Les régions où Macron, Le Pen et Mélenchon ont percé

Comment se positionnent géographiquement les trois candidats à l'heure où le second tour se prépare et à l'heure où est actée la grande débâcle du LR et du PS? (AFP).
Comment se positionnent géographiquement les trois candidats à l'heure où le second tour se prépare et à l'heure où est actée la grande débâcle du LR et du PS? (AFP).
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Les régions où Macron, Le Pen et Mélenchon ont percé

  • Marine Le Pen en tête dans le Grand Est, Jean-Luc Mélenchon faisant un carton à Strasbourg
  • En Nouvelle-Aquitaine, Macron en tête mais percée du RN 

PARIS: En Nouvelle-Aquitaine, Emmanuel Macron en tête mais avec une percée notable du Rassemblement National, alors que Marine Le Pen est en tête dans le Grand Est et que Jean-Luc Mélenchon fait un carton à Strasbourg.

Comment se positionnent géographiquement les trois candidats à l'heure où est actée la grande débâcle du LR et du PS? Comment se profile ce deuxième tour de la présidentielle qui s'annonce serré selon le dernier sondage IFOP? Voici les grandes tendances du vote par régions et en cartes. 

Marine Le Pen a viré en tête au premier tour de la présidentielle dans huit des dix départements du Grand Est à l'exception notable de l'Alsace où Emmanuel Macron la devance, Jean-Luc Mélenchon faisant un carton à Strasbourg.


Les trois candidats gagnent du terrain dans l'ensemble de la Région avec le président sortant qui engrange même près de 7 points par rapport à 2017 (27,28% des suffrages). Marine Le Pen grignote elle près de deux points (à 29,54%).

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Jean-Luc Mélenchon gagne un peu plus d'un point à 17,63%, devant Eric Zemmour (7,17%), Valérie Pécresse (4,33%) et Yannick Jadot (4%) lors d'un premier tour marqué par une abstention en nette hausse (26,10% contre 21,32%).


Emmanuel Macron rafle la mise à Metz, Nancy, Reims et Troyes, devant Jean-Luc Mélenchon qui progresse nettement dans ces villes par rapport au premier tour de 2017.


L'insoumis culmine même à 36% des voix à Mulhouse, loin devant Emmanuel Macron (25,15%) et Mme Le Pen (17,76%). Mais il crée surtout la surprise à Strasbourg (35,48%), infligeant une claque au candidat écologiste, Yannick Jadot, qui ne recueille que 6,41% des suffrages dans cette ville conduite par les Verts.


Si Marine Le Pen réalise des scores plus modestes dans les centres urbains, avec 17% à Metz ou seulement 11% à Nancy, elle fait le plein dans les zones rurales, comme dans les Ardennes où elle gagne plus de cinq points (à 37,54%). L'écart avec Emmanuel Macron y dépasse même les 14 points.


Le chef de l'Etat prive toutefois la candidate RN d'un nouveau grand chelem dans le Grand Est après celui de 2017. Cette fois l'Alsace résiste à Marine Le Pen. Emmanuel Macron la devance de cinq points dans le Bas-Rhin et d'une très courte tête, 314 voix, dans le Haut-Rhin.


A Forbach, l'ancien fief mosellan de Florian Philippot, ex-bras droit de Marine Le Pen, la RN rassemble 30% des suffrages et se retrouve au coude-à-coude avec Jean-Luc Mélenchon (29%), quand le chef de l'Etat plafonne à 21,31%.


Evoquant "un séisme" pour sa "famille politique" qui a pratiquement divisé par 5 le résultat de François Fillon en 2017, le LR Jean Rottner, président de la Région Grand Est, l'a annoncé sur Twitter : "Aucune ambigüité, un seul choix, je voterai Emmanuel Macron au deuxième tour".

En Ile-de-France, Mélenchon très légèrement en tête, Macron s'impose à Paris

Avec environ 2.500 voix d'écart, Jean-Luc Mélenchon (30,24%) crée la surprise et arrive très légèrement en tête en Ile-de-France, au coude-à-coude avec Emmanuel Macron (30,19%), qui s'impose à Paris (35,33%), en s'adjugeant 13 arrondissements sur 20.


