Présidentielle J-2: avant-dernier jour de campagne, l'écart se réduit entre Macron et Le Pen

Tracts électoraux pliés d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen le 6 avril 2022 à Marseille (Photo, AFP).
Tracts électoraux pliés d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen le 6 avril 2022 à Marseille (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

Présidentielle J-2: avant-dernier jour de campagne, l'écart se réduit entre Macron et Le Pen

  • Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien à paraître vendredi, le président-candidat Emmanuel Macron s'en est pris frontalement à Marine Le Pen
  • Pour les 12 prétendants à l'Elysée, deux grands défis s'imposent avant la fin officielle de la campagne vendredi à minuit: mobiliser leurs partisans

PARIS: Les candidats ont jeté jeudi leurs dernières forces dans la bataille à trois jours d'un premier tour incertain, l'écart se réduisant de plus en plus entre les deux favoris de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Pour les 12 prétendants à l'Elysée, deux grands défis s'imposent avant la fin officielle de la campagne vendredi à minuit: mobiliser leurs partisans alors que l'abstention pourrait approcher ou dépasser le record de 2002 (28,4%) et aller chercher les nombreux indécis, qui représentent un tiers des personnes sûres d'aller voter.

Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien à paraître vendredi, le président-candidat Emmanuel Macron s'en est pris frontalement à sa rivale d'extrême droite en l'accusant de "mentir aux gens" avec un programme social qu'elle ne pourra financer.

La soirée électorale du candidat Macron aura finalement lieu dans le sud-ouest parisien

L'équipe de campagne du président sortant a mis en avant "des contraintes pratiques" pour justifier de ce changement, à trois jours de la soirée.

C'est dans ce même parc des expositions, situé porte de Versailles, dans le XVe arrondissement, que le candidat Macron de 2017 avait tenu sa soirée électorale du premier tour. Après l'annonce des résultats qui l'avaient porté en tête du scrutin, il s'était affiché sur scène le temps d'une allocution aux côtés de son épouse, Brigitte Macron.

«Programme raciste»

Selon lui, Marine Le Pen s'est "banalisée", mais "ses fondamentaux n’ont pas changé" avec "un programme raciste, qui vise à cliver la société et d’une grande brutalité". 

Tardivement entré en campagne et après avoir été très mobilisé par la situation en Ukraine, le candidat Macron est toujours donné favori avec environ 26/27% des intentions de vote au premier tour, et donné victorieux au second tour par les sondages, mais jour après jour son avance se réduit face à Marine Le Pen (23/24%).

"On voit la dynamique de Marine Le Pen, il faudra mettre le turbo au 2e tour", a reconnu à l'AFP un conseiller de la campagne Macron. "Notre objectif est d’abord de conforter notre avance, éviter qu’elle soit devant au premier tour", a renchéri un membre de la majorité présidentielle.

De son côté, la candidate d'extrême droite, qui a beaucoup oeuvré pour lisser son image même si son projet reste aussi "radical" sur le plan migratoire et institutionnel, a tenu son dernier meeting dans le plus grand fief du RN, à Perpignan.

En pleine dynamique dans les sondages ces derniers jours, autour de 23/24%, Mme Le Pen veut mobiliser un électorat largement populaire, face à la menace de l'abstention, qui pourrait être particulièrement importante dans les classes modestes. 

Reprenez le contrôle

"Je vous conjure d’aller voter", a déclaré la candidate du RN devant quelque 4.000 partisans selon les organisateurs, qui scandaient "Marine présidente", ou "on est chez nous". 

"A la présidentielle, on ne s’abstient pas, reprenez le contrôle!" car "aucun résultat n’est acquis tant que vous n’avez pas voté", a insisté Marine Le Pen.

Bien décidé à s'inviter au second tour, le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, en hausse autour de 16%, met également les bouchées doubles. LFI multiplie les réunions publiques, au moins une dans chaque département.

Un cran en dessous, autour de 6%, l'écologiste Yannick Jadot espère que "les Français s'empareront de l'élection" après une "campagne confisquée". 

Le "vote écologiste est toujours efficace", a-t-il martelé en meeting à Nantes, tentant de dissuader les électeurs de gauche de voter "utile" pour Jean-Luc Mélenchon. Il a appelé "à un sursaut des consciences, à la mobilisation générale pour le climat, pour la nature, pour nos enfants".

La candidate LR Valérie Pécresse et son rival d'extrême droite Eric Zemmour (Reconquête!), tous deux autour de 8/9% après être partis de bien plus haut, se livrent une bataille acharnée en vue d'une recomposition dans leur camp. 

En déplacement dans le Rhône, Mme Pécresse a appelé les Français à ne choisir "ni immobilisme, ni extrémisme". "Les Français veulent un programme de droite" mais "Emmanuel Macron n'est pas de droite", a assuré la candidate dont l'électorat est très courtisé par le président-candidat mais aussi par l'extrême droite.

«Impuissance publique»

A l'issue de son meeting lyonnais, elle s'est rendue dans le quartier populaire de La Guillotière pour y parler des problèmes d'insécurité avec des habitants, qui déploraient l'"impunité grandissante".

"Les Français n'en peuvent plus de l'impuissance publique, c'est elle qui va conduire à avoir les extrêmes au pouvoir", a-t-elle affirmé, en se présentant comme l'"alternance, celle qui ramènera de l'ordre".

Lors de son dernier meeting à Paris, Eric Zemmour a pour sa part balayé les grands thèmes de sa campagne, fustigeant les "racailles", dénonçant l'écologie de "Greta Thunberg", des "éoliennes" ou de la "décroissance", et critiqué le "néoféminisme" comme "indifférenciation sexuelle".

Autour ou sous la barre fatidique des 5%, qui détermine le remboursement des frais de campagne, le communiste Fabien Roussel, en meeting à Lille, a anticipé "le début d'une renaissance" pour la gauche après la présidentielle, ajoutant que ce scrutin ne serait pas "son dernier combat". 

En meeting à Toulouse, Philippe Poutou (NPA) se projette aussi dans l'après, appelant à "reconstruire le plus large possible" une gauche divisée et affaiblie.

"On lâche rien", a lancé à des militants lors d'une visite à Rouen Anne Hidalgo, qui commence aussi à travailler à la recomposition de la gauche.


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".