Macron appelle à fonder «un grand mouvement politique d'unité et d'action»

Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Macron appelle à fonder «un grand mouvement politique d'unité et d'action»

Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
  • Emmanuel Macron et Marine Le Pen qualifiés pour un nouveau duel comme en 2017, des partis traditionnels en déroute, une abstention en hausse mais pas record
  • La grande majorité de la classe politique a appelé dimanche à voter pour le président sortant Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle

PARIS: Emmanuel Macron a appelé dimanche, à l'issue du premier tour de la présidentielle, à fonder au-delà des "différences" "un grand mouvement politique d'unité et d'action" et dit vouloir "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France". 

"J'appelle tous ceux qui depuis six ans et jusqu'à ce soir se sont engagés pour travailler à mes côtés à transcender leurs différences pour se rassembler en un grand mouvement politique d'unité et d'action pour notre pays", a-t-il déclaré depuis son QG électoral, en présence de plusieurs figures de la macronie, dont le Premier ministre Jean Castex

"Rien n'est joué" a lancé le président sortant Emmanuel Macron.

"Le débat que nous aurons pendant 15 jours sera décisif pour notre pays et pour l'Europe", a-t-il lancé devant ses supporteurs, saluant la "clarté à l'égard de l'extrême droite" de plusieurs candidats éliminés qui ont appelé à voter pour lui, et se disant prêt à "inventer quelque chose de nouveau" pour rassembler.

Arrivé en tête des suffrages dimanche soir avec un meilleur score qu'il y a cinq ans, Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. 

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Biographie et éléments de programme d'Emmanuel Macron. (Graphique, AFP)

Pour la première fois depuis vingt ans, le président sortant arrive en tête du premier tour et, pour la première fois depuis plus de quarante ans, les Français ont qualifié au second tour le même duel que lors de la précédente élection présidentielle. 

Le scrutin était annoncé incertain et volatil jusqu'au dernier jour. En recueillant de 27,6% à 29,7% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron est dans l'étiage haut que les instituts de sondage lui promettaient en fin de campagne, supérieur à son score de 2017 (24,01%). 

Une satisfaction? Si les mêmes analystes tablaient il y a encore un mois sur un potentiel de plus de 30% des voix pour le président sortant, un temps bénéficiaire d'un "effet drapeau" lié à la guerre en Ukraine, l'état-major de la macronie ne faisait pas la fine bouche dimanche soir après des derniers jours jugés compliqués. 

Une campagne jugée tardive, poussive et sans entrain, au positionnement incertain, laissait craindre une mauvaise surprise, tant les courbes du chef de l'Etat et celles de Mme Le Pen se rapprochaient. Elle n'a finalement pas entamé sa dynamique. 

La parcimonie avec laquelle le candidat favori a consenti à faire des déplacements, en laissant courir l'idée d'"enjamber" ce premier tour imprudemment considéré sans risque, avait également suscité de lourdes interrogations. 

La mise en garde contre une performance annoncée de la candidate d'extrême droite semble finalement avoir porté ses fruits, alors qu'Emmanuel Macron avait encore accusé jeudi sa rivale d'être "raciste" dans un entretien au Parisien. 

Un appel très large de la classe politique à voter pour Emmanuel Macron

La grande majorité de la classe politique a appelé dimanche à voter pour le président sortant Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, qui a de son côté reçu le soutien d'Eric Zemmour. 

Ceux qui appellent à voter Macron 

- La candidate du PS Anne Hidalgo a appelé dimanche depuis son QG de campagne les Français à voter le 24 avril "contre l'extrême droite de Marine Le Pen en (se) servant du bulletin de vote Emmanuel Macron". 

- Le candidat du PCF Fabien Roussel a appelé à "battre l'extrême droite, à la mettre en échec, en se servant du seul bulletin à notre disposition", demandant cependant au candidat Emmanuel Macron de "dire qu'il a entendu le message" envoyé par les Français. 

- La candidate LR Valérie Pécresse a annoncé qu'elle voterait "en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait". Reconnaissant ne pas être "propriétaire des suffrages qui se sont portés sur son nom", elle a invité ses électeurs à peser les "conséquences potentiellement désastreuses" d'un choix différent du sien. 

- Le candidat EELV Yannick Jadot a appelé à "faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron" face à Marine Le Pen au second tour. "Notre vote ne vaut pas caution" pour le président sortant, qui doit maintenant "créer les conditions du rassemblement pour faire échec à l'extrême droite", a-t-il ajouté. 

- Le député LR Guillaume Larrivé (LR) a annoncé sur Twitter qu'il voterait pour Emmanuel Macron, qui "a l'expérience de l'Etat et des crises". "Donnons-lui la force de rassembler les Français. Construisons, avec lui, une nouvelle majorité pour faire réussir la France", a-t-il ajouté. 

- Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé à la "mobilisation" pour le second tour. "C'est une deuxième campagne qui commence", a-t-il dit sur France 2. 

Ceux qui excluent le vote Le Pen 

- "Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen", a affirmé à trois reprises depuis son QG le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, sans appeler à voter pour M. Macron. 

- "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a affirmé depuis son QG le candidat NPA Philippe Poutou, qui n'a pas non plus donné de consigne de vote pour M. Macron. 

- Le député LFI Adrien Quatennens a confirmé sur France 2 que son parti organiserait comme en 2017 une "consultation" interne en vue du second tour. "Le vote d'extrême droite ne sera pas une option" dans cette consultation, a-t-il ajouté. 

Ceux qui appellent à voter Le Pen 

- Le porte-parole de Marine Le Pen, Louis Aliot, a appelé sur France 2 tous les électeurs français "qui ne veulent pas voir M. Macron dans un deuxième mandat" à "se rassembler" derrière la candidate RN, "pour avoir une belle surprise". 

- Eric Zemmour, malgré ses "désaccords" avec Marine Le Pen, a appelé dès dimanche soir à voter pour elle. "Je ne me tromperai pas d'adversaire. C'est la raison pour laquelle j'appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen". 

- La nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, ralliée à Eric Zemmour, a de son côté confirmé sur TF1 quelle voterait "personnellement" pour sa tante. 

Ceux qui ne se prononcent pas 

- Le député LR Eric Ciotti a refusé de donner une consigne de vote pour le second tour. "Je ne me reconnais pas dans (la) politique (d'Emmanuel Macron), je ne le soutiendrai pas", a affirmé M. Ciotti sur TF1. 

Dynamique nouvelle

Emmanuel Macron est-il le favori pour le second tour? "Oui, mais", répondent certains lieutenants du président, tant la campagne d'entre-deux tours s'annonce ouverte. 

Car le paysage politique né de ce premier tour est inédit: d'abord, la faiblesse historique du Parti socialiste, des Républicains, mais aussi des Verts, laisse entrevoir un "front républicain" dégarni. 

Pire: comme il y a cinq ans, Jean-Luc Mélenchon réserve sa consigne de vote et l'hypothèse qu'il appelle à se porter sur le bulletin Macron dans quinze jours apparaît faible. De même, l'aile droite de LR semble résignée à un "ni-Le Pen, ni-Macron", à l'instar des positions de Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti en 2017. 

La candidate du Rassemblement national peut par ailleurs compter pour la première fois sur une réserve de voix substantielle, puisque les électeurs d'Eric Zemmour sont ultra-majoritairement disposés à voter pour elle le 24 avril, selon les instituts de sondage. 

Plus généralement, le camp Macron s'est inquiété ces dernières semaines, à mesure que Mme Le Pen montait dans les sondages, de voir la fille de Jean-Marie Le Pen parvenir à corriger une image jusqu'alors clivante, au profit de celle d'une femme d'Etat. 

Pour les macronistes, il s'agit d'abord de capitaliser sur un bon score promis à lancer une nouvelle dynamique. 

Sur le fond, les partisans du chef de l'Etat entendent surtout rappeler les fondamentaux d'extrême-droite de Mme Le Pen, dans une tentative de rediabolisation. 

Que ce soit sur les institutions, l'Europe ou sa vision du monde, le camp Macron veut plus que jamais renvoyer Marine Le Pen à sa conception supposée "illibérale" de la démocratie, à l'instar du chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán -qu'elle a félicité pour sa reconduction la semaine dernière, et de sa proximité jadis proclamée avec Vladimir Poutine. 

De même, la vision économique de Marine Le Pen, jugée non sérieuse, autant que ses revirements lors de la crise sanitaire, doivent alimenter un procès en incompétence. 

"Penser qu'activer ce levier du 'front républicain' contre l'extrême droite suffira à lui seul, c'est une illusion. Car le changement d'image de Marine Le Pen est une réalité", prévient toutefois le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. 

Point d'orgue: le débat d'entre-deux tours, prévu le mercredi 20 avril. "Mais ça ne pourra pas être pire que la dernière fois, donc on dira qu'elle a été meilleure", craint un proche du chef de l'Etat sortant. 