A l'exception des départements des Yvelines, des Hauts-de-Seine et de Paris remportés par Emmanuel Macron, le leader insoumis est arrivé en première position dans les cinq autres départements de la région parisienne. 

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Avec un bond de plus de huit points par rapport à 2017, M. Mélenchon arrive en tête en Ile-de-France dans un duel très serré - 2.554 voix - avec le président sortant, qui s'y était largement imposé il y a cinq ans.


Marine Le Pen arrive en troisième position avec 12,96% des voix, un niveau légèrement supérieur à son score de 2017. 


A Paris, Emmanuel Macron est arrivé en tête (35,33%) et remporte 13 arrondissements dont les beaux quartiers historiquement à droite.


Comme en 2017, Mélenchon (30,09%) a gagné les XIXe et XXe arrondissement, mais également cinq nouveaux arrondissements.

Dans les quartiers populaires du département, comme Trappes ou Mantes-la-Jolie, Mélenchon l'emporte largement.


La Seine-Saint-Denis, département populaire de la banlieue nord-est de Paris, est remportée largement par M. Mélenchon, avec 49,09%, avec des scores impressionnants à Bobigny (60,14%) ou à Saint-Denis (61,13%).


Le taux d'abstention y est le plus haut de la région parisienne, avec 30,21%.


En Seine-et-Marne, le département le plus rural de l'Ile-de-France, Mélenchon est arrivé également en première position avec 25,86%, juste devant Emmanuel Macron (25%) et Marine Le Pen (23,57%).


Dans le Val-de-Marne, l'ancienne "banlieue rouge", perdue par les communistes lors des dernières élections départementales, a profité sans surprise au candidat insoumis (32,67%), devant Emmanuel Macron (29,10%). M. Mélenchon s'impose largement dans des villes communistes comme Vitry ou Ivry-sur-Seine.


Dans le Val d'Oise, le candidat de la France Insoumise se place également en tête, avec 33,17% des voix. En Essonne, il devance de peu Emmanuel Macron (28,09% contre 27,66%).

En Nouvelle-Aquitaine, Macron en tête mais percée du RN 

Emmanuel Macron arrive en tête dimanche dans la majorité des départements de Nouvelle-Aquitaine où le Rassemblement National de Marine le Pen, rélégué en troisième position en 2017, fait une percée.

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Pour ce premier tour de l'élection présidentielle, le président sortant prend la tête de huit départements sur 12, totalisant 27,63% des voix, contre 11 départements et 25,12% en avril 2017.


M. Macron se place confortablement en tête dans les Deux-Sèvres où il enregistre son plus fort score régional (32,93%), la Vienne, la Gironde, les Landes, la Haute-Vienne, la Charente-Maritime ainsi que les Pyrénées-Atlantiques (27,80%) dont la capitale Pau est le fief de François Bayrou (MoDem), soutien de la première heure. L'écart est plus serré en Charente.


Marine Le Pen, avec 22,80%, enregistre toujours quelque 5 points d'écart avec le président mais se place en deuxième position au niveau régional.


Comme il y a cinq ans, elle est première dans le Lot-et-Garonne mais se place également en tête en Creuse et en Dordogne, département qui avait autrefois préféré Jean-Luc Mélenchon au premier tour.


Elle devance également de peu Emmanuel Macron en Corrèze, terre de présidents, à quelque 1.200 voix près. 

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Jean-Luc Mélenchon, deuxième sur le podium il y a cinq ans, se place cette fois-ci, avec 19,92% des voix, constamment derrière le RN, sauf dans les Pyrénées-Atlantiques.

Occitanie: Le Pen progresse en zone rurale, Macron fait mieux

En Occitanie, Marine Le Pen (24,62%) se place devant Emmanuel Macron (23,48%), renforçant encore son emprise sur la façade méditerranéenne et dans les campagnes, alors que Jean-Luc Mélenchon (22,42%) est arrivé largement en tête à Toulouse et Montpellier.


La candidate du Rassemblement national signe son meilleur résultat dans les Pyrénées-Orientales (32,7%), département où le RN Louis Aliot a conquis la mairie de Perpignan en 2020.


