Allemagne: un groupe d'«antivax» radicalisés projetait des attentats

Des bougies en forme de cœur sont placées autour d'un livre de la Constitution allemande Grundgesetzt lors d'une manifestation du mouvement allemand "Querdenker" (penseurs latéraux) qui s'est imposé comme la voix la plus forte contre les mesures gouvernementales de lutte contre le coronavirus, le 6 novembre 2021 à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne. (AFP).
Des bougies en forme de cœur sont placées autour d'un livre de la Constitution allemande Grundgesetzt lors d'une manifestation du mouvement allemand "Querdenker" (penseurs latéraux) qui s'est imposé comme la voix la plus forte contre les mesures gouvernementales de lutte contre le coronavirus, le 6 novembre 2021 à Leipzig, dans l'est de l'Allemagne. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 14 avril 2022

Allemagne: un groupe d'«antivax» radicalisés projetait des attentats

  • Le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-Palatinat Roger Lewentz a parlé d'un «groupuscule d'extrême droite» rassemblant quelque «70 personnes» dans le pays, lors d'une conférence de presse
  • Quatre personnes ont été arrêtées à l'issue d'un coup de filet dans un réseau de messagerie baptisé «Patriotes unis». Il visait la destruction «du système démocratique allemand»

BERLIN : La justice allemande a annoncé jeudi avoir déjoué des projets d'attentats d'extrême droite, fomentés par une frange radicalisée de la mouvance antivax, qui soutenait le président russe et voulait s'en prendre à "l'ordre démocratique".

Quatre personnes ont été arrêtées à l'issue d'un coup de filet dans un réseau de messagerie baptisé "Patriotes unis".

Il visait la destruction "du système démocratique allemand", ont annoncé le parquet de Coblence et la police de la Rhénanie-Palatinat dans un communiqué. 

Le réseau organisé sur la plateforme Telegram envisageait aussi des enlèvements de personnalités de la vie publique, dont le ministre de la Santé Karl Lauterbach, partisan des restrictions face au Covid-19.

Il s'est dit "bouleversé" en apprenant la nouvelle.

Le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-Palatinat Roger Lewentz a parlé d'un "groupuscule d'extrême droite" rassemblant quelque "70 personnes" dans le pays, lors d'une conférence de presse.

Toutes leurs réflexions "allant d'un renversement de l'ordre démocratique à la mise en place d'un nouveau gouvernement jusqu'à des déclarations selon lesquelles (le président russe Vladimir) Poutine devrait aussi réussir ici en Allemagne pour permettre l'avènement d'un nouveau système de gouvernement, sont pour le moins très condamnables", a-t-il jugé.

Minorité «très dangereuse»

Le ministre social-démocrate de la Santé a de son côté dénoncé une dérive de certains "Querdenker" (littéralement anti-conformistes), comme se désignent en Allemagne ces opposants à la politique gouvernementale de lutte contre la pandémie.

Cela "montre non seulement que les protestations contre les règles anti-Covid se sont radicalisées, (...) mais qu'il y a parallèlement des tentatives de déstabiliser l'Etat", a-t-il réagi devant la presse, déplorant des agissements "d'une petite minorité mais très dangereuse".

Dans un communiqué, la ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser, a elle qualifié les "fantasmes de coup d'Etat" de ce groupe et ses projets d'enlèvement de "nouvelle qualité de menace terroriste" contre l'Allemagne.

Ces suspects avaient notamment prévu de s'attaquer aux réseaux d'électricité pour provoquer "une panne de courant de longue durée sur tout le territoire", qui aurait, dans leur esprit, créé les conditions d'une "guerre civile", selon les autorités.

La police enquêtait depuis octobre 2021 sur ce groupe.

Lors des perquisitions dans neuf régions mercredi, les enquêteurs ont notamment saisi des armes à feux et des munitions, de lingots d'or et pièces d'argent, des devises d'une valeur supérieure à 10.000 euros, ainsi que des téléphones portables dont l'analyse doit encore être effectuée.

Ils ont aussi trouvé des faux certificats de vaccination contre le Covid-19, ou encore plusieurs documents écrits sur leurs plans pour renverser l'Etat.

L'enquête porte sur 5 suspects, tous allemands, âgés entre 41 et 55 ans, dont 4 ont été arrêtés.

L'Allemagne en alerte

Les opérations policières visant la frange radicale de la mouvance anti-restrictions sanitaires se sont multipliées dans le pays qui a érigé la violence d'extrême droite au premier rang des menaces pour l'ordre public, avant le risque jihadiste.

Cette mouvance est particulièrement mobilisée en Allemagne depuis le début de la pandémie de Covid-19 et active dans des groupes Telegram. Elle profère des menaces contre les élus ou lors de manifestations.

Les protestations dans la rue se sont toutefois réduites à la portion congrue depuis l'allègement des restrictions dans le pays et l'échec récent d'une loi sur la vaccination obligatoire que le gouvernement d'Olaf Scholz n'a pas réussi à faire voter.

Plus globalement, l'Allemagne est en état d'alerte face au terrorisme d'extrême droite depuis le meurtre en juin 2019 par un militant néonazi d'un élu du parti conservateur d'Angela Merkel, Walter Lübcke, qui défendait la politique d'accueil des migrants de l'ancienne chancelière.

Sa mort avait fait l'effet d'un électrochoc dans le pays. Et depuis les opérations de police sont fréquentes.

Début avril, les autorités ont procédé à un autre coup de filet dans les milieux terroristes d'extrême droite, dans le cadre d'une enquête plus large, associant police et services de renseignement militaire depuis 2019.

Quatre suspects du groupuscule "Knockout 51" ont été arrêtés. Les investigations visent notamment le groupe "Atomwaffen Division Deutschland", branche allemande du mouvement néo-nazi américain.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.