L’Arabie saoudite prouve sa compétitivité dans la course mondiale au «facteur H»

Saudi Aramco apprécie déjà les avantages de l’hydrogène. Amin Nasser, PDG de la société, a récemment déclaré : «Nous pensons que l’hydrogène jouera un rôle important à long terme». (Photo fournie : Aramco)
Saudi Aramco apprécie déjà les avantages de l’hydrogène. Amin Nasser, PDG de la société, a récemment déclaré : «Nous pensons que l’hydrogène jouera un rôle important à long terme». (Photo fournie : Aramco)
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Publié le Jeudi 15 octobre 2020

L’Arabie saoudite prouve sa compétitivité dans la course mondiale au «facteur H»

  • La livraison récente d’ammoniac « bleu » symbolise le lancement d’une révolution potentielle de la consommation d’énergie
  • L’Arabie saoudite a de grands avantages naturels dans ses efforts pour faire de ce produit chimique une véritable alternative aux hydrocarbures

DUBAÏ : Lorsque le navire pétrolier Al-Barrah a largué les amarres du port saoudien d'Al-Jubail en été, cela ressemblait à une autre livraison de brut en provenance du Royaume, pays riche en ressources. En fait, cela pourrait signifier le lancement d'une révolution de la consommation énergétique mondiale.

Le navire transportait de l’ammoniac «bleu», un produit chimique utilisé entre autres pour produire de l’électricité propre pour la consommation industrielle et domestique, et qui était destiné au Japon, pays soucieux de l’environnement, pour l’utiliser dans ses centrales électriques.

Cette livraison était la première du genre dans le monde, prouvant que le produit chimique pouvait être transporté en toute sécurité et à moindre coût, et montrant l’immense puissance potentielle de ce que certains experts en énergie appellent « le facteur H »,  les énormes possibilités présentées par l’hydrogène — ingrédient essentiel de l’ammoniac — dans le bouquet énergétique mondial.

À l’autre bout du Royaume, pendant que l’Al-Barrah naviguait, l’hydrogène commence à occuper une place de plus en plus importante dans le bouquet énergétique. En effet, un plan de 5 milliards de dollars par NEOM, le projet de mégapole qui s’inscrit dans le cadre de la Vision 2030, a été mis en place pour faire de l’hydrogène «vert» sa source d'énergie principale. Élaboré en collaboration avec des entreprises d’énergie saoudiennes et internationales, le projet NEOM vise également à exporter l’hydrogène vert. Il s'agit du plus grand projet d'hydrogène au monde.

L’utilisation de l’hydrogène comme carburant n’est pas nouvelle. L’industrie spatiale l’utilise sous forme liquide depuis des décennies pour la propulsion des fusées. Cependant, ce produit chimique ne se trouve pas dans la nature, il doit être extrait de divers éléments.

Pour l’usage industriel, il est généralement séparé du méthane — un produit commun dérivé des combustibles fossiles — mais il peut aussi être produit par électrolyse de l’eau. Si l’électricité utilisée pour ce processus est générée par une source d’énergie renouvelable, telles que les énergies solaire ou éolienne, le produit final est alors  «l’hydrogène vert». «L’ammoniac bleu» est une pratiquement à mi-chemin vers un hydrogène entièrement «vert».

La beauté de produit chimique réside dans le fait qu’il combine une production d’énergie énorme à zéro émission. Plusieurs pays l’ont utilisé dans les piles à combustible pour alimenter les voitures électriques, mais il n’a pas été largement adopté pour deux très bonnes raisons. « Il est explosif et coûteux », affirme Christof Ruehl, chercheur principal au Centre sur la politique énergétique mondiale de l’Université de Columbia, à Arab News.

Ses propriétés explosives font de la production et du transport un défi, tandis que le coût de production le rend moins efficace comme carburant par rapport aux hydrocarbures traditionnels. « Les gens essayent depuis toujours de résoudre ce problème mais, jusqu'à présent, ce n’était pas économiquement viable », indique M. Ruehl.

Peter Terium, directeur général de l’énergie, de l’eau et du carburant de NEOM, dans la mégapole en construction au nord-ouest de l’Arabie saoudite, a expliqué à Arab News comment la ville envisage de produire de l’hydrogène propre. (Photo fournie)
Peter Terium, directeur général de l’énergie, de l’eau et du carburant de NEOM, dans la mégapole en construction au nord-ouest de l’Arabie saoudite, a expliqué à Arab News comment la ville envisage de produire de l’hydrogène propre. (Photo fournie)

C’est là que NEOM intervient, explique Peter Terium, directeur général de l’énergie, de l’eau et du carburant de NEOM, dans la mégapole en construction au nord-ouest de l’Arabie saoudite, à Arab News. « Une grande partie de l’hydrogène produit actuellement provient de gaz naturel, ce qui cause des émissions considérables de dioxyde de carbone. Au lieu de cela, nous envisageons à NEOM de le faire de manière propre en appliquant de l'électricité renouvelable, sans carbone, à l'eau pour produire de l'hydrogène vert.

« Ceci serait très bénéfique pour le climat, mais le potentiel est beaucoup plus large. C’est un carburant propre à part entière, comme le démontre le nombre croissant de voitures, de camions et de bus qui l’utilisent. Outre les secteurs industriels, il peut aussi remplacer le gaz naturel dans les marchés de la chaleur et de l’électricité », précise M. Terium.

L’Arabie saoudite a de grands avantages naturels dans ses efforts pour faire de ce produit chimique une véritable alternative aux hydrocarbures. « Bien que les possibilités soient immenses, le secteur de l’hydrogène vient avec ses propres défis. La disponibilité de niveaux élevés d'électricité renouvelable et rentable est essentielle à sa viabilité. On ne peut trouver cela que dans quelques pays du monde. Le Royaume, avec un potentiel abondant pour l'énergie solaire et éolienne à faible coût, en fait partie », dit M. Terium.