Elle tutoie la barre des 30% dans le Gard, le Tarn-et-Garonne, et la dépasse dans l'Aude.


"Elle a fait de gros scores dans la ruralité", souligne le maire de Perpignan Louis Aliot.


A Carmaux (Tarn), berceau du socialisme ouvrier sous la figure tutélaire de Jean Jaurès, la candidate RN arrive en tête avec 27,24%, une première.


Dans une moindre mesure, le chef de l'Etat se renforce également dans cette région où les candidats de la gauche réalisaient avant 2017 des scores élevés. Comme Mme Le Pen, il vire en tête dans six départements sur 13.


A Prades, ville des Pyrénées-Orientales et fief du Premier ministre Jean Castex, le chef de l'Etat figure au 3e rang (21%) derrière Mélenchon (27%) et Le Pen (25%). 


Seul les électeurs d'Ariège ont placé Jean-Luc Mélenchon devant Macron et Le Pen, comme en 2017, un département où les deux députés appartiennent à la France insoumise.


Comme en 2017, les deux principales métropoles régionales ont plébiscité le candidat de la France insoumise. A Toulouse, il rassemble 37% des voix (29 en 2017) et atteint 40,7% à Montpellier (31,5 en 2017).


En Nouvelle-Calédonie, situation «plus calme» mais vie quotidienne difficile

Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
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  • Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation
  • Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel

NOUMÉA, France : La vie quotidienne des Néo-Calédoniens devient de plus en plus difficile samedi, malgré une situation «plus calme» sur la majeure partie de l'archipel français du Pacifique Sud, au sixième jour des émeutes causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes.

Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation.

Mais pour les habitants, les dégâts de plus en plus étendus compliquent le ravitaillement dans les commerces, ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.

Le danger subsiste par ailleurs dans les quartiers où les émeutiers sont les plus nombreux et les mieux organisés.

Dans l'un d'eux, la Vallée du Tir à Nouméa, un motard s'est tué vendredi en fin d'après-midi dans un accident de la route en heurtant une épave de voiture, selon le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a appelé lors d'une conférence de presse à cesser barrages et barricades.

«On est en train de s'entretuer et on ne peut pas continuer comme ça», a déclaré Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique.

«Des gens meurent déjà non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation», a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a aussi recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va continuer à faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak.

Depuis, la crise qui frappe ce territoire colonisé par la France au XIXe siècle a fait cinq morts, dont deux gendarmes et trois civils kanaks, et des centaines de blessés au cours de violentes nuit d'émeutes. En réponse, le gouvernement a envoyé des renforts policiers, interdit TikTok - réseau social prisé des émeutiers -, et déployé des militaires.

- Strict minimum -

Devant les rares magasins de Nouméa qui n'ont pas été ravagés par les flammes ou pillés, les files d'attente restaient très longues samedi.

«Cela fait plus de trois heures qu'on est là», soupirait Kenzo, 17 ans, en quête de riz et de pâtes.

Selon la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, les violences ont «anéanti» 80% à 90% de la chaîne de distribution commerciale de la ville.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a promis la mobilisation de l'Etat pour «organiser l'acheminement des produits de première nécessité» et un «pont aérien» entre la métropole et son archipel, séparés de plus de 16.000 km.

De son côté, un responsable de l'hôpital de Nouméa, Thierry de Greslan, s'est alarmé de la dégradation de la situation sanitaire. «Trois ou quatre personnes seraient décédées hier (jeudi) par manque d'accessibilité aux soins», en raison notamment de barrages érigés dans la ville, a-t-il avancé sur la radio France Info.

Face à la «gravité» de la situation et afin «de répondre aux besoins sanitaires de la population», l'Etablissement français du sang (EFS) a annoncé vendredi l'envoi de produits sanguins.

- «Grande fermeté» -

A Paris, le ministre de la Justice a demandé au parquet «la plus grande fermeté à l'encontre des auteurs des exactions». Eric Dupond-Moretti a aussi indiqué qu'il envisageait de transférer les «criminels» arrêtés sur le «Caillou» en métropole «pour ne pas qu'il y ait de contaminations (...) des esprits les plus fragiles».

