Forts de leur expérience de guerre, des Syriens viennent en aide aux Ukrainiens

Des membres de la défense civile syrienne, connus sous le nom de Casques blancs, utilisent un mannequin pour démontrer leurs compétences en matière de sauvetage lors du tournage d'un film instructif destiné aux sauveteurs ukrainiens, dans la ville syrienne d'Ariha, ravagée par la guerre, dans la province d'Idlib, au nord-ouest, tenue par les rebelles, le 16 mars 2022. (AFP)
Des membres de la défense civile syrienne, connus sous le nom de Casques blancs, utilisent un mannequin pour démontrer leurs compétences en matière de sauvetage lors du tournage d'un film instructif destiné aux sauveteurs ukrainiens, dans la ville syrienne d'Ariha, ravagée par la guerre, dans la province d'Idlib, au nord-ouest, tenue par les rebelles, le 16 mars 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 12 avril 2022

Forts de leur expérience de guerre, des Syriens viennent en aide aux Ukrainiens

  • «Le temps et l'espace ont changé mais les victimes sont les mêmes, les civils, et l'assassin est le même, le régime russe» affirme Raed al-Saleh, chef des Casques blancs
  • Les opposants syriens, qui comme les Ukrainiens s'attendent à ce que les forces russes rendent des comptes pour ces interventions dévastatrices, estiment qu'un «lien» particulier s'est tissé avec eux

NICOSIE: Forts d'une expérience solide acquise lors de la guerre dans leur pays où les forces russes sont intervenues, des opposants syriens se mobilisent pour aider les Ukrainiens à soigner les blessés, aider les réfugiés ou se préparer à d'éventuelles attaques chimiques.


Après le début de la guerre en Syrie en 2011, déclenchée par des manifestations prodémocratie, le président Bachar al-Assad a perdu le contrôle d'une partie de son pays jusqu'à ce que les troupes russes viennent à sa rescousse en 2015 pour le remettre en selle. 


Le 24 février, l'armée russe a envahi l'Ukraine, entraînant la mort de centaines de civils et la fuite de plus de 10 millions d'Ukrainiens.


Les opposants syriens, qui comme les Ukrainiens s'attendent à ce que les forces russes rendent des comptes pour ces interventions dévastatrices, estiment qu'un "lien" particulier s'est tissé avec eux. 


"Vu notre expérience en Syrie, on est probablement parmi les plus à même de comprendre la douleur du peuple ukrainien", affirme Raed al-Saleh, chef des Casques blancs, des secouristes engagés dans les zones rebelles syriennes.


"Les Syriens ont vécu les bombardements, les tueries et les déplacements causés par les forces russes", explique-t-il.

Hier Alep, aujourd'hui Marioupol 
"Le temps et l'espace ont changé mais les victimes sont les mêmes, les civils, et l'assassin est le même, le régime russe", ajoute M. Saleh.


Lors de la guerre en Syrie, qui a fait environ 500 000 morts, les Casques blancs ont secouru des milliers de personnes des décombres de bâtiments bombardés par les forces russes dans les zones rebelles.


Le sort de la ville ukrainienne de Marioupol (sud-est), assiégée et dévastée par l'armée russe depuis fin février, n'est pas sans rappeler celui d'Alep, deuxième ville de Syrie (nord). En 2016, les quartiers est, aux mains des rebelles, ont été ravagés par des bombardements aériens russes pendant un long siège.


Face aux violences en Ukraine, un groupe d'associations a créé le Réseau Syrie-Ukraine (SUN) qui aide des médecins syriens à aller en Ukraine pour soigner les blessés, explique à l'AFP la coordinatrice, Olga Lautman, une Ukrainienne.


Par ailleurs, "nous allons coopérer avec des experts syriens spécialisés dans les crimes de guerre et les attaques chimiques", dit-elle.


C'est venu d'une "envie des Syriens d'utiliser leur expérience pour aider", dit-elle, parlant du "lien" entre les deux peuples.