Les atouts de l’hydrogène lui confèrent un rôle potentiellement vital dans la transition des hydrocarbures- pétrole, gaz et charbon - en tant que principale source d’énergie du monde. La plupart des experts en énergie estiment que si les combustibles fossiles continuent d'être largement exploités pendant les décennies à venir, leur utilisation doit être réduite, et les processus industriels qui les produisent et les utilisent doivent devenir plus propres, si le monde veut atteindre ses objectifs de changement climatique d'ici 2050, comme l'exige l'Accord de Paris sur le climat.

« Les pays du monde entier sont conscients de son énorme potentiel en tant qu'alternative viable aux combustibles fossiles. L'Union européenne veut atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et s'est récemment fixé des objectifs ambitieux pour l'hydrogène vert pour 2024 et 2030 ».

« Le Japon privilégie également ce secteur, et a une stratégie pour une économie nationale fondée sur l’hydrogène, alors qu'un certain nombre d'autres principaux pays ont des projets en cours. Le Conseil mondial de l'énergie estime que d'ici 2025, les pays dotés d'une stratégie dédiée à l'hydrogène couvriront plus de 80% du PIB mondial », mentionne M. Terium.

L’hydrogène attire aussi l’attention des grandes institutions financières qui ont récemment réduit leurs investissements dans les sources d’énergie traditionnelles.

« L’hydrogène, le premier élément, l’élément le plus léger et le plus abondant de l’univers, pourrait répondre à nos besoins énergétiques, alimenter nos voitures, chauffer nos maisons et contribuer à lutter contre le changement climatique, tout en générant 2,5 trillions de dollars de revenus directs et 11 trillions de dollars de potentiel d'infrastructure indirecte d'ici 2050, et en bondissant de 6 fois en volumes. Nous pensons que nous arrivons au point d'exploiter l'élément qui constitue 90% de l'univers, de manière efficace et économique », affirme Haim Israel, stratège en investissement à la Bank of America, dans un rapport récent.

Lorsque le navire pétrolier Al-Barrah a largué les amarres du port saoudien d'Al-Jubail en été, cela ressemblait à une autre livraison de brut en provenance du Royaume, pays riche en ressources. En fait, cela pourrait signifier le lancement d'une révolution de la consommation énergétique mondiale. (Photo fournie)
Lorsque le navire pétrolier Al-Barrah a largué les amarres du port saoudien d'Al-Jubail en été, cela ressemblait à une autre livraison de brut en provenance du Royaume, pays riche en ressources. En fait, cela pourrait signifier le lancement d'une révolution de la consommation énergétique mondiale. (Photo fournie)


«L’électricité renouvelable ne peut pas fournir la solution entière pour la décarbonisation : 80% de l’énergie provient aujourd’hui des combustibles fossiles plutôt que des sources renouvelables. L’hydrogène vert pourrait être crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, fournissant jusqu’à 24% de nos besoins en énergie d’ici 2050, ce qui contribuerait à la réduction des émissions jusqu’à 30%», écrit-il dans un rapport intitulé The H Factor: Planet of the greens needs a new molecule.

Israël a comparé les avantages sous-exploités de l'hydrogène à Internet dans les années 1990, ou aux smartphones avant l'iPhone d'Apple.

Saudi Aramco apprécie déjà les avantages de l’hydrogène, comme l’a montré le trajet de l’Al-Barrah. Amin Nasser, PDG de la société, a récemment déclaré : «Nous pensons que l’hydrogène jouera un rôle important à long terme, et il a peut-être un avantage majeur sur les énergies solaire et éolienne car il peut être utilisé non seulement dans les véhicules légers, mais aussi dans les camions, les navires, les avions et dans la production d’énergie. C’est vraiment excitant».

Vue d’ensemble des réservoirs d’ammoniac dans une usine de la ville industrielle de Jubail, environ 95 kilomètres au nord de Dammam dans la province Est de l’Arabie saoudite surplombant le Golfe. (AFP/Getty Images/Photo)
Vue d’ensemble des réservoirs d’ammoniac dans une usine de la ville industrielle de Jubail, environ 95 kilomètres au nord de Dammam dans la province Est de l’Arabie saoudite surplombant le Golfe. (AFP/Getty Images/Photo)

Le navire Al-Barrah est un exemple des synergies qui découlent de la liaison d'Aramco avec SABIC, le géant pétrochimique du Royaume qui a produit une partie du produit chimique, ainsi que des alliances internationales avec des entreprises japonaises qui ont été pionnières dans l'utilisation de l'hydrogène en tant que carburant il y a vingt ans.

Il est également un élément clé du plan du Royaume pour la lutte contre le changement climatique via «l’économie circulaire à faible émission de carbone», stratégie adoptée par le prince Abdel Aziz ben Salman, ministre saoudien de l’Énergie, et approuvée lors d’une réunion récente des ministres de l’Énergie du G20.

Y a-t-il une contradiction entre la position du Royaume en tant que plus grand exportateur de pétrole du monde et l’enthousiasme avec lequel il défend un carburant qui fait finalement concurrence aux en hydrocarbures?

À NEOM, M. Terium ne voit pas les choses de cette façon. « L'hydrogène à forte intensité de carbone peut être entièrement remplacé par de l'hydrogène vert au fil du temps, bien qu'un modèle mixte puisse être utilisé pour permettre une mise en œuvre progressive. L'hydrogène vert devient alors complémentaire aux hydrocarbures, soutenant les piliers de la réutilisation et du recyclage de l'économie circulaire à faible émission de carbone », dit-il.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.