Parallèlement, la justice française a ouvert une enquête sur «les commanditaires» des émeutes, ciblant notamment le collectif CCAT (Cellule de coordination des action de terrain), frange la plus radicale des indépendantistes, déjà mis en cause par le gouvernement.

«J'ai décidé d'ouvrir une enquête visant notamment des faits susceptibles de concerner des commanditaires», parmi lesquels «certains membres de la CCAT», a déclaré le procureur Yves Dupas, pointant «ceux qui ont instrumentalisé certains jeunes dans une spirale de radicalisation violente». Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été déférées devant la justice, selon le parquet.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié la CCAT d'organisation «mafieuse».

Vendredi, ce collectif a demandé «un temps d'apaisement pour enrayer l'escalade de la violence». Sur la radio RFI, un de ses membres, Rock Haocas, a assuré que son organisation «n'a pas appelé à la violence», attribuant ces émeutes à une «population majoritairement kanak marginalisée».

Sur le front politique, après l'annulation d'une visioconférence avec tous les élus calédoniens jeudi, le président français Emmanuel Macron a commencé vendredi à avoir des échanges avec certains d'entre eux mais son service de communication a refusé d'en dire plus.

Présentée par son gouvernement, la réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales sur l'archipel. Les partisans de l'indépendance estiment que cette modification risque de réduire leur poids électoral.

Paris a par ailleurs détaillé ses accusations portées contre l'Azerbaïdjan «d'ingérences» en Nouvelle-Calédonie, archipel stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie Pacifique et de part ses riches ressources en nickel.

Paris a évoqué une «propagation massive et coordonnée» de contenus relayés par des comptes liés à Bakou et accusant la police française de tirer sur des manifestants indépendantistes.

 

 


Rouen: un homme armé tentant de mettre le feu à une synagogue tué par la police

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
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  • Selon une source proche du dossier, l'homme était armé «d'un couteau et d'une barre de fer»
  • «Il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé», a précisé le procureur

ROUEN: Des policiers ont abattu vendredi matin un homme armé notamment d'un couteau qui tentait de mettre le feu à une synagogue à Rouen et les menaçait, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Vers 6h45, les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", située rue des Bons enfants dans le centre historique de Rouen, a détaillé une source policière à l'AFP.

"Un individu a mis le feu à la synagogue de Rouen. Il aurait pris à partie les policiers et les pompiers", a pour sa part indiqué à l'AFP le procureur de Rouen, Frédéric Teillet.

Selon une source proche du dossier, l'homme était armé "d'un couteau et d'une barre de fer".

"Ensuite, il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé", a précisé le procureur.

Une première enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte, "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique confiée à la DGPN, a fait savoir le parquet.

Un autre enquête a été ouverte sur les circonstances du décès de l'individu armé pour "violences volontaires avec armes ayant entrainé la mort sans intention de la donner", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", a écrit M. Darmanin sur X.

L'homme abattu par les forces de l'ordre n'a pas été immédiatement identifié, a-t-on précisé de source policière.

Sollicité par l'AFP, le Parquet national antiterroriste indique être en train d'évaluer s'il se saisit du dossier.

De nombreux pompiers et policiers étaient déployés sur place vendredi matin, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Sous le choc»

Selon le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, les pompiers maîtrisaient vendredi matin le départ de feu et il n'y aurait "pas d'autres victimes que l'individu armé".

"A travers cette agression et cette tentative d'incendie de la synagogue de Rouen, ce n'est pas seulement la communauté israélite qui est touchée. C'est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc", a réagi  le maire sur X.

"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l'antisémitisme, c'est défendre la République", a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.

Gérald Darmanin avait demandé le 14 avril dernier aux préfets de renforcer la sécurité devant les lieux de culte juifs ainsi que devant les écoles confessionnelles, au lendemain de l'attaque menée par l'Iran contre Israël.

Les opérations militaires lancées par l'Etat hébreu contre la bande de Gaza, qui ont causé la mort de plus de 35.000 personnes, en représailles à l'attaque des combattants du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier ont provoqué une forte hausse des actes d'antisémitisme en France.