Dans la province d'Idleb (nord-ouest), une des dernières régions échappant au contrôle du régime, des médecins de l'Académie des sciences de la santé forment en ligne des confrères et infirmières ukrainiens, raconte son président Abdallah Abdelaziz Alhaji. 


Les Ukrainiens veulent surtout en savoir plus sur les attaques chimiques, dit-il. "Ils veulent profiter de notre expérience". 


Si pour le moment rien n'atteste de l'utilisation d'armes chimiques russes en Ukraine, les forces syriennes ont plusieurs fois été accusées d'en avoir employé en Syrie.

«On vous avait prévenus»
Les Casques blancs font également des tutos vidéos pour apprendre aux Ukrainiens à soigner les blessés.


A la frontière ukraino-polonaise, le Syrien Omar Alshakal, fondateur de l'association Refugee4Refugees, fournit lui une assistance aux Ukrainiens fuyant leur pays.


Pour Charles Lister, du Middle East Institute, les militants syriens "cherchent à surfer sur la vague du sentiment anti-russe pour promouvoir la cause (de l'opposition) syrienne mais aussi pour impulser de nouvelles relations géopolitiques avec l'Ukraine".


Des observateurs ont noté des similarités dans les tactiques des forces russes employées en Syrie et en Ukraine, comme cibler des infrastructures afin d'établir des corridors dits humanitaires et vider les villes de ses habitants.


La question la plus importante pour les militants syriens et les Ukrainiens reste à savoir si Moscou et Damas seront tenus responsables pour leurs actions lors de ces guerres.


"Si Poutine est tenu responsable pour ses crimes en Ukraine, cela signifie qu'il le sera aussi en Syrie. Mais s'il s'en sort, alors le prochain crime n'est juste qu'une question de temps", estime M. Saleh.


Pour l'analyste Emile Hokayem, de l'International Institute for Strategic Studies, "les Syriens veulent embrasser la cause ukrainienne car cela les aide à attirer de nouveau l'attention internationale sur leur propre tragédie et dire aux Occidentaux: On vous avait prévenus mais vous avez préféré regarder ailleurs".


Gaza: une délégation du Hamas en Egypte reçoit une proposition de cessez-le-feu 

Le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa (à gauche) écoute le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty (au centre) s'exprimer lors d'une conférence de presse organisée du côté égyptien du poste-frontière de Rafah, à Rafah, le 18 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa (à gauche) écoute le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty (au centre) s'exprimer lors d'une conférence de presse organisée du côté égyptien du poste-frontière de Rafah, à Rafah, le 18 août 2025. (AFP)
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  • "La délégation du Hamas, dirigée par Khalil al-Hayya au Caire, a reçu une nouvelle proposition des médiateurs égyptiens et qataris pour un cessez-le-feu", a indiqué à l'AFP le responsable palestinien, qui a souhaité l'anonymat
  • Il a précisé que la proposition "se base sur celle de l’envoyé américain (Steve) Witkoff, qui prévoit une trêve de soixante jours et la libération des prisonniers israéliens en deux vagues"

LE CAIRE: Une délégation du mouvement islamiste palestinien Hamas a reçu au Caire de la part des médiateurs une nouvelle proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable palestinien proche du dossier.

Ce texte reprend les grandes lignes d'une précédente proposition américaine prévoyant une trêve de 60 jours et la libération, en deux étapes, d'otages israéliens enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

"La délégation du Hamas, dirigée par Khalil al-Hayya au Caire, a reçu une nouvelle proposition des médiateurs égyptiens et qataris pour un cessez-le-feu", a indiqué à l'AFP le responsable palestinien, qui a souhaité l'anonymat.

Il a précisé que la proposition "se base sur celle de l’envoyé américain (Steve) Witkoff, qui prévoit une trêve de soixante jours et la libération des prisonniers israéliens en deux vagues".