Cinq choses à retenir du premier tour

On refera le match de 2017 

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront au second tour comme en 2017. Le président sortant est arrivé largement en tête du premier avec autour de 28% des voix, selon les premières estimations. Il fait mieux qu'il y a cinq ans (24%). La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est, quant à elle, à nouveau classée en deuxième position avec autour de 24% des voix. Elle aussi fait mieux que lors de la présidentielle précédente où elle avait obtenu 21,3%. C'est la troisième fois que l'extrême droite parvient au second tour d'une présidentielle en France, après son père et ancien chef du Front national Jean-Marie Le Pen en 2002, puis elle-même, déjà, il y a cinq ans. 

Le troisième homme 

Comme il y a cinq ans, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon rate de quelques points la seconde place. Grâce à la dynamique ascendante de ces dernières semaines, il se classe troisième autour de 20%, soit un résultat sensiblement identique à celui d'il y a cinq ans quand il avait fini quatrième avec 19,6% des voix.   

Partis traditionnels en déroute 

Ce premier tour a été marqué par la déroute des partis traditionnels de la droite et de la gauche avec des résultats historiquement bas. La candidate LR Valérie Pécresse a connu une dégringolade pour se retrouver autour de la barre des 5%, seuil de remboursement des frais de campagne. Il y a cinq ans, François Fillon avait atteint 20%. Quant à la socialiste Anne Hidalgo, elle n'obtient que 2% des voix, trois fois moins que Benoît Hamon en 2017 qui avait déjà plongé jusqu'à 6,3%, considéré alors comme un crash total. Déception aussi pour les écologistes qui se retrouvent autour de la barre des 5% avec Yannick Jadot. 

Les appels au "barrage" 

Comme il y a cinq, les appels à faire barrage au Rassemblement national au second tour se sont multipliés dès les premières estimations connues. A gauche, le PCF Fabien Roussel, la PS Anne Hidalgo, l'écologiste Yannick Jadot ont appelé à voter pour Emmanuel Macron. "Il ne faut pas donner une seule voix à Marine Le Pen", a martelé à plusieurs reprises l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon. "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a affirmé pour sa part l'anticapitaliste Philippe Poutou.  

A droite, Valérie Pécresse a déclaré qu'elle voterait "en conscience" pour Emmanuel Macron. A l'inverse, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a appelé ses électeurs à voter pour Marine Le Pen.    

Une forte abstention 

L'abstention était redoutée, compte tenu du manque d'intérêt pour la présidentielle longtemps exprimé par les Français dans les enquêtes d'opinion. Elle s'est finalement située entre 26% et 28,3%, soit entre 4 et 6 points de plus qu'en 2017, selon les estimations. Elle se rapproche du niveau du 21 avril 2002, année record avec une abstention qui avait atteint 28,4%. Elle est toutefois moins forte que lors de la Bérézina des régionales et des départementales il y un an, avec deux tiers des électeurs qui n'avaient pas voté. L'abstention suit une tendance ascendante depuis la présidentielle de 2007 où elle avait été limitée à 16,23%. Elle est passée à 20,52% en 2012 et atteint 22,23% en 2017. 


Droit du travail: le gouvernement se donne jusqu'en septembre pour cadrer la négociation

Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement lance des négociations larges sur le droit du travail et l’assurance chômage, avec une lettre de cadrage attendue la semaine prochaine
  • Parmi les mesures envisagées : monétisation de la cinquième semaine de congés, suppression de deux jours fériés, lutte contre les temps partiels subis et assouplissement des CDD et intérim

PARIS: Le ministère du Travail a indiqué vendredi que la feuille de route de la négociation sur le droit du travail, avec notamment la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés, serait envoyée en septembre pour poursuivre "la concertation préalable".

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et sur le droit du travail pour participer à l'effort budgétaire.

Le ministère doit adresser "dans le courant de la semaine prochaine" la "lettre de cadrage" fixant le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avec des discussions prévues "jusqu’à la mi-novembre", ainsi que le document d'orientation concernant la suppression de deux jours fériés pour une négociation qui doit durer "jusqu’à la fin du mois de septembre".

Mais les autres mesures ayant trait à "la modernisation du marché du travail et la qualité du travail" feront l'objet d'un document d'orientation à la rentrée. Outre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, il s'agit notamment de lutter contre les temps partiels subis, de "fluidifier" le marché du travail avec des assouplissements sur les CDD et les contrats d'intérim ou encore de dispositions sur l’indemnisation des arrêts maladie.

"Un envoi en septembre plutôt que début août répond à une demande de certains des partenaires sociaux de pouvoir poursuivre la concertation préalable à l’envoi de ce document d’orientation", a expliqué le ministère, ajoutant que cela "permettra de continuer à recueillir leurs avis, leurs idées et leurs priorités pour enrichir ce document".

Le calendrier de cette négociation doit s'étendre "sur plusieurs mois, au minimum jusqu’à la fin de l’année 2025", selon la même source.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.