Pakistan: Shehbaz Sharif aux portes du pouvoir après la chute d'Imran Khan

Le chef de l'opposition pakistanaise Shehbaz Sharif (C) s'adresse aux médias avant d'assister à une audience devant le bâtiment de la Cour suprême à Islamabad, le 7 avril 2022. (AFP)
Le chef de l'opposition pakistanaise Shehbaz Sharif (C) s'adresse aux médias avant d'assister à une audience devant le bâtiment de la Cour suprême à Islamabad, le 7 avril 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 10 avril 2022

Pakistan: Shehbaz Sharif aux portes du pouvoir après la chute d'Imran Khan

  • Le départ de M. Khan ouvre la voie à la formation d'une improbable alliance parlementaire qui devrait, dès lundi, désigner Shehbaz Sharif, le chef de la Ligue musulmane du Pakistan
  • La première tâche de M. Sharif consistera à former un gouvernement de coalition avec le Parti du peuple pakistanais (PPP, gauche) et la petite formation conservatrice Jamiatul Ulema-e-Islam-F (JUI-F)

ISLAMABAD: Le chef de la Ligue musulmane du Pakistan Shehbaz Sharif s'apprête à devenir lundi le nouvel homme fort du pays après la chute du Premier ministre Imran Khan, mais il devra affronter les mêmes problèmes que ceux qui ont coûté son siège à son prédécesseur.


Après des semaines de crise, l'Assemblée nationale du Pakistan a destitué dans la nuit de samedi à dimanche Imran Khan, premier chef du gouvernement de l'histoire du pays à se voir renversé par une motion de censure.


Le départ de M. Khan ouvre la voie à la formation d'une improbable alliance parlementaire qui devrait, dès lundi, désigner Shehbaz Sharif, le chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), à la tête du pays de 220 millions d'habitants doté de l'arme nucléaire.


La première tâche de M. Sharif consistera à former un gouvernement de coalition avec le Parti du peuple pakistanais (PPP, gauche) et la petite formation conservatrice Jamiatul Ulema-e-Islam-F (JUI-F).


Le PPP et le PML-N sont les deux partis dynastiques qui ont dominé la vie politique nationale pendant des décennies, et qui sont plus habituées à s'affronter qu'à s'entendre.


Leur alliance de circonstance, forgée pour chasser Imran Khan du pouvoir, a peu de chances de survivre à l'approche des prochaines élections, prévues au plus tard en octobre 2023.


Shehbaz Sharif, 70 ans, est le frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre. Il a longtemps dirigé la province du Pendjab, la plus peuplée du pays.


Le PPP est pour sa part dirigé par Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancien président Asif Ali Zardari et de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto assassinée en 2007.

Sorti de l'ombre de son frère, Shehbaz Sharif s'apprête à diriger le Pakistan

Dirigeant chevronné et sévère, Shehbaz Sharif est pressenti pour devenir le nouveau Premier ministre du Pakistan après la chute d'Imran Khan, ce qui lui permettrait de sortir pour de bon de l'ombre de son frère, Nawaz.


Shehbaz Sharif devrait être désigné dès lundi par l'Assemblée nationale. Il est le frère cadet de Nawaz Sharif, qui a été trois fois Premier ministre avant d'être destitué en 2017 pour corruption présumée et emprisonné, puis libéré deux ans plus tard pour raisons médicales, et qui vit depuis en exil au Royaume-Uni.


A 70 ans, le président de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), est lui-même un homme politique chevronné. Il a dirigé pendant des années le gouvernement de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays et fief électoral de son parti.


Dirigeant sévère, réputé pour ses emportements passionnés, il est connu pour citer des poèmes révolutionnaires dans ses discours et ses réunions publiques, et ses collègues le considèrent comme un bourreau de travail.


Il avait hérité avec son frère de l'entreprise sidérurgique familiale alors qu'il était jeune homme d'affaires, avant d'être élu pour la première fois à un poste provincial en 1988.


Dans ces fonctions, il a piloté une série de projets d'infrastructures de grande envergure, dont le premier service de métro-bus du Pakistan.


Son penchant pour les visites surprises dans les bureaux du gouvernement, vêtu d'un costume et d'un chapeau de safari, lui a permis de tenir les fonctionnaires constamment sur le qui-vive.


