Yassir, la start-up 100% algérienne qui grandit au pas de course

Un employé prépare un panier de courses au rayon stockage de la société de livraison algérienne Yassir, dans la capitale Alger le 23 février 2022. Ryad Kramdi/AFP)
Un employé prépare un panier de courses au rayon stockage de la société de livraison algérienne Yassir, dans la capitale Alger le 23 février 2022. Ryad Kramdi/AFP)
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Publié le Dimanche 10 avril 2022

Yassir, la start-up 100% algérienne qui grandit au pas de course

  • Créée par deux ingénieurs algériens Noureddine Tayebi et Mehdi Yettou, la start-up, très populaire dans le Maghreb et qui opère via une application 100% algérienne, s'est fait remarquer fin 2021
  • Diplômé de l'école polytechnique d'Alger, M. Tayebi était ingénieur-chercheur chez une grande firme technologique de la Silicon Valley quand il a quitté sa zone de confort pour venir créer en Algérie une application de taxis à la commande

ALGER : En à peine cinq ans et en dépit d'une bureaucratie réputée tatillonne, la start-up algérienne Yassir, qui fournit des services de taxis et de livraison alimentaire, s'est imposée en Algérie et dans le reste du Maghreb. Ses fondateurs visent désormais le marché mondial.

Créée par deux ingénieurs algériens Noureddine Tayebi et Mehdi Yettou, la start-up, très populaire dans le Maghreb et qui opère via une application 100% algérienne, s'est fait remarquer fin 2021 en levant 30 millions de dollars auprès d'investisseurs américains.

«C'était une mission (pour nous) de créer un modèle de succès vraiment 100% algérien, permettant de réhabiliter le talent local et de montrer qu'on peut créer de la plus-value en Algérie», explique M. Tayebi, qui partage son temps entre Alger et la Californie.

Les deux ingénieurs ont dû s'armer de patience pour affronter la bureaucratie algérienne souvent décriée comme peu propice aux affaires et une réglementation moins favorable qu'ailleurs aux start-ups quand ils se sont lancés.

«La bureaucratie fait partie des obstacles qu'il faut surmonter. Je ne dis pas que c'est facile mais il faut faire avec et aller de l'avant», indique M. Tayebi.

Depuis son lancement, Yassir a généré plus de 40.000 emplois indirects (chauffeurs et livreurs) et enregistre «une progression exponentielle de 20 à 40% de son chiffre d'affaires mensuel», assure M. Tayebi.

Diplômé de l'école polytechnique d'Alger, M. Tayebi était ingénieur-chercheur chez une grande firme technologique de la Silicon Valley (Etats-Unis), après un doctorat de l'université américaine Stanford, quand il a quitté sa zone de confort pour venir créer en Algérie une application de taxis à la commande.

Elle a été baptisée Yassir -- jeu de mots entre les mots «facile» et «rouler» en arabe -- une trouvaille de l'épouse de M. Yettou, son associé.

Lancée mi-2017 à Alger, mégapole de 4 millions d'habitants en déficit chronique de transports en commun, Yassir était déjà à Oran, Constantine et Annaba, début 2018.

- «Très ambitieux» -

Aujourd'hui, elle est présente dans 25 villes entre Algérie, Maroc, Tunisie, Canada et France, revendiquant 4 millions d'utilisateurs.

Les fonds récemment levés serviront notamment à «nous étendre à d'autres pays», selon M. Tayebi.

Yassir s'est ainsi à peine lancée au Sénégal et prévoit de s'implanter ailleurs en Afrique de l'ouest avant les «gros marchés» africains (Afrique du Sud, Nigeria et Egypte).

Un développement rapide malgré la concurrence d'autres applications telles qu'Uber ou Heetch.

«Nous sommes très ambitieux. Le but est de créer la plus grande entreprise de technologies, pas seulement en Afrique mais au monde. Pour l'atteindre, il faut être sur pas mal de marchés régionaux, continentaux et au niveau mondial», lance sans complexe M. Tayebi.

Pour grandir, Yassir doit aussi recruter des centaines de cerveaux.

«Yassir est déjà le plus gros employeur d'ingénieurs informaticiens au Maghreb - plus de 600 - et nous voulons tripler voire quadrupler ce chiffre», indique M. Tayebi.

Au-delà des taxis sur commande, le groupe s'est diversifié dans la livraison de repas et l'épicerie en ligne avec Yassir Express.

Casque sur l'oreille, une trentaine de jeunes répondent aux 6.000 demandes quotidiennes reçues au centre d'appel d'Alger. «Le temps de livraison moyen d'un repas est de 30 minutes», assure à l'AFP Wissem, directrice du centre.

Aujourd'hui, la start-up se prépare à développer ses propres services de paiement en ligne, une solution encore balbutiante en Algérie. Pour le moment, les clients payent leurs commandes, à réception et en liquide.

- «Puissance du modèle» -

«La majorité de la population algérienne et africaine n'est pas bancarisée. Non pas à cause de l'absence d'un système bancaire qui est bien là, mais parce que les gens ne lui font pas confiance», explique M. Tayebi.

«Si on utilise bien nos services à la demande, on finira par avoir une base d'utilisateurs importante qui nous fera confiance. Et c'est là où c'est pertinent d'introduire des services de paiement», estime-t-il.

«C'est la puissance de notre modèle et ce qui nous différencie de Uber principalement aujourd'hui», complète M. Tayebi.

Pour cela, Yassir doit avoir une image de marque irréprochable.

«Il y a un processus très rigoureux pour choisir les chauffeurs. On vérifie leur casier judiciaire, leur formation, leur éducation. Il y a même une évaluation psychologique réalisée pour valider leur candidature», affirme M. Tayebi.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.