Ukraine: Biden accuse Poutine de «génocide» pour la première fois

Le président américain Joe Biden a pour la première fois accusé dans la nuit de mardi à mercredi son homologue russe Vladimir Poutine de mener un «génocide» en Ukraine (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden a pour la première fois accusé dans la nuit de mardi à mercredi son homologue russe Vladimir Poutine de mener un «génocide» en Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

Ukraine: Biden accuse Poutine de «génocide» pour la première fois

  • Sur le plan militaire, le Kremlin a récemment admis des «pertes importantes», mais sans les quantifier
  • Fin mars, Moscou avait reconnu la mort de 1 351 soldats pour 3 825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a pour la première fois accusé dans la nuit de mardi à mercredi son homologue russe Vladimir Poutine de mener un "génocide" en Ukraine, mot jusque-là employé par le chef d'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky mais jamais par l'administration américaine.

"Oui, j'ai appelé ça un génocide", a dit Joe Biden à des journalistes lors d'un déplacement dans l'Iowa, quelques heures après avoir évoqué ce terme lors d'un discours consacré à la lutte contre l'inflation.  

"Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d'effacer l'idée même de pouvoir être un Ukrainien", a développé le président américain. Si "les avocats, au niveau international", trancheront sur la qualification de génocide, "pour moi, cela y ressemble bien", a-t-il assuré.

Affirmant que les "preuves s'accumulaient" concernant les "choses horribles qu'ont faites les Russes en Ukraine", le démocrate a prédit que le monde "en découvrirait encore davantage sur la dévastation".

Le président ukrainien a salué sur Twitter les "vrais mots d'un vrai leader", car "appeler les choses par leur nom est esentiel pour s'opposer au mal", tout en réclamant "en toute urgence plus d'armes lourdes". 

Accusé de génocide, Vladimir Poutine a vu le même jour un de ses proches, le député et hommes d'affaires Viktor Medvedtchouk, arrêté par les autorités ukrainiennes, qui ont même diffusé une photo de lui menotté.

Ce riche Ukrainien de 67 ans est connu pour ses liens avec M. Poutine qui est, selon l'intéressé, le parrain de l'une de ses filles. Il avait pris la fuite fin février alors qu'il était assigné à résidence depuis mai 2021 après avoir été inculpé de "haute trahison" et de "tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée", la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter son arrestation aux agences de presse russes, affirmant qu'"il y a beaucoup de +fake+ venant d'Ukraine" et disant que "cela doit d'abord être vérifié".

En soirée, M. Zelensky a proposé à Moscou d'"échanger" M. Medvedtchouk contre les Ukrainiens en captivité en Russie, alors que les pourparlers entre Kiev et la Russie sont au point mort. M. Poutine avait d'ailleurs estimé plus tôt mardi que le "manque de cohérence" des négociateurs ukrainiens empêchait tout accord.

«Ils paieront»

Sur le terrain, la situation continue de se dégrader. 

Entre 20 et 22 000 personnes sont mortes dans la ville de Marioupol, a déclaré mardi Pavlo Kirilenko, gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, lors d'un entretien avec la chaîne de télévision américaine CNN. Il a admis qu'il était toutefois "difficile d'évoquer un nombre de victimes", la ville faisant l'objet d'un blocus.

La ville, assiégée, est coupée du monde et bombardée depuis plus de 40 jours. 

"La seule opération spéciale que Poutine a menée à bien est une opération spéciale visant à détruire Marioupol et à tuer des civils", a lancé dans la nuit de mardi à mercredi Vadym Boychenko, maire de la ville, sur Telegram.

"L'Allemagne fasciste en 1941 semblait invincible. Mais à la fin, le mal a été puni. Les criminels de guerre ont pourri dans les prisons ou ont été éliminés. Pendant des décennies, les Allemands ont payé des réparations. Il en sera de même avec la Russie. Ils paieront pour tout", a-t-il ajouté.

Prendre Marioupol permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière longeant la mer d'Azov en reliant la région du Donbass à la Crimée.

L'existence d'un vaste complexe métallurgique transformé en bastion par les forces ukrainiennes de Marioupol, avec des kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de cette ville stratégique, voire le recours à des armes chimiques, envisagé par les séparatistes prorusses du Donbass.

Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, "les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés avec des agents chimiques" face aux "combattants et civils ukrainiens" à Marioupol.

Pour Moscou, "la menace de terrorisme chimique" provient des Ukrainiens, a assuré Oleg Syromolotov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, à l'agence de presse Ria Novosti.