Pourtant, ses détracteurs affirment qu'il ne s'est pas attaqué aux problèmes fondamentaux de la province - notamment la réforme de la fonction publique, de la santé et de l'agriculture - et qu'il s'est surtout concentré sur des projets à visée électorale, comme la distribution d'ordinateurs portables aux étudiants ou l'offre de transport gratuit aux chômeurs.

- Libéré sous caution -
Il a aussi été lié à des affaires de pots-de-vin et de corruption, des accusations qui, selon ses partisans, sont le fruit d'une vendetta politique de la part du Premier ministre déchu, Imran Khan.


En décembre 2019, l'Autorité anti-corruption (NAB) a saisi près d'une vingtaine de propriétés appartenant à Shehbaz Sharif et à son fils Hamza, les accusant de blanchiment d'argent.


Il a été arrêté et emprisonné en septembre 2020, mais libéré sous caution près de six mois plus tard en attente d'un procès toujours en attente.


Contrairement à son frère aîné, dont les relations étaient tendues avec ses opposants et avec les militaires, il est considéré comme un négociateur plus souple, capable de faire des compromis même avec ses ennemis.


L'armée est l'institution la plus puissante du Pakistan et a dirigé le pays pendant près de la moitié de son histoire, tirant les ficelles même lorsqu'elle n'est pas elle-même au pouvoir.


"Je suis toujours resté un fervent partisan d'une coordination efficace entre Islamabad et Rawalpindi", a-t-il déclaré, en faisant référence à la capitale administrative et au quartier général militaire voisin.


Il reste populaire, malgré les Unes de la presse à scandales sur ses multiples mariages ou ses nombreuses propriétés immobilières, qui incluent des appartements de luxe à Londres et Dubaï.


Son dernier mariage avec l'écrivaine Tehmina Durrani a largement mis fin aux rumeurs.


Mme Durrani, une féministe dont le livre "Mon Seigneur et Maître" lui a valu une renommée internationale, est également créditée d'avoir amélioré le respect de Shehbaz Sharif à l'égard des femmes.


Des défis économiques et sécuritaires difficiles à relever l'attendront s'il devient Premier ministre. La croissance économique stagne et les actions violentes menées par les talibans pakistanais et les groupes séparatistes du Baloutchistan sont en hausse.

Pas de vengeance 
"Nous appliquerons un baume sur les plaies de cette nation", a affirmé M. Sharif au terme de l'interminable bataille parlementaire qui a abouti à la chute de M. Khan dimanche à l'aube.


Il a promis de ne pas se venger contre le camp de son prédécesseur, contrairement à une pratique bien établie au Pakistan.


Imran Khan, une ancienne star du cricket qui était au pouvoir depuis 2018, a appelé ses partisans à descendre dans la rue dimanche après l'iftar, le repas du soir rompant le jeûne du ramadan.


Il affirme être la victime d'un "changement de régime" orchestré selon lui par les Etats-Unis en raison de ses critiques à l'égard de la politique américaine dans les pays musulmans, notamment en Irak et en Afghanistan.


Il a tout tenté pour se maintenir au pouvoir, avant que l'Assemblée nationale ne vote la censure par 174 voix sur 342, et n'a certainement pas dit son dernier mot.


"La carrière politique de Khan ne s'arrêtera pas là, sa base de soutien est intacte", a prédit l'analyste politique Zahid Hussain.


"Ses assertions de ces derniers mois, selon lesquelles il a été victime d'un complot étranger, lui ont apporté un certain soutien", en jouant sur le sentiment anti-américain des électeurs, a-t-il ajouté.


"D'après ce qu'il dit, il semble vouloir créer des problèmes pour le gouvernement et poursuivre une espèce de politique de rébellion (...) plutôt que d'oeuvrer pour le bien du pays et de la société", a estimé pour sa part Talat Masood, un ancien général devenu politologue.


Une lourde tâche attend le prochain Premier ministre, qui devra affronter les mêmes défis que ceux qui ont abouti à la chute de M. Khan. 


A commencer par une économie en berne - inflation galopante, roupie faible et dette écrasante - et la multiplication des attaques menées par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais.


L'armée, clé du pouvoir politique dans ce pays qui a passé plus de trois décennies sous un régime militaire, et qui avait été accusée de soutenir M. Khan en 2018, n'est pas publiquement intervenue ces derniers jours.


Au moment-même où les députés s'écharpaient dans l'hémicycle sur l'avenir de M. Khan, l'armée publiait une vidéo montrant le lancement d'un missile balistique Chaheen-III, quelques semaines après le tir accidentel d'un missile indien contre le Pakistan.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.