Hanin Azzam, le visage du crowdfunding dans le monde arabe

Hanin Azzam incarne non seulement le visage du crowdfunding dans le monde arabe, mais aussi une certaine idée de solidarité. Photo fournie.
Hanin Azzam incarne non seulement le visage du crowdfunding dans le monde arabe, mais aussi une certaine idée de solidarité. Photo fournie.
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Publié le Mardi 12 avril 2022

Hanin Azzam, le visage du crowdfunding dans le monde arabe

  • «Dans le monde arabe, le concept de crowdfunding était obscur, car il était synonyme de charité; je cherche à modifier cette représentation erronée»
  • Travailler pour la «bonne cause» guide le parcours professionnel de Hanin Azzam

PARIS: Le crowdfunding connaît une popularité qui ne faiblit pas, y compris au Moyen-Orient. Hanin Azzam a joué un rôle pionnier et central dans la promotion de cet outil de financement alternatif. Conseillère auprès de l’agence de coopération internationale allemande pour le développement, plus connue sous le nom de «GIZ», Hanin Azzam incarne non seulement le visage du crowdfunding dans le monde arabe, mais aussi une certaine idée de solidarité. Arab News en français brosse son portrait.

Un crowdfunding au service de la culture et du social

La culture joue un rôle essentiel dans la vie tant personnelle que professionnelle de Hanin Azzam. Férue de théâtre et de musique, elle est diplômée de la prestigieuse Lebanese American University de Beyrouth. Elle a été directrice de production audiovisuelle avant de vouloir changer complètement de domaine professionnel en raison d’un environnement pesant. C’est en lisant en 2015 une annonce sur Facebook qu’elle découvre Zoomal, une plate-forme révolutionnaire dans le monde arabe, cheffe de file dans la promotion du crowdfunding, initialement auprès de start-up.

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La culture joue un rôle essentiel dans la vie tant personnelle que professionnelle de Hanin Azzam. Photo fournie.

Hanin Azzam rejoint l’équipe dirigée par Abdallah Absi, souvent considéré comme la version arabe de Mark Zuckerberg, créateur de Facebook. Elle est d’abord son adjointe exécutive avant de gravir tous les échelons jusqu’à devenir la directrice de Zoomal lors du départ de M. Absi aux États-Unis. Elle va alors opérer un véritable changement de paradigme en acceptant uniquement les projets culturels et sociaux. «Je suis ainsi devenue le nouveau visage de Zoomal, un visage féminin. J’ai modifié le concept initial qui consistait à financer uniquement des projets liés à l’écosystème des start-up. Sous ma direction, Zoomal a pris un virage ouvertement culturel et social.»

De nombreux talents de la scène musicale arabe ont su profiter de la plate-forme. C’est d’autant plus important eu égard au contexte économique et financier qui frappe de nombreux pays arabes. Les difficultés financières sont un des facteurs qui poussent de nombreux artistes et associations à abandonner leurs projets. La chanteuse syrienne Faia Younan a ainsi pu lever des fonds grâce à cent dix-neuf contributeurs pour financer son premier vidéoclip Ohebbou Yadayka, tandis que le groupe de rock alternatif Mashrou’Leila a pu financer son premier album.

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Hanin Azzam incarne non seulement le visage du crowdfunding dans le monde arabe, mais aussi une certaine idée de solidarité. Photo fournie.

Le Guinness World Records a même décerné à Zoomal et Faia Younan la certification du premier vidéoclip financé au moyen du financement participatif au Moyen-Orient. Nadim Hobeika, connu pour son grand talent dans la production de vidéoclips, a aussi pu recueillir des fonds précieux pour produire son court-métrage remarqué, Before We Heal. De nombreuses associations à caractère social ou culturel telles que Hikayati Book for Kids en Jordanie ont pu recevoir l’argent nécessaire afin de développer leurs activités.

Hanin Azzam défend cette vision du crowdfunding dans de nombreuses conférences au Moyen-Orient, mais aussi en Europe, comme au festival numérique Re:publica en Allemagne en 2019.

Un outil de financement prometteur dans le monde arabe

Le principe du crowdfunding est simple: faire appel à la générosité du plus grand nombre afin de financer un projet. Le crowdfunding recouvre différentes formes de financement participatif. À titre d’exemple, il y a notamment le «donation crowdfunding», sous forme de don, qui peut être avec ou sans contrepartie; le «credit crowdfunding», qui, comme son nom l’indique, est un financement participatif sous forme de crédit; l’«equity crowdfunding», qui permet à l’investisseur de devenir actionnaire de la structure qu’il finance. «Le concept du crowdfunding dans le monde est ancestral. Au Moyen-Orient, ce concept était obscur, car il était synonyme de charité. Je cherche à modifier cette représentation erronée, car je crois en cet outil de financement notamment pour les artistes et les associations qui ont tant de difficultés à trouver des fonds.»

Hanin Azzam a acquis une fine et singulière connaissance du crowdfunding dans le monde arabe.
Le conseil le plus important qu’elle prodigue à celles et ceux qui sont intéressés par cet outil de financement est d’avoir un projet clair et à ne pas hésiter à communiquer avec les potentiels contributeurs par le biais de messages écrits ou visuels. La création d’un climat de confiance ainsi qu’un bon niveau de communication sont deux éléments importants.

«La base de tout projet est d’avoir un bon discours. Il faut savoir bien expliquer son projet, mais aussi exposer ses réussites et ses succès. Il ne faut pas penser que l’artiste ou l’association va attirer des fonds sur son seul nom. Je recommande d’écrire un texte de présentation et de réaliser des visuels qui détaillent minutieusement le projet, ses objectifs, la façon dont l’argent va être dépensé, et de dévoiler l’identité des gens qui travaillent pour la réussite du projet.»

Zoomal n’accepte plus pour le moment de nouveaux projets à cause de la grave crise économique et financière que traverse le Liban. Hanin Azzam cherche des solutions comme celle de déménager entièrement la plate-forme en dehors du Liban. Elle est courtisée par de nombreuses plates-formes et institutions. Mais elle répète que ce qui compte pour elle est de «travailler pour la bonne cause». Sa force réside essentiellement dans le fait de travailler dans le domaine du conseil. Auprès de la GIZ, elle a pour mission de développer des cours en ligne concernant la levée de fonds au Moyen-Orient. Un nouvel épisode de son parcours de pionnière.

 


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com