"La proposition est un accord-cadre pour lancer des négociations sur un cessez-le-feu permanent. Le Hamas tiendra des consultations internes au sein de sa direction" et avec les dirigeants d'autres groupes alliés sur la nouvelle proposition, a-t-il ajouté.

Le Hamas avait annoncé la semaine dernière qu'une délégation de haut niveau se trouvait au Caire pour des discussions avec des responsables égyptiens sur les efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza après plus de 22 mois de conflit ayant entraîné une situation humanitaire catastrophique.

Avec le Qatar et les Etats-Unis, l’Egypte participe à la médiation entre Israël et le Hamas, mais ces pays n'ont pas obtenu de percée depuis une trêve de courte durée plus tôt cette année.

Le ministre des Affaires étrangères égyptien Badr Abdelatty a confirmé la présence en Egypte d'une délégation palestinienne et d'une autre du Qatar, précisant que le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, se trouvait également actuellement en Egypte en vue "d'exercer une pression maximale sur les deux parties" pour un accord.

Il a indiqué, lors d'une conférence de presse à Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Egypte, que ces délégations intensifiaient "les efforts afin de mettre fin aux assassinats et à la famine systématiques et pour préserver le sang du peuple palestinien innocent".

L'ONG Amnesty International a affirmé lundi dans un communiqué qu'Israël menait dans la bande de Gaza, un territoire assiégé, une "campagne de famine délibérée".

La semaine dernière, M. Abdelatty avait déclaré que Le Caire travaillait avec le Qatar et les Etats-Unis pour négocier une trêve de 60 jours "avec la libération de certains otages et de certains détenus palestiniens, ainsi que l’acheminement sans restriction de l’aide humanitaire et médicale vers Gaza".


L'émissaire américain appelle Israël à agir après que le Liban a fait un «premier pas» pour désarmer le Hezbollah

L'émissaire américain Tom Barrack a déclaré lundi que le gouvernement libanais avait fait "un premier pas" pour désarmer le Hezbollah pro-iranien, et estimé qu'il revenait désormais à Israël de faire sa part pour appliquer le cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre. (AFP)
L'émissaire américain Tom Barrack a déclaré lundi que le gouvernement libanais avait fait "un premier pas" pour désarmer le Hezbollah pro-iranien, et estimé qu'il revenait désormais à Israël de faire sa part pour appliquer le cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre. (AFP)
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  • Il s'agit de la première visite au Liban de M. Barrack depuis que, sous pression des Etats-Unis et face aux craintes d'une intensification des attaques israéliennes au Liban, le gouvernement libanais a chargé début août l'armée de préparer un plan visant
  • Cette décision s'inscrit dans le cadre de l'application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine qui a mis fin le 27 novembre à plus d'un an de conflit entre le Hezbollah et Israël dont deux mois de guerre ouverte

BEYROUTH: L'émissaire américain Tom Barrack a déclaré lundi que le gouvernement libanais avait fait "un premier pas" pour désarmer le Hezbollah pro-iranien, et estimé qu'il revenait désormais à Israël de faire sa part pour appliquer le cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre.

Il s'agit de la première visite au Liban de M. Barrack depuis que, sous pression des Etats-Unis et face aux craintes d'une intensification des attaques israéliennes au Liban, le gouvernement libanais a chargé début août l'armée de préparer un plan visant à désarmer d'ici la fin 2025 le Hezbollah, fondé et financé par l'Iran et ennemi juré d'Israël.

Cette décision s'inscrit dans le cadre de l'application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à plus d'un an de conflit entre le Hezbollah et Israël dont deux mois de guerre ouverte.

"Je pense que le gouvernement libanais (...) a fait un premier pas. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est qu'Israël ait un engagement réciproque", a déclaré M. Barrack à l'issue d'une rencontre avec le président libanais Joseph Aoun.

L'accord de cessez-le feu prévoit le retrait du Hezbollah de la zone située au sud du fleuve Litani et le démantèlement de ses infrastructures militaires, en contrepartie du renforcement du déploiement de l'armée libanaise et des Casques bleus de l'ONU.

