Le Canada dévoile un budget resserré axé sur le logement et des dépenses militaires en hausse

La vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland prend la parole lors d'une conférence de presse à Ottawa, Canada, le 26 octobre 2021 (Photo, AFP).
La vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland prend la parole lors d'une conférence de presse à Ottawa, Canada, le 26 octobre 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

Le Canada dévoile un budget resserré axé sur le logement et des dépenses militaires en hausse

  • Le Canada va augmenter ses dépenses militaires en raison de la guerre en Ukraine, selon un budget dévoilé jeudi
  • Huit milliards de dollars supplémentaires sont attribués pour renforcer le budget de la défense, qui reste toutefois en dessous des 2% du PIB demandé par l'Otan

OTTAWA: Le Canada va augmenter ses dépenses militaires en raison de la guerre en Ukraine, selon un budget dévoilé jeudi qui prévoit aussi un volet pour attirer les investissements étrangers et des mesures en faveur du logement pour lutter contre l'érosion du pouvoir d'achat.

"Nous dépensons maintenant plus pour la défense que nous l'avions prévu avant l'invasion russe en Ukraine", a déclaré Chrystia Freeland, la ministre des Finances, ajoutant que cette guerre constituait "la menace la plus sérieuse du monde aujourd'hui".

Celle qui est la première femme à la tête du ministère des Finances a débuté son discours au Parlement en revenant sur les 25 derniers mois marqués par le choc de la pandémie de Covid-19 et le retour de la guerre en Europe. 

Après deux années, qui ont constitué un "choc économique épouvantable" et amené à des dépenses exceptionnelles de l'état canadien, Ottawa a prévu de resserrer globalement les cordons de la bourse mais d'investir dans son armée.

Huit milliards de dollars supplémentaires sont attribués pour renforcer le budget de la défense, qui reste toutefois en dessous des 2% du PIB demandé par l'Otan.

Le gouvernement doit être "prêt à faire face à un monde désormais plus dangereux", a poursuivi la ministre Chrystia Freeland, ajoutant que "le combat des Ukrainiens est le nôtre, une lutte pour la démocratie".

Le Canada, comptant l'une des plus importantes diasporas ukrainiennes au monde, prévoit également de renforcer l'aide directe à l'Ukraine grâce à un prêt d'un milliard de dollars canadiens via le FMI et une nouvelle enveloppe de 500 millions pour de l'aide militaire.

Le pays, qui table sur un déficit budgétaire de 113,8 milliards de dollars canadiens (83 milliards d'euros) en 2021-2022, a revu par ailleurs à la baisse sa prévision de croissance pour 2022 à 3,9%, notamment en raison des difficultés mondiales d'approvisionnement et de la guerre en Ukraine.

La ministre s'est toutefois félicitée de la reprise économique des derniers mois, le pays a recréé les emplois perdus pendant la pandémie et compte un taux de chômage à des niveaux proches du plus bas historique.

Crise du logement

Pour ce premier budget du troisième mandat de Justin Trudeau depuis sa réélection en septembre dernier, l'accent est mis sur la crise du logement, un problème "fondamental" qui va nécessiter un "grand effort national".

Avec la croissance démographique "la plus rapide du G7" en 2020 et un manque criant de logements, Ottawa table sur le "plan le plus ambitieux que le Canada ait jamais eu à mettre en œuvre" pour favoriser entre autres l'émergence de nouveaux chantiers de construction.   

Le gouvernement compte également interdire pendant deux ans l'achat de maisons par des investisseurs étrangers pour tenter de contrer l'augmentation fulgurante des prix de l'immobilier de ces dernières années.

Toutefois le Canada table sur des investissements étrangers dans sa politique climatique. Il espère attirer "des milliards de dollars en capital privé dont nous avons besoin pour transformer notre économie à grande vitesse et à grande échelle", grâce à un nouveau fonds de croissance, a dit Chrystia Freeland.

Ce fonds de 15 milliards de dollars sur cinq ans, doit devenir l'"élément clé de l'économie à zéro émission nette du Canada" et accélérer l'investissement de capitaux privés dans des projets de décarbonisation et de technologies propres.

Pour doper les véhicules électriques, le gouvernement veut débloquer une enveloppe de plus de 3 milliards de dollars canadiens "pour rendre les véhicules zéro émission plus abordables".

Le budget 2022 prévoit en outre une enveloppe de plus de cinq milliards de dollars pour les soins dentaires des Canadiens, une mesure proposée par le Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche), allié des Libéraux de Justin Trudeau.

Les deux partis ont récemment signé un accord politique pour permettre au gouvernement de rester en place jusqu'aux élections de 2025, malgré sa minorité au parlement.

Le budget, présenté jeudi, sera soumis à un vote à la Chambre des communes dans les semaines qui viennent.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.