Depuis que la Russie a annoncé le retrait de ses forces de la région de Kiev - pour mieux les concentrer dans l'est du pays -, les Ukrainiens ont repris le contrôle de la totalité des villes situées près de la capitale.

Toutes ont été dévastées par les combats. Des scènes de "massacre" y ont eu lieu, assurent les autorités ukrainiennes qui accusent Moscou de "crimes de guerre".

Mardi, le corps du maire de Gostomel, mort le 7 mars, a été exhumé devant des enquêteurs ukrainiens, dans le cadre d'une investigation pour déterminer si Youri Prylipko a été victime d'un crime de guerre. Son cadavre a été hissé hors de sa tombe, et la police a filmé chacune de ses blessures, parmi lesquelles une à la tête, selon des journalistes de l'AFP présents sur place.

Les bombes ou les périls de l'exil: alerte pour des milliers d'enfants d'orphelinats ukrainiens

Bloqués ou déplacés sous les bombes, relocalisés dans des pays lors d'initiatives parfois peu encadrées et via des zones frontières hantées par des trafiquants, les dizaines de milliers d'enfants placés dans des institutions en Ukraine, dont la vie était précaire avant la guerre, sont dans une situation "chaotique", alertent ONG et experts.

L'Ukraine est un cas hors norme, avec le plus grand nombre en Europe d'enfants placés (évalué à au moins 100 000 par le HCR) dans un vaste réseau fermé et souvent dysfonctionnel d'orphelinats, internats, ou institutions pour handicapés.

Il y avait donc "des dizaines de milliers d'enfants vivant dans ces institutions avant la guerre, c'est énorme...", observe Geneviève Colas, coordinatrice du collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" pour le Secours catholique Caritas France.

Pour la plupart d'entre eux, la situation est aujourd'hui "chaotique", confie à l'AFP Halyna Kurylo, représentante en Ukraine du groupe de défense des droits de l'Homme "Disability Rights International" (DRI). "Beaucoup d'institutions ont été évacuées de manière hasardeuse; certains enfants sont laissés de côté car ils ne peuvent pas se déplacer en raison de leur handicap. Des institutions ont rejoint l'ouest du pays et ont fusionné avec d'autres, les endroits doivent être surpeuplés... Dans la confusion, des enfants peuvent se perdre".  

Le 25 février, un "baby home" (enfants de 0 à 4 ans) accueillant 55 enfants à Vorzel a subi un bombardement russe. "Heureusement, les enfants et le personnel n'étaient pas dans le bâtiment touché", relate Halyna Postoliuk, directrice pour l'Ukraine de l'ONG "Hope and Homes for Children".

La décision d'évacuer n'a pas été prise ce jour là. Puis l'intensité des frappes l'a rendue impossible. Finalement, le 9 mars, les 55 enfants et 26 encadrants ont pu être évacués à l'hôpital pour enfants de Kiev, puis vers l'Ouest. 

Pour un groupe d'enfants de 5 à 14 ans d'une institution à Nijine, c'est une odyssée de près de 1 000 km, de l'est à l'ouest de l'Ukraine, effectuée il y a une douzaine de jours pour fuir les bombes, raconte par téléphone Marieta, la directrice (qui n'a pas souhaité donner son nom de famille) de l'institution.

«Pertes importantes»

Autour de Kiev, les corps de six personnes tuées par balles retrouvés dans un sous-sol dans la banlieue est, selon le Parquet général ukrainien, se sont ajoutés mardi aux centaines d'autres retrouvés ces deux dernières semaines dans les environs de la capitale.

Aucun bilan récent des victimes civiles n'est disponible mais il dépasse probablement la dizaine de milliers de morts. Les nombreux cadavres retrouvés début avril à Boutcha, près de Kiev, avaient provoqué une indignation internationale. 

Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, a qualifié mardi de "fake" (fausses) les informations accusant ses soldats d'avoir massacré des centaines de civils à Boutcha.

Sur le plan militaire, le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", mais sans les quantifier. Fin mars, Moscou avait reconnu la mort de 1 351 soldats pour 3 825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Des analystes estiment que Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945.

Plus de 4,6 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le début de l'invasion le 24 février, selon les derniers chiffres publiés mardi par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

La guerre en Ukraine a déclenché une réaction en chaîne dans l'économie mondiale avec une hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires qui va aggraver pauvreté et faim, et alourdir le fardeau de l'endettement, a souligné mardi le président de la Banque mondiale.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.