mais l'intensité des hostilités ne faiblit pas et chaque partie semble se préparer à la poursuite des combats.

Les inconnues restent nombreuses tant les positions de Moscou et Kiev sont opposées, notamment sur la question des territoires ukrainiens occupés et sur les garanties de sécurité que Kiev négocie avec ses alliés.

Le président ukrainien a mentionné la Suisse, l'Autriche ou la Turquie pour sa rencontre avec son homologue russe. Il a en revanche écarté la Hongrie restée proche du Kremlin, préférant une "Europe neutre".

Vladimir Poutine semble avoir accepté le principe de cette rencontre, qu'il refusait jusque-là.

Mais ni date ni lieu n'a été annoncé, et Moscou a semblé calmer les ardeurs mercredi en soulignant qu'une telle rencontre devait être "préparée avec le plus grand soin".

Renforcement russe dans le sud 

Trouver un accord sur les garanties de sécurité s'annonce également complexe.

Européens et Américains ont évoqué ces derniers mois différentes possibilités allant de garanties similaires au fameux "article 5" de l'Otan au déploiement d'un contingent militaire en Ukraine ou encore à un soutien en matière de formation, aérien ou naval.

L'Ukraine considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l'envahir, d'où l'importance de ces garanties.

Moscou, qui considère l'expansion de l'Otan à ses frontières comme l'une des "causes profondes" ayant mené au conflit, rejette de son côté catégoriquement la plupart de ces éventualités et veut que ses exigences soient prises en compte.

Volodymyr Zelensky a aussi exclu l'idée de Moscou que la Chine soit un garant de sécurité pour l'Ukraine.

"Premièrement, la Chine ne nous a pas aidés à mettre fin à cette guerre dès le début. Deuxièmement, la Chine a aidé la Russie en (lui) ouvrant (son) marché des drones", a-t-il expliqué.

En dépit des réunions diplomatiques, le conflit ne montre aucun signe de ralentissement.

La Russie a ainsi lancé dans la nuit de mercredi à jeudi sa plus grosse attaque de drones et missiles depuis des semaines, faisant un mort et une quinzaine de blessés, selon les autorités locales.

Moscou a utilisé 574 drones et 40 missiles, a affirmé l'armée de l'air ukrainienne.

Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de masser des troupes dans la partie occupée de la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, en vue d'une potentielle offensive.

Selon le dirigeant ukrainien, Moscou transfère vers cette zone ses forces depuis la région russe de Koursk, dont une petite partie avait été occupée par les forces ukrainiennes jusqu'au printemps dernier et où Kiev affirme poursuivre ses attaques.

De son côté, l'Ukraine cherche à augmenter sa production d'armement, une façon de réduire sa dépendance à l'aide des alliés.

Volodymyr Zelensky a affirmé que son pays avait testé avec succès un nouveau missile d'une portée de 3.000 kilomètres appelé Flamingo.

"Il s'agit actuellement de notre missile le plus performant", a-t-il salué, évoquant une production de masse possible d'ici la fin de l'année ou début 2026.