Début mai, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que "366 faits antisémites" avaient été enregistrés au premier trimestre 2024, soit "une hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023".

Face à cette hausse, "pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l'âme tranquille", avait affirmé le chef du gouvernement en promettant de "faire preuve d'une fermeté exemplaire à chaque acte".


Des Français musulmans s'exilent à l'étranger, fuyant la « morosité ambiante »

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
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  • Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ
  • Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre

PARIS: Après avoir échoué à 50 entretiens d'embauche pour un job de consultant, en dépit de ses qualifications et diplômes, Adam, Français de confession musulmane, a fait ses valises pour commencer une nouvelle vie à Dubaï.

"Je me sens beaucoup mieux ici qu'en France", estime désormais ce trentenaire d'origine nord-africaine.

"Ici on est tous égaux. On peut avoir comme patron une personne indienne, une personne arabe, un Français", témoigne-t-il à l'AFP, ajoutant que sa religion est "plus acceptée".

Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ dans des villes telles que Londres, New York, Montréal ou Dubaï.

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes".

En France, "vous devez faire deux fois plus d'efforts quand vous venez de certaines minorités", reprend Adam, qui ne donne pas son nom de famille, comme tous ceux interrogés par l'AFP.

Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre.

'Plafond de verre'

La France, ancienne puissance coloniale et pays d'immigration, compte une importante population d'origine maghrébine et africaine.

Les enfants d'immigrés venus chercher une vie meilleure ou appelés à constituer une main d'oeuvre bon marché dans les années 60 sont Français. Mais nombre d'entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, considérés comme des "citoyens de seconde zone". En particulier depuis les attentats jihadistes de 2015 en France.

"Le climat en France s’est largement dégradé. En tant que musulman on est pointé du doigt", estime sous couvert de l'anonymat un banquier franco-algérien de trente ans, qui s'apprête à quitter son pays en juin, direction Dubaï.

Il évoque notamment certaines chaînes d'info et éditorialistes assimilant tous les musulmans à des extrémistes religieux ou des fauteurs de troubles.

Ce fils d'une femme de ménage algérienne, titulaire de deux masters, estime en outre s'être heurté à un "plafond de verre" dans son parcours professionnel en France.

En France, les statistiques ethniques et religieuses sont interdites. Mais de nombreuses enquêtes documentent depuis des années les discriminations frappant les personnes d'origine immigrée dans la recherche d'emploi, de logement, les contrôles policiers...

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, rappelle ainsi l'Observatoire des inégalités dans son rapport 2023.

'Morosité'

Le rapport très particulier de la France à la laïcité, les polémiques récurrentes sur le voile musulman, provoquent aussi le malaise chez certains.

"Il y a une vraie spécificité française sur cette question. Dans notre pays, une femme qui porte le voile est reléguée à la marge de la société et il lui est notamment très difficile de trouver un emploi. Des femmes portant le hidjab qui veulent travailler sont donc assez logiquement amenées à quitter la France", explique Olivier Esteves, l'un des auteurs de l'étude, au Monde.

"On étouffe en France", raconte à l'AFP un Français de 33 ans d'origine marocaine, qui s'apprête à émigrer en Asie du sud-est avec sa femme enceinte, "pour vivre dans une société plus apaisée et où les communautés savent vivre ensemble".

Cet employé dans la tech veut fuir "la morosité ambiante" et les "humiliations" du quotidien liées à son patronyme et ses origines.

"On me demande encore aujourd’hui ce que je fais dans ma résidence", où il vit depuis plusieurs années. "Et c’est pareil pour ma mère quand elle me visite. Mais ma femme qui est blanche de peau n’a jamais eu cette question", raconte-t-il.

"Cette humiliation constante est d’autant plus frustrante que je contribue net à cette société en faisant partie des hauts revenus qui paient plein pot", s'insurge-t-il.

Paradoxalement, la société française est pourtant "plus ouverte qu'il y a vingt ans" et "le racisme recule", souligne le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités, notant que 60% des Français déclarent n'être "pas du tout racistes", soit deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Et la part de ceux qui pensent qu’il y a des "races supérieures à d’autres" a été divisée par trois, de 14% à 5%.