Twitter tente de contrer l'offensive d'Elon Musk

Twitter a déclaré dans un communiqué le 15 avril que son conseil d'administration avait adopté à l'unanimité la stratégie de la  "pilule empoisonnée" en réponse à la proposition du PDG de Tesla, Elon Musk (Photo, AP).
Twitter a déclaré dans un communiqué le 15 avril que son conseil d'administration avait adopté à l'unanimité la stratégie de la "pilule empoisonnée" en réponse à la proposition du PDG de Tesla, Elon Musk (Photo, AP).
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Publié le Samedi 16 avril 2022

Twitter tente de contrer l'offensive d'Elon Musk

  • C'est la clause dite de la «pilule empoisonnée» dans le jargon financier
  • Le groupe californien prévoit de brader ses actions pour tous les autres actionnaires

SAN FRANCISCO: Twitter, qui fait l'objet d'une offre publique d'achat hostile de la part d'Elon Musk, ne compte pas se laisser faire: le réseau a pris vendredi des mesures censées empêcher le patron de Tesla -- et homme le plus riche du monde -- de racheter facilement ses actions.

C'est la clause dite de la "pilule empoisonnée" dans le jargon financier: le groupe californien prévoit de brader ses actions pour tous les autres actionnaires. 

Elle se déclenchera si Elon Musk dépasse les 15% d'actions de Twitter sans l'accord du conseil d'administration (CA). Elon Musk détient déjà un peu plus de 9% du capital de la société.

S'il rachète suffisamment de titres pour parvenir aux 15%, tous les autres détenteurs d'actions de la plateforme pourront en racheter à un prix réduit, ce qui renchérirait grandement le prix que l'entrepreneur devrait débourser pour mettre totalement la main sur le réseau social.

Le plan doit "réduire la possibilité qu'une entité, une personne ou un groupe ne prenne le contrôle de Twitter en accumulant des titres sur le marché sans payer à tous les actionnaires une prime appropriée ou sans donner suffisamment de temps au conseil d'administration pour prendre des décisions éclairées", précise l'entreprise basée à San Francisco dans un communiqué.

Twitter entend donc se battre contre cette tentative d'Elon Musk de le racheter pour en faire une société non cotée en Bourse.

"C'est une tactique de défense qui était prévisible", a réagi l'analyste Dan Ives, de Wedbush. Mais elle ne sera pas perçue "de façon positive" par les actionnaires, prédit-il, étant donné le risque de "dilution".

Et le plan sera "certainement contesté en justice" car le CA a l'obligation d'agir dans l'intérêt de la société et d'augmenter sa valeur pour les actionnaires.

Désobligeant

Elon Musk a présenté mercredi une proposition d'acquisition du réseau social à un prix qui le valoriserait à 43,4 milliards de dollars, contre environ 36 milliards à l'heure actuelle.

Il a déclaré jeudi avoir des "fonds suffisants", assuré qu'il avait un plan B si le CA refusait son offre, et aussi qu'il ne cherchait pas à "faire de l'argent", lors d'une interview en direct à la conférence Ted2022.

Il n'a pas donné de précisions sur le financement, mais il devrait certainement emprunter ou se défaire d'une partie de ses actions Tesla ou SpaceX, son entreprise de vols dans l'espace.

Très actif sur Twitter, où il compte près de 82 millions d'abonnés, mais aussi très critique de la politique de modération des contenus du réseau, il affirme vouloir en faire "la plateforme de la liberté d'expression dans le monde", avec moins de limites sur ce que les utilisateurs peuvent tweeter.

Après avoir racheté 73,5 millions d'actions ordinaires de la société au début de la semaine dernière, il s'est vu offrir un siège au CA mais l'a finalement refusé dimanche, après une série de suggestions pour modifier la plateforme et des tweets désobligeants, se demandant par exemple si l'oiseau bleu était "en train de mourir" parce que certains comptes très suivis postent peu.

«Douloureux»

Vendredi, il a tweeté "Merci pour le soutien!" avec un sondage réalisé par "Bitcoin Archive", intitulé "Voulez-vous qu'Elon Musk achète Twitter?". Quelque 73% des 19.494 votants ont répondu "oui".

Adepte du format, il a aussi posé sa propre question: "Faire de Twitter une entreprise privée à 54,20 dollars devrait relever des actionnaires et non du CA". Plus de 83% des 2,9 millions de votes sont allés au "oui".

"Je pense que ça va être assez douloureux et je ne suis pas sûr d'arriver à l'acheter", avait admis jeudi le fantasque entrepreneur, avant d'expliquer qu'il espérait rallier à son projet le plus d'actionnaires existants possibles.

L'un d'entre eux a déjà réagi: le prince saoudien et investisseur Al-Walid ben Talal a déclaré sur Twitter qu'il "rejetait" une offre trop faible par rapport à la "valeur intrinsèque de Twitter".

Mais l'influence et la pression exercées par Elon Musk ne laissent pas beaucoup de champ libre aux dirigeants de Twitter, ont commenté les analystes de Wedbush Securities, qui ont prédit une victoire du milliardaire après de nombreux rebondissements.

"Le CA ne veut pas de Musk parce qu'ils sont en désaccord sur à peu près tout et que son style n'est pas compatible avec leur culture d'entreprise", a souligné Dan Ives dans une analyse publiée sur le Daily Mail jeudi.

"Le conseil va chercher quelqu'un ou un groupe qui leur fasse une meilleure offre. Mais il va être difficile pour d'autres enchérisseurs d'émerger."


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.