Des influenceuses russes dénoncent la «russophobie» de Chanel

Une femme passe devant une boutique Chanel fermée à Moscou le 10 mars 2022. (Photo, AFP)
Une femme passe devant une boutique Chanel fermée à Moscou le 10 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

Des influenceuses russes dénoncent la «russophobie» de Chanel

  • Plusieurs clients russes, dont des «influenceuses», se sont plaints de la marque de luxe française. Et pour cause, cette dernière refuse de leur vendre ses produits
  • «La russophobie en action. J'en ai fait l'expérience moi-même», a déclaré Anna Kalachnikova

PARIS: Les sanctions liées à la guerre en Ukraine ne concernent plus la Russie et une poignée de personnes proche du pouvoir seulement; pour Chanel, tous les Russes sont concernés.

En effet, plusieurs clients russes, dont des «influenceuses», se sont plaints de la marque de luxe française. Et pour cause, cette dernière refuse de leur vendre ses produits.

Ainsi, Anna Kalachnikova, célèbre influenceuse russe aux 2,4 millions d’abonnés, s’est plainte du fait qu’un magasin Chanel, basé à Dubaï, lui a refusé le droit d’acheter des produits de l’enseigne.

«Comme je viens souvent à Dubaï en tant qu'hôte de la Fashion Week, les managers de Chanel m'ont reconnue, m'ont approchée et m'ont dit: «Nous savons que vous êtes une célébrité en Russie. Nous savons que vous irez là-bas, donc nous ne pouvons pas vous vendre nos articles de marque», a-t-elle déclaré. 

«Les boutiques occidentales demandent des données d'identification, et quand vous [donnez] un numéro russe, les vendeurs vous disent: “maintenant nous ne vendons des articles aux Russes qu'avec la promesse qu'ils ne les emmèneront pas en Russie et qu'ils ne les porteront pas là-bas”», a déclaré Kalachnikova. «La russophobie en action. J'en ai fait l'expérience moi-même», a-t-elle ajouté.

L'influenceuse russe Liza Litvin a raconté une expérience similaire. Dans une story sur Instagram, elle confiait que le magasin Chanel à Dubaï lui avait demandé de signer un document déclarant qu'elle ne vivait pas en Russie et qu'elle n'utiliserait pas son sac sur le sol russe. «  Je suis allée dans une boutique Chanel au Mall of the Emirates. Ils ne m'ont pas vendu leur sac parce que je viens de Russie  », écrivait-elle, révoltée.

 

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Un magasin Chanel à Dubaï demande aux clients russes de signer un document déclarant qu'ils ne vivent pas en Russie et qu'ils n'utiliseraient pas leurs produits sur le sol russe. (Photo, Instagram)

 

Plus tôt cette semaine, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré: «Un certain nombre de blogueurs ont rapporté que les magasins officiels de la marque Chanel à l'étranger refusaient de vendre leurs produits aux citoyens russes.»

Pour protester contre ce qu’elles considèrent être une discrimination, des mannequins russes se sont filmées en train de couper leurs sacs Chanel avec des ciseaux. À l’instar de Victoria Bonya, qui a rapidement été imitée par d’autres femmes russes. 

En réaction à ce qui semble devenir un bad buzz, la marque de luxe a réagit via un communiqué et a déclaré: «Chanel est une société internationale. En tant que telle, elle se conforme à toutes les lois applicables à ses activités et à ses employés dans le monde entier, y compris les lois sur les sanctions commerciales. En ce qui concerne les différentes sanctions émises par l'UE, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suisse en relation avec la Russie et la Biélorussie, il est interdit à Chanel de transiger avec certaines personnes physiques et morales désignées», ajoutant que «Chanel n’est pas autorisé à effectuer des transactions avec certaines personnes physiques et morales désignées/listées par ces régimes de sanctions».

«En outre, les lois de sanctions les plus récentes de l'UE et de la Suisse comprennent une interdiction de vente, fourniture, transfert ou exportation, directement ou indirectement, de produits de luxe à toute personne physique ou morale, entité ou organisme en Russie ou pour une utilisation en Russie», explique la même source.

Chanel explique, en effet, qu'elle est contrainte à mettre en œuvre les sanctions de l'Union européenne qui interdisent l'exportation de produits de luxe coûtant plus de 300 euros vers la Russie.

Enfin, la marque de luxe fait son mea culpa pour cette méthode qui en a choqué plus d'un : «Nous sommes conscients que ce processus d'interprétation de la loi a déçu certains de nos clients. Nous travaillons actuellement à l'amélioration de cette approche et nous nous excusons pour tout malentendu que cela a pu causer, car l'accueil de tous nos clients, d'où qu'ils viennent, est une priorité pour Chanel».

Pour rappel, de nombreuses marques occidentales ont cessé leurs activités en Russie. Début mars, les détaillants de luxe Chanel, LVMH, Hermès et Kering ont annoncé qu'ils fermeraient temporairement leurs magasins dans le pays.

 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.