Il prévoit également un retrait israélien du sud du Liban. Mais Israël maintient des troupes dans cinq positions frontalières qu'il juge stratégiques, et mène régulièrement des frappes chez son voisin.

Interrogé à propos d'un retrait des troupes israéliennes du Liban et d'un arrêt des "violations" de l'accord, M. Barrack a affirmé qu'il s'agissait "exactement de la prochaine étape".

"Dans les semaines à venir, vous verrez des progrès de tous les côtés", a-t-il assuré.

"Cela signifie une vie meilleure pour les populations" dans la région, a-t-il déclaré.

Le mouvement chiite, seule faction libanaise autorisée à conserver ses armes après la guerre civile au Liban (1975-1990), a rejeté la décision du gouvernement de le désarmer. Le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, l'a accusé vendredi de "livrer" le pays à Israël en prenant cette mesure.

Israël affirme cibler au Liban des infrastructures du mouvement, qu'il accuse de tenter de se reconstituer, et menace d'étendre ses opérations militaires si les autorités libanaises échouent à le désarmer.

Le Hezbollah est sorti très affaibli de la guerre en 2024 contre Israël, qui a détruit une partie de son arsenal et décimé sa direction. Après avoir dominé pendant des années la vie politique au Liban, son influence a depuis nettement reculé.


Gaza: Amnesty International estime qu'Israël mène «une campagne de famine délibérée»

Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien. (AFP)
Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien. (AFP)
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  • Cette campagne détruit "systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social" à Gaza
  • Pour l'ONG, les témoignages qu'elle a recueillis confirment que "la combinaison mortelle de la faim et de la maladie n'est pas une conséquence malheureuse des opérations militaires israéliennes" à Gaza

JERUSALEM: Israël mène à Gaza une "campagne de famine délibérée", estime Amnesty International dans un communiqué publié lundi alors que l'ONU et de nombreuses ONG ne cessent de mettre en garde contre une famine imminente dans le territoire palestinien en guerre.

Cette campagne détruit "systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social" à Gaza, écrit l'organisation de défense des droits humains après avoir mené des entretiens avec 19 Palestiniens de Gaza vivant dans des camps de déplacés et deux membres du personnel médical traitant des enfants souffrant de malnutrition.

Sollicitée par l'AFP pour une réaction, les Affaires étrangères et l'armée israéliennes n'ont pas immédiatement réagi.

Pour l'ONG, les témoignages qu'elle a recueillis confirment que "la combinaison mortelle de la faim et de la maladie n'est pas une conséquence malheureuse des opérations militaires israéliennes" à Gaza.

"C'est le résultat intentionnel de plans et de politiques qu'Israël a conçus et mis en oeuvre, au cours des 22 derniers mois, pour infliger délibérément aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie calculées pour entraîner leur destruction physique – ce qui fait partie intégrante du génocide en cours d'Israël contre les Palestiniens à Gaza", ajoute-t-elle.

Amnesty International avait accusé en avril les autorités israéliennes de commettre un "génocide en direct" à Gaza, allégations qualifiées de "mensonges sans fondement" par le ministère des Affaires étrangères israélien.

Le Cogat, organe du ministère de la défense israélien gérant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés, a estimé le 12 août qu'il n'y avait "aucun signe de phénomène de malnutrition généralisée" dans la bande de Gaza, réfutant des chiffres du mouvement islamiste palestinien Hamas sur les décès dus à la malnutrition.

Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaques sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, Israël assiège à Gaza 2,4 millions de Palestiniens, qu'il a soumis début mars à un blocus humanitaire total, ensuite allégé en mai puis de nouveau fin juillet face aux critiques internationales.

Le territoire palestinien, totalement dépendant de l'aide humanitaire, est menacé d'une "famine généralisée", selon l'ONU, qui appelle à l'"inonder" d'aide.